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Yi Jing Introduction Table des matières – Yi King, le Livre des Mutations

Ce dispositif de 64 hexagrammes et de leurs commentaires et transformations est à la source de la pensée chinoise. Tr. Wilhelm (en, fr).

































































01¬02
03×04 05×06 07×08
09-10 11×12 13×14
15-16 17-18 19-20
21-22 23-24 25-26
27¬28 29¬30
31-32 33-34
35×36
37-38 39-40 41-42
43-44 45-46 47-48
49-50 51-52 53-54
55-56 57-58 59-60
61¬62 63¬64

pile pile pileface pile pileface face pileface face face

 
HEXAGRAMME 1

L'Hexagrame


K'ien / Le Créateur
En haut K'ien : Le Créateur, le Ciel.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.

Les traits pleins correspondent à la puissance originelle yang qui est lumineuse, forte, spirituelle, active. L'hexagramme est uniformément fort de nature. En tant qu'aucune faiblesse ne s'attache à lui, il a pour propriété la force. Son image est le ciel. La force est représentée comme n'étant pas liée à des conditions spatiales déterminées : elle est par suite conçue comme mouvement. Ce qui est tenu pour le fondement de ce mouvement est le temps. L'hexagramme inclut donc également la puissance du temps et la puissance de la persévérance dans le temps, la durée. Dans l'interprétation de l'hexagramme il faut toujours considérer un double sens : le sens macrocosmique et l'action dans le monde des hommes. Appliqué aux événements de l'univers, ce signe exprime la puissante action créatrice de la divinité. Envisagé par rapport au monde des hommes, il désigne l'action créatrice des saints sages, du souverain ou guide des hommes qui, par sa puissance, éveille et développe leur nature supérieure.

Le Jugement


LE CRÉATEUR opère une sublime réussite,
favorisant par la persévérance.

Suivant la signification première, les attributs (sublimité, possibilité de réussite, pouvoir de favoriser, persévérance) vont deux par deux. Pour celui qui obtient cette réponse de l'oracle, cela signifie qu'il recevra en partage un succès venant des profondeurs sous-jacentes aux événements de l'univers et que tout dépend du fait qu'il ne cherche son bonheur et celui des autres que par la persévérance dans la voie droite. Les significations spécifiques des quatre attributs sont devenues très tôt un objet de spéculation. Le mot chinois que nous traduisons par « sublime » signifie : « tête, origine, grand ». C'est pourquoi l'explication de Confucius déclare : « Grande en vérité est la puissance originelle du créateur; tous les êtres lui doivent leur commencement. Et cette puissance pénètre le ciel tout entier.  » Ce premier attribut pénètre aussi les trois autres. Le commencement de toutes choses se trouve encore pour ainsi dire dans l'au-delà, sous forme d'idées qui doivent toutefois passer au stade de la réalisation. Mais dans le créateur se trouve aussi le pouvoir de prêter forme à ces archétypes des idées : cette notion s'exprime dans le mot « réussite ». Ce processus est représenté par une image de la nature : « Les nuages passent et la pluie opère, et tous les êtres individuels affluent dans leur forme » Appliqués au domaine de l'homme, ces attributs montrent au grand homme le chemin de la grande réussite : « Parce qu'il voit avec une grande clarté les causes premières et les effets, il accomplit en temps opportun les six degrés et s'élève sur eux vers le ciel en temps opportun, comme sur six dragons.  » Les six degrés sont les six positions différentes à l'intérieur de l'hexagramme, qui sont représentées plus loin sous l'image de dragons. Ce qui est désigné ici comme le chemin de la réussite est la connaissance et la réalisation de la Voie (Tao) de l'univers qui, en tant que loi parcourant le commencement et la fin, produit tous les phénomènes conditionnés par le temps. De la sorte, chaque degré atteint est en même temps la préparation du suivant, et le temps n'est plus un obstacle, mais le moyen qui permet la réalisation du possible. L'acte de la création a trouvé à s'exprimer dans les termes de « sublime » et de « réussite ». L'œuvre de conservation est maintenant montrée comme une actualisation et une différenciation continuelles de la forme. Elle se traduit par les deux expressions « favorisant », littéralement.  :« créant ce qui correspond à la nature » et « persévérant », littéralement. « juste et ferme ». « La marche du créateur modifie les êtres et leur donne forme, jusqu'à ce que chacun ait atteint sa juste nature, celle qui lui est destinée; il les conserve alors en conformité avec la grande harmonie. " Il se révèle ainsi comme favorisant par la persévérance.  » Dans le domaine humain, on voit par là comment le grand homme confère au monde la paix et la sécurité par son action ordonnatrice : « Tandis qu'il s'élève, dominant de la tête, au-dessus de la foule des hommes, toutes les régions se réunissent dans la paix.  » Une autre spéculation pousse plus loin la distinction des mots « sublime, réussite, favorisant, persévérant » et les place en parallèle avec les quatre vertus cardinales. A la « sublimité » qui, en tant que principe fondamental, inclut tous les autres attributs, est rattaché l'amour. A l'attribut de « réussite » sont rattachés les rites qui règlent et ordonnent les expressions de l'amour et, par suite, assurent leur réussite. Au terme « favorisant » est rattachée la justice qui crée des situations dans lesquelles chacun reçoit ce qui correspond à sa nature, ce qui lui est dû et qui fait son bonheur. A l'attribut de « persévérance » est rattachée la sagesse qui reconnaît les lois fixes de tous les événements et peut en conséquence créer des situations durables. Ces spéculations, qui apparaissent déjà dans l'un des commentaires formant la seconde partie du Yi King, le Wen Yen, ont constitué le pont qui a permis de réaliser l'union de la philosophie des cinq degrés de transformation (éléments), solidement établie dans le Livre des Annales, avec celle du Yi King qui, fondée seulement sur la dualité polaire des principes positif et négatif, a ouvert la porte à un symbolisme des nombres qui est allé se développant dans le cours du temps

L'Image


Le mouvement du ciel est puissant.
Ainsi l'homme noble se rend fort et infatigable.

Puisqu'il n'y a qu'un seul ciel, le redoublement du signe K'ien qui a le ciel pour image signifie le mouvement du ciel. Une révolution complète du ciel constitue un jour. Le redoublement du trigramme signifie que chaque jour est suivi d'un autre. Ainsi se trouve engendrée l'idée de temps. En outre, comme c'est le ciel lui-même qui se meut dans sa force infatigable, une autre idée apparaît, celle d'une durée puissante dans le temps et au-dessus de lui, et d'un mouvement qui ne cesse ni ne se ralentit jamais, de même qu'un jour succède inlassablement à un autre jour. Cette durée dans le temps est l'image de la force qui doit être attribuée en propre au créateur. Le sage emprunte à ce tableau le modèle de la manière dont il doit se développer en vue d'exercer une action durable. Il doit se rendre intégralement fort en écartant consciemment tous les éléments vulgaires ou dégradants. Il parvient ainsi à se rendre infatigable, qualité que l'on acquiert en limitant le champ de ses activités.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Dragon caché. N'agis pas.

Le dragon possède en Chine une tout autre signification que dans la conception occidentale. Il symbolise la force électrique, motrice, excitante qui se manifeste dans l'orage. En hiver, cette force se retire dans la terre; elle rentre en action au début de l'été et apparaît dans le ciel sous forme d'éclair et de tonnerre. Ces phénomènes sont suivis de la pluie qui fait redescendre dans la terre les vertus célestes. Ici la force créatrice demeure cachée à l'intérieur de la terre et n'exerce encore aucune action. Appliqué aux situations humaines, cela signifie qu'un homme remarquable est encore inconnu. Cependant il demeure fidèle à lui-même. Il ne se laisse pas influencer par le succès ou l'échec extérieurs mais, fort et serein, il attend son heure. Il convient donc que celui qui, consultant l'oracle, trace ce trait, attende dans une patience paisible et forte. Les temps s'accompliront bientôt. Il n'y a pas à craindre qu'une volonté ferme ne s'impose pas. Il importe toutefois d'éviter de dépenser prématurément sa force et de vouloir obtenir par contrainte quelque chose dont ce n'est pas encore l'heure.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Dragon apparaissant dans le champ.
Il est avantageux de voir le grand homme.

Les effets de la force lumineuse commencent ici à se manifester. Appliqué aux affaires humaines, cela veut dire que le grand homme apparaît dans le champ de son activité. Il n'occupe pas encore une place prédominante, mais demeure pour l'instant au milieu de ses pairs. Ce qui le distingue toutefois des autres est son sérieux, sa nature digne d'une confiance sans réserve, l'action qu'il exerce sur son entourage sans effort conscient. Un tel homme est destiné à acquérir une grande influence et à mettre le monde en ordre. C'est pourquoi il est avantageux de le voir.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'homme noble exerce tout le jour une activité créatrice.
Le soir il est encore rempli de soucis intérieurs.
Danger. Pas de blâme.

Un champ d'activité s'ouvre pour l'homme remarquable. Sa réputation commence à se répandre. Les masses accourent vers lui. Sa force intérieure est au niveau de son action extérieure accrue. Des affaires s'offrent à lui à pleines mains et, le soir encore, alors que les autres se reposent, il est accablé par les plans et les soucis. Mais il existe un danger à la place du passage de la position inférieure à la position élevée. Plus d'un grand homme déjà s'est perdu parce que les masses accouraient vers lui et l'entraînaient dans leur sillage. L'ambition a détruit la pureté intérieure. Mais les tentations ne causent pas l'atteinte à la vraie grandeur. Si l'on demeure en contact avec les germes de l'époque nouvelle et ses exigences, on possède suffisamment de prudence pour éviter de s'égarer et l'on demeure sans reproche.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Vol hésitant au-dessus des profondeurs.
Pas de blâme.

On parvient ici à la place du passage, où l'action libre peut se déployer. L'homme remarquable se trouve devant une double possibilité : ou bien prendre son essor et jouer un rôle déterminant dans la vie du monde, ou bien faire retraite et cultiver sa personnalité dans la quiétude : la voie du héros ou celle du saint caché. Il n'y a pas de règle générale pour décider de la voie juste. Celui qui se trouve dans une telle situation doit décider librement suivant la loi la plus intime de sa nature. S'il agit d'une manière entièrement sincère et conséquente, il trouve la voie qui lui convient, et cette voie est pour lui bonne et sans reproche.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Dragon volant dans le ciel.
Il est avantageux de voir le grand homme.

Le grand homme est ici parvenu à la sphère des natures célestes. Son influence s'étend au loin de façon visible sur le monde entier. Quiconque le voit peut se proclamer bienheureux. Confucius dit à ce sujet : « Les choses qui sont consonantes vibrent ensemble. Les choses qui ont entre elles des affinités dans leur essence intime se recherchent mutuellement. L'eau coule vers ce qui est humide, le feu se tourne vers ce qui est sec. Les nuages (haleine de l'air) suivent le dragon, le vent (haleine de la terre) suit le tigre. Ainsi le sage s'élève et tous les êtres tournent les yeux vers lui. Ce qui naît du ciel se sent apparenté aux choses d'en haut. Ce qui naît de la terre se sent apparenté aux choses d'en bas. Chacun suit son espèce ».

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Dragon orgueilleux aura à se repentir.

Lorsqu'un homme veut s'élever si haut qu'il perd le contact avec les autres hommes, il devient isolé, et cela le conduit fatalement à l'échec. Il y a là une mise en garde contre une aspiration titanesque qui va au-delà de ses propres forces. La conséquence en serait une chute brutale et profonde.

Tous les traits


Si l'on n'obtient que des neuf, cela signifie :
Il apparaît un vol de dragons sans tête : Fortune.

Lorsque tous les traits sont des neuf, l'hexagramme tout entier se met en mouvement et se transforme dans le signe K'ouen, le réceptif, dont le caractère est la soumission pleine d'abandon. La force du créateur s'unit à la douceur du réceptif. La force est indiquée par le vol de dragons, et la douceur, par le fait que les têtes sont cachées. Cela veut dire : douceur dans l'action jointe à la force de la décision est source de fortune.

 
HEXAGRAMME 2

L'Hexagrame


K'ouen / Le Réceptif
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

Cet hexagramme est entièrement composé de traits brisés. Les traits brisés correspondent à la puissance originelle du yin, qui est sombre, malléable, réceptive. La propriété de l'hexagramme est le don de soi i, son image est la terre. C'est le complément du créateur, son complément et non son opposé, car il ne le combat pas mais le complète. C'est la nature en face de l'esprit, la terre en face du ciel, le spatial en face du temporel, le féminin maternel en face du masculin paternel. Cependant, appliqué aux situations humaines, le principe de cette complémentarité ne se rencontre pas seulement dans les relations entre l'homme et la femme, mais aussi dans les rapports entre le prince et son ministre, le père et son fils; au sein de l'individu lui-même, cette dualité se retrouve dans la coexistence du spirituel et du sensible. On ne peut toutefois parler de véritable dualisme, car il existe entre les deux hexagrammes une claire relation hiérarchique. En soi, le réceptif est naturellement aussi important que le créateur, mais l'attribut de « don de soi » définit la place que cette vertu primordiale occupe par rapport à la première. Elle doit être placée sous la conduite et l'impulsion du créateur; elle produit alors d'heureux résultats. Mais si elle sort de cette place et veut marcher aux côtés du créateur et à égalité avec lui, elle devient mauvaise. Il s'élève alors entre elle et le créateur une opposition et une lutte qui produisent des effets néfastes pour l'un et l'autre.

Le Jugement


LE RÉCEPTIF opère une sublime réussite, favorisant par la persévérance d'une jument.
Si l'homme noble doit entreprendre quelque chose et veut se mettre en avant, il s'égare; mais s'il suit, il trouve une direction.
Il est avantageux de trouver des amis à l'ouest et au sud et de se passer d'amis à l'est et au nord.
Une persévérance paisible apporte la fortune.

Les quatre aspects fondamentaux du créateur : « la sublime réussite favorisant par la persévérance » servent également à caractériser le réceptif. Toutefois, la persévérance est ici définie avec plus de précision comme étant celle d'une jument. Le réceptif désigne la réalité spatiale face à la potentialité spirituelle du créateur. Quand le potentiel devient effectif et le spirituel, spatial, cela survient toujours au moyen d'une détermination qui limite et individualise. Cela est indiqué en ajoutant à l'expression « persévérance » le déterminatif « d'une jument ». Le cheval appartient à la terre comme le dragon au ciel : en parcourant infatigablement les plaines, il symbolise la vaste étendue de la terre. Le terme de « jument » est choisi parce qu'il unit la force et l'agilité du cheval à la douceur et à la soumission de la vache. Ce n'est que parce que les dix mille forces de la nature répondent aux dix mille impulsions du créateur que la terre peut rendre ces dernières effectives. La richesse de la nature consiste en ce qu'elle nourrit tous les êtres, et sa grandeur, en ce qu'elle les rend beaux et splendides. Elle fait ainsi prospérer tout ce qui vit. Tandis que le créateur engendre les êtres, la nature les enfante. Appliqué à la conduite humaine, l'hexagramme indique qu'il faut se comporter en conformité avec la situation. Le consultant de l'oracle n'est pas dans une position indépendante, mais son activité est celle d'un assistant. Cela signifie qu'il doit mener à bien une tâche. Ne pas vouloir diriger - il ne ferait que s'égarer -, mais se laisser diriger, tel est son rôle. S'il sait adopter une attitude d'acceptation à l'égard du destin, il est assuré de trouver une direction correspondante. L'homme noble se laisse guider. Il ne va pas de l'avant en aveugle, mais se laisse enseigner par les circonstances ce qui est exigé de lui, et il suit ces directives du destin. Puisqu'une tâche doit être menée à bien, il faut des auxiliaires et des amis pour l'heure du travail et de l'effort, une fois que les pensées qui doivent être réalisées ont été déterminées avec fermeté. Le temps du travail et de l'effort est exprimé par l'ouest et le sud, car c'est là que le réceptif oeuvre pour le créateur, de même que la nature en été et à l'automne. Si l'on ne rassemble pas toutes ses forces, on ne viendra pas à bout du travail à accomplir. C'est pourquoi « avoir des amis » signifie ici réaliser sa tâche. Mais, en dehors du travail et de l'effort, il existe aussi un temps pour les plans et les ordres : pour cela, la solitude est nécessaire. L'est symbolise le lieu où l'on reçoit les ordres de son maître, et le nord, celui où l'on rend compte de ce que l'on a accompli. Là il faut être seul et objectif. A cette heure sacrée, on doit se passer de compagnons afin que la pureté ne soit pas souillée par la haine et la partialité des factions.

L'Image


L'état de la terre est le DON DE SOI RÉCEPTIF.
Ainsi l'homme noble à la vaste nature porte le monde extérieur.

Ainsi l'homme noble à la vaste nature porte le monde extérieur. De même qu'il n'y a qu'un ciel, il n'y a également qu'une terre. Tandis que, dans le premier hexagramme, le ciel, le redoublement du signe traduit la durée temporelle, dans le second, la terre, il signifie l'extension dans l'espace et la fermeté avec laquelle la terre porte et conserve tout ce qui vit et se meut sur elle. La terre, dans son abnégation, porte le bien et le mal sans exception. Ainsi l'homme noble rend son caractère vaste, solide, endurant, de manière à être capable de porter et de supporter les hommes et les choses.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Quand on marche sur du givre, la glace solide n'est pas loin.

De même que la force lumineuse représente la vie, la force sombre signifie la mort. A l'automne, lorsque survient la première gelée, la force de l'obscurité et du froid commence seulement à se déployer. Après les premiers signes, les manifestations de la mort se multiplient graduellement suivant des lois déterminées, jusqu'au moment où, finalement, le plein hiver est là avec sa glace. Il en est exactement de même dans la vie. Une fois que certains signes à peine perceptibles du déclin ont fait leur apparition, le mouvement s'accentue jusqu'à ce que, finalement, la décrépitude s'installe. Mais dans la vie il est possible de prévenir la décadence en étant attentif à ses signes et en les affrontant en temps voulu.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Direct, carré, grand.
Sans dessein, rien pourtant ne demeure qui ne soit favorisé.

