Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
8. 比 Pi / La Solidarité, l'Union | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
Les eaux sur la terre unissent leurs cours chaque fois qu'elles le peuvent, comme, par exemple, dans la mer où tous les fleuves se rassemblent. Il y a là un symbole traduisant la solidarité et sa loi. La même idée est évoquée par le fait que tous les traits sont faibles jusqu'au cinquième à la cinquième place, celle du maître de l'hexagramme. Les faibles s'unissent pour s'entr'aimer parce qu'ils subissent l'influence de la volonté ferme à la place d'autorité qui est leur point de réunion. Mais cette personnalité forte et dirigeante conserve en outre l'union avec les autres hommes grâce auxquels elle trouve un complément de sa propre nature.
Il s'agit de s'associer avec d'autres afin de se compléter et de s'avantager mutuellement grâce à la solidarité. Une telle union requiert un centre autour duquel on se groupe avec les autres. Devenir un centre pour l'union des hommes est une affaire grave et lourde de responsabilités. Cela exige de la grandeur intérieure, de la logique et de la force. C'est pourquoi celui qui veut unir les autres autour de lui doit s'éprouver lui-même pour savoir s'il est à la hauteur de la situation. Quiconque en effet veut rassembler les autres sans avoir le sceau de la vocation cause plus de confusion que si aucun regroupement n'avait eu lieu. Mais là où il existe un authentique point de rassemblement, on voit les incertains se rapprocher peu à peu, d'eux-mêmes, de façon hésitante tout d'abord. Ceux qui arrivent trop tard en subiront d'eux-mêmes la peine. C'est qu'il s'agit d'une union à réaliser en temps opportun. Des relations se nouent et s'affermissent suivant des lois internes déterminées. Des expériences communes les consolident. Quiconque arrive trop tard et ne peut avoir part à ces expériences fondamentales aura à pâtir quand le traînard qu'il est trouvera la porte fermée. Cependant, celui qui a reconnu la nécessité d'un regroupement et ne ressent pas en lui la force d'agir comme centre d'union, celui-là a le devoir de se joindre à une autre société organique
L'eau remplit tous les creux de la terre et adhère fortement à celle-ci. L'organisation sociale de l'antiquité était fondée sur cette maxime de l'union entre vassaux et suzerains. L'eau unit d'elle-même ses cours parce que dans toutes ses parties elle demeure assujettie aux mêmes lois. Ainsi la société humaine doit également observer l'union grâce à une communauté d'intérêts qui fait que les différents individus se sentent membres d'un seul tout. Le pouvoir central d'un organisme social doit veiller à ce que chaque membre trouve son véritable intérêt dans l'union, comme c'était le cas dans les relations paternelles que le roi de la Chine antique entretenait avec ses vassaux.
Quand il s'agit de nouer des relations, l'entière sincérité est le seul fondement juste. Cette disposition, qui est représentée par une écuelle de terre pleine dans laquelle le contenu est tout et la forme vide n'est rien, ne s'exprime pas en paroles habiles mais par la force intérieure, et cette force est si grande qu'elle attire puissamment à elle la fortune de l'extérieur.
Quand un homme répond d'une manière adéquate et persévérante aux invites qui, d'en haut, nous exhortent à agir, ses relations avec autrui sont avant tout intérieures et il ne se perd pas lui-même. Mais celui qui recherche l'union avec autrui en arriviste importun ne suit pas le sentier de l'homme noble qui conserve sa dignité et il ne fait que s'avilir.
Souvent nous nous trouvons avec d'autres hommes qui n'appartiennent pas à notre sphère. Nous ne devons pas dans ce cas nous laisser entraîner par la force de l'habitude à une familiarité déplacée. Il va sans dire qu'une telle attitude entraîne de fâcheuses conséquences. Face à de telles gens, la sociabilité sans intimité est la seule attitude juste. Ce n'est qu'ainsi qu'on se garde libre pour de futures relations avec ses pairs.
Ici les relations avec un homme qui est le centre de l'union sont déjà solidement établies. L'on peut et l'on doit alors en outre montrer ouvertement sa dépendance. Il faut seulement demeurer ferme et ne se laisser induire en erreur par rien.
Dans les chasses royales de l'ancienne Chine, la coutume était de traquer le gibier de trois côtés seulement. Le gibier traqué pouvait s'enfuir du quatrième côté. Tant que les animaux n'empruntaient pas cette direction, ils étaient contraints de passer par une porte derrière laquelle le roi se tenait, prêt à tirer. Seules étaient abattues les bêtes qui pénétraient là. Quant à celles qui fuyaient par devant, on les laissait aller. Cette coutume était conforme à l'attitude royale : le roi ne voulait pas faire de la chasse un massacre, mais tuait seulement le gibier qui s'était en quelque sorte offert de lui-même. On présente ici un souverain ou un être à la puissante influence vers qui les hommes se tournent. Celui qui vient vers lui, il l'accueille, celui qui ne vient pas, il le laisse aller; il ne prie personne, ne flatte personne : tous viennent de leur plein gré. Il s'établit ainsi une libre subordination chez ceux qui adhèrent à lui. Les gens n'ont pas à se contraindre, mais peuvent exprimer en toute tranquillité leurs sentiments. Il n'est pas besoin d'organisation policière. Les sujets sont librement dévoués à leur maître. Cette liberté est également de mise dans la vie en général. On ne briguera pas la faveur des hommes. Si l'on développe en soi la pureté et la force nécessaires pour créer un centre d'union, les hommes qui nous sont destinés viennent d'eux-mêmes.
La tête est le commencement. Sans commencement juste, il n'y a pas de juste fin. Quand on a manqué la jonction et que l'on demeure hésitant et craintif devant la perspective d'un don de soi véritable et sans réserve, on aura plus tard à se repentir de ses fautes.
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 8. – Chinois on/off – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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