Le Maître échange propos, anecdotes, brèves paraboles et maximes avec ses disciples. Tr. Couvreur (fr), Legge (en) et Lau (en).
Le chef de la famille Ki avait huit chœurs de pantomimes qui chantaient dans la cour du temple de ses ancêtres. Confucius dit : « S'il ose se permettre un tel abus, que n'osera-t-il se permettre ? » Le chef de la famille Ki ou Ki suenn était grand préfet dans la principauté de Lou. L'empereur avait huit chœurs de pantomimes ; les vassaux, six, les grands préfets, quatre, et les officiers inférieurs, deux. Le nombre des hommes dans chaque chœur était égal au nombre des chœurs. Quelques auteurs disent que chaque chœur se composait de huit hommes. On ne sait laquelle de ces deux opinions est la vraie. Le chef de la famille Ki était seulement grand préfet ; il usurpait les cérémonies et les chants réservés à l'empereur. (Tchou Hsi)
Couvreur III.1.
Confucius's indignation at the usurpation of royal rites.
Confucius said of the head of the Chî family, who had eight rows of pantomimes in his area, "If he can bear to do this, what may he not bear to do?"
Legge III.1.
Confucius said of the Chi Family, 'They use eight rows of eight dancers each to perform in their courtyard. If this can be tolerated, What cannot be tolerated?'
Lau [3:1]
Les trois familles faisaient exécuter le chant Ioung, pendant qu'on enlevait les vases, après les offrandes. Le Maître dit : « Les aides sont tous des princes feudataires ; la tenue du Fils du Ciel est très respectueuse ; comment ces paroles peuvent-elles être chantées dans le temple des ancêtres des trois familles ? » Ces trois familles étaient les familles Meng suenn (ou Tchoung suenn), Chou suenn et Ki suenn, dont les chefs étaient grands préfets dans la principauté de Lou. (Tchou Hsi)Parmi les fils de Houan, prince de Lou, le prince Tchouang, né de la femme légitime, devint le chef de la principauté ; K'ing fou, Chou suenn et Ki iou, nés d'une femme de second rang, formèrent trois familles : K'ing fou, la famille Tchoung suenn, Chou suenn la famille Chou suenn, et Ki iou, la famille Ki suenn. K'ing fou changea le nom de Tchoung (second fils) et prit celui de Meng (fils aîné), parce qu'il était le fils aîné d'une femme de second rang, et qu'il n'osait pas se dire le frère cadet du prince Tchouang (Tchou Hsi)Ioung est le nom d'une ode qui se trouve dans le Livre des Odes parmi les « Éloges » des Tcheou. Le roi Ou la faisait chanter, quand il présentait des offrandes au roi Wenn. Les Tcheou la faisaient chanter dans le temple des ancêtres à la fin des offrandes, pour annoncer que la cérémonie était terminée. Les chefs des trois familles, qui n'avaient que le rang de grands préfets, se permettaient l'usage d'une cérémonie et d'un chant réservés à l'empereur. (Tchou Hsi)
Couvreur III.2.
Again against usurped rites.
The three families used the YUNG ode, while the vessels were being removed, at the conclusion of the sacrifice. The Master said, "'Assisting are the princes;– the son of heaven looks profound and grave';– what application can these words have in the hall of the three families?"
Legge III.2.
The Three Families performed the yung when the sacrificial offerings were being cleared away. The Master said,
'In attendance were the great lords,
In solemn dignity was the Emperor. What application has this to the halls of the Three Families?'
Lau [3:2]
Le Maître dit : « Comment un homme dépourvu d'humanité peut-il accomplir les rites ? Comment un homme dépourvu d'humanité peut-il cultiver la musique ? » Quand un homme perd avec les vertus du cœur les qualités propres à l'homme, son cœur n'a plus le respect, qui est la partie essentielle des cérémonies ; il n'a plus l'harmonie des passions, qui est le fondement de la musique. (Tchou Hsi)
Couvreur III.3.
Ceremonies and music vain without virtue.
The Master said, "If a man be without the virtues proper to humanity, what has he to do with the rites of propriety? If a man be without the virtues proper to humanity, what has he to do with music?"
Legge III.3.
The Master said, 'What can a man do with the rites who is not benevolent? What can a man do with music who is not benevolent?'