Le ciel a pour symbole le cercle, et la terre, le carré. Ainsi la forme carrée est l'attribut fondamental de la terre. Par contre le mouvement rectiligne est primitivement une propriété du créateur, de même que la grandeur. Toutefois les choses carrées ont leur racine dans la ligne droite et forment à leur tour des corps solides. En mathématiques on distingue les lignes, les plans et les solides; les lignes droites donnent naissance aux plans rectangulaires, et les plans rectangulaires aux corps cubiques. Le réceptif se règle suivant les propriétés du créateur et les fait siennes. Ainsi un carré se développe à partir d'une ligne droite, et un cube à partir d'un carré. On a là la pure soumission à la loi du créateur : rien n'est retranché, rien n'est ajouté. C'est pourquoi le réceptif n'a pas besoin de dessein ou d'effort particulier, et cependant tout va bien. La nature engendre les êtres sans fausseté; c'est là sa rectitude. Elle est paisible et calme; c'est ainsi qu'elle est carrée. Elle ne refuse à aucun être de le supporter; c'est là sa grandeur. C'est pourquoi elle atteint sans artifice et sans dessein particulier ce qui est le bien de toutes choses. Quant à l'homme, il parvient à la suprême sagesse lorsque toutes ses actions se révèlent aussi aisées à comprendre d'elles-mêmes que l'est la nature.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Traits cachés.
On est capable de demeurer persévérant.
Si par hasard tu es au service d'un roi, ne recherche pas les travaux, mais parachève.

Quant un homme est affranchi de la vanité, il est capable de dissimuler ses traits de manière à ne pas attirer prématurément l'attention sur lui. Il peut ainsi mûrir en paix. si les circonstances le demandent, il est capable de se mettre en évidence, mais là encore il garde la réserve. Le sage laissera volontiers la gloire aux autres. Il ne cherche pas à ce que des résultats tout prêts lui soient attribués, mais il fait porter son espoir sur les causes premières opérantes; en d'autres termes, il accomplit les actions de manière qu'elles portent des fruits pour l'avenir

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Sac ficelé. Pas de blâme. Pas d'éloge.

Le principe sombre s'ouvre quand il se meut et se ferme quand il se repose. L'attitude désignée ici est celle de la plus extrême réticence. L'heure est dangereuse : tout mouvement en avant conduira soit à l'hostilité d'adversaires plus forts si l'on veut combattre, soit à une fausse reconnaissance fondée sur un malentendu, si l'on se montre complaisant. Il convient donc de demeurer réservé, que ce soit dans la solitude ou dans l'agitation du monde, car là aussi nous pouvons si bien nous cacher que personne ne nous connaît.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Un vêtement de dessous jaune apporte une sublime fortune.

Le jaune est la couleur de la terre et du milieu, le symbole de ce qui est digne de confiance et authentique. Le vêtement de dessous ne comporte que des ornements sans éclat, symboles de la réserve d'un esprit noble. si quelqu'un est appelé à une place éminente mais non encore indépendante, le vrai succès repose sur la parfaite discrétion. L'authenticité et la finesse d'un homme ne doivent pas se manifester directement; elles ne s'extérioriseront qu'indirectement, comme effets de l'intérieur.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Dragons se battant dans le pré.
Leur sang est noir et jaune.

A la place supérieure, l'obscurité doit céder à la lumière. Si elle tente de se maintenir à une place qui n'est pas la sienne et de commander au lieu de servir, elle attire sur elle la colère du fort. Il en résulte un combat dans lequel elle s'effondre, non sans dommage pour les deux parties. Le dragon, symbole du ciel, vient combattre le faux dragon dont le principe terrestre a usurpé la figure. Le bleu sombre est la couleur du ciel, le jaune est la couleur de la terre. Par conséquent, lorsqu'il coule un sang noir et jaune, c'est un signe que ce combat contre nature entraîne' du dommage pour les deux forces fondamentales

Tous les traits


S'il n'apparaît que des six, cela signifie :
La persévérance durable est avantageuse.

S'il n'apparaît que des six, le signe du réceptif se transforme dans celui du créateur. Il acquiert ainsi la puissance de la durée en se tenant fermement à ce qui est juste. Sans doute, il n'y a pas de progrès, mais il n'y a pas non plus mal.

 
HEXAGRAMME 3

L'Hexagrame


Tchouen / La Difficulté Initiale
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau.
En bas Tchen : L'Eveilleur, le Tonnerre.

Le nom de l'hexagramme, Tchouen, désigne proprement une herbe qui rencontre un obstacle dans son effort pour sortir de terre. De là vient le sens de « difficulté initiale ». L'hexagramme indique la maniéré dont le ciel et la terre produisent les êtres individuels. C'est leur première rencontre qui s'accompagne de difficulté Le trigramme inférieur, Tchen, est l'éveilleur; son mouvement est. dirigé vers le haut. Il a pour image le tonnerre. Le signe supérieur est K'an, l'insondable, le dangereux. Son mouvement va vers le bas. Il a pour image la pluie. La situation décrit par conséquent une profusion dense et chaotique. Le tonnerre et la pluie remplissent l'air. Mais le chaos s'éclaire : le mouvement qui est dirigé vers le haut tandis que l'insondable s'enfonce, se dégage finalement du danger. Les tensions se déchargent dans l'orage et tous les êtres respirent, allégés.

Le Jugement


LA DIFFICULTÉ INITIALE opère une sublime réussite, favorisant par la persévérance.
Ne rien entreprendre.
Il est avantageux d'engager des auxiliaires.

Les temps de genèse sont entourés de difficultés. C'est comme une première naissance. Mais ces difficultés proviennent de la richesse des facteurs qui luttent pour acquérir une forme. Tout est conçu comme étant en mouvement : c'est pourquoi il existe, malgré le danger présent, une perspective de grand succès si l'on persévère. Lorsque le destin se présente sous l'aspect de pareils moments, tout demeure encore informe et sombre. C'est pourquoi l'on doit attendre, car tout geste prématuré peut entraîner l'échec. Il est également d'une grande importance de ne pas rester seul. Il faut avoir des auxiliaires pour triompher avec eux du chaos. Mais cela ne veut pas dire que l'on doive demeurer passif à contempler les événements. On doit y mettre la main, en prodiguant partout encouragements et directives.

L'Image


Nuages et tonnerre :
Image de la DIFFICULTÉ INITIALE.
C'est ainsi qu'agit l'homme noble, en démêlant et en mettant en ordre.

Les nuages et le tonnerre sont représentés par des lignes décoratives définies. Cela veut dire que, dans le chaos de la difficulté initiale, l'ordre est déjà présent. C'est ainsi que l'homme noble doit, en de tels moments de début, articuler et ordonner l'abondance confuse, comme on sépare les uns des autres les fils de soie d'une pelote emmêlée et qu'on les unit en écheveaux. Pour se reconnaître dans l'infini, il faut distinguer et unir.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Hésitation et obstacles.
Il est avantageux de demeurer persévérant.
Il est avantageux d'engager des auxiliaires.

Lorsqu'au début d'une entreprise on se heurte à un obstacle, il ne faut pas vouloir avancer à toute force, mais on doit se montrer prudent et faire une pause. Toutefois on ne doit pas se laisser déconcerter, mais il faut garder devant les yeux, avec persévérance, le but que l'on poursuit. Il est important de rechercher les concours convenables. On ne les trouve que si l'on demeure modeste dans le commerce avec les hommes et que l'on évite de s'enorgueillir. Ce n'est qu'ainsi qu'on groupe autour de soi les hommes dont l'aide permet de s'attaquer aux difficultés.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Les difficultés s'accumulent.
Cheval et chariot se séparent.
Ce n'est pas un brigand, il fera sa demande en son temps.
La jeune fille est chaste, elle n'engage pas sa foi.
Dix ans, et elle engage alors sa foi.

On se trouve aux prises avec la difficulté et les obstacles. Puis un tournant survient tout à coup, comme si quelqu'un arrivait avec un chariot et un cheval et dételait. Cet événement se produit de façon si surprenante que l'on croit voir un bandit dans le nouvel arrivant. Peu à peu on s'aperçoit qu'il n'a pas d'intentions mauvaises, mais qu'il cherche à nouer des relations amicales et qu'il offre son concours. Mais on n'accepte pas cette offre parce qu'elle n'émane pas de la bonne direction. Il faut attendre que les temps se soient accomplis : dix années constituent un espace de temps clos, un cycle achevé. Les conditions normales reviennent alors d'elles-mêmes et nous pouvons de nouveau nous unir avec l'ami qui nous est destiné. Avec l'image de la fiancée qui, au sein d'un grave conflit, demeure fidèle à celui qu'elle aime, l'hexagramme donne un conseil pour une situation particulière de la vie : si, en temps de difficulté, quand on se heurte à des obstacles, un soulagement s'offre inopinément d'un secteur avec lequel on n'a aucun lien, l'on doit demeurer prudent et n'assumer aucune obligation entraînée par une telle aide; s'il en était autrement, notre liberté de décision s'en trouverait lésée. Si l'on attend le moment, les conditions paisibles reviennent et l'on parvient à ce que l'on espérait

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Qui chasse le cerf sans forestier ne fait que s'égarer dans le bois.
L'homme noble comprend les signes du temps et préfère s'abstenir.
Continuer apporte l'humiliation.

Quand on veut chasser sans guide dans une forêt inconnue, on s'y égare. On ne doit pas vouloir s'évader des difficultés où l'on se trouve, sans examen et sans conseil. Le destin ne se laisse pas abuser. Des efforts prématurés sans la direction indispensable conduisent à l'insuccès et au déshonneur. C'est pourquoi l'homme noble, reconnaissant les germes des événements qui s'annoncent, préfère renoncer à un souhait plutôt que de s'attirer l'insuccès et la honte en cherchant à obtenir à tout prix son accomplissement.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Cheval et chariot se séparent. .
Poursuis l'union.
Aller apporte la fortune.
Tout opère de façon avantageuse.

On est dans une situation où le devoir commande d'agir, mais la force fait défaut. Une occasion se présente cependant d'établir des contacts. Il faut la saisir. On ne doit pas se laisser retenir par une fierté mal placée ou une fausse réserve. C'est un signe de clarté intérieure que de se déterminer à accomplir le premier pas, même si une telle démarche comporte une certaine abnégation. Dans une situation difficile il n'y a pas de déshonneur à se faire aider. Lorsqu'on trouve les concours convenables, tout va bien.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Difficultés dans la bénédiction.
Un peu de persévérance apporte la fortune,
Beaucoup de persévérance apporte l'infortune.

On se trouve dans le cas de n'avoir aucune possibilité de traduire ses bonnes intentions de manière qu'elles puissent se manifester réellement et être comprises. D'autres personnes s'interposent et déforment ce que l'on fait. Il faut alors être prudent et s'avancer pas à pas. On ne doit pas vouloir à tout prix venir à bout d'une entreprise importante, car une telle affaire ne réussit que lorsqu'on jouit déjà de la confiance générale. C'est seulement dans le calme, au prix d'un travail fidèle et consciencieux, que l'on peut agir progressivement de telle sorte que les situations s'éclairent et que les obstacles tombent.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Cheval et chariot se séparent.
Il coule des larmes de sang.

Il est des hommes pour qui les difficultés du début sont trop lourdes. Ils en demeurent prisonniers sans pouvoir en sortir. Ils baissent les bras et renoncent à la lutte. Une telle résignation est une chose des plus affligeantes. C'est pourquoi Confucius fait à ce propos la remarque suivante : « Des larmes de sang coulent : on ne doit pas persister dans une telle attitude ».

 
HEXAGRAMME 4

L'Hexagrame


Mong / La Folie Juvénile
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

L'idée de la jeunesse et de la folie est suggérée de deux manières dans ce signe. Le trigramme supérieur, Ken, a pour figure une montagne, et le trigramme inférieur, K'an, a pour image l'eau. La source qui sort du pied de la montagne est le symbole de la jeunesse sans expérience. L'attribut du signe supérieur est l'immobilité, celui du signe inférieur, le danger. S'arrêter plein de perplexité devant un dangereux abîme est également un symbole de la folie juvénile. Mais les deux trigrammes renferment également la voie qui permet de surmonter les folies juvéniles : l'eau est quelque chose qui continue nécessairement de couler. Lorsque la source jaillit, elle ne sait pas tout d'abord où elle veut aller. Mais, par son écoulement incessant, elle remplit les endroits profonds qui font obstacle à son progrès; le succès est alors obtenu.

Le Jugement


LA FOLIE JUVÉNILE possède la réussite.
Ce n'est pas moi qui recherche le jeune fou, c'est le jeune fou qui me recherche.
Au premier oracle, j'informe.
S'il interroge deux, trois fois, c'est de l'importunité.
S'il est importun, je n'informe pas.
La persévérance est avantageuse.

Chez un être jeune, la folie n'est pas quelque chose de mauvais. Elle peut malgré tout lui réussir. Il faut seulement trouver un maître expérimenté et observer à son égard l'attitude convenable. Cela veut dire avant tout que le jeune homme doit avoir lui-même conscience de son manque d'expérience et rechercher un maître. Seuls cette humilité et cet intérêt garantissent l'existence de l'ouverture d'esprit indispensable qui s'exprime dans la respectueuse acceptation d'un maître. C'est pourquoi le maître doit attendre paisiblement qu'on le recherche. Il ne doit pas s'offrir de lui-même : ce n'est qu'ainsi que l'enseignement portera ses fruits en temps opportun et de la manière convenable. La réponse donnée par le maître aux questions du disciple doit être claire et précise comme celle que souhaite obtenir un consultant de l'oracle. Elle doit alors être reçue comme résolution du doute et comme décision. Des questions supplémentaires provoquées par la méfiance ou le manque de réflexion ne servent qu'à importuner le maître. Le mieux sera de garder le silence à leur sujet, de même que l'oracle ne donne qu'une réponse et refuse de se laisser tenter par des questions nées du doute. Lorsqu'à cela s'ajoute une persévérance qui ne se relâche pas avant qu'on se soit assimilé les différents points l'un après l'autre, une belle réussite est assurée. Ainsi le conseil de l'hexagramme s'adresse au maître comme à l'élève.

L'Image


Au pied de la montagne jaillit une source :
Image de la JEUNESSE.
Ainsi L'homme noble cultive son caractère en étant profond dans tous ses actes.

La source parvient à couler et à triompher de l'immobilité en remplissant tous les creux qui se rencontrent sur son chemin. De même la voie à suivre pour le développement du caractère est la profondeur, le sérieux qui ne néglige rien, mais, comme l'eau, comble toutes les lacunes progressivement et sans relâche, et poursuit ainsi sa marche en avant.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Pour faire évoluer l'insensé il est avantageux d'imposer une discipline.
On doit ôter les entraves.
Continuer d'agir ainsi apporte l'humiliation.

Au commencement de l'éducation est la loi. La jeunesse est tentée, dans son inexpérience, de tout prendre d'abord avec insouciance, comme un jeu. Il faut lui montrer le sérieux de la vie. Une certaine manière de se prendre en main, la contrainte d'une ferme discipline est bonne. Qui joue avec la vie ne parvient jamais à rien. Mais la discipline ne doit pas dégénérer en dressage. Un dressage continuel donne un résultat humiliant et paralyse la force de l'homme.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Supporter avec douceur les insensés procure la fortune.
Savoir prendre les femmes procure la fortune.
Le fils est devenu apte à prendre en charge la maison.

L'oracle désigne ici un homme qui n'a pas de pouvoir extérieur, mais possède la force spirituelle nécessaire pour porter la responsabilité qui lui incombe. Il est doté de la supériorité et de la robustesse intérieures qui le rendent capable de supporter les lacunes de la folie humaine. La même disposition vaut dans les relations avec les femmes en tant que sexe plus faible. Il faut savoir les prendre et avoir des égards pour elles en leur témoignant une certaine indulgence chevaleresque. Ce n'est qu'en unissant la force intérieure et la réserve extérieure que l'on pourra assumer la responsabilité de conduire un grand organisme social avec un réel succès.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Tu ne dois pas prendre une jeune fille qui, voyant un homme d'airain, ne demeure pas maîtresse d'elle-même.
Rien n'est avantageux.

Un homme faible, inexpérimenté qui fait des efforts pour s'élever oublie facilement sa propre individualité quand il voit à un niveau supérieur une personnalité puissante qu'il imite servilement. Il ressemble à une jeune fille qui s'abandonne lorsqu'elle rencontre un homme fort. Il convient de ne pas encourager un mode d'approche si servile : l'attitude inverse ne serait bonne ni pour le jeune homme ni pour l'éducateur. Une jeune fille doit à sa dignité d'attendre d'être demandée en mariage. Dans les deux cas, il est indigne de s'offrir et il n'est pas bon d'accueillir favorablement une telle offre.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Une folie juvénile limitée apporte l'humiliation.

Dans la folie juvénile, l'attitude qui laisse le moins d'espoir consiste à se prendre dans des réseaux d'imaginations vides. Plus on s'obstine dans de telles imaginations étrangères à la réalité, plus on s'attire à coup sûr des humiliations. En face de ce dérèglement limité, le maître n'aura souvent d'autre ressource que de l'abandonner à lui-même pour un temps et de ne pas lui épargner l'humiliation qui s'ensuivra. Telle est bien des fois l'unique voie de salut.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
La folie puérile apporte la fortune.

