Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
15. Á¾ K'ien / L'Humilité | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
Cet hexagramme est composé de Ken, « l'immobilisation, la montagne », et de K'ouen, « la terre ». La montagne est le plus jeune fils du créateur, le représentant du ciel sur la terre. Elle dispense au-dessous d'elle les bénédictions du ciel, nuages et pluie qui se rassemblent autour de son sommet, et elle brille ensuite dans l'éclat d'une lumière céleste. Cela désigne l'humilité et ses effets chez les hommes élevés et forts. En haut se tient K'ouen, la terre. La propriété de la terre est la bassesse, mais dans cet hexagramme elle est représentée précisément pour cette raison comme élevée, puisque placée en haut, au-dessus de la montagne. Cela montre l'effet de l'humilité chez des hommes . modestes et simples : ils sont, de ce fait, élevés.
La loi du ciel vide ce qui est plein et comble ce qui est humble. Quand le soleil est au plus haut, il doit, de par la loi céleste, aller vers son déclin, et quand il est au plus profond, sous terre, il se dirige vers un nouveau lever. Suivant la même loi, la lune se met à décroître quand elle est pleine et, quand elle est vide de lumière, elle recommence à croître. Cette loi céleste opère également dans les destinées humaines. La loi de la terre est de changer ce qui est plein et d'affluer vers ce qui est humble. Les hautes montagnes sont usées par les eaux, et les vallées, comblées. La loi des puissances du destin est d'entamer ce qui est plein et de dispenser le bonheur à l'humble. Les hommes aussi haïssent ce qui est plein et aiment l'humilité. Les destinées suivent des lois fixes qui agissent de façon nécessaire. Cependant, il est au pouvoir de l'homme de façonner son destin selon qu'il s'expose par sa conduite à l'influence des forces de bénédiction ou de destruction. Quand un homme occupe une place élevée et qu'il se montre humble, il brille dans la lumière de la sagesse. Quand il est abaissé et qu'il se montre humble, il ne peut pas être laissé de côté. Ainsi l'homme noble parvient à mener son œuvre à bonne fin sans se glorifier de ce qui a été accompli.
La terre dans laquelle est cachée une montagne ne laisse pas voir sa richesse, car la hauteur de la montagne sert à équilibrer la profondeur de la terre. Ainsi la hauteur et la profondeur se complètent et le résultat est le sol uni. L'image de l'humilité réside ici dans le fait que ce quia demandé un long travail paraît naturel et facile. Ainsi fait l'homme noble quand il instaure l'ordre sur la terre. Il égalise les oppositions sociales, sources de mécontentement, et crée par là des situations justes et équitables.
Une entreprise périlleuse comme la traversée d'un grand cours d'eau est rendue bien plus difficile lorsqu'un grand nombre de prétentions et de considérations entrent en ligne de compte. Elle se trouve au contraire facilitée quand on l'accomplit vite et simplement. C'est pourquoi l'attitude sans prétention de l'humilité permet de mener à bien même des entreprises difficiles, parce qu'elle ne présente ni exigences ni conditions, mais agit avec souplesse et aisance. Car là où il ne s'élève pas de prétentions, il ne s'élève pas non plus de résistances.
La bouche parle de l'abondance du cœur. Si quelqu'un est intérieurement si humble que sa disposition se manifeste dans sa conduite extérieure, c'est pour lui une cause de fortune. De cette manière en effet une possibilité d'exercer une influence durable naît d'elle-même et nul ne peut la supprimer.
C'est ici le centre du signe, où s'exprime son secret. Par de grandes actions on acquiert bientôt un renom considérable. Si l'on se laisse aveugler par la gloire, les critiques ne tarderont pas à naître et les difficultés s'élèveront. Si par contre on demeure humble malgré ses mérites, on se fait aimer et l'on acquiert les appuis indispensables pour mener à bien l'œuvre qu'on a entreprise.
Toute chose a sa mesure. Même l'humilité dans la conduite peut être poussée trop loin. Elle est ici à sa place, car la position entre une collaborateur méritant, en bas, et un maître bienveillant, en haut, entraîne avec elle une très grande responsabilité. La confiance du supérieur ne doit pas être abusée et le mérite de l'inférieur ne doit pas être mis sous le boisseau. Sans doute il est des fonctionnaires qui ne se distinguent pas. Ils se couvrent de la lettre des ordres et refusent toute responsabilité; ils acceptent une rétribution sans accomplir le service correspondant et ils portent un titre qu'aucune réalité ne vient justifier. L'humilité dont il est question ici est à l'opposé d'une telle attitude. Dans une telle situation, l'humilité se révèle en ce que l'on prend intérêt à son travail.
L'humilité ne doit pas être confondue avec la bonté accompagnée de faiblesse qui laisse tout aller. Quand on se trouve placé à un poste de responsabilité, il arrive aussi qu'en de certaines circonstances on doive intervenir avec énergie. Il est toutefois nécessaire pour cela de ne pas travailler à imposer sa supériorité par des vantardises personnelles; mais on doit être sûr de son entourage. Les mesures prises doivent être purement objectives. Elles ne doivent rien comporter qui blesse les personnes. En cela l'humilité se manifeste même dans la sévérité.
Celui qui est vraiment conséquent avec son humilité doit veiller à ce qu'elle se manifeste dans la réalité. Il doit aller énergiquement de l'avant dans ce domaine. S'il naît de l'hostilité, rien n'est plus aisé que de rejeter la faute sur autrui. Il peut alors se faire qu'un homme faible, se sentant offensé, se replie sur lui-même, prenne compassion de lui-même et croie être humble en ne se défendant pas. L'humilité véritable se manifeste en ce que nous nous employons énergiquement à établir l'ordre et commençons par sévir sur nous-mêmes et sur notre entourage immédiat. On n'accomplira réellement une œuvre importante que si on a le courage de faire marcher son armée contre soi-même
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 15. – Chinois on/off – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
Bienvenue, aide, notes, introduction, table.
Index – Contact – Haut de page