Le Maître échange propos, anecdotes, brèves paraboles et maximes avec ses disciples. Tr. Couvreur (fr), Legge (en) et Lau (en).
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IV. 7. Le Maître dit : « Chaque classe d'hommes tombe dans un excès qui lui est particulier. On peut connaître le sens humain d'un homme en observant ses défauts. » [...]
VII. 21. Le Maître ne parlait pas des choses extraordinaires, ni des actes de violence, ni des troubles, ni des esprits. [...]
XII. 13. Le Maître dit : « Instruire un procès, je le puis, tout comme un autre. L'important serait de faire qu'il n'y eût plus de procès. » [...]
XIX. 23. Chou suenn Ou chou dit aux grands préfets réunis dans le palais du prince : « Tzeu koung est plus sage que Confucius. » Tzeu fou King pe rapporta cette parole a Tzeu koung. Tzeu koung répondit : « Permettez-moi de nous comparer [...]
« Le philosophe A. N. Whitehead a dit que toute la philosophie occidentale était une série de notes sur l'œuvre de Platon. Ceci est plus vrai encore pour la philosophie chinoise, qui n'est qu'une longue série de commentaires sur Confucius. », c'est ainsi que commence cet article en anglais de l'encyclopédie philosophique Routledge présentant la philosophie de Confucius. Ce sage de la Chine ancienne a suscité la fascination de Voltaire, la déception de Hegel et l'intérêt de nombreux penseurs occidentaux depuis les Lumières jusqu'à nos jours. Certains sont heureux d'y voir un matérialiste agnostique, d'autres le fondateur d'une morale humaniste, d'autres un Socrate chinois, d'autres enfin un précurseur éclairé de Jésus de Nazareth. Si aucun de ces points de vue n'est dénué de fondements, aucun ne rend définitivement compte de cette pensée profondément ancrée dans la culture chinoise. La compatibilité des enseignements de Confucius avec la plupart de ceux des Évangiles a été justement soulignée par des Pères Jésuites souvent admiratifs, mais son refus de parler des choses de l'autre monde l'éloigne de l'univers religieux. Sa vie et son influence offrent certaines analogies avec Socrate, mais la méthode de Confucius ne réclame ni définitions strictes, ni argumentations construites et c'est par des propos allusifs, des exclamations, voire des « tautologies » qu'il convainc ses disciples. L'attention particulière et presque exclusive qu'il consacre à l'Homme et à la société s'accorde avec notre idée d'une morale humaniste, mais sont attachements aux « Rites et à la Musique » comme principes structurant d'un groupe humain ou au sens de l'honneur (et de la honte) comme rempart contre les faiblesses de la nature humaine, par exemple, montre que le même but peut être visé selon des angles différents que ceux que nous connaissons et défendons. Confucius est un ardent défenseur de la pratique et il ne parle pas des esprits, mais il est très loin d'attacher plus d'importance que le strict nécessaire aux relations économiques et à l'utilité matérielle. Enfin, ces points de vue oublient en partie que Confucius est avant tout concerné par les problèmes du gouvernement, ce qui fait de lui un grand penseur politique. « Roi sans couronne » qui n'a pas réussi à faire appliquer son progamme de son vivant, son influence majeure et durable sur la civilisation chinoise en fait un des esprits ayant le plus profondément marqué l'humanité.