Un homme expérimenté qui recherche l'instruction d'une manière enfantine et dépourvue de prétention agit correctement, car quiconque, libre de toute arrogance, se place sous l'autorité d'un maître sera certainement favorisé.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Lorsqu'on châtie la folie, il n'est pas avantageux de commettre des excès de pouvoir.
La seule chose avantageuse est d'écarter les excès de pouvoir.

Il arrive qu'un insensé incorrigible doive être châtié. Celui qui ne veut pas écouter devra en tâter. Punir ainsi quelqu'un est tout autre chose que de le secouer en commençant. Mais le châtiment ne doit pas être infligé sous le coup de la colère : on le limitera en veillant objectivement à éviter les excès injustifiés. La punition n'est pas à elle-même sa propre fin; son but est de servir à instaurer un comportement conforme à l'ordre. Ce conseil s'applique aussi bien à l'éducation qu'aux mesures qu'un gouvernement est amené à prendre contre une population qui s'est rendue coupable d'excès. L'intervention de l'autorité doit toujours demeurer préventive et avoir pour but unique l'instauration de la sécurité et de la paix publiques.

 
HEXAGRAMME 5

L'Hexagrame


Su / l'Attente (la Nutrition)
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel

Tous les êtres ont besoin de la nourriture d'en haut. Mais les aliments sont administrés en leur temps, qu'il faut attendre. L'hexagramme montre les nuages dans le ciel répandant la pluie qui réjouit tout ce qui croît et pourvoit l'homme de nourriture et de boisson. Cette pluie viendra à son heure. On ne peut la faire venir de force, mais il faut l'attendre. La pensée de l'attente est en outre suggérée par les propriétés de chacun des trigrammes : au-dedans, force; devant, danger . Face au danger, la force ne se précipite pas mais sait attendre, tandis que la faiblesse tombe dans l'agitation et n'a pas la patience d'attendre

Le Jugement


L'ATTENTE.
Si tu es sincère, tu possèdes lumière et réussite.
La persévérance apporte la fortune.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

L'attente n'est pas un espoir vide. Elle a la certitude intérieure d'atteindre son but. Seule cette certitude intérieure donne la lumière qui conduit à la réussite. Celle-ci mène à la persévérance qui apporte la fortune et confère la force de traverser les grandes eaux. Le consultant a devant lui un danger qui doit être surmonté. La faiblesse et l'impatience sont impuissantes. Seul celui qui est fort viendra à bout de son destin, car il peut tenir ferme jusqu'à la fin grâce à son assurance intérieure. Cette force se révèle dans une sincérité inflexible. Ce n'est que lorsque l'homme est capable de regarder les choses telles qu'elles sont, sans illusion ni duperie à l'égard de lui-même, qu'il se dégage des événements une lumière grâce à laquelle on peut discerner la voie du succès. Une telle connaissance doit être suivie d'une action résolue et persévérante, car c'est seulement lorsque l'homme affronte résolument son destin qu'il peut en venir à bout. On peut alors traverser les grandes eaux, c'est-à-dire prendre la décision qui s'impose et tenir tête au danger.

L'Image


Des nuages montent dans le ciel :
Image de L'ATTENTE.
Ainsi l'homme noble mange et boit; il est joyeux et de bonne humeur.

Quand les nuages montent dans le ciel, c'est le signe qu'il va pleuvoir. Il ne reste alors plus rien à faire que d'attendre que la pluie tombe. Il en est de même dans la vie quand un destin se prépare. Lorsque les temps ne sont pas encore accomplis, on ne doit pas se mettre en souci et s'efforcer de façonner l'avenir par son activité et son intervention propres, mais il convient de rassembler paisiblement ses forces en mangeant et en buvant, pour ce qui est du corps, et en étant de bonne humeur, pour ce qui concerne l'esprit. Le destin vient de lui-même et alors on est prêt.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Attente dans le pré.
Il est avantageux de demeurer dans ce qui dure.
Pas de blâme.

Le danger est encore loin. On attend encore sur le sol uni. Les conditions sont encore simples. Il y a seulement quelque chose dans l'air, qui va venir. Il convient alors de conserver la régularité de la vie, tant que cela demeure possible. Ce n'est qu'ainsi que l'on se garde de tout gaspillage prématuré des forces et que l'on demeure libre de toute tache et de toute faute qui constitueraient un affaiblissement pour plus tard.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Attente sur le sable.
Il y a un peu de bavardage.
La fin apporte la bonne fortune.

Le danger s'approche peu à peu. Le sable est près de la rive du fleuve, lequel symbolise le danger. Des désagréments commencent à se manifester. En un tel moment, il naît facilement un malaise général où les gens se rejettent mutuellement la faute. Celui qui demeure alors dans un état d'abandon parviendra à ce qu'à la fin tout aille bien pour lui. Tous les médisants finiront par se taire si on ne leur fait pas le plaisir de leur répliquer par des propos offensants.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie
L'attente dans la vase provoque l'arrivée de l'ennemi

La vase, qui est déjà imprégnée de l'eau du fleuve, n'est pas un endroit favorable pour attendre. Au lieu de rassembler ses forces pour traverser l'eau d'un seul coup, on a fait une tentative prématurée dont l'élan n'a pas mené plus loin que la vase. Une situation si fâcheuse attire l'ennemi de l'extérieur, qui, naturellement, l'exploite. Ce n'est qu'avec du sérieux et de la prudence qu'il est possible de se mettre à l'abri de tout dommage.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Attente dans le sang.
Sors du trou.

La situation est extrêmement dangereuse. Elle est devenue de la plus grande gravité : c'est une question de vie ou de mort. Il faut s'attendre d'un moment à l'autre à une effusion de sang. On ne peut ni avancer, ni reculer. Toute retraite est coupée, comme si l'on était dans un trou. Il n'est alors que de tenir bon et de laisser le destin suivre son cours. Ce calme, qui empêche le dommage de s'aggraver encore par une action personnelle, est le seul moyen de sortir du trou périlleux.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Attente avec du vin et de la nourriture.
La persévérance apporte la fortune.

Même au milieu du danger, il est des moments de répit quand les choses vont relativement bien. Si l'on possède la force intérieure convenable, on exploitera les intervalles de calme pour se fortifier en vue d'un nouveau combat. On peut jouir du moment, sans pour autant se laisser détourner de son but, car la persévérance est nécessaire pour demeurer vainqueur. Il en est de même dans la vie publique. On ne peut tout atteindre d'un seul coup. La suprême sagesse consiste à accorder au peuple des moments de récréation qui ravivent la joie au travail nécessaire pour mener l'ouvrage à bien. Ici se trouve caché le secret de l'hexagramme tout entier. Celui-ci se distingue de l'hexagramme : « l'obstacle » (n° 39) en ce qu'ici, tandis que l'on attend, on est sûr de son fait et, par suite, on ne se laisse pas dérober la paix que procure la joie intérieure.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
On tombe dans le trou.
Trois hôtes surviennent, qui n'étaient pas invités.
Honore-les, ainsi la fortune viendra à la fin.

L'attente est terminée : le danger ne se laisse plus écarter. On tombe dans le trou et il faut se résoudre à l'inévitable. Tout semble alors avoir été vain. Mais c'est précisément dans cet état de détresse que survient un tournant imprévu. Sans que l'on ait agi personnellement, il se produit une intervention extérieure dont on peut tout d'abord se demander ce qu'elle signifie, si elle vise à la délivrance ou à la destruction. Il convient alors de conserver la mobilité intérieure : l'attitude juste n'est pas de se retrancher en soi-même et d'opposer un refus dans un geste de bravade, mais de saluer avec respect ce nouveau tour des événements. Ainsi l'on finit par sortir du danger et tout va bien. Même les changements heureux se présentent souvent sous une forme qui paraît étrange au premier abord.

 
HEXAGRAMME 6

L'Hexagrame


Soung / Le Conflit
En haut K'ien : Le Créateur
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

Le trigramme supérieur dont l'image est le ciel se meut vers le haut, tandis que le trigramme inférieur, « l'eau », se dirige vers le bas, conformément à sa nature. Les mouvements des deux moitiés de l'hexagramme vont donc dans des sens opposés, d'où l'idée de conflit L'attribut du créateur est la force, et celui de l'insondable, le danger, la perfidie. Là où la ruse a devant elle la violence, il y a conflit. Une troisième indication de cette idée se rencontre dans un caractère qui unit une perfidie insondable au-dedans et une ferme résolution au-dehors. Un caractère de ce genre est à coup sûr querelleur.

Le Jugement


LE CONFLIT.
Tu es sincère et tu rencontres de l'obstruction.
Une halte prudente à mi-route apporte la fortune.
Mener l'affaire à son terme apporte l'infortune.
Il est avantageux de voir le grand homme.
Ii n'est pas avantageux de traverser les grandes eaux.

Le conflit naît lorsque quelqu'un qui se sent dans son bon droit se heurte à de l'opposition. Si l'on n'est pas convaincu de son droit, la résistance détermine la ruse ou les excès violents, mais non le conflit. Lorsqu'on est impliqué dans un conflit, le seul moyen de salut réside dans la circonspection et la force intérieure grâce auxquelles on est toujours disposé à régler la contestation et à conclure un compromis en faisant la moitié du chemin. Poursuivre un conflit jusqu'à sa conclusion amère a des résultats mauvais, même si l'on a raison, car on perpétue ainsi l'inimitié. Il est important de voir le grand homme, c'est-à-dire un homme impartial dont l'autorité est assez grande pour conclure un arrangement pacifique du conflit ou pour trancher avec justice. D'un autre côté, il faut, en temps de troubles, éviter de « traverser les grandes eaux », c'est-à-dire d'entamer des entreprises périlleuses, car elles exigent pour réussir une union concertée des forces. Le conflit paralyse la force et l'empêche de vaincre le danger au-dehors.

L'Image


Le ciel et l'eau vont en sens inverse l'un de l'autre :
Image du CONFLIT.
Ainsi l'homme noble, dans toutes les affaires qu'il traite, considère le commencement.

L'image fait allusion au fait que les causes profondes du conflit sont latentes dans les tendances opposées des deux parties. Dès lors qu'existent de telles dispositions divergentes, un conflit en découle fatalement. Il en résulte que, pour prévenir le conflit, il faut considérer avec soin chaque chose au tout début. Si le droit et le devoir sont exactement fixés, ou si, dans un groupe, les tendances spirituelles des individus s'harmonisent, la cause profonde du conflit est écartée d'avance

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Si l'on n'éternise pas l'affaire
il y a un peu de bavardage.
A la fin survient la fortune.

Tant que le conflit en est encore à ses premiers débuts, le mieux que l'on ait à faire est d'en précipiter la conclusion. En particulier, lorsque l'adversaire est le plus fort, il n'est pas opportun d'intensifier le conflit jusqu'à une décision. On en viendra peut-être à une légère dispute, mais, à la fin, tout ira bien. .

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Il ne peut pas lutter; il retourne chez lui et cède.
Les gens de sa ville, trois cents maisons, demeurent exempts de faute.

Dans un combat contre un adversaire supérieur, la retraite n'est pas déshonorante. Lorsqu'on se retire à temps on évite les conséquences fâcheuses. Si, mû par un faux sentiment de l'honneur, on provoquait une lutte inégale, on s'attirerait soi-même le malheur. Dans de tels cas, céder sagement est chose bonne pour l'entourage tout entier qui, de cette manière, n'est pas entraîné dans le conflit.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Se nourrir d'antique vertu confère la persévérance.
Danger. A la fin vient la fortune.
Si d'aventure tu es au service d'un roi ne recherche pas les travaux.

Il y a ici un avertissement devant le danger que comporte la tendance à l'expansion. Seul ce qui a été honnêtement gagné par le mérite demeure une possession durable. Sans doute, une telle possession peut être contestée, mais, parce qu'elle est véritablement notre propriété, elle ne peut nous être ravie. Car nous ne pouvons perdre ce qui nous appartient de par la force de notre être propre. Si l'on entre au service d'un supérieur, on ne peut éviter le conflit qu'en se gardant de rechercher les travaux pour soi-même. Il doit suffire que l'ouvrage soit accompli : l'honneur peut en être laissé à l'autre.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il ne peut pas lutter.
Il s'en retourne et se soumet au destin, change son attitude et trouve la paix dans la persévérance.
Fortune.

On montre ici quelqu'un dont les dispositions intérieures sont tout d'abord inquiètes. Il ne se sent pas bien à sa place et voudrait en acquérir une meilleure par une contestation. Il a affaire à un adversaire plus faible et serait donc capable de parvenir au but recherché - à la différence de la situation traduite par le neuf à la deuxième place -, mais il ne peut lutter, car il ne trouve pas pour cela de justification intérieure et d'assurance ferme. C'est pourquoi il s'en retourne et se soumet au destin. Il modifie ses dispositions et trouve la paix durable dans l'harmonie avec la loi éternelle. Cela procure la fortune.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Lutter devant lui apporte une suprême fortune.

L'oracle présente ici le médiateur du conflit. Il est puissant et juste et possède le pouvoir de conférer force au droit. On peut lui soumettre en toute confiance une question litigieuse. Si l'on a raison, on obtient une très haute fortune.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Même si par hasard quelqu'un se voit prêter une ceinture de cuir, à la fin de la matinée elle lui aura été ravie par trois fois.

On est ici en présence de quelqu'un qui a conduit un conflit jusqu'à sa fin amère et a obtenu gain de cause. Il reçoit une distinction. Mais son bonheur est de courte durée. Il est sans cesse attaqué de nouveau, ce qui a pour conséquences des luttes à l'infini.

 
HEXAGRAMME 7

L'Hexagrame


Sze / L'Armée
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

L'hexagramme est composé de deux trigrammes, K'an, l'eau et K'ouen, la terre. Ainsi se trouve symbolisée l'eau qui s'accumule à l'intérieur de la terre. La force de l'armée s'accumule de même à l'intérieur de la multitude d'un peuple : invisible en temps de paix, mais toujours disponible comme source de puissance. Les attributs de l'hexagramme sont, à l'intérieur, danger, et à l'extérieur, obéissance. Par là est indiquée la nature de l'armée : elle est dans son essence intime quelque chose de dangereux, tandis qu'extérieurement la discipline et l'obéissance doivent prévaloir. Si l'on considère les différents traits, le maître de l'hexagramme est le neuf fort à la deuxième place, auquel sont subordonnés les autres traits, tous faibles. Ce trait désigne le commandant, car il est placé au centre de l'un des trigrammes constitutifs. Mais comme il se tient en bas et non en haut, il n'est pas l'image du souverain, mais celle de l'habile général qui, par son autorité, maintient l'armée dans l'obéissance.

Le Jugement


L'ARMEE a besoin de persévérance et d'un homme fort.
Fortune sans blâme.

Une armée est une masse qui a besoin d'être organisée pour devenir une armée. Sans discipline ferme, on ne saurait parvenir à rien. Mais cette discipline ne peut être imposée par la contrainte et la violence; elle requiert un homme fort vers lequel tous les cœurs se tournent et qui suscite l'enthousiasme. Pour pouvoir déployer ses talents, il a besoin de la confiance inconditionnelle de son souverain qui doit lui abandonner l'entière responsabilité tant que dure la guerre. Mais une guerre est toujours chose dangereuse, elle apporte avec elle des dégâts et des ravages. C'est pourquoi on ne doit pas l'entreprendre à la légère, mais seulement l'utiliser comme une médecine toxique, quand il n'est plus d'autre recours. La juste cause et un but de guerre clair et compréhensible doivent être expliqués au peuple par un chef expérimenté. C'est seulement lorsqu'il existe un but de guerre précis pour lequel le peuple peut s'exposer en pleine conscience que naissent l'unité et la force de conviction conduisant à la victoire. Mais le chef doit également veiller à ce que dans la passion du combat et l'ivresse du triomphe il ne se passe rien d'injuste, rien qui ne recueille le consentement général. La justice et la persévérance sont les conditions fondamentales pour que tout aille bien.

L'Image


Au milieu de la terre est l'eau :
Image de L'ARMÉE.
Ainsi l'homme noble accroît ses masses par sa générosité à l'égard du peuple.

L'eau des profondeurs est invisiblement présente au milieu de la terre. Ainsi la puissance guerrière d'un peuple est invisiblement présente dans ses masses. Quand le danger menace, tout paysan devient soldat et, à la fin de la guerre, il revient à sa charrue. Quiconque est généreux à l'égard du peuple conquiert son affection et le peuple qui vit sous un régime empreint de modération devient fort et énergique. Seul un peuple économiquement puissant peut constituer une force guerrière considérable. On doit donc cultiver la puissance en favorisant les relations économiques dans le peuple et l'exercice bienveillant de l'autorité. Ce n'est que si ce lien invisible existe entre le gouvernement et le peuple, de telle manière que le peuple soit caché sous le gouvernement comme l'eau des profondeurs dans la terre, qu'il est possible de conduire victorieusement une guerre.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Une armée doit faire mouvement en bon ordre.
Si l'ordre n'est pas satisfaisant l'infortune menace.

Au début d'une entreprise guerrière l'ordre doit régner. Il doit exister une cause juste et valable; en outre l'obéissance et la coordination des troupes doivent être bien organisées, sinon le résultat inévitable est l'échec.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Au milieu de l'armée.
Fortune. Pas de blâme.
Le roi confère une triple décoration.

Le chef doit être au milieu de son armée. Il doit être en contact avec elle et partager les biens et les maux avec la masse qu'il dirige. Ce n'est qu'ainsi qu'il est à la hauteur des lourdes exigences qui pèsent sur lui. Ce faisant, il a besoin de l'approbation du souverain. Les distinctions qu'il reçoit sont légitimes : elles ne constituent pas seulement un privilège accordé à sa personne, c'est l'armée tout entière au milieu de laquelle il réside qui est honorée à travers lui.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
L'armée transporte d'aventure des cadavres dans le chariot. Infortune.

