La stratégie chinoise ou comment s'informer, estimer, diviser, détourner, tromper, et vaincre « sans coup férir ». Tr. Amiot (fr) et Giles (en).
L'art de la guerre est le premier traité de stratégie au monde. Rédigé vers le Ve siècle avant J.-C., il développe des thèses originales, qui s'inspirent de la philosophie chinoise ancienne. Considérant la guerre comme une réalité inévitable, il montre comment la réflexion peut mener à la victoire, comment l'analyse des faiblesses de l'ennemi peut fonder une tactique, si l'on sait les exploiter, et même les aggraver ; il met l'accent sur la dimension psychologique du combat, sur le rôle de la ruse et de la fuite. Ses idées, ignorées dans les époques de guerre totale et de conflits frontaux, ont retrouvé une actualité en inspirant les grandes guérillas anti-coloniales chinoises et vietnamiennes, notamment, et sont aujourd'hui reprises par les stratèges asiatiques et américains de la guerre économique.
Qu'il y ait un « art » de la guerre peut étonner ; plus encore un « art » de la guerre chinois, alors qu'on a longtemps cru ce peuple bien trop poli pour prendre les armes. La Chine des philosophes, des calligraphes, des poètes et des peintres ne doit pourtant pas faire oublier celle des généraux, des « Seigneurs de la Guerre » et surtout, à l'époque de Sun Zi, celle des « Royaumes combattants ». Elles n'ont rien d'incompatible et on compte des stratèges consommés qui furent aussi grands poètes ou peintres raffinés.
La plupart des études sinologiques semblent avoir répugné un peu à se pencher sur le domaine militaire, suivant peut-être l'inclination des Lettrés, pour qui les préoccupations guerrières se sauraient être nobles. Pourtant, l'étude de cet Art de la guerre est utile à plus d'un titre. Ceux qui cherchent les recettes de gouvernement qui ont permis à la Chine de conserver sa continuité depuis plus de vingt siècles, apprendront ici que la guerre est une question vitale pour tout pays, comment l'éviter, et comment la gagner quand on n'a pas d'autres choix que de prendre les armes. Ceux qui cherchent à comprendre certaines particularités de l'« esprit chinois » comme sa remarquable faculté d'atteindre indirectement son but, y trouveront des considérations tactiques sur les fins et les moyens d'y parvenir. Enfin, dans un contexte actuel de guerre économique mondiale où la Chine joue un rôle croissant, ce petit et très ancien livre peut aider à comprendre comment le « grand dragon » joue de ses atouts et sait masquer ses points faibles. Pour une entreprise internationale, s'engager en Chine est à la fois nécessaire et périlleux, et il faut commencer par « se connaître et connaître l'adversaire », nous dit Sun Zi.
Pour le lecteur intéressé par la culture chinoise ancienne, le manuel de Sun Zi montre une application concrète d'une idée centrale au taoïsme : la fluidité de l'eau l'emporte sur la solidité de la pierre. L'armée qui est plus mobile a plus de chances de vaincre, et celle qui se laisse fixer perd sa puissance. Eviter les sièges, les engagements frontaux et les longues campagnes semble être le leitmotiv de l'Art de la guerre. Règle pour la victoire : n'attaquer qu'après avoir gagné la bataille, qui se joue en amont sur le front de l'information et de la désinformation, afin de saper le moral de l'adversaire, de lui faire perdre ses moyens. Le général capable est celui qui gagne sans verser de sang ; toutes ses opérations visent à ce que l'ennemi s'effondre de lui-même. Aussi est-il indifférent aux honneurs récompensant une victoire arrachée in extremis par une hécatombe dans les deux camps. Il est comme l'eau dont l'action térébrante et insensible finit par désagréger les plus solides fortifications.
Sun Zi est loin d'être un idéaliste se contentant de grands principes et de règles abstraites. En homme expérimenté, il a le souci du détail et donne des conseils précis sur l'usage du feu, des espions, sur les différentes configuration du terrain et sur la gestion du temps. Il préconise la justice et la rigueur dans l'usage des récompenses et des châtiments, défend qu'un général doit parfois contrevenir aux ordres du souverain, que les règles de l'art (de la guerre) doivent être adaptées aux circonstances. Il sait qu'une guerre ne peut se gagner avec des soldats sans foi ni loi, qu'une armée qui saigne l'Etat ne sera pas soutenue, qu'il est essentiel de se concilier le peuple de l'adversaire. Le succès durable de son livre est aussi bien dû à l'importance des principes généraux édictés qu'à son caractère pratique de manuel militaire à l'usage du général en campagne.
L'Art de la guerre – Sun Zi – Chinois off/on – Français/English
Alias Sun Tzu, Sun Wu, Sun Tse, Sunzi Bingfa, Souen Tseu, Souen Wou, 孫武.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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