Confucius est la forme latinisée de Kong Zi, ou Kong Fuzi. Son nom personnel est K'ieou (Qiu), qui veut dire « tertre ». Il aurait vécu de 551 à 479 avant notre ère. Sa vie est une série d'échecs, mais il se définit lui-même par la joie qui l'anime. Inquiet du sort des hommes de son pays, en proie à la division et aux luttes, il se sent investi d'une mission et propose où il peut ses services aux princes d'alors, mais son intransigeance le conduit à démissionner rapidement, quand il n'est pas brutalement chassé. Il finira sa vie sans voir les fruits de ses efforts et l'enseignement ne sera pour lui qu'un pis aller. Il faudra deux siècles encore pour que la Chine se réunisse en un Empire centralisé et que cessent les guerres intestines, lorsque le premier Empereur Qin Shi Huang imposa sa loi aux différents royaumes. Sa dynastie fondée sur les idées de l'École des Lois (autoritarisme et pouvoir absolu des lois) dura quinze années, puis fut remplacée par celle des Han, qui érigea le confucianisme (l'école concurrente : celle des Lettrés) en doctrine officielle. Un rigorisme doctrinal contraire aux préceptes du fondateur biaisait déjà ses enseignements. Ensuite, Confucius fut tour à tour vénéré, honni, adulé, raillé, souvent déformé et sanctifié par le régime en place ou ses détracteurs. De tous ces rebondissements, un excès ne vaut pas l'autre et il est tout aussi absurde de prendre ce personnage hautement humain pour un saint, un dieu, ou pour un réactionnaire, défenseur acharné de la féodalité et de l'oppression du peuple par une élite héréditaire. En lisant les Entretiens, ce compte-rendu de ses discussions avec ses disciples, on peut découvrir, outre ses idées politiques, son goût pour la musique, le gingembre, son amitié avec son disciple préféré, ses désillusions, ses espoirs pour l'humanité, et retrouver un peu la Voie qu'il a souhaité tracer pour les générations à venir.
Les Entretiens sont un recueil de remarques où l'on voit Confucius vivre et parler avec ses disciples. C'est le livre qui permet sans doute de s'approcher au plus près de la pensée originale du sage, auquel on a attribué par excès de vénération la rédaction ou la compilation de nombreux autres canons de la culture chinoise. Pierre Ryckmans, qui a proposé une excellente traduction des Entretiens, affirme que « nul écrit n'a exercé une plus durable influence sur une plus grande partie de l'humanité » et précise : « Le texte des Entretiens a été compilé après la mort de Confucius et ce travail de compilation effectué par au moins deux générations successives de disciples s'est poursuivi pendant quelque trois quarts de siècle, jusqu'aux environs de 400 avant J.-C. Cette compilation a d'abord circulé en deux versions différentes qui ont finalement été refondues et amalgamées peu avant le début de notre ère sous la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Le texte comporte donc naturellement des lacunes, des redites, des interpolations, des fragments hétérogènes, des obscurités, des insertions d'éléments étrangers et anachroniques. Et pourtant, malgré tous les rapetassages et accidents de transmission, si l'on considère son âge vénérable, il a conservé dans l'ensemble une verdeur, une vigueur et une cohérence étonnantes : la personnalité même de Confucius lui donne sa vie et son unité. »
On peut le lire ici les Entretiens dans la traduction du R. P. Séraphin Couvreur (1835-1919), qui a introduit en Occident un grand nombre d'œuvres littéraires, poétiques ou philosophiques de la Chine ancienne, et dont le dictionnaire chinois classique-français est demeuré célèbre, est sensiblement teintée par l'état d'esprit de ce religieux, mais reste fidèle et sobre. Les commentaires en italique insérés dans le texte sont attribués à Tchou Hi (Zhu Xi, 1130-1200, dyn. Song), l'instigateur principal du néo-confucianisme, doctrine intégrant certains aspects du taoïsme et du bouddhisme, qui a eu valeur d'orthodoxie officielle jusqu'à la chute de l'empire. Certaines notes, indiquées « (MBC) », sont de Muriel Baryocher-Chemouny. On peut trouver ce livre en version papier chez Mille et une nuits. Cependant les traductions ne sont que des auxilliaires et c'est au texte chinois qu'il faut revenir sans cesse. En pointant un caractère chinois, une bulle apparaît avec une définition sommaire, et un click conduit à un dictionnaire plus complet. (Réchauffer l'ancien pour en tirer du neuf, c'est à dire étudier le passé pour comprendre le présent, est le but que se proposait explicitement Confucius. Ce site n'a pas d'autre vocation que d'apporter une très modeste contribution à cette continuelle entreprise humaine.)
Les Entretiens de Confucius – Lun Yu – Chinois on/off – Français/English
Alias the Lunyu, the Lun Yü, the Analects, les Entretiens du maître avec ses disciples.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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