Une des explications évoque le dommage résultant de ce qu'un autre s'est immiscé dans le commandement à la place du chef désigné. L'autre interprétation correspond au sens général de la première dont elle diffère seulement dans l'interprétation des mots « transporte des cadavres dans le chariot ». Lors des obsèques et des sacrifices funéraires, la coutume chinoise voulait que le défunt auquel était offert le sacrifice fût représenté par un garçonnet de la famille : on l'asseyait à la place du cadavre et il recevait les honneurs destinés au disparu. L'interprétation en déduit qu'un « enfant-cadavre » est assis sur le chariot, c'est-à-dire que l'autorité n'émane plus de celui qui était appelé à l'exercer, mais que d'autres se la sont arrogée. Peut-être est-il possible de lever la difficulté tout entière en supposant une mauvaise lecture (sze = cadavre aura été mis pour fan = tous). Le sens serait alors simplement celui-ci : quand, dans l'armée, la multitude se transforme en chef (voyage dans le chariot), cela ne peut être que néfaste.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
L'armée bat en retraite. Pas de blâme.

Lorsqu'on se trouve en face d'un ennemi supérieur avec lequel le combat est sans espoir, Une retraite en bon ordre est l'unique attitude juste, car elle préserve l'armée du dommage et de la désintégration. Ce n'est nullement un signe de courage ou de force que de vouloir engager à tout prix un combat sans espoir.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Dans le champ, il y a du gibier. Il est avantageux de le capturer.
Pas de blâme.
Que le plus ancien dirige l'armée.
Le plus jeune transporte des cadavres.
La persévérance apporte alors l'infortune.

Le gibier est dans le champ, c'est-à-dire qu'il a quitté sa retraite habituelle, la forêt, et fait irruption dans les champs qu'il dévaste. Cette image évoque une invasion de l'ennemi. Dans ce cas, un combat et un châtiment énergiques sont parfaitement légitimes. Cependant la guerre doit être conduite selon les règles. Elle ne doit pas tourner à la mêlée brutale où chacun ne peut compter que sur lui-même. En dépit de toute la persévérance et de toute la grande bravoure possibles, cela ne mènerait qu'à l'infortune. L'armée doit être régie par un chef expérimenté. La guerre demande à être dirigée. Il ne faut pas que la multitude se contente de frapper à mort ce qui lui tombe sous la main, sinon il en résulte du dommage et, malgré toute la persévérance déployée, l'infortune menace.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Le grand prince édicte des ordres, fonde des Etats, pourvoit les familles de fiefs.
On n'emploiera pas d'hommes vulgaires.

La guerre s'est heureusement terminée; la victoire a été remportée. Le roi répartit entre ses fidèles les fiefs et les possessions familiales. Mais, ce faisant, il importe qu'il ne place pas au pouvoir des hommes vulgaires. Ils ont prêté main-forte, il peut rétribuer leurs services en argent. Mais on ne doit pas leur accorder de terres ou des privilèges pour éviter les risques d'abus.

 
HEXAGRAMME 8

L'Hexagrame


Pi / La Solidarité, l'Union
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

Les eaux sur la terre unissent leurs cours chaque fois qu'elles le peuvent, comme, par exemple, dans la mer où tous les fleuves se rassemblent. Il y a là un symbole traduisant la solidarité et sa loi. La même idée est évoquée par le fait que tous les traits sont faibles jusqu'au cinquième à la cinquième place, celle du maître de l'hexagramme. Les faibles s'unissent pour s'entr'aimer parce qu'ils subissent l'influence de la volonté ferme à la place d'autorité qui est leur point de réunion. Mais cette personnalité forte et dirigeante conserve en outre l'union avec les autres hommes grâce auxquels elle trouve un complément de sa propre nature.

Le Jugement


LA SOLIDARITÉ apporte la fortune.
Sonde l'oracle une fois encore pour savoir si tu as sublimité, durée et persévérance.
Alors il n'y a pas de blâme.
Les incertains se rapprochent peu à peu.
Qui vient trop tard trouve l'infortune.

Il s'agit de s'associer avec d'autres afin de se compléter et de s'avantager mutuellement grâce à la solidarité. Une telle union requiert un centre autour duquel on se groupe avec les autres. Devenir un centre pour l'union des hommes est une affaire grave et lourde de responsabilités. Cela exige de la grandeur intérieure, de la logique et de la force. C'est pourquoi celui qui veut unir les autres autour de lui doit s'éprouver lui-même pour savoir s'il est à la hauteur de la situation. Quiconque en effet veut rassembler les autres sans avoir le sceau de la vocation cause plus de confusion que si aucun regroupement n'avait eu lieu. Mais là où il existe un authentique point de rassemblement, on voit les incertains se rapprocher peu à peu, d'eux-mêmes, de façon hésitante tout d'abord. Ceux qui arrivent trop tard en subiront d'eux-mêmes la peine. C'est qu'il s'agit d'une union à réaliser en temps opportun. Des relations se nouent et s'affermissent suivant des lois internes déterminées. Des expériences communes les consolident. Quiconque arrive trop tard et ne peut avoir part à ces expériences fondamentales aura à pâtir quand le traînard qu'il est trouvera la porte fermée. Cependant, celui qui a reconnu la nécessité d'un regroupement et ne ressent pas en lui la force d'agir comme centre d'union, celui-là a le devoir de se joindre à une autre société organique

L'Image


Sur la terre est l'eau :
Image de LA SOLIDARITÉ.
Ainsi les rois d'autrefois ont donné les différents Etats en fiefs et cultivé des relations amicales avec les princes féodaux.

L'eau remplit tous les creux de la terre et adhère fortement à celle-ci. L'organisation sociale de l'antiquité était fondée sur cette maxime de l'union entre vassaux et suzerains. L'eau unit d'elle-même ses cours parce que dans toutes ses parties elle demeure assujettie aux mêmes lois. Ainsi la société humaine doit également observer l'union grâce à une communauté d'intérêts qui fait que les différents individus se sentent membres d'un seul tout. Le pouvoir central d'un organisme social doit veiller à ce que chaque membre trouve son véritable intérêt dans l'union, comme c'était le cas dans les relations paternelles que le roi de la Chine antique entretenait avec ses vassaux.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Tiens-toi à lui, en étant vrai et loyal. Cela est sans blâme.
La vérité est comme une écuelle d'argile pleine.
La fortune vient finalement de l'extérieur.

Quand il s'agit de nouer des relations, l'entière sincérité est le seul fondement juste. Cette disposition, qui est représentée par une écuelle de terre pleine dans laquelle le contenu est tout et la forme vide n'est rien, ne s'exprime pas en paroles habiles mais par la force intérieure, et cette force est si grande qu'elle attire puissamment à elle la fortune de l'extérieur.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Tiens-toi à lui intérieurement. La persévérance apporte la fortune.

Quand un homme répond d'une manière adéquate et persévérante aux invites qui, d'en haut, nous exhortent à agir, ses relations avec autrui sont avant tout intérieures et il ne se perd pas lui-même. Mais celui qui recherche l'union avec autrui en arriviste importun ne suit pas le sentier de l'homme noble qui conserve sa dignité et il ne fait que s'avilir.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Tu te tiens uni à des hommes qui ne sont pas ceux qu'il faut.

Souvent nous nous trouvons avec d'autres hommes qui n'appartiennent pas à notre sphère. Nous ne devons pas dans ce cas nous laisser entraîner par la force de l'habitude à une familiarité déplacée. Il va sans dire qu'une telle attitude entraîne de fâcheuses conséquences. Face à de telles gens, la sociabilité sans intimité est la seule attitude juste. Ce n'est qu'ainsi qu'on se garde libre pour de futures relations avec ses pairs.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Extérieurement aussi tiens-toi à lui.
La persévérance apporte la fortune.

Ici les relations avec un homme qui est le centre de l'union sont déjà solidement établies. L'on peut et l'on doit alors en outre montrer ouvertement sa dépendance. Il faut seulement demeurer ferme et ne se laisser induire en erreur par rien.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Manifestation de la solidarité.
Le roi, à la chasse, ne fait traquer que de trois côtés et renonce au gibier qui s'enfuit devant.
Les citoyens n'ont pas besoin d'avertissement.
Fortune.

Dans les chasses royales de l'ancienne Chine, la coutume était de traquer le gibier de trois côtés seulement. Le gibier traqué pouvait s'enfuir du quatrième côté. Tant que les animaux n'empruntaient pas cette direction, ils étaient contraints de passer par une porte derrière laquelle le roi se tenait, prêt à tirer. Seules étaient abattues les bêtes qui pénétraient là. Quant à celles qui fuyaient par devant, on les laissait aller. Cette coutume était conforme à l'attitude royale : le roi ne voulait pas faire de la chasse un massacre, mais tuait seulement le gibier qui s'était en quelque sorte offert de lui-même. On présente ici un souverain ou un être à la puissante influence vers qui les hommes se tournent. Celui qui vient vers lui, il l'accueille, celui qui ne vient pas, il le laisse aller; il ne prie personne, ne flatte personne : tous viennent de leur plein gré. Il s'établit ainsi une libre subordination chez ceux qui adhèrent à lui. Les gens n'ont pas à se contraindre, mais peuvent exprimer en toute tranquillité leurs sentiments. Il n'est pas besoin d'organisation policière. Les sujets sont librement dévoués à leur maître. Cette liberté est également de mise dans la vie en général. On ne briguera pas la faveur des hommes. Si l'on développe en soi la pureté et la force nécessaires pour créer un centre d'union, les hommes qui nous sont destinés viennent d'eux-mêmes.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Il ne trouve pas de tête pour la solidarité. Infortune.

La tête est le commencement. Sans commencement juste, il n'y a pas de juste fin. Quand on a manqué la jonction et que l'on demeure hésitant et craintif devant la perspective d'un don de soi véritable et sans réserve, on aura plus tard à se repentir de ses fautes.

 
HEXAGRAMME 9

L'Hexagrame


Siao Tch'ou / Le Pouvoir d'Apprivoisement du Petit
En haut Souen : Le Doux, le Vent.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.

L'hexagramme représente ce qui est petit, le pouvoir de ce qui est obscur : il retient, apprivoise, freine. A la quatrième place, qui est celle du ministre, il y a un trait faible qui tient en bride toutes les autres lignes, lesquelles sont fortes. L'image est celle du vent qui souffle, haut dans le ciel. Il ralentit l'haleine du créateur qui s'élève, les nuages, si bien qu'ils s'épaississent. Mais il n'est pas encore assez fort pour les faire retomber en pluie. L'hexagramme présente une constellation où un élément fort est passagèrement tenu en bride par un élément faible. C'est seulement grâce à de la douceur qu'une telle situation peut être accompagnée de succès.

Le Jugement


LE POUVOIR D'APPRIVOISEMENT DU PETIT possède la réussite.
Nuages épais, pas de pluie venant de notre domaine de l'ouest.

La comparaison est tirée de la situation de la Chine au temps du roi Wen. Il était originaire de l'ouest, mais se trouvait alors à l'est, à la cour du grand souverain, le tyran Tchéou Sin. L'heure des grandes actions n'était pas encore venue. Il pouvait seulement tenir jusqu'à un certain point le tyran en bride par des suggestions empreintes de bonté. De là l'image de nuages abondants qui montent promettant à la terre humidité et bénédiction, mais qui, pour l'instant, ne laissent pas encore tomber de pluie. La situation n'est pas défavorable. Elle permet de prévoir le succès final. Toutefois il y a encore des obstacles sur la route. On peut commencer les travaux d'approche. Ce n'est qu'en utilisant l'humble moyen de suggestions empreintes de bonté que l'on peut agir. L'heure n'est pas encore aux mesures énergiques et vastes. Il est cependant possible d'exercer une influence modératrice et adoucissante dans un rayon limité. La réalisation d'un tel vouloir demande une ferme résolution à l'intérieur et une adaptation pleine de douceur à l'extérieur.

L'Image


Le vent exerce sa poussée, haut dans le ciel :
Image du POUVOIR D'APPRIVOISEMENT DU PETIT
Ainsi l'homme noble affine la forme extérieure de son être.

Le vent a beau pousser ensemble les nuages dans le ciel, comme c'est seulement de l'air sans corps solide, il ne produit pas d'effets importants et durables. Ainsi, dans les temps où une grande action extérieure n'est pas possible, il ne reste à l'homme rien d'autre à faire que d'affiner les expressions de son être dans l'accomplissement de petites choses.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Retour au chemin.
Comment y aurait-il là un blâme ? Fortune.

Il est dans la nature de l'être fort de pousser en avant. Mais, ce faisant, il se heurte à des obstacles. Il retourne donc au chemin correspondant à sa situation, sur lequel il se sent libre d'avancer et de reculer. C'est là chose bonne et intelligente, que de ne vouloir rien obtenir par la contrainte et la violence et, conformément à la nature des choses, cela apporte la fortune.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Il se laisse entraîner vers le retour.
Fortune.

On aimerait aller de l'avant. Mais avant de pousser plus loin, on s'aperçoit par l'exemple d'autres hommes de même nature que la route est barrée. Dans un cas de ce genre un homme intelligent et résolu ne s'exposera pas tout d'abord à subir une rebuffade personnelle, mais il se retirera avec ses pairs si l'effort vers l'avant ne convient pas au moment. Cela apporte la fortune, car de cette manière on ne perd pas le contrôle de soi-même.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Les rayons se détachent du chariot.
L'homme et la femme roulent les yeux.

On tente ici de pousser fortement en avant en ayant conscience que le pouvoir d'obstruction est encore peu considérable. Mais comme, en raison des circonstances, c'est, en fait, l'élément faible qui possède la force, cette tentative d'attaque par surprise doit échouer. Des circonstances extérieures empêchent le progrès, de même qu'un chariot n'avance pas quand les rayons de ses roues se détachent. On ne se conforme pas encore à ce signe du destin. C'est pourquoi d'aigres explications ont lieu entre mari et femme. Naturellement, ce n'est pas là un état de choses favorable : car même si, à la faveur des circonstances, la partie la plus faible réussit à tenir ferme, trop de difficultés sont liées à la situation pour que le résultat puisse être heureux. Dans ces conditions, même l'être fort ne peut pas utiliser son pouvoir pour exercer une influence sur son entourage. Il a éprouvé une rebuffade là où il escomptait une victoire facile. Ainsi, un faux pas a été commis.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Si tu es sincère, le sang disparaît et l'angoisse s'éloigne.
Pas de blâme

Si quelqu'un se trouve dans la situation difficile et lourde de responsabilité d'un conseiller placé auprès d'un homme puissant, il doit le contenir de manière que le droit l'emporte. Il y a là un grand danger qui fait même craindre l'effusion de sang. Cependant la puissance de la vérité dépouillée d'intérêt propre cause une telle impression que les efforts parviennent heureusement à leur but et que tout danger d'effusion de sang et d'angoisse s'évanouit.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Si tu es sincèrement et loyalement attaché, tu es riche dans ton prochain.

La loyauté mène à des liens solides, car elle provient du fait que des êtres se complètent mutuellement. Chez le partenaire le plus faible, la loyauté se traduit par du dévouement, et chez le plus fort, par une fidélité sans défaillance. Cette façon mutuelle de se compléter conduit à la vraie richesse qui se manifeste comme telle en ce qu'on ne la garde pas égoïstement pour soi, mais qu'on la possède en commun avec, son prochain. Joie partagée, joie redoublée.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
La pluie vient, le repos vient.
Cela est dû à l'action durable du caractère.
La femme est mise en danger par la persévérance.
La lune est presque pleine.
Si l'homme noble continue sa marche, l'infortune vient.

Le succès est obtenu. La poussée du vent a fait venir la pluie. Un état stable est atteint. Cet effet a été acquis par l'accumulation progressive de petites actions qui ont pris naissance dans le respect porté à un caractère élevé. Mais un tel succès bâti pierre à pierre demande beaucoup de prudence. S'abandonner à l'illusion qu'on peut s'en prévaloir serait chose dangereuse. L'élément féminin, faible, qui a remporté la victoire ne doit pas s'obstiner à s'en vanter, car cela attirerait le danger. La force obscure dans la lune atteint son maximum quand l'astre est proche de son plein; quand la pleine lune se tient en opposition directe avec le soleil, son déclin est inévitable. Dans de telles circonstances, on doit se contenter du résultat obtenu. S'avancer plus loin avant que le temps n'en soit venu apporterait l'infortune.

 
HEXAGRAMME 10

L'Hexagrame


Liu / La Marche
En haut Ch'ien : Le Créateur.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

La marche signifie tout d'abord la façon correcte de se conduire. En haut se trouve le ciel, le père; en bas, le lac, la plus jeune fille. Ainsi est indiquée la distinction entre le haut et le bas et la manière dont elle est à la base de la tranquillité, de la conduite correcte dans la société. Marcher veut dire littéralement : « appuyer le pied sur ». Le petit, « le joyeux », prend appui sur le grand, le fort. Les deux trigrammes traduisent un mouvement vers le haut. Que le fort marche sur le faible, c'est là quelque chose qui va de soi; c'est pourquoi le Livre des Transformations n'en fait pas de mention spéciale. Que le faible se place contre le fort, cela n'est pas dangereux, parce que la chose se passe dans la sérénité, sans arrogance, si bien que le fort n'est pas irrité et le prend en bonne part.

Le Jugement


MARCHER sur la queue du tigre.
Il ne mord pas l'homme.
Succès.

La situation est réellement difficile. La plus grande force et la plus grande faiblesse sont immédiatement en contact. Le faible suit le fort de près et lui donne du fil à retordre. Mais le fort prend bien la chose et ne lui fait aucun mal, car le contact est joyeux et non blessant. La situation humaine ainsi décrite est celle où l'on a affaire à des hommes farouches et inaccessibles. Dans de tels cas, on parvient à son but si, dans sa démarche, on observe les bons usages. Des formes de conduite bonnes et agréables mènent au succès, même face à des hommes prompts à s'irriter.

