...

Sun Zi Introduction Table des matières – L'Art de la guerre

La stratégie chinoise ou comment s'informer, estimer, diviser, détourner, tromper, et vaincre « sans coup férir ». Tr. Amiot (fr) et Giles (en).

Sunzi VIII. 1.

Sun Tzu dit : Ordinairement l'emploi des armées relève du commandant en chef, après que le souverain l'a mandaté pour mobiliser le peuple et assembler l'armée.

Amiot

Sun Tzu said: In war, the general receives his commands from the sovereign, collects his army and concentrates his forces.1

1. Repeated from VII. ss. 1, where it is certainly more in place. It may have been interpolated here merely in order to supply a beginning to the chapter.

Giles VIII.1.

Sunzi VIII. 2.

I. Si vous êtes dans des lieux marécageux, dans les lieux où il y a à craindre les inondations, dans les lieux couverts d'épaisses forêts ou de montagnes escarpées, dans des lieux déserts et arides, dans des lieux où il n'y a que des rivières et des ruisseaux, dans des lieux enfin d'où vous ne puissiez aisément tirer du secours, et où vous ne seriez appuyé d'aucune façon, tâchez d'en sortir le plus promptement qu'il vous sera possible. Allez chercher quelque endroit spacieux et vaste où vos troupes puissent s'étendre, d'où elles puissent sortir aisément, et où vos alliés puissent sans peine vous porter les secours dont vous pourriez avoir besoin.

II. Évitez, avec une extrême attention, de camper dans des lieux isolés ; ou si la nécessité vous y force, n'y restez qu'autant de temps qu'il en faut pour en sortir. Prenez sur-le-champ des mesures efficaces pour le faire en sûreté et en bon ordre.

III. Si vous vous trouvez dans des lieux éloignés des sources, des ruisseaux et des puits, où vous ne trouviez pas aisément des vivres et du fourrage, ne tardez pas de vous en tirer. Avant que de décamper, voyez si le lieu que vous choisissez est à l'abri par quelque montagne au moyen de laquelle vous soyez à couvert des surprises de l'ennemi, si vous pouvez en sortir aisément, et si vous y avez les commodités nécessaires pour vous procurer les vivres et les autres provisions ; s'il est tel, n'hésitez point à vous en emparer.

IV. Si vous êtes dans un lieu de mort, cherchez l'occasion de combattre. J'appelle lieu de mort ces sortes d'endroits où l'on a aucune ressource, où l'on dépérit insensiblement par l'intempérie de l'air, où les provisions se consument peu à peu sans espérance d'en pouvoir faire de nouvelles ; où les maladies, commençant à se mettre dans l'armée, semblent devoir y faire bientôt de grands ravages. Si vous vous trouvez dans de telles circonstances, hâtez-vous de livrer quelque combat. Je vous réponds que vos troupes n'oublieront rien pour bien se battre. Mourir de la main des ennemis leur paraîtra quelque chose de bien doux au prix de tous les maux qu'ils voient prêts à fondre sur eux et à les accabler.

Amiot

When in difficult country, do not encamp. In country where high roads intersect, join hands with your allies. Do not linger in dangerously isolated positions.1 In hemmed-in situations, you must resort to stratagem. In desperate position, you must fight.

1. The last situation is not one of the Nine Situations as given in the beginning of chap. XI, but occurs later on (ibid. ss. 43. q.v.). Chang Yu defines this situation as being situated across the frontier, in hostile territory. Li Ch`uan says it is "country in which there are no springs or wells, flocks or herds, vegetables or firewood;" Chia Lin, "one of gorges, chasms and precipices, without a road by which to advance."

Giles VIII.2.

Sunzi VIII. 3.

V. Si, par hasard ou par votre faute, votre armée se rencontrait dans des lieux plein de défilés, où l'on pourrait aisément vous tendre des embûches, d'où il ne serait pas aisé de vous sauver en cas de poursuite, où l'on pourrait vous couper les vivres et les chemins, gardez-vous bien d'y attaquer l'ennemi ; mais si l'ennemi vous y attaque, combattez jusqu'à la mort. Ne vous contentez pas de quelque petit avantage ou d'une demi victoire ; ce pourrait être une amorce pour vous défaire entièrement. Soyez même sur vos gardes, après que vous aurez eu toutes les apparences d'une victoire complète.

