Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
58. Touei / Le Joyeux, le Lac | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
Touei est, comme Souen, l'un des huit hexagrammes doubles. Touei représente la plus jeune fille; son image est le lac souriant, sa propriété, la joie. La joie ne repose pas, comme on pourrait le croire, sur la malléabilité qui se manifeste dans le trait supérieur. En effet, la propriété du principe malléable, c'est-à-dire obscur, n'est pas la joie, mais la mélancolie. La joie repose bien plutôt sur la présence, à l'intérieur, de deux traits forts qui s'extériorisent par l'intermédiaire du trait faible. La vraie joie provient donc de la fermeté et de la force qui se trouvent à l'intérieur et qui s'extériorisent sous une forme tendre et douce.
L'humeur joyeuse est communicative, c'est pourquoi elle entraîne le succès. Mais la joie a besoin d'être fondée sur la fermeté pour ne pas dégénérer en gaîté incontrôlée. La vérité et la force doivent habiter le cœur, tandis qu'au-dehors la douceur se manifeste dans les rapports avec les autres. On adopte de la sorte l'attitude correcte envers Dieu et envers les hommes, et l'on parvient à un résultat. Dans certaines circonstances, on obtient des effets momentanés par la simple intimidation exempte de douceur, mais cela ne dure pas. Si au contraire on gagne les cœurs des hommes en se montrant affable, on fait qu'ils acceptent de bon cœur les choses pénibles et qu'ils ne s'effraient pas devant la mort elle-même. Si grand est le pouvoir de la joie sur les humains !
Un lac s'évapore dans l'air et, par là, s'épuise peu à peu. Mais si deux lacs sont reliés l'un à l'autre, ils ne s'épuisent pas aussi facilement, car ils s'enrichissent mutuellement Il en est de même dans le domaine de la science. Le savoir doit être une puissance rafraîchissante et vivifiante. Elle ne peut l'être que dans un commerce amical avec des amis pareillement disposés avec lesquels on confère et l'on s'exerce en appliquant les vérités vitales. Ainsi le savoir acquiert un aspect varié et une légèreté joyeuse, tandis que la science de l'autodidacte a toujours quelque chose d'unilatéral et de pesant.
Une joie tranquille, sans paroles, recueillie en elle-même, qui ne désire rien de l'extérieur et se montre contente de tout demeure exempte de toutes inclinations et de toutes répulsions égoïstes. C'est dans cette liberté que réside la fortune, car elle abrite l'assurance paisible d'un cœur affermi en lui-même.
Il arrive souvent que l'on se trouve avec des êtres parmi lesquels on se trouve tenté par des plaisirs indignes de l'homme supérieur. En voulant participer à de telles joies on ouvrirait sûrement la voie au remords, car un homme supérieur ne saurait trouver de contentement véritable dans la compagnie d'êtres inférieurs. Si, forts d'une telle connaissance, nous ne laissons pas notre volonté s'égarer et refusons de trouver notre plaisir dans de telles manières d'être, même un entourage équivoque n'osera pas nous offrir de satisfactions vulgaires, car nous ne les goûterions pas. Ainsi se trouve écartée toute occasion de regret.
La vraie joie doit couler de la source intérieure. Mais si l'on est intérieurement vide et que l'on se perde dans le monde extérieur, les joies viennent du dehors. C'est ce que beaucoup saluent du nom de divertissement. Des êtres qui, par suite de leur inconsistance intérieure, éprouvent le besoin de divertissements auront toujours l'occasion de se distraire. Ils attirent à eux les plaisirs extérieurs par le vide de leur essence intime. Ainsi ils se perdent toujours davantage, ce qui naturellement a des conséquences mauvaises.
Il arrive souvent que l'on se trouve en suspens entre différentes sortes de joies. Tant que l'on n'a pas décidé quelle sorte de joie on choisira, si ce sera la joie supérieure ou l'inférieure, on demeure intérieurement inquiet. C'est seulement quand on a clairement reconnu que les passions amènent la souffrance que l'on peut se décider à se défaire de ce qui est bas et à rechercher les joies supérieures. Une fois que la décision a été scellée on trouve en soi la vraie sérénité et le vrai repos, et l'opposition intérieure est vaincue.
Si l'on compose avec eux, leur influence désagrégeante opérera à bas bruit mais sûrement et entraînera avec elle ses dangers. Mais celui qui reconnaît la situation et sait discerner le danger saura s'en garder et demeurera exempt de dommages.
Un homme intérieurement vain attire à lui les plaisirs du divertissement et, au milieu d'eux, doit connaître la souffrance (voir six à la 3e place). Si l'on n'est pas affermi intérieurement, les plaisirs extérieurs auxquels on ne s'est pas soustrait exercent une action si violente qu'on se laisse emporter par eux. Il n'est plus ici question de danger, de fortune ou d'infortune. On a laissé échapper le gouvernail de sa propre vie et ce qu'il adviendra de nous dépend désormais du hasard et des influences extérieures.
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 58. – Chinois off/on – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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