Lau [3:3]
Lin Fang ayant demandé quelle était la chose la plus nécessaire dans les cérémonies, le Maître répondit : « Oh ! que cette question est importante ! Dans les démonstrations extérieures, il vaut mieux rester en deçà des limites que de les dépasser ; dans les cérémonies funèbres, la douleur vaut mieux qu'un appareil pompeux. »
Couvreur III.4.
The object of ceremonies should regulate them:– against formalism.
1. Lin Fang asked what was the first thing to be attended to in ceremonies.
2. The Master said, "A great question indeed!
3. "In festive ceremonies, it is better to be sparing than extravagant. In the ceremonies of mourning, it is better that there be deep sorrow than a minute attention to observances."
Legge III.4.
Lin Fang asked about the basis of the rites. The Master said, 'A noble question indeed! With the rites, it is better to err on the side of frugality than on the side of extravagance; in mourning, it is better to err on the side of grief than on the side of formality.'
Lau [3:4]
Le Maître dit : « Les barbares de l'Est et du Nord, qui ont des princes, sont moins misérables que les nombreux peuples de la Chine ne reconnaissant plus de prince. »
Couvreur III.5.
The anarchy of Confucius's time.
The Master said, "The rude tribes of the east and north have their princes, and are not like the States of our great land which are without them."
Legge III.5.
The Master said, 'Barbarian tribes with their rulers are inferior to Chinese states without them.'
Lau [3:5]
Le chef de la famille Ki offrait des sacrifices aux esprits du T'ai chan. Le Maître dit à Jen Iou : « Ne pouvez-vous pas empêcher cet abus ? » Jen Iou répondit : « Je ne le puis. » Le Maître répliqua : « Hé ! dira-t-on que les esprits du T'ai chan sont moins intelligents que Lin Fang ? » T'ai chan, montagne située dans la principauté de Lou. D'après les rites, chaque prince feudataire sacrifiait aux esprits des montagnes et des cours d'eau qui étaient dans son domaine. Le chef de la famille Ki, en sacrifiant aux esprits du T'ai chan, s'arrogeait un droit qu'il n'avait pas (il n'était que grand préfet). Jen Iou, nommé K'iou, disciple de Confucius, était alors intendant de Ki suenn. Le Maître lui dit : « Ki suenn ne doit pas sacrifier aux esprits du T'ai chan. Vous êtes son intendant. Le faire changer de détermination, serait-ce la seule chose qui vous fût impossible ? » Jen Iou répondit : « Je ne le puis. » Le Maître reprit en gémissant : « Hé ! s'imaginera-t-on que les esprits du T'ai chan agréent des sacrifices qui sont contraires aux rites, et qu'ils comprennent moins bien que Lin Fang, moins bien qu'un citoyen de Lou, ce qui est essentiel dans les cérémonies ? Je suis certain qu'ils n'agréent pas les sacrifices de Ki suenn. » (Tchou Hsi)
Couvreur III.6.
On the folly of usurped sacrifices.
The chief of the Chî family was about to sacrifice to the T'ai mountain. The Master said to Zan Yû, "Can you not save him from this?" He answered, "I cannot." Confucius said, "Alas! will you say that the T'âi mountain is not so discerning as Lin Fang?"
Legge III.6.
The Chi Family were going to perform the sacrifice to Mount T'ai. The Master said to Jan Ch'iu, 'Can you not save the situation?' 'No. I cannot.'
The Master said, 'Alas! Who would have thought that Mount T'ai would suffer in comparison with Lin Fang?'
Lau [3:6]
Le Maître dit : « L'homme honorable n'a jamais de contestation. S'il en avait, ce serait certainement quand il tire à l'arc. Avant la lutte, il salue humblement ses adversaires et monte à l'endroit préparé. Après la lutte, il boit la liqueur que les vaincus sont condamnés à prendre. Même quand il lutte, il est toujours plein d'humanité. » D'après les règles du tir solennel, le président divisait les archers en trois groupes de trois hommes chacun. Le moment arrivé, les trois compagnons partaient et s'avançaient ensemble, se saluaient trois fois, témoignaient trois fois leur respect mutuel, et montaient à l'endroit préparé pour le tir. APrès le tir, ils se saluaient une fois, descendaient, puis, se tenant debout, ils attendaient que les autres groupes eussent fini de tirer. Les vainqueurs, se plaçant en face des vaincus, les saluaient trois fois. Ceux-ci montaient de nouveau au lieu du tir, prenaient les coupes et, se tenant debout, buvaient la liqueur qu'ils devaient accepter à titre de châtiment. Ordinairement, quand on offrait à boire, on présentait les coupes. Mais, après le tir à l'arc, on obligeait les vaincus à prendre eux-mêmes les coupes ; sans leur faire aucune invitation polie, afin de montrer que c'était une peine. Ainsi les anciens sages, même quand ils se disputaient la victoire, étaient conciliants et patients, se saluaient et se témoignaient mutuellement leur respect. De cette manière, au milieu même de la lutte, ils montraient toujours une égale sagesse. Vraiment l'homme honorable n'a jamais de contestation. (Tchou Hsi)
Couvreur III.7.