 

L'Image


En haut le ciel, en bas le lac :
Figure de la MARCHE.
Ainsi l'homme noble distingue le haut et le bas et affermit par là l'esprit du peuple.

Le ciel et le lac manifestent une différence d'élévation qui provient de leur nature même et qu'aucune envie ne peut par conséquent troubler. Pareillement, il doit y avoir des différences d'élévation dans l'humanité. Une égalité générale est impossible à réaliser, mais il importe que les différences de niveau dans la société humaine ne soient pas arbitraires et injustes; dans un tel cas en effet l'envie et la lutte des classes sont des conséquences inévitables. Par contre, lorsque les différences visibles sont justifiées par des titres intérieurs et que la valeur personnelle est la règle qui détermine le rang extérieur, les hommes trouvent le calme, et l'ordre s'établit dans la société.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Marcher simplement.
Progresser sans blâme.

On se trouve dans une situation où l'on n'est pas encore lié par les obligations des échanges sociaux. Lorsque la démarche est simple, on demeure libre d'obligations sociales et l'on peut suivre tranquillement l'inclination de son cœur, parce qu'on n'a pas d'exigences envers les hommes, mais que l'on est content. Marcher n'est pas rester en place, mais progresser. On se trouve dans une situation de départ très humble. Toutefois on possède la force intérieure qui garantit le progrès. Quand on se montre satisfait de la simplicité, on peut avancer sans blâme. Lorsque quelqu'un ne peut se satisfaire d'une situation modeste parce qu'il veut, par sa démarche, sortir de sa condition basse et misérable et non accomplir une œuvre de valeur, s'il atteint son but, il devient fatalement arrogant et épris de faste. C'est pourquoi son progrès porte le stigmate du blâme. L'homme vertueux par contre se satisfait d'une démarche simple. S'il a atteint son but, il a accompli par là une œuvre de valeur et tout est bien.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Marcher sur un chemin uni et plat.
La persévérance d'un homme obscur apporte la fortune.

Ici se trouve indiquée la situation d'un sage solitaire. Il se tient loin de l'agitation du monde, ne recherche rien, ne veut rien de personne et ne se laisse pas éblouir par des buts séduisants. Il est fidèle à lui-même et marche ainsi sur un chemin uni, sans subir d'attaques de la vie. Comme il est satisfait et ne provoque pas le destin, il demeure exempt de complications.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Un borgne peut voir, un boiteux peut marcher.
Il marche sur la queue du tigre. Le tigre mord l'homme. Infortune.
Un guerrier agit ainsi pour son prince.

Un borgne peut certes voir, mais il ne va pas jusqu'à distinguer clairement. Un boiteux peut certes marcher, mais il ne va pas jusqu'à prendre la tête. Si un homme atteint de pareilles infirmités se tient pour fort et, par suite, s'expose au danger, il attire à lui l'infortune. Il affronte ainsi en effet ce qui est au-dessus de ses forces. Cette façon téméraire de se précipiter sans considérer ses propres ressources peut tout au plus s'admettre chez un guerrier qui combat pour son prince.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il marche sur la queue du tigre.
Prudence et circonspection conduisent finalement à la fortune.

Il est question d'une entreprise périlleuse. La force intérieure nécessaire pour la conduire existe. Mais la force intérieure s'unit à une attitude extérieure de prudence hésitante, par contraste avec le trait précédent qui est faible intérieurement mais, à l'extérieur, pousse en avant. Ainsi se trouve assuré le succès final qui consiste à parvenir à ses fins, c'est-à-dire à vaincre le danger en allant de l'avant.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Marche résolue.
Persévérance avec conscience du danger.

On est ici en présence du maître de l'ensemble de l'hexagramme. On se voit amené par la nécessité à une marche résolue. Mais on doit, ce faisant, demeurer conscient du danger qui est lié à une telle attitude de résolution, notamment quand on y persévère. Seule la conscience du danger rend possible le succès.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Observe ta démarche et examine les signes favorables.
Quand tout est achevé, survient une sublime fortune.

L'œuvre est parvenue à son terme. Pour savoir si la fortune en sera la conséquence, on observera rétrospectivement sa démarche et ses suites. Si les résultats sont bons, la fortune est assurée. Nul ne se connaît lui-même. Seules les conséquences de notre activité et les fruits de nos actes permettent de juger de ce que nous pouvons escompter.

 
HEXAGRAMME 11

L'Hexagrame


T'ai / Paix
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.

Le réceptif, dont le mouvement est dirigé vers le bas, est au-dessus; le créateur, dont le mouvement tend vers le haut, est au-dessous. Leurs influences se rencontrent donc et sont en harmonie, si bien que tous les êtres s'épanouissent et prospèrent. Cet hexagramme est rattaché au premier mois (février-mars) au cours duquel les puissances de la nature préparent le nouveau printemps.

Le Jugement


LA PAIX.
Le petit s'en va, le grand vient.
Fortune. Succès.

L'hexagramme indique la présence dans la nature d'une ère où le ciel est en quelque sorte sur la terre. Le ciel s'est placé sous la terre. Ainsi les deux principes unissent leurs vertus dans une harmonie intime. Il naît de là paix et bénédiction pour tous les êtres. Dans le monde des hommes c'est un temps de concorde sociale. Les grands s'abaissent vers les humbles, tandis que les humbles et les petits nourrissent des sentiments amicaux à l'égard des grands, si bien que toute hostilité s'apaise. A l'intérieur, au centre, à la place décisive, se trouve l'élément lumineux i; l'élément obscur est à l'extérieur. Ainsi le principe lumineux exerce une influence créatrice et le principe obscur garde une attitude soumise. De la sorte les deux parties reçoivent leur dû. Quand, dans la société, les bons occupent une place centrale et tiennent les rênes du pouvoir, les méchants eux-mêmes passent sous leur influence et s'améliorent. Quand, dans l'homme, règne l'esprit qui vient du ciel, la nature animale elle-même passe sous son influence et trouve la place qui est la sienne.
Les différents traits entrent dans l'hexagramme par le bas et le quittent par le haut. Ce sont donc les éléments petits, faibles, mauvais qui s'apprêtent à partir, tandis que montent les facteurs grands, forts et bons. Cela apporte fortune et succès.

 

L'Image


Le ciel et la terre s'unissent :
Image de la PAIX.
Ainsi le souverain partage et parfait le cours du ciel et de la terre, favorise et ordonne les dons du ciel et de la terre et par là assiste le peuple.

Le ciel et la terre ont commerce l'un avec l'autre et unissent leurs effets. Cela produit un temps d'épanouissement et de prospérité générale 2. Ce résultat est obtenu grâce au partage. Ainsi le temps indifférencié est divisé en saisons par l'homme, suivant la succession des phénomènes naturels, et l'espace qui enveloppe toutes choses est partagé en points cardinaux par une opération humaine Ainsi la nature et l'abondance profuse des phénomènes est limitée et maîtrisée. En outre, la nature doit être favorisée dans ses réalisations. Cela a lieu si l'on fait concorder les productions avec le moment opportun et le lieu convenable. On accroît ainsi le rendement naturel. Cette activité humaine visant à maîtriser et à favoriser est le travail sur la nature qui tourne au bien de l'homme.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Si l'on arrache une laîche, le gazon vient avec.
Chacun selon son espèce. Des entreprises apportent la fortune.

Chacun selon son espèce. Des entreprises apportent la fortune.
Au temps de la prospérité, tout homme de valeur appelé à un poste attire à lui les êtres qui partagent ses sentiments, de même que, lorsqu'on arrache la laîche, on tire toujours avec elle du sol plusieurs tiges dont les racines étaient entremêlées avec les siennes. Le dessein de l'homme de valeur, en de tels moments où l'action sur une grande échelle est possible, est de sortir dans la vie et d'accomplir une œuvre.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Supporter avec douceur les rustres, traverser résolument le fleuve,
ne pas négliger ce qui est au loin, ne pas tenir compte de ses compagnons.
Ainsi l'on parvient à marcher au milieu.

Au temps de la prospérité, il est avant tout important de posséder la grandeur d'âme nécessaire pour supporter même les imparfaits. Un grand maître en effet ne connaît pas de matériau improductif. Il n'est rien dont il ne puisse tirer quelque chose. Pourtant cette magnanimité ne signifie en aucune manière relâchement ou faiblesse. C'est précisément dans les temps de prospérité qu'on doit être prêt à oser des entreprises périlleuses comme de traverser un fleuve, si c'est nécessaire. Il ne convient pas non plus de négliger ce qui est au loin, mais il faut prendre soin de tout avec ponctualité. On se gardera tout spécialement des factions et de l'influence des coteries. Même si en effet les esprits de même famille se mettent ensemble au premier plan, ils ne doivent pas constituer un parti en formant un bloc hostile, mais chacun doit faire son devoir. C'est grâce à ces quatre choses que l'on peut triompher du risque caché de s'endormir peu à peu, péril qui guette de telles époques, et c'est de cette manière que l'on trouve le juste milieu de l'action.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Pas de plaine qui ne soit suivie d'une côte,
pas d'aller qui ne soit suivi d'un retour.
Sans blâme est celui qui demeure constant dans le danger.
Ne te désole pas d'une telle vérité;
jouis du bonheur que tu possèdes encore.

Tout ce qui est terrestre est soumis au changement. A la prospérité succède la décadence. Telle est la loi éternelle sur la terre. Sans doute le mal peut être réprimé, mais non définitivement écarté : il revient. Cette conviction pourrait rendre mélancolique, mais elle ne doit pas avoir un tel effet. Elle doit seulement empêcher qu'on ne se laisse aveugler par le bonheur. Si l'on garde à l'esprit l'idée du danger, on demeure constant et l'on ne commet pas de faute. Tant que l'être intérieur demeure plus fort et plus riche que le bonheur extérieur, tant que nous restons intérieurement supérieurs au destin, le bonheur nous demeure fidèle.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Il s'abaisse en battant des ailes, sans se vanter de sa richesse, en union avec son voisin, candide et sincère.

Aux époques de confiance mutuelle les grands deviennent très simples et communiquent avec les humbles sans se vanter de leur richesse. Cette attitude n'est pas provoquée par les circonstances, mais correspond à une disposition intime. Alors le contact s'établit sans aucune contrainte, car il repose sur une conviction profonde.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Le souverain Yi donne sa fille en mariage.
Cela apporte bénédiction et suprême fortune.

Le souverain Yi est T'ang, celui qui achève. Il avait décrété que les princesses impériales, bien que supérieures à leurs époux par le rang, eussent à leur obéir comme les autres épouses. Il y a également ici une allusion à l'union véritablement humble du haut et du bas. qui apporte bénédiction et bonheur.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Le mur retombe dans le fossé :
n'emploie pas d'armée maintenant.
Fais proclamer tes ordres dans ta propre ville.
La persévérance apporte l'humiliation.

Le changement déjà annoncé au milieu de l'hectogramme à commencé. Le mur de la cité retombe dans le fossé d'où il avait été tiré. La fatalité s'abat. Il convient dans ce cas d'épouser le destin et de ne pas vouloir l'arrêter par une résistance violente. Tout ce qu'il reste à faire est de se maintenir dans le cercle le plus étroit. Si l'on voulait s'opposer de façon persévérante au mal par les moyens habituels, la débâcle serait encore plus complète et la conséquence serait l'humiliation.

 
HEXAGRAMME 12

L'Hexagrame


P'i / La Stagnation (Immobilité)
En haut K'ien : Le Créateur, le Ciel
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

Cet hexagramme est l'opposé exact du précédent. Le ciel, en haut, se retire toujours davantage, et la terre, en bas, s'enfonce toujours davantage dans la profondeur. Les forces créatrices ne sont pas en relations mutuelles. C'est le temps de la stagnation et de la décadence. L'hexagramme est rattaché au 7e mois (août-septembre), période où l'année a dépassé son point culminant et où les flétrissures de l'automne se préparent.

Le Jugement


LA STAGNATION.
Des hommes mauvais ne favorisent pas la persévérance de l'homme noble.
Le grand s'en va, le petit vient.

Le ciel et la terre n'ont plus commerce l'un avec l'autre et toutes choses se figent. Le haut et le bas n'entretiennent plus de relations mutuelles; la confusion et le désordre règnent sur la terre. Au-dedans est l'obscurité, et au-dehors la lumière. Au-dedans est la faiblesse, et au-dehors la dureté; au-dedans est le vulgaire, et au-dehors les êtres nobles. La nature du vulgaire croît et celle des êtres nobles est en décroissance. Mais les êtres nobles ne se laissent pas détourner de leurs principes. S'ils n'ont plus la possibilité d'agir, ils n'en demeurent pas moins fidèles à ces principes et se retirent dans le secret.

L'Image


Le ciel et la terre ne s'unissent pas :
Image de la STAGNATION.
Ainsi l'homme noble se retire dans sa valeur intime pour sortir des difficultés.
Il ne permet pas qu'on le gratifie de revenus.

Lorsque la défiance mutuelle règne dans la vie publique par suite de l'influence exercée par les hommes vulgaires, une activité fructueuse est impossible parce que les bases sont erronées. C'est pourquoi l'homme noble sait ce qu'il a à faire en de telles circonstances. Il ne se laisse pas séduire par des propositions brillantes l'invitant à participer aux affaires publiques : celles-ci ne seraient que périlleuses pour lui, car il ne peut faire sienne la mesquinerie des autres. C'est pourquoi il cache son mérite et se retire dans le secret.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Si on arrache une laîche, le gazon vient avec.
Chacun selon son espèce.
La persévérance apporte fortune et succès.

La persévérance apporte fortune et succès. Le texte est presque identique à celui du premier trait de l'hexagramme précédent, mais avec un sens opposé. Là, les hommes s'attirent mutuellement dans la carrière des emplois officiels. Ici, ils s'attirent l'un l'autre dans la retraite, loin de la vie publique. C'est pourquoi on ne dit pas ici : « Des entreprises apportent la fortune », mais : « La persévérance apporte fortune et succès ». Ce n'est qu'en comprenant la nécessité de se retirer à temps quand les possibilités d'agir ont disparu que l'on s'épargne l'humiliation et que l'on obtient le succès dans un sens supérieur, parce qu'on sait mettre sa personnalité à l'abri dans sa valeur propre.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Ils supportent et tolèrent; pour le vulgaire cela signifie fortune.
La stagnation sert au succès du grand homme. .

Les êtres vulgaires sont prêts à flatter servilement leurs supérieurs. Ils supporteraient également l'homme noble, s'il pouvait les aider à dissiper la confusion. Cela leur est salutaire. Mais le grand homme supporte tranquillement les conséquences de la stagnation. Il ne se mêle pas aux groupes du vulgaire. Sa place n'est pas là. En acceptant de souffrir personnellement, il assure le succès de ses principes.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Ils supportent la honte.

Les hommes vulgaires qui se sont élevés par des moyens injustes ne se sentent pas à la hauteur de la responsabilité qu'ils se sont attribuée. Ils commencent — et tout d'abord sans le montrer — à se sentir secrètement humiliés. C'est le début du changement en mieux.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Celui qui agit au commandement du Suprême demeure sans blâme.
Les êtres de nature semblable jouissent de la bénédiction.

Le temps de la stagnation approche du revirement. Celui qui veut rétablir l'ordre doit y être appelé et posséder l'autorité nécessaire. Celui qui voudrait de son propre chef s'ériger en réformateur pourrait commettre des fautes et subir des échecs. Mais celui qui a vocation pour un tel rôle se voit favorisé par les conditions de l'époque et tous ceux qui partagent ses sentiments participeront à sa bénédiction.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
La stagnation touche à sa fin. Pour le grand homme, fortune.
« Et si cela échouait ! Et si cela échouait ! » Ainsi il l'attache à une touffe de tiges de mûrier.

Les temps changent. L'homme capable de rétablir l'ordre est arrivé. D'où : « fortune ». Mais c'est précisément en de tels temps de transition que l'on doit demeurer dans la crainte et le tremblement. Le succès ne sera consolidé que par une extrême appréhension qui pense sans cesse : « Et si cela échouait ! ». Quand on coupe un buisson de mûrier, on voit pousser des racines une touffe de surgeons particulièrement résistants. C'est pourquoi le succès est symbolisé par l'image de quelque chose qu'on lie à un buisson de mûrier. Confucius dit au sujet de ce trait : « Le danger naît là où l'on se sent assuré à sa place. Le déclin menace là où l'on cherche trop à conserver sa situation. La confusion naît là où quelqu'un a toutes ses affaires en ordre. C'est pourquoi l'homme noble n'oublie pas le danger quand il est en sûreté, le déclin quand sa position est stable, et songe encore à la confusion quand ses affaires sont en ordre. Ainsi il acquiert personnellement la sécurité et l'Empire est bien gardé ».

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
La stagnation prend fin.
D'abord stagnation, ensuite fortune.

La stagnation ne dure pas éternellement. Toutefois elle ne cesse pas d'elle-même, mais requiert l'homme capable d'y mettre un terme. Là réside la différence entre la paix et la stagnation. La consolidation de la paix demande un effort continuel. Laissée à elle-même, la paix se transformerait en stagnation et en décadence. Le temps de la décadence ne se change pas spontanément en paix et en prospérité, mais des efforts sont nécessaires pour en venir à bout. Ainsi se trouve souligné le rôle créateur de l'homme qui est indispensable pour que l'ordre règne dans le monde.

