Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
23. Po / L'Éclatement | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
Les traits sombres s'apprêtent à monter et à causer la chute du dernier trait, qui est ferme et clair, en le désagrégeant par leur influence. L'homme vulgaire et obscur ne combat pas directement l'être noble, mais il le mine progressivement par une action imperceptible, si bien qu'à la fin il s'écroule. L'hexagramme représente l'image d'une maison. Le trait supérieur est le toit. Le toit une fois brisé, la maison s'effondre. Ce signe est rattaché au neuvième mois (octobre-novembre). La force yin pousse avec une vigueur croissante et elle est sur le point d'évincer complètement la force yang.
C'est une époque où les hommes vulgaires exercent une poussée en avant et se préparent à évincer le dernier être robuste et noble. Aussi, comme cette situation est causée par le cours du temps, l'homme noble n'a pas avantage à entreprendre quelque chose en de tels moments. La conduite à tenir en des circonstances si contraires doit être déduite de l'image et de ses propriétés. Le trigramme inférieur représente la terre dont les attributs sont la docilité et l'abandon; le trigramme supérieur signifie la montagne dont l'attribut est la tranquillité. Cela suggère le conseil de se conformer aux temps mauvais et de demeurer tranquille. Il ne s'agit pas ici d'une action des hommes, mais de conditions temporelles qui, suivant les lois du ciel, manifestent des alternatives de croissance et de déclin, de plein et de vide. Ces conditions temporelles ne permettent aucune réaction. C'est pourquoi ce n'est pas lâcheté mais sagesse que de s'y adapter et d'éviter d'agir.
La montagne repose sur la terre. Si elle est étroite, escarpée et dépourvue de large base, elle doit s'écrouler. C'est seulement si elle s'élève de la terre, large et vaste, et non orgueilleuse et abrupte, que sa position est assurée. Ainsi les gouvernants reposent sur la large base du peuple. Ils doivent, eux aussi, témoigner de la générosité et de la grandeur d'âme, comme la terre qui porte tous les êtres. Alors ils rendront leur situation aussi sûre que la tranquillité d'une montagne.
Les hommes vulgaires avancent en secret et commencent en-dessous leur travail de sape destructeur afin de miner l'endroit sur lequel repose l'homme noble. Les suivants du souverain qui lui demeurent fidèles sont anéantis par les intrigues et la calomnie. La situation est des plus néfastes. Il n'y a pourtant rien d'autre à faire que d'attendre.
La puissance du vulgaire s'accroît. Déjà le danger se rapproche de la personne elle-même. Voici qu'apparaissent des signes sans équivoque. La quiétude est troublée. Tandis que l'on se trouve dans cette situation dangereuse, on demeure encore en face d'elle sans aide et sans avances amicales venant soit d'en haut, soit d'en bas. Dans cet isolement une extrême prudence est requise. On doit s'adapter aux exigences de l'heure et esquiver en temps voulu. Si l'on voulait maintenir sa situation en se montrant inflexible et persévérant, cela conduirait à la chute.
On se trouve au milieu d'un entourage mauvais auquel on est rattaché par des liens extérieurs. Il existe toutefois une relation avec un homme supérieur. On acquiert ainsi la stabilité intérieure qui permet de se libérer de la nature des hommes qui nous entourent. Sans doute, on se met ainsi en opposition avec eux, mais il n'y a pas là de blâme.
L'infortune atteint ici le corps lui-même et non plus seulement l'endroit où l'on repose. L'oracle n'ajoute ni avertissement, ni autre commentaire. L'infortune est à son comble : elle ne se laisse plus détourner.
Ici la nature du principe obscur se transforme au voisinage immédiat du principe supérieur fort et lumineux. L'obscurité ne s'oppose plus par ses intrigues au principe fort, mais elle se soumet à sa direction. On la voit même, en tant que première des lignes faibles, amener l'ensemble de celles-ci au principe fort, tout comme une princesse conduit ses dames d'honneur, tel un banc de poissons, à son époux et obtient par là sa faveur . En se soumettant librement au principe supérieur, le principe inférieur trouve son bonheur et le principe supérieur reçoit également son dû. C'est pourquoi tout va bien.
La fin de l'éclatement est ici atteinte. Quand l'infortune à épuisé sa malice, des temps meilleurs reviennent. La semence du bien est encore là. Comme le fruit tombe à terre, le bien sort de nouveau de sa semence. L'homme noble retrouve influence et possibilité d'agir. Il est porté par l'opinion générale comme sur un char. Mais l'homme vulgaire est châtié par sa propre méchanceté. Sa maison vole en éclats. Il y a là une loi de la nature. Le mal n'est pas seulement corrupteur du bien, mais il se détruit finalement lui-même. Car le mal, qui ne vit que de négation, ne peut subsister de lui-même. Pour l'homme vulgaire aussi, la meilleure situation est d'être tenu sous le contrôle de l'homme noble.
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 23. – Chinois off/on – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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