The superior man avoids all contentious striving.
The Master said, "The student of virtue has no contentions. If it be said he cannot avoid them, shall this be in archery? But he bows complaisantly to his competitors; thus he ascends the hall, descends, and exacts the forfeit of drinking. In his contention, he is still the Chün-tsze."
Legge III.7.
Master said, 'There is no contention between gentlemen. The nearest to it is, perhaps, archery. In archery they bow and make way for one another as they go up and on coming down they drink together. Even the way they contend is gentlemanly.'
Lau [3:7]
Tzeu hia dit à Confucius : « On lit dans le Livre des Odes : “Un sourire agréable plisse élégamment les coins de sa bouche ; ses beaux yeux brillent d un éclat mêlé de noir et de blanc. Un fond blanc reçoit une peinture de diverses couleurs.” Que signifient ces paroles ? » Le Maître répondit : « Avant de peindre, il faut avoir un fond blanc. » Tzeu hia reprit : « Ces paroles ne signifient-elles pas que les cérémonies extérieures exigent avant tout et présupposent la sincérité des sentiments ? » Le Maître dit : « Tzeu hia sait éclaircir ma pensée. A présent je puis lui expliquer les Odes. » Un homme dont la bouche est élégante et les yeux brillants peut recevoir divers ornements, de même qu'un fond blanc peut recevoir une peinture variée. Les anciens empereurs ont institué les cérémonies afin qu'elles fussent l'élégante expression et comme l'ornement des sentiments du cœur. Les cérémonies présupposent comme fondement la sincérité des sentiments, de même qu'une peinture exige d'abord un fond blanc. (Tchou Hsi)
Couvreur III.8.
Ceremonies are secondary and merely ornamental.
1. Tsze-hsiâ asked, saying, "What is the meaning of the passage – 'The pretty dimples of her artful smile! The well-defined black and white of her eye! The plain ground for the colors?'"
2. The Master said, "The business of laying on the colors follows (the preparation of) the plain ground."
3. "Ceremonies then are a subsequent thing?" The Master said, "It is Shang who can bring out my meaning. Now I can begin to talk about the odes with him."
Legge III.8.
Tzu-hsia asked, 'Her entrancing smile dimpling,
Her beautiful eyes glancing, Patterns of colour upon plain silk. What is the meaning of these lines?' The Master said, 'There is first the plain silk. The colours come afterwards.' 'Does the practice of the rites likewise come afterwards?'
The Master said, 'It is you, Shang, who have thrown light on the text for me. Only with a man like you can one discuss the Odes.'
Lau [3:8]
Le Maître dit : « Je puis exposer les rites de la dynastie des Hia. Mais je ne puis prouver ce que j'en dirais ; car les princes de K'i (descendants des Hia) n'observent plus ces rites et ne peuvent les faire connaître avec certitude. Je puis exposer les rites de la dynastie des [Chang-]In. Mais les témoignages font défaut ; car les princes de Soung, descendants des [Chang-]In, n'observent plus ces rites et ne peuvent en donner une connaissance certaine. Les princes de K'i et de Soung ne peuvent faire connaître avec certitude les rites des Hia et des [Chang-]In, parce que les documents et les hommes leur font défaut. S'ils ne faisaient pas défaut, j'aurais des témoignages. »
Couvreur III.9.
The decay of the monuments of antiquity.
The Master said, "I could describe the ceremonies of the Hsiâ dynasty, but Chî cannot sufficiently attest my words. I could describe the ceremonies of the Yin dynasty, but Sung cannot sufficiently attest my words. (They cannot do so) because of the insufficiency of their records and wise men. If those were sufficient, I could adduce them in support of my words."
Legge III.9.