VI. Quand vous saurez qu'une ville, quelque petite qu'elle soit, est bien fortifiée et abondamment pourvue de munitions de guerre et de bouche, gardez-vous bien d'en aller faire le siège. Si vous n'êtes instruit de l'état où elle se trouve qu'après que le siège en aura été ouvert, ne vous obstinez pas à vouloir le continuer, vous courrez le risque de voir toutes vos forces échouer contre cette place, que vous serez enfin contraint d'abandonner honteusement.

VII. Ne négligez pas de courir après un petit avantage lorsque vous pourrez vous le procurer sûrement et sans aucune perte de votre part. Plusieurs de ces petits avantages qu'on pourrait acquérir et qu'on néglige occasionnent souvent de grandes pertes et des dommages irréparables.

VIII. Avant de songer à vous procurer quelque avantage, comparez-le avec le travail, la peine, les dépenses et les pertes d'hommes et de munitions qu'il pourra vous occasionner. Sachez à peu près si vous pourrez le conserver aisément ; après cela, vous vous déterminerez à le prendre ou à le laisser suivant les lois d'une saine prudence.

IX. Dans les occasions où il faudra prendre promptement son parti, n'allez pas vouloir attendre les ordres du prince. S'il est des cas où il faille agir contre des ordres reçus, n'hésitez pas, agissez sans crainte. La première et principale intention de celui qui vous met à la tête de ses troupes est que vous soyez vainqueur des ennemis. S'il avait prévu la circonstance où vous vous trouvez, il vous aurait dicté lui-même la conduite que vous voulez tenir.

Voilà ce que j'appelle les neuf changements ou les neuf circonstances principales qui doivent vous engager à changer la contenance ou la position de votre armée, à changer de situation, à aller ou à revenir, à attaquer ou à vous défendre, à agir ou à vous tenir en repos. Un bon général ne doit jamais dire : Quoi qu'il arrive, je ferai telle chose, j'irai là, j'attaquerai l'ennemi, j'assiégerai telle place. La circonstance seule doit le déterminer ; il ne doit pas s'en tenir à un système général, ni à une manière unique de gouverner. Chaque jour, chaque occasion, chaque circonstance demande une application particulière des mêmes principes. Les principes sont bons en eux-mêmes ; mais l'application qu'on en fait les rend souvent mauvais.

Amiot

There are roads which must not be followed,1 armies which must be not attacked,2 towns which must not be besieged,3 positions which must not be contested, commands of the sovereign which must not be obeyed.4

1. "Especially those leading through narrow defiles," says Li Ch`uan, "where an ambush is to be feared."
2. More correctly, perhaps, "there are times when an army must not be attacked." Ch`en Hao says: "When you see your way to obtain a rival advantage, but are powerless to inflict a real defeat, refrain from attacking, for fear of overtaxing your men's strength."
3. Cf. III. ss. 4 Ts`ao Kung gives an interesting illustration from his own experience. When invading the territory of Hsu-chou, he ignored the city of Hua-pi, which lay directly in his path, and pressed on into the heart of the country. This excellent strategy was rewarded by the subsequent capture of no fewer than fourteen important district cities. Chang Yu says: "No town should be attacked which, if taken, cannot be held, or if left alone, will not cause any trouble." Hsun Ying, when urged to attack Pi-yang, replied: "The city is small and well-fortified; even if I succeed intaking it, it will be no great feat of arms; whereas if I fail, I shall make myself a laughing-stock." In the seventeenth century, sieges still formed a large proportion of war. It was Turenne who directed attention to the importance of marches, countermarches and maneuvers. He said: "It is a great mistake to waste men in taking a town when the same expenditure of soldiers will gain a province." ["Marshal Turenne," p. 50.]
4. This is a hard saying for the Chinese, with their reverence for authority, and Wei Liao Tzu (quoted by Tu Mu) is moved to exclaim: "Weapons are baleful instruments, strife is antagonistic to virtue, a military commander is the negation of civil order!" The unpalatable fact remains, however, that even Imperial wishes must be subordinated to military necessity.

Giles VIII.3.

Sunzi VIII. 4.

