Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).
43. Kouai / La Percée (la Résolution) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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courant binôme échange trig. opposé tête en bas X maître gouvernant X '' constituant
L'hexagramme signifie d'une part une percée après une longue tension accumulée, comme la brèche qu'un fleuve fait à travers ses digues, comme un nuage qui crève. Sur le plan des situations humaines, c'est l'époque où les hommes vulgaires sont en voie de disparition. Leur influence décroît et une action résolue fait que le changement de conditions amène la percée. Ce signe est rattaché au 3 ème mois (avril-mai).
Même si, dans une ville, il n'y a qu'un homme vulgaire à la place d'autorité, il peut accabler les hommes nobles. Même si dans le cœur une seule passion reste nichée, elle petit obscurcir la raison. La passion et la raison ne peuvent coexister, c'est pourquoi un combat sans merci est indispensable si l'on veut établir le règne du bien. Toutefois il existe dans le combat résolu du bien pour écarter le mal des règles déterminées qui ne doivent pas être perdues de vue si l'on veut obtenir le succès. La résolution doit reposer sur l'union de la force et de la bienveillance. Un compromis avec ce qui est mauvais n'est pas possible; le mal doit en toutes circonstances être discrédité ouvertement. De même les passions et les défauts personnels ne doivent pas être embellis. Le combat ne doit pas être mené par la violence. Là où le mal est stigmatisé, il pense à recourir aux armes, et si on lui fait le plaisir de lui rendre coup pour coup, on a le dessous, car on est soi-même impliqué dans la haine et la passion. C'est pourquoi il importe de commencer par sa propre maison et prendre garde aux défauts que l'on a soi-même stigmatisés. Ainsi les armes du mal s'émoussent d'elles-mêmes quand elles ne trouvent pas d'adversaires. Et même nos propres défauts ne doivent pas être combattus directement. Tant que nous luttons contre eux, ils demeurent victorieux. La meilleure manière de combattre le mal, c'est un progrès énergique dans le bien.
Quand l'eau du lac s'est élevée dans le ciel, on peut craindre de voir crever un nuage. L'homme noble prend cela pour un avertissement et prévient à temps un effondrement brutal. Celui qui voudrait entasser des richesses pour lui seul sans penser aux autres connaîtrait un effondrement. Toute accumulation est en effet suivie d'une dispersion. C'est pourquoi l'homme noble commence déjà à disperser pendant le temps où il accumule. De même, dans le développement de son caractère, il veille à ne pas se raidir et à ne pas s'entêter, mais à demeurer réceptif aux impressions par un constant et rigoureux examen de lui-même.
Aux époques d'avance résolue, c'est le tout premier début qui est particulièrement difficile. On se sent plein d'élan pour une avance vigoureuse, mais la résistance est encore très puissante. Il importe de mesurer sa propre force et de ne pas s'engager plus loin que l'endroit où l'on est assuré du succès. Aller aveuglément de l'avant est mauvais, car c'est précisément au début qu'un choc en retour inattendu a les conséquences les plus néfastes.
Etre prêt, tout est là. La résolution est inséparable de la prévoyance. Lorsqu'on est attentif et réfléchi, il n'est pas besoin de s'émouvoir et de s'effrayer. Lorsqu'on est constamment vigilant tant qu'il n'y a pas encore de danger, on est armé lorsque le danger s'approche et l'on n'a pas à craindre. L'homme noble est sur ses gardes devant ce qui n'est pas encore en vue et attentif à ce que l'on n'entend pas encore; c'est pourquoi il demeure au milieu des difficultés comme s'il n'y avait pas de difficultés. Si quelqu'un cultive son caractère, les hommes s'attachent spontanément à lui. Si la raison triomphe, les passions se retirent d'elles-mêmes. Etre circonspect et ne pas oublier son armure, c'est là le vrai chemin de la sécurité.
La situation dans laquelle on se trouve est ambiguë. Tandis que tout le monde est engagé dans le combat résolu contre le vulgaire, on se trouve seul à avoir une certaine relation avec un homme du commun. Si l'on voulait alors se montrer extérieurement fort et se tourner contre lui avant que les conditions aient mûri, on ne ferait que rendre la situation tout entière périlleuse, car l'homme vulgaire recourrait alors à des contre-mesures anticipées. La tâche de l'homme noble est ici des plus difficiles. Il doit être intérieurement résolu et, dans son commerce avec l'homme vulgaire, se tenir éloigné de toute participation à sa vulgarité. Ce faisant, il est naturellement mal jugé. On pense qu'il appartient au parti des hommes vulgaires. Il est entièrement isolé, car personne ne le comprend. Ses relations avec le vulgaire le souillent aux yeux de la foule et l'on se tourne contre lui en murmurant. Mais il supporte d'être méconnu et ne commet pas de faute, car il demeure fidèle à lui-même.
On souffre d'inquiétude intérieure si bien que l'on ne peut se fixer à sa place. On voudrait avancer à tout prix et, ce faisant, on rencontre des obstacles insurmontables. Ainsi on se trouve en conflit intérieur avec sa situation. Cela provient de l'entêtement avec lequel on voudrait exécuter sa volonté. Si l'on voulait se défaire de cette obstination, tout irait bien. Mais ce conseil, comme beaucoup de bons conseils, ne sera pas entendu. Car l'entêtement fait que l'on a des oreilles mais que l'on n'entend pas.
Les mauvaises herbes repoussent sans cesse et se laissent difficilement déraciner. Ainsi la lutte contre des hommes vulgaires à des places en vue réclame une ferme résolution. On se tient en relations avec eux et il est par suite à craindre qu'on ne renonce au combat en le considérant comme sans espoir. Mais cela ne doit pas être. Il faut continuer à lutter résolument et ne pas se laisser détourner de son chemin. Ce n'est qu'ainsi que l'on demeure exempt de blâme.
La victoire semble être achevée. Il ne demeure plus qu'un restant de mal qui doit être résolument déraciné comme l'époque le demande. Tout semble parfaitement aisé, mais c'est précisément en cela que réside le danger. Si l'on n'est pas sur ses gardes, le mal réussit à se frayer subrepticement un passage et, dès qu'il s'est échappé, de nouveaux malheurs naissent des germes qui avaient subsisté, car le mal ne meurt pas facilement. Face au mal que contient notre propre caractère, nous devons aussi faire un travail radical. Si, par négligence, on omettait de remédier à quelque point, il sortirait de là un nouveau mal.
Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 43. – Chinois off/on – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.
Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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