The Master said, 'I am able to discourse on the rites of the Hsia, but the state of Ch'i does not furnish sufficient supporting evidence; I am able to discourse on the rites of the Yin, but the state of Sung does not furnish sufficient supporting evidence. This is because there are not enough records and men of erudiction. Otherwise I would be able to support what I say with evidence.'
Lau [3:9]
Le Maître dit : « Dans le rite Ti [fait par le prince de Lou], tout ce qui suit les libations me déplaît ; je n'en puis supporter la vue. » Confucius blâme l'autorisation accordée aux princes de Lou de faire une cérémonie qui aurait dû être réservée à l'empereur. Anciennement, l'empereur, après avoir fait des offrandes au fondateur de la dynastie régnante, en faisait au père du fondateur de la dynastie, et, en même temps, au fondateur lui-même. Cette cérémonie avait lieu tous les cinq ans, et s'appelait Ti. (Tchou Hsi)Comme Tcheou koung s'était signalé par d'éclatants services et avait été créé prince de Lou par son frère le roi Ou, le roi Tch'eng, successeur du roi Ou, permit au prince de Lou de faire cette importante cérémonie. Le prince de Lou offrait donc le sacrifice Ti, dans le temple de Tcheou koung, au roi Wenn, comme au père du fondateur de la dynastie, et il associait à cet honneur Tcheou koung. Cette cérémonie était contraire aux anciens rites. (Tchou Hsi)Les libations consistaient à répandre à terre, dès le commencement du sacrifice, une liqueur aromatisée, pour inviter les mânes à descendre. Au moment de ces libations, l'attention du prince de Lou et de ses ministres n'était pas encore distraite ; la vue de cette cérémonie était encore supportable. Mais ensuite, ils s'abandonnaient peu à peu à l'insouciance et à la négligence ; ils offraient un spectacle pénible à voir. (Tchou Hsi)
Couvreur III.10.
The sage's dissatisfaction at the want of propriety in ceremonies.
The Master said, "At the great sacrifice, after the pouring out of the libation, I have no wish to look on."
Legge III.10.
The Master said, 'I do not wish to witness that part of the ti sacrifice which follows the opening libation to the impersonator.'
Lau [3:10]
Quelqu'un ayant demandé à Confucius ce que signifiait le sacrifice Ti, le Maître répondit : « Je ne le sais pas. Celui qui le saurait n'aurait pas plus de difficulté à gouverner l'empire qu'à regarder ceci. » En disant ces mots, il montra la paume de sa main. Les anciens empereurs ne montraient jamais mieux que dans le sacrifice Ti leur désir d'être reconnaissants envers leurs parents et d'honorer leurs ancêtres éloignés. C'est ce que ne pouvait comprendre cet homme qui avait interrogé sur la signification du sacrifice Ti. De plus, dans la principauté de Lou, où les princes accomplissaient cette cérémonie, il fallait éviter de rappeler la loi qui la défendait à tout autre qu'à l'empereur. Pour ces raisons, Confucius répondit : « Je ne le sais pas. » Sur cette question pouvait-il y avoir quelque chose que l'homme saint ignorât réellement ? (Tchou Hsi)
Couvreur III.11.
The profound meaning of the great sacrifice.
Some one asked the meaning of the great sacrifice. The Master said, "I do not know. He who knew its meaning would find it as easy to govern the kingdom as to look on this" – pointing to his palm.
Legge III.11.
Someone asked about the theory of the ti sacrifice. The Master said, 'It is not something I understand, for whoever understands it will be able to manage the Empire as easily as if he had it here,' pointing to his palm.
Lau [3:11]
Confucius faisait des offrandes à ses parents défunts et aux esprits tutélaires, comme s'il les avait vus présents. Il disait : « Un sacrifice auquel je n'assisterais pas en personne, et que je ferais offrir par un autre, ne me paraîtrait pas un sacrifice véritable. »
Couvreur III.12.
Confucius's own sincerity in sacrificing.
1. He sacrificed to the dead, as if they were present. He sacrificed to the spirits, as if the spirits were present.
2. The Master said, "I consider my not being present at the sacrifice, as if I did not sacrifice."
Legge III.12.
'Sacrifice as if present' is taken to mean 'sacrifice to the gods as if gods were present.'
The Master, however, said, 'Unless I take part in a sacrifice, it is as if I did not sacrifice.
