Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
22. Pi / La Grâce | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
L'hexagramme représente un feu qui sort des profondeurs secrètes de la terre et dont les flammes, en s'élevant, illuminent la montagne, la hauteur céleste, et la revêtent de beauté. La grâce, la beauté de la forme est indispensable à toute union pour la rendre harmonieuse et aimable, et non chaotique et désordonnée.
Dans les petites choses il est avantageux d'entreprendre une action. La grâce procure le succès. Cependant elle n'est pas l'essentiel, le fondement, mais seulement la parure. C'est pourquoi elle ne doit être utilisée qu'avec discrétion dans les petites choses. Dans le trigramme inférieur, le feu, un trait faible vient se mettre entre deux traits forts et les rend beaux; mais les traits forts sont l'essence, le trait faible est la forme qui embellit. Dans le trigramme supérieur, la montagne, le trait fort apparaît au sommet, à la place déterminante, si bien qu'ici encore il doit être regardé comme le facteur décisif. La nature nous montre dans le ciel la puissante lumière du soleil; c'est sur elle que repose la vie de l'univers. Mais cette clarté puissante, essentielle, est entourée de la lune et des étoiles qui alternent gracieusement avec elle. Dans la vie humaine, la beauté de la forme apparaît lorsque des traditions fermes comme des montagnes sont rendues agréables par une claire beauté. La contemplation des formes célestes confère la faculté de comprendre l'époque et ses exigences changeantes. La contemplation des formes dans la vie humaine confère la possibilité de modeler le monde.
NOTE. - L'hexagramme montre la beauté au repos : au-dedans clarté et au-dehors quiétude. C'est la quiétude de la pure contemplation. Quand le désir se tait et que la volonté entre dans le repos, l'univers se révèle comme Idée dans les apparences. En tant que tel, il est beau et soustrait au combat de l'existence. C'est le monde de l'art. Mais, en définitive, la contemplation à elle seule ne met pas la volonté en repos. Celle-ci se réveillera et toute la beauté n'aura été qu'un moment d'exaltation passagère. C'est pourquoi ce n'est pas là la vraie voie de la libération. Confucius se sentit en conséquence très mal à son aise lorsque, consultant l'oracle, il obtint en réponse « la grâce
Le feu dont l'éclat illumine la montagne et la revêt de grâce ne brille pas à une grande distance. Ainsi la forme gracieuse suffit à animer et à éclairer les affaires mineures, mais les grandes questions ne peuvent être tranchées de cette manière. Elles demandent plus de sérieux.
Le fait de se trouver au début et à une place subordonnée comporte que l'on doive prendre sur soi la fatigue de la marche en avant. On aurait l'occasion de se ménager un allégement, représenté par l'image du char. Mais un homme plein de résolution méprise de telles facilités obtenues de manière douteuse. Il trouve plus gracieux d'aller à pied que de voyager en char sans en avoir le droit.
La barbe n'est pas chose autonome. Elle ne peut remuer qu'avec le menton. L'image signifie donc que la forme n'est considérée que comme le résultat et l'accompagnement du contenu. La barbe est un ornement superflu. La soigner pour elle-même - sans songer au contenu intérieur dont elle est la parure - serait donc le signe d'une certaine vanité.
Il est ici question d'un moment de la vie rempli de charme. On est environné de grâce et d'un éclat transfiguré par l'humidité i. Sans doute ce charme peut être une parure, mais il peut aussi nous faire sombrer. D'où l'avertissement de ne pas s'enfoncer dans l'humidité du bien-être, mais de persévérer avec constance. C'est là-dessus que repose la fortune.
On est dans une situation où l'on commence à se demander s'il faut continuer à rechercher la grâce de l'éclat extérieur ou s'il n'est pas préférable de revenir à la simplicité. Une telle interrogation porte déjà en elle la réponse. Une confirmation s'annonce de l'extérieur. Elle s'avance comme un cheval blanc ailé. La couleur blanche indique la simplicité. Même si l'on éprouve au premier abord un sentiment de déception à devoir se passer des commodités que pouvait offrir une autre voie, on trouve l'apaisement dans l'union véritable avec un ami qui nous recherche. Le cheval ailé est l'image de la pensée qui vole au-delà de toutes les limitations de l'espace et du temps.
On quitte les hommes des régions basses qui ne recherchent que l'éclat et le luxe et l'on se retire dans. la solitude des hauteurs. On y trouve un homme vers lequel on lève les yeux et dont on voudrait se faire un ami. Mais les présents d'hospitalité que l'on peut offrir sont trop maigres, trop pauvres, si bien que l'on se sent humilié. Cependant ce ne sont pas les présents extérieurs qui comptent, mais les dispositions véritables. C'est pourquoi, finalement, tout va bien.
Ici, au degré le plus élevé, on dépouille toute grâce. La forme ne dissimule plus le contenu, mais le laisse se mettre pleinement en valeur. La grâce suprême ne consiste pas à orner extérieurement les matériaux, mais à leur donner une forme simple et pratique.
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 22. – Chinois off/on – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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