Un recueil de 320 pièces pour découvrir la poésie chinoise à son apogée. Œuvres de Li Bai, Du Fu, Wang Wei, etc. Tr. Bynner (en) et 21 d'Hervey (fr).
nº 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108
109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127
128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146
147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165
166 167 168 169
Luo Binwang
A Political Prisoner Listening to a Cicada
La voix de la cigale a résonné, du côté de la route occidentale2 ;
Elle jette dans une rêverie profonde l'hôte qui porte un bonnet du midi3.
Comment supporterais-je patiemment la vue de ce frêle insecte,
Qui vient, tout près de ma tête blanche, répéter son chant douloureux4 !
La rosée, trop lourde pour ses ailes, appesantit sa marche, et l'empêche de prendre son vol5 ;
Le vent, qui souffle avec violence, emporte ses cris étouffés.
Les hommes ne veulent pas croire à ce qu'il y a de pur et d'élevé (dans le secret de son existence)6.
Puis-je espérer qu'il s'en trouve un, pour faire connaître à tous ce que renferme mon cœur ?
1. Si j'ai choisi pour la traduire cette pièce d'une conception bizarre, où des comparaisons forcées sont rendues dans un style recherché, c'est qu'en même temps qu'elle donne précisément une idée de l'affectation habituelle à Lo-pin-ouang, elle offre aussi le spécimen du genre de pièces fugitives appelées lu-chi, très à la mode sous les Thang. J'en ai fait connaître au commencement les exigences assez compliquées qui sont fidèlement observées ici.
Les quatre périodes voulues se montrent nettement dessinées, chacune ayant, suivant la règle, un sens complet dans son distique isolé.
La première (ki), l'exorde, qui doit réfléchir le titre de la pièce.
La seconde (king), la perspective, où doit poindre la pensée de l'auteur.
La troisième (tsing), le sentiment, où cette pensée se développe.
La quatrième enfin (kie), le nœud, qui renferme la conclusion.
Ajoutons que les conditions exigées pour la rime sont, de leur côté, très exactement remplies.
2. La route occidentale, c'est la route que parcourt le soleil en automne, dit le commentaire ; on voit par là que le poète a composé sa pièce dans cette saison.
3. Le commentaire nous apprend que l'on appelle bonnet du midi la coiffure imposée aux prisonniers ; mais il n'explique point l'origine de cette expression.
4. Le chant de la cigale, en automne, est triste et plaintif, dit le commentaire chinois.
5. « Dans la pensée de Lo-pin-ouang qui se compare à la cigale, cette rosée si lourde représente le malheur des temps qui a pesé sur lui ; le vent qui étouffe les cris du frêle insecte, ce sont les calomnies, soufflées contre lui par ses ennemis et qui empêchent sa voix de parvenir jusqu'à l'oreille du maître. » (Commentaire chinois.)
6. « La cigale se tient dans les arbres les plus élevés ; elle boit le plus pur de la rosée, dont elle forme son unique nourriture. C'est un fait que beaucoup de gens refusent néanmoins de croire. » (Commentaire chinois.)
Voir d'autres traductions françaises.
Hervey 54
While the year sinks westward, I hear a cicada
Bid me to be resolute here in my cell,
Yet it needed the song of those black wings
To break a white-haired prisoner's heart....
His flight is heavy through the fog,
His pure voice drowns in the windy world.
Who knows if he be singing still? - -
Who listens any more to me?
Bynner 93
Poèmes de l'Époque des Tang – Tang Shi V. 1. (93) – Chinois off/on – Français/English
Alias Tang Shi San Bai Shou, Three Hundred Poems of the Tang Dynasty, Poésie des Thang.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
Bienvenue, aide, notes, introduction, table.
Index – Contact – Haut de page