Lau [3:12]
Wang suenn Kia demanda quel était le sens de cet adage : « Il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer qu'aux esprits tutélaires des endroits les plus retirés de la maison. » Le Maître répondit : « L'un ne vaut pas mieux que l'autre. Celui qui offense le Ciel n'obtiendra son pardon par l'entremise d'aucun Esprit. » Wang suenn Kia était un grand préfet tout-puissant dans la principauté de Wei. Confucius était alors dans cette principauté. Wang suenn Kia soupçonnait qu'il avait l'intention de solliciter une charge. Il désirait qu'il s'attachât à lui ; mais il n'osait le lui dire ouvertement. Il eut donc recours à une allégorie, et lui dit : « D'après un proverbe, on offre des sacrifices auprès du foyer et dans les endroits retirés de la maison. Le foyer est la demeure du dieu du foyer. Bien que ce dieu soit d'un rang peu élevé, on lui offre un sacrifice particulier. Les endroits retirés de la maison sont les appartements situés à l'angle sud-ouest. Les esprits qui y demeurent sont d'un rang élevé ; néanmoins on ne leur offre pas de sacrifice particulier. Quand on veut sacrifier aux esprits pour obtenir une faveur, il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer pour obtenir sa protection secrète, que de faire la cour aux esprits de la maison pour rendre hommage à leur inutile dignité. Cet adage populaire doit avoir un sens profond. Quelle est sa signification ? » En parlant ainsi, Wang suenn Kia se désignait lui-même sous la figure des esprits de la maison. Il voulait dire qu'il valait mieux s'attacher à lui que de rechercher la faveur du prince. Confucius devina sa pensée. Sans le reprendre ouvertement, il se contenta de lui répondre : « Je réprouve toute flatterie, soit à l'égard des esprits de la maison, soit à l'égard du dieu du foyer. Au-dessus des esprits de la maison et du dieu du foyer, il y a le Ciel, qui est souverainement noble et n'a pas d'égal. Celui qui se conduit d'après l'ordre [céleste] est récompensé par le Ciel. Celui qui agit contrairement à lui est puni par le Ciel. Si quelqu'un ne sait pas rester dans les limites de sa condition, ni suivre l'ordre [céleste], il offense le Ciel. Celui qui offense le Ciel, où trouvera-t-il un protecteur qui lui obtienne son pardon ? » (Tchou Hsi)
Couvreur III.13.
That there is no resource against the consequences of violating the right.
1. Wang-sun Chiâ asked, saying, "What is the meaning of the saying, 'It is better to pay court to the furnace than to the southwest corner?'"
2. The Master said, "Not so. He who offends against Heaven has none to whom he can pray."
Legge III.13.
Wang-sun Chia said,
Better to be obsequious to the kitchen stove
Than to the south-west corner of the house. What does that mean?'
The Master said, 'The saying has got it wrong. When you have offended against Heaven, there is nowhere you can turn to in your prayers.'
Lau [3:13]
Le Maître dit : « La dynastie des Tcheou a consulté et copié les lois des deux dynasties précédentes1. Que les lois des Tcheou sont belles ! Moi, j'observe les lois des Tcheou. »
Couvreur III.14.
The completeness and elegance of the institutions of the Châu dynasty.
The Master said, "Châu had the advantage of viewing the two past dynasties. How complete and elegant are its regulations! I follow Châu."
Legge III.14.
The Master said, 'The Chou is resplendent in culture, having before it the example of the two previous dynasties. I am for the Chou.'
Lau [3:14]
Le Maître, étant entré dans le temple dédié au plus ancien des princes de Lou, interrogea sur chacun des rites. Quelqu'un dit : « Dira-t-on que le fils du citoyen de Tcheou connaît les rites ? Dans le temple du plus ancien de nos princes, il interroge sur chaque chose. » Le Maître en ayant été informé, répondit : « En cela, je me suis conformé aux rites. » Dans la principauté de Lou, le temple du plus ancien des princes était celui de Tcheou koung. Tcheou est le nom d'une ville de la principauté de Lou. Chou leang Ho, père de Confucius, avait été préfet de cette ville. Confucius est appelé pour cette raison le fils du citoyen de Tcheou. Il naquit à Tcheou. (Tchou Hsi)
Couvreur III.15.
Confucius in the grand temple.
The Master, when he entered the grand temple, asked about everything. Some one said, "Who say that the son of the man of Tsâu knows the rules of propriety! He has entered the grand temple and asks about everything." The Master heard the remark, and said, "This is a rule of propriety."
Legge III.15.