 
HEXAGRAMME 13

L'Hexagrame


T'ong Jen / Communauté avec les hommes
En haut K'ien : Le Créateur.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

L'image du trigramme supérieur, K'ien, est le ciel, et celle du trigramme inférieur, Li, est la flamme. La nature du feu est de s'élever en flamboyant vers le ciel. Ainsi est évoquée l'idée de communauté. C'est le second trait qui, grâce à sa nature centrale, réunit autour de lui les cinq lignes fortes. Cet hexagramme est l'opposé du 7, « l'armée ». Là, péril au-dedans et obéissance au-dehors caractérisent la nature d'une armée martiale qui a besoin, pour être maintenue unie, de l'unique trait fort au milieu des traits faibles. Ici, clarté au-dedans et force au-dehors caractérisent la nature de l'union pacifique des hommes, qui a besoin, pour être maintenue, de l'unique trait faible parmi la multiplicité des traits forts.

Le Jugement


COMMUNAUTÉ AVEC LES HOMMES au grand jour.
Succès.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.
Avantageuse est la persévérance de l'homme noble.

La vraie communauté avec les hommes doit s'établir sur la base d'un intérêt cosmique. Ce ne sont pas les objectifs égoïstes du moi, mais des desseins concernant l'humanité qui produisent une communauté durable entre les hommes. C'est pourquoi il est dit : « Communauté avec les hommes au grand jour obtient du succès.  » Lorsque règne une pareille concorde, des entreprises difficiles et dangereuses comme de traverser les grandes eaux peuvent être menées à bien. Toutefois, pour réaliser une telle communauté, on a besoin d'un guide persévérant et éclairé dont les buts sont lumineux et suscitent l'enthousiasme, et qui sait les poursuivre avec force. (Le trigramme intérieur a le sens de clarté, le trigramme extérieur, celui de force. )

L'Image


Le ciel uni au feu :
Image de la COMMUNAUTÉ AVEC LES HOMMES.
Ainsi l'homme noble réalise la division en familles, et établit des distinctions entre les choses.

Le ciel se meut dans la même direction que le feu et cependant il en est distinct. De même que les corps lumineux dans le ciel servent à la division et à la répartition du temps, la communauté humaine et toutes les choses qui s'y rapportent véritablement doivent être réparties organiquement. La communauté ne sera pas un mélange des individus nu des choses - ce serait un chaos, non une coMmunauté -, mais, pour que l'ordre s'établisse, elle requiert une multiplicité organisée.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Communauté avec les hommes à la porte.
Pas de blâme.

Une réunion d'hommes doit commencer devant la porte. Tous sont également près les uns des autres. Il n'existe pas encore de buts divergents et l'on ne commet pas encore de fautes. Les fondements de toute union doivent être également accessibles à tous ses participants. Les arrangements secrets apportent l'infortune.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Communauté avec les hommes dans le clan.
Humiliation.

Ici apparaît le danger d'une coterie fondée sur des intérêts personnels et égoïstes. De tels clans qui sont fermés et ne s'ouvrent pas à tous, qui doivent rejeter une partie des hommes pour pouvoir grouper le reste, naissent de motifs bas et, par suite, conduisent à la longue à l'humiliation.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Il cache des armes dans le fourré.
Il monte sur la haute colline d'en face.
Pendant trois ans il ne s'élève pas.

La communauté s'est ici changée en méfiance. On se méfie d'autrui, on dresse de secrètes embûches et, de loin, on guette les autres. On a affaire à un rude adversaire devant lequel il ne convient pas de manœuvrer de la sorte. L'oracle montre ici les obstacles qui se présentent sur le chemin de la communauté avec les autres. Le consultant a lui-même des arrière-pensées et il cherche, à l'occasion, à prendre les autres par surprise. Mais précisément une telle manière d'agir rend méfiant; on soupçonne les mêmes ruses chez l'adversaire et l'on cherche à le surprendre. Par suite, on s'éloigne toujours davantage de la véritable communauté. Plus cette situation se prolonge et plus on s'éloigne.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il monte sur son mur.
Il ne peut pas attaquer.
Fortune.

Ici la réconciliation après la désunion se rapproche. Sans doute il y a encore des murs de séparation sur lesquels les deux parties se tiennent face à face. Mais les difficultés sont trop grandes. On tombe dans une situation critique et l'on est ainsi ramené à la raison. On ne peut pas lutter, mais c'est précisément là-dessus que repose la fortune.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Tout d'abord, les hommes unis en une communauté pleurent et se lamentent, mais ensuite ils rient.
Après de grandes luttes, ils réussissent à se rencontrer.

Ce sont deux êtres séparés extérieurement, mais unis de cœur. Leur situation dans la vie les tient à l'écart l'un de l'autre. Il s'élève entre eux bien des obstacles et des empêchements qui les font pleurer. Mais Es ne se laissent séparer par aucun obstacle et demeurent fidèles l'un à l'autre. Et, bien que pour triompher des obstacles il doive leur en coûter de durs combats, ils vaincront et leur tristesse se changera en joie quand ils pourront se rencontrer.
Confucius dit à ce sujet : « La vie conduit l'homme réfléchi par un chemin tortueux et divers. Souvent le cours en est entravé, puis tout devient aisé. Ici une pensée éloquente s'épanche librement en paroles, Là, le lourd fardeau du savoir doit s'enfermer dans le silence. Pourtant lorsque deux êtres sont unis dans l'intimité de leur cœur, Ils brisent même la dureté du fer et de l'airain. Et lorsque deux êtres se comprennent totalement dans l'intimité de leur cœur, Leurs paroles sont douces et fortes comme un parfum d'orchidées ».

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Communauté avec les hommes dans le pré.
Pas de remords.

Le chaleureux attachement du cœur fait ici défaut. En fait, on est désormais en dehors de la communauté avec les hommes. On s'allie toutefois avec eux. La communauté ne comprend pas tout le monde, mais ceux qui habitent ensemble hors de la ville. Le pré est le pâturage qui se trouve devant la ville. Ici le but ultime de l'union des hommes n'est pas encore atteint. Cependant il ne faut pas se faire de reproches. On s'allie à la communauté sans desseins égoïstes.

 
HEXAGRAMME 14

L'Hexagrame


Ta Yéou / Le Grand Avoir
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.

Le feu dans le ciel brille au loin, si bien que toutes choses sont éclairées et deviennent manifestes. Le cinquième trait, qui est faible, est à la place d'honneur et tous les traits forts sont en harmonie avec lui. Celui qui, occupant une place élevée, est humble et doux voit toutes choses venir à lui

Le Jugement


LE GRAND AVOIR : sublime réussite.

Les deux trigrammes indiquent que la force et la clarté s'unissent. Le grand avoir est décidé par le destin et correspond à l'époque. Comment peut-il se faire que le trait faible ait le pouvoir de maintenir ensemble et de posséder les éléments forts ? Cela vient de son humilité dépouillée d'égoïsme. L'heure est favorable. Force à l'intérieur, clarté et culture à l'extérieur. La force s'extériorise avec finesse et maîtrise de soi. Cela apporte sublime réussite et richesse

L'Image


Le feu haut dans le ciel :
Image du GRAND AVOIR.
Ainsi l'homme noble réprime le mal et favorise le bien et il obéit de la sorte à la bienveillante volonté du ciel.

Le soleil qui, du haut du ciel, éclaire de ses rayons toutes les choses terrestres est l'image du grand avoir. Mais une telle possession doit être bien administrée. Le soleil amène au jour le bien et le mal. Les hommes doivent combattre et réprimer le mal, favoriser et promouvoir le bien. Ce n'est qu'ainsi que l'on se conforme à la volonté bienveillante de la divinité qui veut seulement le bien et non le mal.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Absence de relation avec ce qui est nuisible.
Il n'y a pas de blâme à cela.
Si l'on demeure conscient de la difficulté on demeure sans blâme.

Le grand avoir qui en est encore à son stade initial et n'a pas encore subi d'attaque est sans blâme, car aucune occasion de commettre une faute ne s'est présentée jusqu'à présent. Mais il reste bien des difficultés à vaincre. Ce n'est que si l'on demeure conscient de ces difficultés que l'on devient intérieurement exempt du risque d'orgueil et de prodigalité et que l'on surmonte radicalement toute cause de blâme.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Un grand chariot à charger.
Il est permis d'entreprendre quelque chose. Pas de blâme.

Le grand avoir ne consiste pas seulement dans l'abondance des biens, mais avant tout, dans leur mobilité et dans leur utilité pratique. On peut alors les employer à des entreprises et l'on demeure exempt d'embarras et de fautes. Par l'image du grand chariot où l'on peut charger beaucoup de choses et voyager au loin, il faut entendre les auxiliaires efficaces que l'on a auprès de soi et qui sont à la hauteur de leur tâche. On peut charger de telles personnes de lourdes responsabilités, ce qui, dans de grandes entreprises, est indispensable.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Un prince l'offre au Fils du Ciel.
Un petit homme ne peut pas le faire.

C'est le fait d'un homme magnanime et libéral que de ne pas considérer ses biens comme une propriété exclusivement personnelle, mais de les mettre à la disposition du souverain, c'est-à-dire de la collectivité. Il adopte ainsi le point de vue correct à l'égard de son avoir qui ne peut jamais demeurer à la longue une possession privée. Un homme à l'âme mesquine est assurément incapable de tels sentiments. Pour lui, le grand avoir dégénère en dommage, parce qu'au lieu de l'offrir il veut le garder.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il fait une différence entre lui et son prochain.
Pas de blâme.

Ici est caractérisée une situation qui existe entre des voisins riches et puissants. Cela crée du danger. Il convient de ne pas regarder à droite et à gauche et d'éviter l'envie et les efforts pour égaler autrui. Ainsi on demeure exempt de fautes.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Celui dont la vérité est accessible et, cependant, digne possède la fortune.

La situation est très favorable. Sans contrainte extérieure et simplement grâce à une sincérité sans affectation, on se concilie les hommes, si bien qu'ils nous sont également liés dans une vérité sincère. Toutefois, au temps du grand avoir, la bienveillance à elle seule ne suffit pas, sinon l'insolence se manifesterait peu à peu. Cette apparition de l'insolence doit être tenue en bride par la dignité; alors la fortune est assurée.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Il est béni du ciel. Fortune.
Rien qui ne soit avantageux.

Dans l'abondance des biens et de la puissance on demeure modeste et l'on vénère le sage qui se tient à l'écart de l'agitation du monde. On se place ainsi sous l'influence du ciel riche en bénédictions et tout va bien. Confucius dit à ce propos : « Bénir signifie aider. Le ciel aide l'être abandonné, les hommes aident l'être sincère. Celui qui marche dans la sincérité, qui est abandonné dans ses pensées et continue alors à respecter les hommes de mérite, celui-là est béni du ciel. Il trouve la fortune et il n'y a rien qui ne soit avantageux ».

 
HEXAGRAMME 15

L'Hexagrame


K'ien / Humilité
En haut K'ouen : le Réceptif, la Terre
En bas Ken : l'Immobilisation, la Montagne

Cet hexagramme est composé de Ken, « l'immobilisation, la montagne », et de K'ouen, « la terre ». La montagne est le plus jeune fils du créateur, le représentant du ciel sur la terre. Elle dispense au-dessous d'elle les bénédictions du ciel, nuages et pluie qui se rassemblent autour de son sommet, et elle brille ensuite dans l'éclat d'une lumière céleste. Cela désigne l'humilité et ses effets chez les hommes élevés et forts. En haut se tient K'ouen, la terre. La propriété de la terre est la bassesse, mais dans cet hexagramme elle est représentée précisément pour cette raison comme élevée, puisque placée en haut, au-dessus de la montagne. Cela montre l'effet de l'humilité chez des hommes . modestes et simples : ils sont, de ce fait, élevés.

Le Jugement


L'HUMILITÉ crée le succès.
L'homme noble mène à bonne fin.

La loi du ciel vide ce qui est plein et comble ce qui est humble. Quand le soleil est au plus haut, il doit, de par la loi céleste, aller vers son déclin, et quand il est au plus profond, sous terre, il se dirige vers un nouveau lever. Suivant la même loi, la lune se met à décroître quand elle est pleine et, quand elle est vide de lumière, elle recommence à croître. Cette loi céleste opère également dans les destinées humaines. La loi de la terre est de changer ce qui est plein et d'affluer vers ce qui est humble. Les hautes montagnes sont usées par les eaux, et les vallées, comblées. La loi des puissances du destin est d'entamer ce qui est plein et de dispenser le bonheur à l'humble. Les hommes aussi haïssent ce qui est plein et aiment l'humilité. Les destinées suivent des lois fixes qui agissent de façon nécessaire. Cependant, il est au pouvoir de l'homme de façonner son destin selon qu'il s'expose par sa conduite à l'influence des forces de bénédiction ou de destruction. Quand un homme occupe une place élevée et qu'il se montre humble, il brille dans la lumière de la sagesse. Quand il est abaissé et qu'il se montre humble, il ne peut pas être laissé de côté. Ainsi l'homme noble parvient à mener son œuvre à bonne fin sans se glorifier de ce qui a été accompli.

L'Image


Au centre de la terre est une montagne :
Image de l'HUMILITÉ.
Ainsi l'homme noble réduit ce qui est en excès et augmente ce qui fait défaut.
Il pèse les choses et les rend égales.

La terre dans laquelle est cachée une montagne ne laisse pas voir sa richesse, car la hauteur de la montagne sert à équilibrer la profondeur de la terre. Ainsi la hauteur et la profondeur se complètent et le résultat est le sol uni. L'image de l'humilité réside ici dans le fait que ce quia demandé un long travail paraît naturel et facile. Ainsi fait l'homme noble quand il instaure l'ordre sur la terre. Il égalise les oppositions sociales, sources de mécontentement, et crée par là des situations justes et équitables.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Un homme noble, humble dans son humilité peut traverser les grandes eaux. Fortune.

Une entreprise périlleuse comme la traversée d'un grand cours d'eau est rendue bien plus difficile lorsqu'un grand nombre de prétentions et de considérations entrent en ligne de compte. Elle se trouve au contraire facilitée quand on l'accomplit vite et simplement. C'est pourquoi l'attitude sans prétention de l'humilité permet de mener à bien même des entreprises difficiles, parce qu'elle ne présente ni exigences ni conditions, mais agit avec souplesse et aisance. Car là où il ne s'élève pas de prétentions, il ne s'élève pas non plus de résistances.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Humilité qui s'extériorise.
La persévérance apporte la fortune.

La bouche parle de l'abondance du cœur. Si quelqu'un est intérieurement si humble que sa disposition se manifeste dans sa conduite extérieure, c'est pour lui une cause de fortune. De cette manière en effet une possibilité d'exercer une influence durable naît d'elle-même et nul ne peut la supprimer.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Un homme noble humble dans son mérite mène les choses à bien.
Fortune.

C'est ici le centre du signe, où s'exprime son secret. Par de grandes actions on acquiert bientôt un renom considérable. Si l'on se laisse aveugler par la gloire, les critiques ne tarderont pas à naître et les difficultés s'élèveront. Si par contre on demeure humble malgré ses mérites, on se fait aimer et l'on acquiert les appuis indispensables pour mener à bien l'œuvre qu'on a entreprise.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Rien qui ne soit avantageux,
pour l'humilité dans le mouvement.

Toute chose a sa mesure. Même l'humilité dans la conduite peut être poussée trop loin. Elle est ici à sa place, car la position entre une collaborateur méritant, en bas, et un maître bienveillant, en haut, entraîne avec elle une très grande responsabilité. La confiance du supérieur ne doit pas être abusée et le mérite de l'inférieur ne doit pas être mis sous le boisseau. Sans doute il est des fonctionnaires qui ne se distinguent pas. Ils se couvrent de la lettre des ordres et refusent toute responsabilité; ils acceptent une rétribution sans accomplir le service correspondant et ils portent un titre qu'aucune réalité ne vient justifier. L'humilité dont il est question ici est à l'opposé d'une telle attitude. Dans une telle situation, l'humilité se révèle en ce que l'on prend intérêt à son travail.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Ne pas se vanter de sa richesse auprès de son prochain.
Il est avantageux d'attaquer avec force.
Rien qui ne soit avantageux.

L'humilité ne doit pas être confondue avec la bonté accompagnée de faiblesse qui laisse tout aller. Quand on se trouve placé à un poste de responsabilité, il arrive aussi qu'en de certaines circonstances on doive intervenir avec énergie. Il est toutefois nécessaire pour cela de ne pas travailler à imposer sa supériorité par des vantardises personnelles; mais on doit être sûr de son entourage. Les mesures prises doivent être purement objectives. Elles ne doivent rien comporter qui blesse les personnes. En cela l'humilité se manifeste même dans la sévérité.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Humilité qui s'extériorise.
Il est avantageux de mettre en marche les armées pour châtier sa propre cité et son propre pays.

Celui qui est vraiment conséquent avec son humilité doit veiller à ce qu'elle se manifeste dans la réalité. Il doit aller énergiquement de l'avant dans ce domaine. S'il naît de l'hostilité, rien n'est plus aisé que de rejeter la faute sur autrui. Il peut alors se faire qu'un homme faible, se sentant offensé, se replie sur lui-même, prenne compassion de lui-même et croie être humble en ne se défendant pas. L'humilité véritable se manifeste en ce que nous nous employons énergiquement à établir l'ordre et commençons par sévir sur nous-mêmes et sur notre entourage immédiat. On n'accomplira réellement une œuvre importante que si on a le courage de faire marcher son armée contre soi-même

 
HEXAGRAMME 16

L'Hexagrame


Yu / Enthousiasme
En haut Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre
En bas K'ouen : Le Réceptif, La Terre

Le trait fort à la quatrième place, celle du ministre qui gouverne, rencontre dans tous les autres traits, qui sont faibles, acquiescement et obéissance. Le trigramme supérieur Tchen a pour propriété le mouvement, et le trigramme inférieur, la terre, l'obéissance et le dévouement. On a ici le commencement d'un mouvement qui trouve en face de lui une attitude de dévouement et, par suite, entraîne tout avec lui et œuvre dans l'enthousiasme. Il est en outre une loi très importante : le mouvement doit s'exercer suivant la ligne de moindre résistance. Cette loi est exprimée dans l'hexagramme comme étant celle des phénomènes naturels et de la vie humaine.