Un grand général doit savoir l'art des changements. S'il s'en tient à une connaissance vague de certains principes, à une application routinière des règles de l'art, si ses méthodes de commandement sont dépourvues de souplesse, s'il examine les situations conformément à quelques schémas, s'il prend ses résolutions d'une manière mécanique, il ne mérite pas de commander. Un général est un homme qui, par le rang qu'il occupe, se trouve au-dessus d'une multitude d'autres hommes ; il faut par conséquent qu'il sache gouverner les hommes ; il faut qu'il sache les conduire ; il faut qu'il soit véritablement au-dessus d'eux, non pas seulement par sa dignité, mais par son esprit, par son savoir, par sa capacité, par sa conduite, par sa fermeté, par son courage et par ses vertus.

Amiot

The general who thoroughly understands the advantages that accompany variation of tactics knows how to handle his troops.

The general who does not understand these, may be well acquainted with the configuration of the country, yet he will not be able to turn his knowledge to practical account.1

So, the student of war who is unversed in the art of war of varying his plans, even though he be acquainted with the Five Advantages, will fail to make the best use of his men.2

1. Literally, "get the advantage of the ground," which means not only securing good positions, but availing oneself of natural advantages in every possible way. Chang Yu says: "Every kind of ground is characterized by certain natural features, and also gives scope for a certain variability of plan. How it is possible to turn these natural features to account unless topographical knowledge is supplemented by versatility of mind?"
2. Chia Lin tells us that these imply five obvious and generally advantageous lines of action, namely: "if a certain road is short, it must be followed; if an army is isolated, it must be attacked; if a town is in a parlous condition, it must be besieged; if a position can be stormed, it must be attempted; and if consistent with military operations, the ruler's commands must be obeyed." But there are circumstances which sometimes forbid a general to use these advantages. For instance, "a certain road may be the shortest way for him, but if he knows that it abounds in natural obstacles, or that the enemy has laid an ambush on it, he will not follow that road. A hostile force may be open to attack, but if he knows that it is hard-pressed and likely to fight with desperation, he will refrain from striking," and so on.

Giles VIII.4,5,6.

Sunzi VIII. 5.

Il faut que le général sache distinguer les vrais d'avec les faux avantages, les véritables pertes d'avec ce qui n'en a que l'apparence ; qu'il sache compenser l'un par l'autre et tirer parti de tout. Il faut qu'il sache employer à propos certains artifices pour tromper l'ennemi, et qu'il se tienne sans cesse sur ses gardes pour n'être pas trompé lui-même. Il ne doit ignorer aucun des pièges qu'on peut lui tendre, il doit pénétrer tous les artifices de l'ennemi, de quelque nature qu'ils puissent être, mais il ne doit pas pour cela vouloir deviner. Tenez-vous sur vos gardes, voyez-le venir, éclairez ses démarches et toute sa conduite, et concluez. Vous courriez autrement le risque de vous tromper et d'être la dupe ou la triste victime de vos conjectures précipitées. Si vous voulez n'être jamais effrayé par la multitude de vos travaux et de vos peines, attendez-vous toujours à tout ce qu'il y aura de plus dur et de plus pénible.

Amiot

Hence in the wise leader's plans, considerations of advantage and of disadvantage will be blended together.1

If our expectation of advantage be tempered in this way, we may succeed in accomplishing the essential part of our schemes.2

If, on the other hand, in the midst of difficulties we are always ready to seize an advantage, we may extricate ourselves from misfortune.3

1. "Whether in an advantageous position or a disadvantageous one," says Ts`ao Kung, "the opposite state should be always present to your mind."
2. Tu Mu says: "If we wish to wrest an advantage from the enemy, we must not fix our minds on that alone, but allow for the possibility of the enemy also doing some harm to us, and let this enter as a factor into our calculations."
3. Tu Mu says: "If I wish to extricate myself from a dangerous position, I must consider not only the enemy's ability to injure me, but also my own ability to gain an advantage over the enemy. If in my counsels these two considerations are properly blended, I shall succeed in liberating myself... For instance; if I am surrounded by the enemy and only think of effecting an escape, the nervelessness of my policy will incite my adversary to pursue and crush me; it would be far better to encourage my men to deliver a bold counter-attack, and use the advantage thus gained to free myself from the enemy's toils." See the story of Ts`ao Ts`ao, VII. ss. 35, note.

Giles VIII.7,8,9.

Sunzi VIII. 6.