When the Master went inside the Grand Temple, he asked questions about everything. Someone remarked, 'Who said that the son of the man from Tsou understood the rites? When he went inside the Grand Temple, he asked questions about everything.'
The Master, on hearing of this, said, 'The asking of questions is in itself the correct rite.'
Lau [3:15]
Le Maître dit : « Quand on tire à l'arc, le mérite ne consiste pas à transpercer le cuir ; car les hommes ne sont pas tous d'égale force. Telle est la Voie des Anciens. » Après avoir déployé la cible, on fixait en son milieu un morceau de cuir, qui formait le centre, et s'appelait kou, « petit oiseau ». Les anciens avaient établi le tir à l'arc pour juger de l'habileté. L'essentiel était d'atteindre le centre de la cible, et non de la transpercer. (Tchou Hsi)
Couvreur III.16.
How the ancients made archery a discipline of virtue.
The Master said, "In archery it is not going through the leather which is the principal thing;– because people's strength is not equal. This was the old way."
Legge III.16.
The Master said,
'In archery the point lies not in piercing the hide,
For the reason that strength varies from man to man. This was the way of antiquity.'
Lau [3:16]
Tzeu koung1 voulait supprimer l'usage de fournir aux frais de l'État une brebis, qui devait être offerte aux ancêtres à la nouvelle lune. Le Maître dit : « Seu, tu tiens par économie à garder cette brebis ; moi, je tiens à conserver cette cérémonie. » À chaque nouvelle lune, les princes feudataires offraient à leurs ancêtres une brebis, et leur faisaient connaître leurs projets. Après les avoir invités, ils leur présentaient la victime encore vivante. À partir de Wenn koung, les princes de Lou avaient cessé de faire la cérémonie de la nouvelle lune ; cependant les officiers continuaient à fournir la brebis. Tzeu koung voulait abolir cette coutume, qui n'atteignait plus son but, et supprimer une dépense qu'il croyait inutile. Mais, bien que la cérémonie de la nouvelle lune eût été abandonnée, l'offrande de la brebis en rappelait le souvenir et pouvait en ramener l'usage. Si l'on avait supprimé l'obligation de fournir la brebis, la cérémonie elle-même aurait été entièrement oubliée. (Tchou Hsi)
Couvreur III.17.
How Confucius cleaved to ancient rites.
1. Tsze-kung wished to do away with the offering of a sheep connected with the inauguration of the first day of each month.
2. The Master said, "Ts'ze, you love the sheep; I love the ceremony."
Legge III.17.
Tzu-kung wanted to do away with the sacrificial sheep at the announcement of the new moon. The Master said, 'Ssu, you are loath to part with the price of the sheep, but I am loath to see the dis- appearance of the rite.'
Lau [3:17]
Le Maître dit : « Envers mon prince j'observe exactement tous les rites. Les hommes m'accusent de flatterie, parce qu'eux-mêmes servent le prince négligemment. »
Couvreur III.18.
How the princes should be served:– against the spirit of the times.
The Master said, "The full observance of the rules of propriety in serving one's prince is accounted by people to be flattery."
Legge III.18.
The Master said, 'You will be looked upon as obsequious by others if you observe every detail of the rites in serving your lord.'
Lau [3:18]
Ting1, prince de Lou, demanda comment un prince devait conduire ses sujets, et comment les sujets devaient obéir à leur prince. Confucius répondit : « Le prince doit commander à ses sujets selon les prescriptions, et les sujets doivent lui obéir avec fidélité. »
Couvreur III.19.
The guiding principles in the relation of prince and minister.
The duke Ting asked how a prince should employ his ministers, and how ministers should serve their prince. Confucius replied, "A prince should employ his minister according to the rules of propriety; ministers should serve their prince with faithfulness."
Legge III.19.
Duke Ting asked, 'How should the ruler employ the services of his subjects? And how should a subject serve his ruler?'
Confucius answered, 'The ruler should employ the services of his subjects in accordance with the rites. A subject should serve his ruler by doing his best.'
Lau [3:19]
Le Maître dit : « L'ode Les Mouettes1, exprime la joie et non la licence, la douleur et non l'abattement. »
Couvreur III.20.
The praise of the first of the odes.
The Master said, "The Kwan Tsü is expressive of enjoyment without being licentious, and of grief without being hurtfully excessive."
Legge III.20.
The Master said, 'In the Kuan chu there is joy without wanton- ness, and sorrow without self~injury.'
