Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
10. Liu / La Marche | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
La marche signifie tout d'abord la façon correcte de se conduire. En haut se trouve le ciel, le père; en bas, le lac, la plus jeune fille. Ainsi est indiquée la distinction entre le haut et le bas et la manière dont elle est à la base de la tranquillité, de la conduite correcte dans la société. Marcher veut dire littéralement : « appuyer le pied sur ». Le petit, « le joyeux », prend appui sur le grand, le fort. Les deux trigrammes traduisent un mouvement vers le haut. Que le fort marche sur le faible, c'est là quelque chose qui va de soi; c'est pourquoi le Livre des Transformations n'en fait pas de mention spéciale. Que le faible se place contre le fort, cela n'est pas dangereux, parce que la chose se passe dans la sérénité, sans arrogance, si bien que le fort n'est pas irrité et le prend en bonne part.
La situation est réellement difficile. La plus grande force et la plus grande faiblesse sont immédiatement en contact. Le faible suit le fort de près et lui donne du fil à retordre. Mais le fort prend bien la chose et ne lui fait aucun mal, car le contact est joyeux et non blessant. La situation humaine ainsi décrite est celle où l'on a affaire à des hommes farouches et inaccessibles. Dans de tels cas, on parvient à son but si, dans sa démarche, on observe les bons usages. Des formes de conduite bonnes et agréables mènent au succès, même face à des hommes prompts à s'irriter.
Le ciel et le lac manifestent une différence d'élévation qui provient de leur nature même et qu'aucune envie ne peut par conséquent troubler. Pareillement, il doit y avoir des différences d'élévation dans l'humanité. Une égalité générale est impossible à réaliser, mais il importe que les différences de niveau dans la société humaine ne soient pas arbitraires et injustes; dans un tel cas en effet l'envie et la lutte des classes sont des conséquences inévitables. Par contre, lorsque les différences visibles sont justifiées par des titres intérieurs et que la valeur personnelle est la règle qui détermine le rang extérieur, les hommes trouvent le calme, et l'ordre s'établit dans la société.
On se trouve dans une situation où l'on n'est pas encore lié par les obligations des échanges sociaux. Lorsque la démarche est simple, on demeure libre d'obligations sociales et l'on peut suivre tranquillement l'inclination de son cœur, parce qu'on n'a pas d'exigences envers les hommes, mais que l'on est content. Marcher n'est pas rester en place, mais progresser. On se trouve dans une situation de départ très humble. Toutefois on possède la force intérieure qui garantit le progrès. Quand on se montre satisfait de la simplicité, on peut avancer sans blâme. Lorsque quelqu'un ne peut se satisfaire d'une situation modeste parce qu'il veut, par sa démarche, sortir de sa condition basse et misérable et non accomplir une œuvre de valeur, s'il atteint son but, il devient fatalement arrogant et épris de faste. C'est pourquoi son progrès porte le stigmate du blâme. L'homme vertueux par contre se satisfait d'une démarche simple. S'il a atteint son but, il a accompli par là une œuvre de valeur et tout est bien.
Ici se trouve indiquée la situation d'un sage solitaire. Il se tient loin de l'agitation du monde, ne recherche rien, ne veut rien de personne et ne se laisse pas éblouir par des buts séduisants. Il est fidèle à lui-même et marche ainsi sur un chemin uni, sans subir d'attaques de la vie. Comme il est satisfait et ne provoque pas le destin, il demeure exempt de complications.
Un borgne peut certes voir, mais il ne va pas jusqu'à distinguer clairement. Un boiteux peut certes marcher, mais il ne va pas jusqu'à prendre la tête. Si un homme atteint de pareilles infirmités se tient pour fort et, par suite, s'expose au danger, il attire à lui l'infortune. Il affronte ainsi en effet ce qui est au-dessus de ses forces. Cette façon téméraire de se précipiter sans considérer ses propres ressources peut tout au plus s'admettre chez un guerrier qui combat pour son prince.
Il est question d'une entreprise périlleuse. La force intérieure nécessaire pour la conduire existe. Mais la force intérieure s'unit à une attitude extérieure de prudence hésitante, par contraste avec le trait précédent qui est faible intérieurement mais, à l'extérieur, pousse en avant. Ainsi se trouve assuré le succès final qui consiste à parvenir à ses fins, c'est-à-dire à vaincre le danger en allant de l'avant.
On est ici en présence du maître de l'ensemble de l'hexagramme. On se voit amené par la nécessité à une marche résolue. Mais on doit, ce faisant, demeurer conscient du danger qui est lié à une telle attitude de résolution, notamment quand on y persévère. Seule la conscience du danger rend possible le succès.
L'œuvre est parvenue à son terme. Pour savoir si la fortune en sera la conséquence, on observera rétrospectivement sa démarche et ses suites. Si les résultats sont bons, la fortune est assurée. Nul ne se connaît lui-même. Seules les conséquences de notre activité et les fruits de nos actes permettent de juger de ce que nous pouvons escompter.
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 10. – Chinois off/on – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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