Travaillez sans cesse à susciter des peines à l'ennemi. Vous pourrez le faire de plus d'une façon, mais voici ce qu'il y a d'essentiel en ce genre. N'oubliez rien pour lui débaucher ce qu'il y aura de mieux dans son parti : offres, présents, caresses, que rien ne soit omis. Trompez même s'il le faut : engagez les gens d'honneur qui sont chez lui à des actions honteuses et indignes de leur réputation, à des actions dont ils aient lieu de rougir quand elles seront sues, et ne manquez pas de les faire divulguer. Entretenez des liaisons secrètes avec ce qu'il y a de plus vicieux chez les ennemis ; servez-vous-en pour aller à vos fins, en leur joignant d'autres vicieux. Traversez leur gouvernement, semez la dissension parmi leurs chefs, fournissez des sujets de colère aux uns contre les autres, faites-les murmurer contre leurs officiers, ameutez les officiers subalternes contre leurs supérieurs, faites en sorte qu'ils manquent de vivres et de munitions, répandez parmi eux quelques airs d'une musique voluptueuse qui leur amollisse le cœur, envoyez-leur des femmes pour achever de les corrompre, tâchez qu'ils sortent lorsqu'il faudra qu'ils soient dans leur camp, et qu'ils soient tranquilles dans leur camp lorsqu'il faudrait qu'ils tinssent la campagne. Faites leur donner sans cesse de fausses alarmes et de faux avis ; engagez dans vos intérêts les gouverneurs de leurs provinces. Voilà à peu près ce que vous devez faire, si vous voulez tromper par l'adresse et par la ruse.

Amiot

Reduce the hostile chiefs by inflicting damage on them;1 and make trouble for them,2 and keep them constantly engaged;3 hold out specious allurements, and make them rush to any given point.4

1. Chia Lin enumerates several ways of inflicting this injury, some of which would only occur to the Oriental mind:–"Entice away the enemy's best and wisest men, so that he may be left without counselors. Introduce traitors into his country, that the government policy may be rendered futile. Foment intrigue and deceit, and thus sow dissension between the ruler and his ministers. By means of every artful contrivance, cause deterioration amongst his men and waste of his treasure. Corrupt his morals by insidious gifts leading him into excess. Disturb and unsettle his mind by presenting him with lovely women." Chang Yu (after Wang Hsi) makes a different interpretation of Sun Tzu here: "Get the enemy into a position where he must suffer injury, and he will submit of his own accord."
2. Tu Mu, in this phrase, in his interpretation indicates that trouble should be make for the enemy affecting their "possessions," or, as we might say, "assets," which he considers to be "a large army, a rich exchequer, harmony amongst the soldiers, punctual fulfillment of commands." These give us a whip-hand over the enemy.
3. Literally, "make servants of them." Tu Yu says "prevent the from having any rest."
4. Meng Shih's note contains an excellent example of the idiomatic use of: "cause them to forget PIEN (the reasons for acting otherwise than on their first impulse), and hasten in our direction."

Giles VIII.10.

Sunzi VIII. 7.

Ceux des généraux qui brillaient parmi nos Anciens étaient des hommes sages, prévoyants, intrépides et durs au travail. Ils avaient toujours leurs sabres pendus à leurs côtés, ils ne présumaient jamais que l'ennemi ne viendrait pas, ils étaient toujours prêts à tout événement, ils se rendaient invincibles et, s'ils rencontraient l'ennemi, ils n'avaient pas besoin d'attendre du secours pour se mesurer avec lui. Les troupes qu'ils commandaient étaient bien disciplinées, et toujours disposées à faire un coup de main au premier signal qu'ils leur en donnaient. Chez eux la lecture et l'étude précédaient la guerre et les y préparaient. Ils gardaient avec soin leurs frontières, et ne manquaient pas de bien fortifier leurs villes. Ils n'allaient pas contre l'ennemi, lorsqu'ils étaient instruits qu'il avait fait tous ses préparatifs pour les bien recevoir ; ils l'attaquaient par ses endroits faibles, et dans le temps de sa paresse et de son oisiveté.

Amiot

The art of war teaches us to rely not on the likelihood of the enemy's not coming, but on our own readiness to receive him; not on the chance of his not attacking, but rather on the fact that we have made our position unassailable.

Giles VIII.11.

Sunzi VIII. 8.

Avant que de finir cet article, je dois vous prévenir contre cinq sortes de dangers, d'autant plus à redouter qu'ils paraissent moins à craindre, écueils funestes contre lesquels la prudence et la bravoure ont échoué plus d'une fois.