Lau [3:20]
Ngai, prince de Lou, ayant interrogé Tsai Ngo au sujet des autels élevés en l'honneur de la Terre, Tsai Ngo répondit : « Les Hia y plantaient des pins, et les [Chang]-In, des cyprès. Les Tcheou y plantent des châtaigniers1, afin d'inspirer au peuple la crainte et la terreur. »
Le Maître entendant ces paroles dit : « Rien ne sert de parler des choses qui sont déjà accomplies, ni de faire des remontrances sur celles qui sont déjà très avancées, ni de blâmer ce qui est passé. » Tsai Ngo, nommé lu, était disciple de Confucius. Les anciens plantaient auprès des autels érigés à la Terre les arbres qui convenaient le mieux au terrain. Tsai Ngo avait mal interprété leur intention et prêté aux princes actuellement régnants le désir de châtier et de mettre à mort leurs sujets. Confucius l'en reprit sévèrement, et lui marqua plusieurs choses dont il ne convenait pas de parler. (Tchou Hsi)
Couvreur III.21.
A rash reply of Tsai Wo about the altars to the spirits of the land, and lament of Confucius thereon.
1. The duke Âi asked Tsâi Wo about the altars of the spirits of the land. Tsâi Wo replied, "The Hsiâ sovereign planted the pine tree about them; the men of the Yin planted the cypress; and the men of the Châu planted the chestnut tree, meaning thereby to cause the people to be in awe."
2. When the Master heard it, he said, "Things that are done, it is needless to speak about; things that have had their course, it is needless to remonstrate about; things that are past, it is needless to blame."
Legge III.21.
Duke Ai asked Tsai Wo about the altar to the god of earth. Tsai Wo replied, 'The Hsia used the pine, the Yin used the cedar, and the men of Chou used the chestnut (li), saying that it made the common people tremble (li).'
The Master, on hearing of this reply, commented, 'One does not explain away what is already done, one does not argue against what is already accomplished, and one does not condemn what has already gone by.'
Lau [3:21]
Le Maître dit : « Que Kouan Tchoung a l'esprit étroit ! » Quelqu'un demanda si Kouan Tchoung était trop parcimonieux. Confucius répondit : « Le chef de la famille Kouan a élevé à grands frais la tour de San kouei1 ; dans sa maison aucun officier n'est chargé de deux emplois. Comment pourrait-on le croire trop économe ? Mais, reprit l'interlocuteur, s'il fait tant de dépenses, n'est-ce pas parce qu'il connaît les convenances ? » Confucius répliqua : « Les princes ont une cloison devant la porte de leurs palais2 ; le chef de la famille Kouan a aussi une cloison devant sa porte. Quand les princes ont une entrevue amicale, ils ont une crédence sur laquelle on renverse les coupes ; Kouan Tchoung a une crédence semblable. Si le chef de la famille Kouan connaît les convenances, quel est celui qui ne les connaît pas ? » Kouan Tchoung, nommé I ou, grand préfet de Ts'i, aida Houan, prince de Ts'i, à établir son autorité sur tous les grands feudataires. Il avait l'esprit étroit, il ne connaissait pas la voie de la grande étude des hommes saints et des sages. (Tchou Hsi)
Couvreur III.22.
Confucius's opinion of Kwan Chung:– against him.
1. The Master said, "Small indeed was the capacity of Kwan Chung!"
2. Some one said, "Was Kwan Chung parsimonious?" "Kwan," was the reply, "had the San Kwei, and his officers performed no double duties; how can he be considered parsimonious?"
3. "Then, did Kwan Chung know the rules of propriety?" The Master said, "The princes of States have a screen intercepting the view at their gates. Kwan had likewise a screen at his gate. The princes of States on any friendly meeting between two of them, had a stand on which to place their inverted cups. Kwan had also such a stand. If Kwan knew the rules of propriety, who does not know them?"
Legge III.22.
The Master said, 'Kuan Chung was, indeed, a vessel of small capacity.'
Someone remarked, 'Was Kuan Chung frugal, then?'
'Kuan Chung kept three separate establishments, each complete with its own staff. How can he be called frugal?'
'In that case, did Kuan Chung understand the rites?'
'Rulers of states erect gate-screens; Kuan Chung erected such a screen as well. The ruler of a state, when entertaining the ruler of another state, has a stand for inverted cups; Kuan Chung had such a stand as well. If even Kuan Chung understood the rites, who does not understand them?'