Le Jugement


L'ENTHOUSIASME.
Il est avantageux d'engager des auxiliaires et de faire marcher des armées.

Le temps de l'enthousiasme est amené par la présence d'un homme remarquable qui est en sympathie avec l'âme populaire et agit en accord avec elle. C'est pourquoi il rencontre une obéissance générale et librement consentie. Pour éveiller l'enthousiasme, il est donc nécessaire de conformer ses ordres à la nature de ceux que l'on gouverne. Le caractère infrangible des lois naturelles a pour fondement la règle du mouvement selon la ligne de moindre résistance. Ces lois ne sont pas extérieures aux choses, mais elles constituent l'harmonie immanente de leur mouvement. C'est pourquoi les corps célestes ne s'écartent pas de leur chemin et tout phénomène naturel s'accomplit avec une régularité précise. Il en va de même dans la société humaine. Là aussi les lois qui ont leurs racines dans le cœur du peuple sont exécutées, tandis que celles qui lui sont contraires ne suscitent que de l'aigreur. De plus, l'enthousiasme permet alors d'engager des auxiliaires pour l'exécution du travail, sans que des oppositions secrètes soient à redouter. L'enthousiasme est aussi ce qui permet d'uniformiser les mouvements des masses, notamment à la guerre, de manière qu'elles obtiennent la victoire.

L'Image


Le tonnerre sort en grondant de la terre :
Image de l'ENTHOUSIASME.
Ainsi les anciens rois faisaient de la musique pour honorer les hommes de mérite
et ils les amenaient dans la magnificence au Dieu suprême,
en invitant leurs ancêtres à la cérémonie.

Quand au début de l'été, le tonnerre, l'énergie électrique, sort de la terre en grondant, et que le premier orage rafraîchit la nature, une longue tension prend fin, la clarté et la joie s'instaurent. De même la musique a le pouvoir de dissiper dans les cœurs la tension, effet des sentiments sombres. L'enthousiasme du cœur s'exprime spontanément dans le chant, la danse, les mouvements rythmiques du corps. Depuis toujours, la vertu exaltante des sons invisibles qui émeuvent et unissent les cœurs des hommes a été ressentie comme une énigme. Les souverains mettaient à profit ce goût naturel pour la musique. Ils le rehaussaient et l'ordonnaient. La musique était regardée comme une chose grave et sainte, devant servir à purifier les sentiments des hommes. Elle était destinée à célébrer les vertus des héros et à lancer ainsi un pont en direction du monde invisible. Dans le temple, on s'approchait de la divinité en s'accompagnant de musique et de pantomimes (celles-ci ont ultérieurement donné naissance au théâtre). Les sentiments religieux envers le Créateur du monde étaient purifiés au moyen des sentiments humains les plus saints, la vénération à l'égard des ancêtres. Ceux-ci étaient invités à ces services divins en tant qu'hôtes du Seigneur du ciel et représentants de l'humanité dans ces régions supérieures. En unissant le passé humain et la divinité en de solennels moments d'émotion religieuse, on scellait le lien entre la divinité et l'humanité. Le souverain, qui honorait la divinité dans ses ancêtres, était par là le Fils du Ciel en qui le monde céleste et le monde terrestre entraient mystiquement en contact. Ces pensées constituent le résumé ultime et suprême de la civilisation chinoise. Confucius a lui-même déclaré au sujet du grand sacrifice au cours duquel ces rites étaient accomplis : « Celui qui aurait pleinement compris ce sacrifice pourrait gouverner le monde comme s'il le faisait tourner dans le creux de sa main »

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Un enthousiasme qui s'extériorise apporte l'infortune.

Il s'agit d'un homme placé dans une situation inférieure. Il a de belles relations qui l'exaltent et dont il se glorifie. Cette arrogance lui attire fatalement l'infortune. L'enthousiasme ne doit jamais être un sentiment égoïste, mais il n'a sa justification que comme un état d'âme universel qui nous unit à autrui.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Ferme comme une pierre.
Pas un jour entier.
La persévérance apporte la fortune.

Ici est désigné quelqu'un qui ne se laisse égarer par aucune illusion. Tandis que d'autres sont aveuglés par l'enthousiasme, il reconnaît avec une parfaite clarté les premiers signes du temps. Il ne flatte pas ceux qui sont au-dessus de lui et ne néglige pas ses inférieurs. Ainsi il est ferme comme une pierre. Dès qu'apparaît le premier indice de désaccord, il sait battre en retraite au moment voulu, sans tarder même un seul jour. La persévérance dans une pareille façon d'agir apporte la fortune. Confucius dit à ce sujet : « Connaître les germes est assurément divin. L'homme noble ne flatte pas, dans son commerce avec les supérieurs, et il n'est pas arrogant dans son commerce avec les inférieurs. Assurément il connaît les germes. Les germes sont l'imperceptible premier début du mouvement, ce qui se manifeste en premier lieu comme porteur de fortune (et d'infortune). L'homme noble voit les germes et agit aussitôt. Il n'attend même pas un jour entier. Il est dit dans le Livre des Transformations : « Ferme comme une pierre. Pas un jour entier. La persévérance apporte la fortune.  » « Ferme comme une pierre : pourquoi un jour entier ? On peut connaître le jugement. L'homme noble connaît le caché et le visible. Il connaît le faible, et le fort aussi : Voilà pourquoi les dix mille êtres tournent les yeux vers lui ».

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Un enthousiasme qui regarde en haut crée le remords.
Hésiter apporte le remords.

On a ici l'inverse du trait précédent : là, autonomie, ici, regard enthousiaste vers les hauteurs. Si l'on hésite trop longtemps, cela aussi crée le remords. Il faut saisir le bon moment pour s'approcher. C'est seulement ainsi que l'on agit de façon juste.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La source de l'enthousiasme.
Il atteint à la grandeur.
Ne doute pas.
Tu rassembles des amis autour de toi comme une pince à cheveux serre la chevelure.

L'oracle présente ici quelqu'un qui est capable de susciter l'enthousiasme par son assurance et sa liberté de pensée : parce qu'il ne doute pas et qu'il est entièrement sincère, il attire les hommes à lui. Parce qu'il leur donne confiance, il les gagne à une collaboration enthousiaste et il réussit. Comme une pince fait tenir les cheveux et les réunit, il unit les hommes en les faisant tenir ensemble.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Malade de façon persistante, et pourtant il ne meurt pas.

L'enthousiasme est ici contrarié. On se trouve placé sous une pression constante qui ne permet pas de respirer librement. >Mais cette pression a son bon côté. On est ainsi préservé de consumer ses forces en enthousiasme creux. La pression constante peut ainsi bel et bien servir à conserver quelqu'un en vie.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Enthousiasme aveuglé.
Mais lorsqu'après être parvenu à l'achèvement on change, il n'y a pas de blâme.

Quand on se laisse aveugler par l'enthousiasme, cela est mauvais. Mais lorsqu'à son tour cet aveuglement est devenu une affaire dépassée et que l'on peut encore changer d'attitude, on est exempt de blâme. Se dégriser après un enthousiasme mal placé est chose tout à fait possible et très favorable.

 
HEXAGRAMME 17

L'Hexagrame


Souei / La Suite
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac.
En bas Chên : L'Eveilleur, le Tonnerre.

En haut est le joyeux dont le caractère est la gaîté, en bas, l'éveilleur dont le caractère est le mouvement. La gaîté unie au mouvement fait que l'on suit. Le joyeux est la plus jeune fille; l'éveilleur, le fils aîné. Un homme d'un certain âge s'incline devant une jeune fille et lui témoigne de la considération. De cette manière, il l'émeut si bien qu'elle le suit.

Le Jugement


LA SUITE obtient une sublime réussite.
La persévérance est avantageuse.
Pas de blâme.

Pour se faire une suite, on doit d'abord savoir s'adapter. Ce n'est qu'en servant que l'on en vient à commander, car ce n'est qu'ainsi qu'on obtient l'accord joyeux des inférieurs, lequel est nécessaire pour qu'ils suivent. Là où l'on doit forcer à suivre en usant de ruse et de violence, de conspiration et d'esprit partisan, il s'élève toujours une résistance qui empêche la libre adhésion. Mais un mouvement joyeux peut également conduire à de fâcheux résultats. C'est pourquoi on ajoute comme condition : « La persévérance est avantageuse », c'est-à-dire la constance dans le bien et « l'absence de blâme ». De même que l'on ne peut s'acquérir une suite qu'à cette condition, c'est seulement à cette condition que l'on peut suivre les autres sans dommage. L'idée de se créer une suite moyennant l'adaptation aux exigences de l'heure est grande et importante; c'est pourquoi le jugement annexé est si favorable.

L'Image


Au milieu du lac est le tonnerre :
Image de la SUITE.
Ainsi, à la tombée de la nuit, le sage entre dans la récréation et le repos.

A l'automne, l'électricité se retire dans la terre et entre en sommeil. Le tonnerre au milieu du lac est pris comme image; non le tonnerre en mouvement, mais le tonnerre dans son repos hivernal. La suite ressort de cette image avec le sens d'adaptation aux exigences du temps. Le tonnerre au milieu du lac indique le temps de l'obscurité et du repos. Ainsi le sage, après avoir manifesté tout le jour une activité créatrice, s'accorde récréation et repos quand vient la nuit. Une situation ne peut devenir bonne que si l'on sait s'y adapter et si l'on ne s'use pas dans une résistance déplacée.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
La mesure change. La persévérance apporte la fortune.
En sortant à la porte en compagnie on accomplit des œuvres.

Il existe des situations exceptionnelles où l'attitude du guide et de celui qu'il conduit se modifie. Il y a dans l'idée d'adaptation et de suite la notion que celui qui veut diriger les autres demeure accessible et se laisse déterminer par les vues de ses subordonnés. Ce faisant, on doit toutefois avoir des principes fermes afin de ne pas être vacillant là où il ne s'agit que d'opinions éphémères. Du moment que l'on est prêt à écouter l'avis des autres, on ne doit pas se contenter de rencontrer des gens de son opinion et de son parti, mais on doit sortir à la porte et commercer sans prévention avec des hommes de toute sorte, amis ou ennemis. Ce n'est qu'ainsi qu'on mène une œuvre à bien.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Si l'on s'attache au petit garçon on perd l'homme fort.

Dans l'amitié et les rapports étroits il faut choisir avec prudence. On s'entoure soit d'une bonne compagnie, soit d'une mauvaise. On ne peut avoir les deux à la fois. Lorsqu'on s'avilit avec des indignes, on perd l'union avec les hommes de grande valeur spirituelle, les seuls dont l'influence puisse nous être profitable en vue du bien.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Si l'on s'attache à l'homme fort on perd le petit garçon.
En suivant on trouve ce que l'on cherche.
Il est avantageux de demeurer persévérant.

Lorsqu'on a établi la jonction qui s'impose avec les hommes de valeur, cela entraîne naturellement une certaine perte. On doit se séparer des êtres inférieurs et superficiels. Pourtant on se sentira satisfait au plus profond de soi-même, parce que l'on a ce que l'on recherche et dont on a besoin pour le développement de sa personnalité. Il importe seulement de demeurer ferme. On doit savoir ce que l'on veut et ne pas se laisser égarer par des inclinations passagères.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Suivre opère la réussite.
La persévérance apporte l'infortune.
Aller son chemin avec sincérité apporte la clarté.
Comment pourrait-il y avoir là un blâme ?

Si quelqu'un possède une certaine influence, il est souvent fructueux pour lui de se faire une suite en se montrant condescendant à l'égard des inférieurs. Mais les hommes qui se joignent à lui ne sont pas animés de sentiments honnêtes. Ils poursuivent leur avantage personnel et cherchent à se rendre indispensables par la flatterie et l'obséquiosité. Si l'on s'habitue à de tels partisans au point de ne plus pouvoir se passer d'eux, cela apporte l'infortune. Ce n'est que lorsqu'on est pleinement libéré de son moi personnel et que l'on considère exclusivement ce qui est juste et objectif que l'on reçoit la clarté nécessaire pour pénétrer de tels hommes et qu'on est exempt de tout blâme.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Sincérité dans le bien.
Fortune.

Tout homme doit avoir quelque chose qu'il suive et qui lui serve d'étoile conductrice. Celui qui suit avec conviction le bien et le beau peut se trouver fortifié par cette parole.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Il rencontre une ferme allégeance et s'y trouve encore lié.
Le roi le présente à la montagne occidentale.

Il s'agit d'un homme qui, en ce qui concerne sa propre personne, a déjà laissé derrière lui les agitations du monde, un très grand sage par conséquent. Mais voici que survient à sa suite quelqu'un qui le comprend et ne le laisse pas aller. Le sage revient donc une fois encore dans le monde et aide cet homme dans son travail. Ainsi prend naissance un lien de nature éternelle. La comparaison est empruntée à la dynastie des Tchéou.
Cette dynastie honorait les serviteurs méritants en leur donnant une place dans le temple des ancêtres du souverain. Un tel homme prenait ainsi part au destin de la maison régnante.

 
HEXAGRAMME 18

L'Hexagrame


Kou / Le Travail sur ce qui est corrompu (Le Déclin)
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne
En bas Souen : Le Doux, le Vent

Le caractère chinois Kou représente un plat dans le contenu duquel croissent des vers. C'est la représentation de ce qui est corrompu. Cela est provenu de ce que la douce indifférence du trigramme inférieur s'est unie à la rigide inertie du trigramme supérieur, si bien que les conditions ont dégénéré en stagnation. Puisqu'on se trouve là devant un état de choses qui laisse à désirer, la situation contient en même temps ce qui est nécessaire pour y mettre fin. C'est pourquoi l'hexagramme ne signifie pas simplement : « ce qui est corrompu », mais « ce qui est corrompu, en tant que tâche » ou « le travail sur ce qui est corrompu ».

Le Jugement


LE TRAVAIL SUR CE QUI EST CORROMPU possède une sublime réussite.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.
Avant le point de départ, trois jours.
Après le point de départ, trois jours.

Ce qui est corrompu par la faute des hommes peut être réparé par le travail des hommes. Ce n'est pas un destin irrévocable, comme à l'époque de la stagnation (n° 12), mais une conséquence d'un mauvais usage de la liberté humaine, qui a causé l'état de corruption. Si le travail d'amélioration a de fortes chances de réussir, c'est qu'il est en harmonie avec les possibilités de l'heure. Il faut seulement éviter de reculer d'effroi devant le travail et le danger - symbolisé par la traversée des grandes eaux -, mais les empoigner énergiquement. La réussite a toutefois pour condition préalable la réflexion correcte. Cela s'exprime dans la sentence : « Avant le point de départ, trois jours. Après le point de départ, trois jours ». On doit connaître les causes qui ont provoqué la corruption avant de pouvoir y remédier : d'où, attention à l'époque qui précède le point de départ. Il faut en outre veiller à s'engager de façon sûre dans la voie nouvelle de manière à éviter la rechute : d'où, attention après le point de départ. A l'indifférence et l'inertie qui ont provoqué la corruption doivent se substituer la résolution et l'énergie pour qu'à la fin apparaisse un nouveau commencement.

L'Image


Au pied de la montagne souffle le vent :
Image de la corruption.
Ainsi l'homme noble remue le peuple et fortifie son esprit.

Quand le vent souffle au pied de la montagne il est refoulé et gâte les plantes. Cela réclame une amélioration. Il en va de même des dispositions et des modes de mauvais aloi : elles introduisent la corruption dans la société humaine. Pour écarter ce mal, l'homme noble doit renouveler la société. Les méthodes à employer pour cela sont également empruntées aux deux trigrammes du signe et découlent du simple fait que les effets respectifs de ceux-ci se déploient harmonieusement les uns par rapport aux autres. Le sage doit mettre fin à la stagnation en remuant l'opinion courante (comme le vent agit en remuant les êtres); alors le caractère du peuple se fortifie et s'apaise (comme montagne offre le repos et la nourriture à tout ce qui croît autour d'elle).

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Réparer ce qui a été corrompu par le père.
Quand un fils est présent, aucun blâme ne demeure sur le père défunt.
Danger. A la fin, fortune.

L'immobilité rigide dans ce qui a été réalisé a eu pour conséquence la corruption. Mais celle-ci n'est pas encore profondément enracinée, c'est pourquoi il est encore aisé d'y porter remède. C'est comme lorsqu'un fils répare la corruption que son père avait laissé s'introduire. Il ne demeure alors aucun blâme sur le père. Mais on ne doit pas négliger le danger et prendre les choses trop à la légère. Ce n'est que si l'on est conscient du danger lié a toute réforme qu'à la fin tout va bien.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Réparer ce qui a été corrompu par la mère.
On ne doit pas être trop persévérant.

Il s'agit d'une faute où la corruption a été provoquée par la faiblesse. De là le symbolisme de ce qui a été corrompu par la mère. Il est alors nécessaire d'avoir certains égards, une certaine délicatesse en portant remède. On ne doit pas se montrer trop cassant afin de ne pas blesser par de la brusquerie.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Réparer ce qui a été corrompu par le père.
Cela provoquera un peu de remords.
Pas de blâme considérable.

L'oracle montre ici quelqu'un qui procède avec un peu trop d'énergie en portant remède aux fautes du passé. Il naîtra alors sûrement de temps à autre de petits ennuis et de petits désaccords. Mais mieux vaut un excès qu'un défaut d'énergie. Même si l'on a alors un peu à rougir, on demeure exempt de tout blâme sérieux.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Supporter ce qui a été corrompu par le père.
En continuant on voit l'humiliation.