I. Le premier est une trop grande ardeur à affronter la mort ; ardeur téméraire qu'on honore souvent des beaux noms de courage, d'intrépidité et de valeur, mais qui, au fond, ne mérite guère que celui de lâcheté. Un général qui s'expose sans nécessité, comme le ferait un simple soldat, qui semble chercher les dangers et la mort, qui combat et qui fait combattre jusqu'à la dernière extrémité, est un homme qui mérite de mourir. C'est un homme sans tête, qui ne saurait trouver aucune ressource pour se tirer d'un mauvais pas ; c'est un lâche qui ne saurait souffrir le moindre échec sans en être consterné, et qui se croit perdu si tout ne lui réussit.

II. Le deuxième est une trop grande attention à conserver ses jours. On se croit nécessaire à l'armée entière ; on n'aurait garde de s'exposer ; on n'oserait pour cette raison se pourvoir de vivres chez l'ennemi ; tout fait ombrage, tout fait peur ; on est toujours en suspens, on ne se détermine à rien, on attend une occasion plus favorable, on perd celle qui se présente, on ne fait aucun mouvement ; mais l'ennemi, qui est toujours attentif, profite de tout, et fait bientôt perdre toute espérance à un général ainsi prudent. Il l'enveloppera, il lui coupera les vivres et le fera périr par le trop grand amour qu'il avait de conserver sa vie.

III. Le troisième est une colère précipitée. Un général qui ne sait pas se modérer, qui n'est pas maître de lui-même, et qui se laisse aller aux premiers mouvements d'indignation ou de colère, ne saurait manquer d'être la dupe des ennemis. Ils le provoqueront, ils lui tendront mille pièges que sa fureur l'empêchera de reconnaître, et dans lesquels il donnera infailliblement.

IV. Le quatrième est un point d'honneur mal entendu. Un général ne doit pas se piquer mal à propos, ni hors de raison ; il doit savoir dissimuler ; il ne doit point se décourager après quelque mauvais succès, ni croire que tout est perdu parce qu'il aura fait quelque faute ou qu'il aura reçu quelque échec. Pour vouloir réparer son honneur légèrement blessé, on le perd quelquefois sans ressources.

V. Le cinquième, enfin, est une trop grande complaisance ou une compassion trop tendre pour le soldat. Un général qui n'ose punir, qui ferme les yeux sur le désordre, qui craint que les siens ne soient toujours accablés sous le poids du travail, et qui n'oserait pour cette raison leur en imposer, est un général propre à tout perdre. Ceux d'un rang inférieur doivent avoir des peines ; il faut toujours avoir quelque occupation à leur donner ; il faut qu'ils aient toujours quelque chose à souffrir. Si vous voulez tirer parti de leur service, faites en sorte qu'ils ne soient jamais oisifs. Punissez avec sévérité, mais sans trop de rigueur. Procurez des peines et du travail, mais jusqu'à un certain point.

Amiot

There are five dangerous faults which may affect a general: 1) Recklessness, which leads to destruction;1 2) cowardice, which leads to capture;2 3) a hasty temper, which can be provoked by insults;3 4) a delicacy of honor which is sensitive to shame;4 5) over-solicitude for his men, which exposes him to worry and trouble.5