Lau [3:22]
Le Maître, instruisant le grand maître de musique de Lou, dit : « Les règles de la musique sont faciles à connaître. Les divers instruments commencent par jouer tous ensemble ; ils jouent ensuite d'accord, distinctement et sans interruption, jusqu'à la fin du morceau. »
Couvreur III.23.
On the playing of music.
The Master instructing the Grand music master of Lü said, "How to play music may be known. At the commencement of the piece, all the parts should sound together. As it proceeds, they should be in harmony while severally distinct and flowing without break, and thus on to the conclusion."
Legge III.23.
The Master talked of music to the Grand Musician of Lu, saying, 'This much can be known about music. It begins with playing in unison. When it gets into full swing, it is harmonious, clear and unbroken. In this way it reaches the conclusion.'
Lau [3:23]
Dans la ville de I1, un officier préposé à la garde des frontières demanda à lui être présenté, en disant : « Chaque fois qu'un homme honorable est venu dans cette ville, il m'a toujours été donné de le voir. » Les disciples, qui avaient suivi Confucius dans son exil, introduisirent cet officier auprès de leur maître. Cet homme dit en se retirant : « Disciples, pourquoi vous affligez-vous de ce que votre maître a perdu sa charge ? Il y a fort longtemps que la Voie n'est plus suivie, ici-bas. Mais le Ciel va donner au peuple en ce grand homme un héraut de la vérité2. » Il y avait deux sortes de clochettes. L'une, à battant de métal, servait pour les affaires militaires. L'autre, à battant de bois, servait à l'officier chargé d'enseigner ou d'avertir le peuple. (Tchou Hsi)
Couvreur III.24.
A stranger's view of the vocation of Confucius.
The border warden at I requested to be introduced to the Master, saying, "When men of superior virtue have come to this, I have never been denied the privilege of seeing them." The followers of the sage introduced him, and when he came out from the interview, he said, "My friends, why are you distressed by your master's loss of office? The kingdom has long been without the principles of truth and right; Heaven is going to use your master as a bell with its wooden tongue."
Legge III.24.
The border official of Yi requested an audience, saying, 'I have never been denied an audience by any gentleman who has come to this place.' The followers presented him. When he came out, he said, 'What worry have you, gentlemen, about the loss of office? The Empire has long been without the Way. Heaven is about to use your Master as the wooden tongue for a bell.'
Lau [3:24]
Le Maître disait que les Chants du Successeur étaient tout à fait beaux et doux ; que les Chants du Guerrier étaient tout à fait beaux, mais non tout à fait doux. Les chants de Chouenn1 sont appelés les Chants du Successeur, parce qu'il succéda à l'empereur Iao2, et comme lui, gouverna parfaitement. Les chants du roi Ou3 sont nommés les Chants du Guerrier, parce qu'ils célèbrent les exploits du roi Ou, qui délivra le peuple de la tyrannie de Tcheou4. Les Chants du Successeur sont au nombre de neuf, parce qu'il y eut neuf péripéties ; les Chants du Guerrier sont au nombre de six, parce qu'il y eut six péripéties. (Tchou Hsi)
Couvreur III.25.
The comparative merits of the music of Shun and Wû.
The Master said of the Shâo that it was perfectly beautiful and also perfectly good. He said of the Wû that it was perfectly beautiful but not perfectly good.
Legge III.25.
The Master said of the shao that it was both perfectly beautiful and perfectly good, and of the wu that it was perfectly beautiful but not perfectly good.
Lau [3:25]
Le Maître dit : « Comment souffrirais-je le spectacle d'un homme qui exerce une haute autorité avec un cœur étroit, qui s'acquitte d'une cérémonie sans respect, ou qui, à la mort de son père ou de sa mère, est sans douleur ? »
Couvreur III.26.
The disregard of what is essential vitiates all services.
The Master said, "High station filled without indulgent generosity; ceremonies performed without reverence; mourning conducted without sorrow;– wherewith should I contemplate such ways?"
Legge III.26.
The Master said, 'What can I find worthy of note in a man who is lacking in tolerance when in high position, in reverence when per- forming the rites and in sorrow when in mourning?'
Lau [3:26]
Les Entretiens de Confucius – Lun Yu III – Chinois on/off – Français/English
Alias the Lunyu, the Lun Yü, the Analects, les Entretiens du maître avec ses disciples.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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