1. "Bravery without forethought," as Ts`ao Kung analyzes it, which causes a man to fight blindly and desperately like a mad bull. Such an opponent, says Chang Yu, "must not be encountered with brute force, but may be lured into an ambush and slain." Cf. Wu Tzu, chap. IV. ad init.: "In estimating the character of a general, men are wont to pay exclusive attention to his courage, forgetting that courage is only one out of many qualities which a general should possess. The merely brave man is prone to fight recklessly; and he who fights recklessly, without any perception of what is expedient, must be condemned." Ssu-ma Fa, too, make the incisive remark: "Simply going to one's death does not bring about victory."
2. Ts`ao Kung defines the Chinese word translated here as "cowardice" as being of the man "whom timidity prevents from advancing to seize an advantage," and Wang Hsi adds "who is quick to flee at the sight of danger." Meng Shih gives the closer paraphrase "he who is bent on returning alive," this is, the man who will never take a risk. But, as Sun Tzu knew, nothing is to be achieved in war unless you are willing to take risks. T`ai Kung said: "He who lets an advantage slip will subsequently bring upon himself real disaster." In 404 A.D., Liu Yu pursued the rebel Huan Hsuan up the Yangtsze and fought a naval battle with him at the island of Ch`eng-hung. The loyal troops numbered only a few thousands, while their opponents were in great force. But Huan Hsuan, fearing the fate which was in store for him should be be overcome, had a light boat made fast to the side of his war-junk, so that he might escape, if necessary, at a moment's notice. The natural result was that the fighting spirit of his soldiers was utterly quenched, and when the loyalists made an attack from windward with fireships, all striving with the utmost ardor to be first in the fray, Huan Hsuan's forces were routed, had to burn all their baggage and fled for two days and nights without stopping. Chang Yu tells a somewhat similar story of Chao Ying-ch`i, a general of the Chin State who during a battle with the army of Ch`u in 597 B.C. had a boat kept in readiness for him on the river, wishing in case of defeat to be the first to get across.
3. Tu Mu tells us that Yao Hsing, when opposed in 357 A.D. by Huang Mei, Teng Ch`iang and others shut himself up behind his walls and refused to fight. Teng Ch`iang said: "Our adversary is of a choleric temper and easily provoked; let us make constant sallies and break down his walls, then he will grow angry and come out. Once we can bring his force to battle, it is doomed to be our prey." This plan was acted upon, Yao Hsiang came out to fight, was lured as far as San-yuan by the enemy's pretended flight, and finally attacked and slain.
4. This need not be taken to mean that a sense of honor is really a defect in a general. What Sun Tzu condemns is rather an exaggerated sensitiveness to slanderous reports, the thin-skinned man who is stung by opprobrium, however undeserved. Mei Yao- ch`en truly observes, though somewhat paradoxically: "The seek after glory should be careless of public opinion."
5. Here again, Sun Tzu does not mean that the general is to be careless of the welfare of his troops. All he wishes to emphasize is the danger of sacrificing any important military advantage to the immediate comfort of his men. This is a shortsighted policy, because in the long run the troops will suffer more from the defeat, or, at best, the prolongation of the war, which will be the consequence. A mistaken feeling of pity will often induce a general to relieve a beleaguered city, or to reinforce a hard-pressed detachment, contrary to his military instincts. It is now generally admitted that our repeated efforts to relieve Ladysmith in the South African War were so many strategical blunders which defeated their own purpose. And in the end, relief came through the very man who started out with the distinct resolve no longer to subordinate the interests of the whole to sentiment in favor of a part. An old soldier of one of our generals who failed most conspicuously in this war, tried once, I remember, to defend him to me on the ground that he was always "so good to his men." By this plea, had he but known it, he was only condemning him out of Sun Tzu's mouth.

Giles VIII.12.

Sunzi VIII. 9.

Un général doit se prémunir contre tous ces dangers. Sans trop chercher à vivre ou à mourir, il doit se conduire avec valeur et avec prudence, suivant que les circonstances l'exigent. S'il a de justes raisons de se mettre en colère, qu'il le fasse, mais que ce ne soit pas en tigre qui ne connaît aucun frein. S'il croit que son honneur est blessé, et qu'il veuille le réparer, que ce soit en suivant les règles de la sagesse, et non pas les caprices d'une mauvaise honte. Qu'il aime ses soldats, qu'il les ménage, mais que ce soit avec discrétion. S'il livre des batailles, s'il fait des mouvements dans son camp, s'il assiège des villes, s'il fait des excursions, qu'il joigne la ruse à la valeur, la sagesse à la force des armes ; qu'il répare tranquillement ses fautes lorsqu'il aura eu le malheur d'en faire ; qu'il profite de toutes celles de son ennemi, et qu'il le mette souvent dans l'occasion d'en faire de nouvelles.

Amiot

These are the five besetting sins of a general, ruinous to the conduct of war.

When an army is overthrown and its leader slain, the cause will surely be found among these five dangerous faults. Let them be a subject of meditation.

Giles VIII.13,14.

Paysage chinois sur plateau (59)

L'Art de la guerre – Sun Zi VIII – Chinois on/off – Français/English
Alias Sun Tzu, Sun Wu, Sun Tse, Sunzi Bingfa, Souen Tseu, Souen Wou, 孫武.

Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
Bienvenue, aide, notes, introduction, table.
IndexContactHaut de page

Wengu, base multilingue de textes classiques chinois