Ici est montrée la situation où, par faiblesse, on ne s'oppose pas à la corruption, fruit du passé, qui se déclare maintenant, mais où on la laisse suivre son cours. Si l'on continue ainsi, il s'ensuivra une humiliation.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Réparer ce qui a été corrompu par le père.
On rencontre l'éloge.

On se trouve en présence d'une corruption née de la négligence des époques passées. On ne possède pas la force d'y remédier seul. Toutefois on rencontre des auxiliaires de talent avec l'appui desquels on peut provoquer, sinon un renouveau créateur, du moins une réforme profonde, ce qui est également digne d'éloge.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Il ne sert pas des rois et des princes.
Il se fixe des buts supérieurs.

Tous les hommes ne sont pas tenus de se mêler aux affaires du monde. Il en est aussi qui sont parvenus à un tel degré d'évolution intérieure qu'ils ont le droit de laisser l'univers suivre son cours sans se mêler à la vie politique pour la réformer. Cependant cela ne veut pas dire qu'ils doivent se tenir inactifs ou observer une attitude purement critique. Seul le fait de travailler dans sa propre personne aux buts supérieurs de l'humanité justifie une pareille retraite. Car même lorsque le sage se tient éloigné des agitations quotidiennes, il continue de créer des valeurs humaines incomparables pour l'avenir

 
HEXAGRAMME 19

L'Hexagrame


Lin / L'Approche
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

Le mot chinois Lin possède une série de significations qu'un seul terme français ne peut épuiser. Les anciennes explications du Livre des Transformations indiquent comme premier sens : « grandir ». Ce qui grandit, ce sont les deux traits forts qui poussent dans l'hexagramme à partir du bas. Avec eux la force lumineuse prend de l'expansion. De là on passe à l'idée d'approche, à savoir, approche de ce qui est fort, de ce qui est supérieur, par rapport à ce qui est bas. On a alors enfin le sens de condescendance d'un homme supérieur envers le peuple et celui de mise en route des affaires. L'hexagramme est rattaché au douzième mois (janvier-février), car après le solstice d'hiver la force lumineuse est conçue comme étant en ascension.

Le Jugement


L'APPROCHE possède une sublime réussite.
La persévérance est avantageuse.
Lorsque vient le huitième mois, c'est l'infortune.

L'hexagramme dans son ensemble indique une ère de progrès pleine d'espérance joyeuse. Le printemps va venir. La joie et la facilité d'humeur rapprochent l'un de l'autre le haut et le bas. Le succès est assuré. Le caractère favorable de l'époque y suffit. Une chose encore : le printemps n'est pas éternel. Au huitième mois, les aspects se sont inversés. Il ne reste plus que deux traits forts qui n'avancent pas, mais reculent (cf. l'hexagramme suivant). Il convient de réfléchir en temps opportun à ce revirement. Si l'on prévient le mal avant qu'il se soit manifesté et même avant qu'il ait seulement commencé à poindre, alors on s'en rendra maître.

L'Image


Au-dessus du lac est la terre :
Image de l'APPROCHE.
Ainsi l'homme noble est inépuisable dans son dessein d'enseigner et sans limites pour supporter et protéger le peuple.

La terre limite d'en haut le lac; c'est l'image de l'approche et de la condescendance de l'homme supérieur envers ceux qui se tiennent au fond. L'application de l'hexagramme à ces deux catégories d'êtres découle de chacune de ses parties. De même que le lac indique une profondeur inépuisable, le sage est inépuisable dans sa disposition à instruire les hommes; et de même que la terre est vaste et sans limites et qu'elle supporte et conserve toutes les créatures, ainsi le sage supporte et conserve les hommes, sans exclure une partie de l'humanité par des limites de quelque nature que ce soit.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Approche en commun.
La persévérance apporte la fortune.

Le bien commence à percer et trouve bon accueil aux postes d'influence. De là l'impulsion s'efforce d'atteindre les hommes de valeur. On peut alors se joindre à la marche en avant. Il faut seulement veiller à ne pas se perdre dans le courant de l'époque et à demeurer constant dans la bonne direction; cela apporte la fortune.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Approche en commun.
Fortune. Tout est avantageux.

On se trouve dans la situation d'être incité d'en haut à s'approcher et, parce que l'on possède en soi la force et la logique qui n'ont pas besoin d'admonition, on obtient la fortune. Même l'avenir ne doit pas être cause de souci. On sait bien que tout ce qui est terrestre est passager et que toute ascension est suivie d'une descente; mais on ne se laisse pas égarer par ce destin universel. Tout est avantageux. C'est pourquoi on marchera sur le chemin de la vie rapidement, bravement et hardiment.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Approche commode.
Rien qui ne soit avantageux.
Si l'on est amené à se désoler à ce sujet, on devient exempt de blâme.

On va joyeusement de l'avant. On parvient au pouvoir et à l'influence. Mais cela dissimule le risque que l'on ne se relâche et que, confiant dans sa situation, on ne laisse apparaître ce sentiment d'aisance et d'insouciance dans ses rapports avec les hommes. Cela est fâcheux à tous points de vue. Cependant la possibilité est fournie d'un changement de dispositions. Si l'on éprouve du chagrin de son attitude défectueuse et si l'on a le sentiment de la responsabilité qu'entraîne un poste influent, alors on s'affranchit des fautes.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Approche parfaite.
Pas de blâme.

Tandis que les trois traits d'en bas désignent l'ascension vers le pouvoir et l'influence, les trois traits d'en haut montrent l'attitude du supérieur à l'égard des inférieurs auxquels il ménage de l'influence. Ici est montrée l'approche parfaite et sans préjugés d'un homme supérieur vers un homme de talent qu'il attire dans sa sphère, sans prévention de caste. Cela est très favorable.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Sage approche.
Cela est bon pour un grand prince.
Fortune.

Un prince ou quiconque occupe une position dirigeante doit avoir la sagesse d'attirer dans son entourage des hommes de valeur et experts à diriger. Sa sagesse consiste aussi bien à savoir choisir les hommes qu'il faut qu'à laisser faire ceux qu'il a choisis sans s'immiscer lui-même dans les affaires. Ce n'est en effet que par une telle réserve qu'il trouvera, en toutes circonstances, les gens nécessaires pour y faire face de façon adéquate.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Approche magnanime.
Fortune. Pas de blâme.

Un sage qui a vaincu le monde et qui, intérieurement, en a terminé avec la vie, peut, dans certains cas, se trouver amené à rentrer encore une fois dans ce bas monde et à s'approcher des hommes. C'est là une grande fortune pour les hommes auxquels il confère son enseignement et son aide. Mais en ce qui le concerne, également, cet abaissement magnanime ne donne lieu à aucun blâme.

 
HEXAGRAMME 20

L'Hexagrame


Kouan / La Contemplation (la Vue)
En haut Souen : Le Doux, le Vent
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

Le nom chinois de l'hexagramme a, moyennant une légère modification d'accent, un double sens. D'un côté, il signifie la contemplation, et de l'autre, le fait d'être regardé, d'être un modèle. Ces idées sont suggérées par le fait que l'hexagramme peut être compris comme l'image d'une tour telle qu'il en existait un grand nombre dans l'ancienne Chine. Du haut de ces tours on avait une vue étendue à la ronde, et, d'autre part, une telle tour située au haut d'une montagne était visible au loin. Ainsi l'hexagramme montre un souverain qui contemple en haut la loi du ciel et en bas les coutumes du peuple et qui constitue, grâce à son bon gouvernement, un exemple élevé pour les masses. Ce signe est rattaché au huitième mois (septembre/octobre). La force lumineuse se retire, celle de l'obscurité est de nouveau en ascension. Toutefois cet aspect n'entre pas ici en ligne de compte pour l'interprétation d'ensemble de l'hexagramme.

Le Jugement


LA CONTEMPLATION.
L'ablution a eu lieu, mais non encore l'offrande.
Pleins de confiance, ils lèvent les yeux vers lui.

Le rituel du sacrifice, en Chine, débutait par une ablution et une libation qui constituaient une invocation de la divinité. Après quoi, on offrait le sacrifice. L'intervalle de temps entre ces deux rites est le plus sacré, le moment de suprême recueillement intérieur. Lorsque la piété est inspirée par la foi et sincère, la contemplation du spectacle qu'elle offre transforme ceux qui en sont témoins et leur inspire du respect. Ainsi la nature peut offrir le spectacle d'une réalité grave et sainte dans la régularité avec laquelle se déroulent tous les phénomènes. La contemplation du sens divin des événements de l'univers met entre les mains de celui qui est appelé à agir sur les hommes le moyen d'exercer les mêmes effets. Il faut pour cela un recueillement intérieur semblable à celui produit par la contemplation religieuse chez des hommes d'envergure dotés d'une foi robuste. Ils voient ainsi les lois divines et mystérieuses de la vie et ils leur donnent de se réaliser dans leur propre personnalité, grâce à l'extrême intensité de leur recueillement. Il émane par suite de leur vue un mystérieux pouvoir spirituel qui agit sur les hommes et les assujettit, sans qu'ils aient conscience de la manière dont cela se produit.

L'Image


Le vent souffle sur la terre :
Image de la CONTEMPLATION.
Ainsi les anciens rois visitaient les régions du monde,
contemplaient le peuple et dispensaient l'enseignement

Quand le vent souffle sur la terre, il se rend présent partout et l'herbe doit se courber sous sa puissance. Ces deux faits trouvent leur confirmation dans l'hexagramme. Les deux images symbolisent la manière d'agir des rois de l'antiquité : d'une part, grâce à des voyages réguliers, ils se procuraient la vue de leurs sujets si bien qu'aucune coutume en vigueur dans le peuple ne pouvait leur échapper et, ce faisant, ils exerçaient d'autre part leur influence grâce à laquelle les usages inadéquats étaient modifiés. L'ensemble indique le pouvoir de la personnalité supérieure. Un tel homme aura une vue d'ensemble de la grande multitude et de ses dispositions véritables, de telle sorte qu'il ne pourra pas être dupé; d'autre part, il exercera son influence sur elle par sa simple existence, si bien qu'elle se réglera d'après lui comme l'herbe d'après le vent.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Contemplation d'un petit garçon.
Pour un homme vulgaire, pas de blâme.
Pour un homme noble, humiliation.

L'oracle montre ici une contemplation sans intelligence et de loin. Quelqu'un agit, mais ses actes ne sont pas compris des hommes vulgaires. Cela n'a vas d'importance pour les masses : qu'elles comprennent ou non les actions des sages gouvernants, celles-ci tournent de toute manière à leur bien. Mais pour un homme supérieur, c'est une honte. Il ne doit pas se contenter d'une contemplation stupide et sans compréhension de l'influence des gouvernants.
Il lui faut les contempler comme un tout cohérent et chercher à en saisir le sens.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Contemplation à travers la fente de la porte.
Avantageuse pour la persévérance d'une femme.

On voit de l'intérieur vers l'extérieur. Le mode de contemplation est subjectivement limité. On rapporte tout à soi, mais l'on ne sait pas se mettre à la place des autres et entrer dans leurs mobiles. Cela convient à une bonne ménagère. Elle n'a besoin de rien comprendre aux affaires du monde. Pour un homme qui doit œuvrer dans la vie publique, un tel mode de contemplation égoïste et limité est naturellement mauvais.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
La contemplation de ma vie décide du progrès ou du recul.

C'est ici la place de transition. On ne regarde plus vers l'extérieur pour recueillir des images plus ou moins limitées et confuses, mais on oriente la contemplation vers soi-même afin de trouver une direction pour les décisions à prendre. Cette intériorisation de la contemplation est bel et bien une victoire sur l'égoïsme naïf qui observe tout de son point de vue personnel. On parvient à la réflexion et, par là, à l'objectivité. Toutefois la connaissance de soi n'est pas l'examen de notre propre pensée, mais des actes que nous produisons. Seules les actions de notre vie donnent une image qui nous autorise à décider du progrès ou du recul.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Contemplation de la lumière du royaume.
Il est avantageux d'agir comme hôte d'un roi.

Ici se trouve désigné un homme qui comprend le secret grâce auquel on fait prospérer un royaume. Un tel homme doit être mis à une place d'autorité où il pourra agir. Il doit être en quelque sorte un hôte; autrement dit, il faut qu'il puisse agir en toute indépendance et être respecté, et non utilisé comme instrument.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Contemplation de ma vie.
L'homme noble est sans tache.

Un homme à un poste d'autorité vers lequel les autres lèvent les yeux doit être constamment prêt à s'examiner lui-même. La manière correcte de s'examiner ne consiste pas cependant à réfléchir sur soi-même sans agir, mais à examiner les résultats que l'on produit. C'est seulement si ces résultats sont bons et si nous exerçons une influence sur autrui que la contemplation de notre propre vie nous procurera la satisfaction d'être exempts de faute.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Contemplation de sa vie.
L'homme noble est sans tache.

Tandis que le trait précédent représente un homme qui s'examine lui-même, ici, à la place la plus élevée, tout élément personnel et lié au moi est exclu. On montre ainsi un sage qui, hors de l'agitation du monde et libéré du moi, contemple la loi de la vie et reconnaît que le bien suprême est de savoir comment demeurer exempt de blâme.

 
HEXAGRAMME 21

L'Hexagrame


Che Ho / Mordre au travers
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu.
En bas Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.

L'hexagramme représente une bouche ouverte entre les dents de laquelle il y a un obstacle (à la quatrième place). Cet obstacle empêche les lèvres de se joindre.
Pour réaliser leur jonction, il faut le mordre énergiquement. En outre, cet hexagramme se compose des trigrammes du tonnerre (Tchen) et de l'éclair (Li), afin d'indiquer la manière dont la nature écarte avec vigueur ce qui la gène.
Cette morsure vigoureuse triomphe de ce qui empêche la réunion de se réaliser dans la bouche. L'orage avec son tonnerre et ses éclairs triomphe de la tension qui trouble la nature. Les procès et les châtiments triomphent des troubles introduits dans l'harmonie de la vie en société par les crimes et les calomnies. A la différence du sixième hexagramme, « le conflit » où il est question de procès civils, le thème est ici le procès criminel.

Le Jugement


MORDRE AU TRAVERS a du succès.
Il est avantageux de laisser s'exercer la justice.

Lorsqu'un obstacle s'oppose à la réunion, mordre énergiquement au travers crée le succès. Cela est valable dans toutes les situations. Là où l'unité ne peut être réalisée, c'est toujours qu'elle est empêchée par un calomniateur, un traître agissant comme entrave et comme frein. Il faut alors mordre avec vigueur pour éviter que ne naisse un préjudice durable. De tels obstacles conscients ne disparaissent pas d'eux-mêmes. Jugement et châtiment sont nécessaires pour les intimider ou les écarter. Mais dans une telle entreprise il faut procéder de la manière correcte. L'hexagramme est constitué par l'union de Li, la clarté, et de Tchen, l'excitation. Li est souple, Tchen est dur. La dureté et l'irritation seraient à eux seuls trop violents dans l'administration d'un châtiaient. La clarté et la souplesse laissées à elles-mêmes; seraient trop faibles. Unies, ces deux propriétés réalisent la juste mesure. Il est important que l'homme auquel appartient la décision - il est représenté par le 5 ème trait - soit doux de nature tandis que, grâce à sa position, il exerce une action qui inspire le respect

L'Image


Tonnerre et éclair :
Image de la MORSURE AU TRAVERS.
Ainsi les anciens rois affermissaient les lois par des châtiments clairement définis.

Les châtiments sont les applications individuelles des lois. Les lois contiennent la mention des châtiments. La clarté règne lorsque, dans la fixation des peines, on en distingue de légères et de graves suivant la nature des transgressions. Cela est symbolisé par la clarté, l'éclair. L'affermissement des lois est réalisé par la juste utilisation des peines. Cette clarté et cette sévérité ont pour objet de tenir les hommes en respect; les châtiments n'ont pas d'importance en eux-mêmes. Les obstacles dans la vie collective des hommes grossissent lorsque les peines ne sont pas clairement déterminées et qu'elles sont appliquées avec négligence. La seule manière d'affermir les lois est de rendre les châtiments clairs, fixes et prompts.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Attaché par les pieds dans les fers, de sorte que ses orteils disparaissent.
Pas de blâme.

Lorsqu'une peine est infligée à quelqu'un à sa première tentative de mal faire, le châtiment demeure léger. Le coupable a seulement les orteils recouverts par les entraves. Il est ainsi empêché de continuer à commettre des fautes et devient par là exempt de blâme. C'est un avertissement pour qu'il s'arrête à temps sur la voie du mal.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Il mord dans de la viande tendre, si bien que le nez disparaît.
Pas de blâme.

Dans le cas présent, le juste et l'injuste se laissent aisément discerner. C'est comme si l'on mordait dans de la viande tendre. Mais on tombe sur un pécheur endurci. C'est pourquoi, sous l'effet de la colère, on va un peu trop loin dans l'irritation. Le fait que le nez disparaisse pendant qu'on mord signifie qu'en s'emportant on perd la subtilité du flair. Cependant le dommage n'est pas grand parce qu'en lui-même le châtiment est juste.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Il mord dans de la vieille viande séchée et tombe sur un morceau empoisonné.
Petite humiliation.
Pas de blâme.

Le châtiment doit être exécuté par quelqu'un qui n'a pas le pouvoir et l'autorité nécessaires pour cela. C'est pourquoi les condamnés ne s'y soumettent pas. Il s'agit d'une vieille affaire symbolisée par du gibier salé et l'on s'y heurte à des difficultés. Cette vieille viande est gâtée. On s'attire une haine empoisonnée à s'occuper de cette histoire. On se met ainsi dans une situation quelque peu humiliante. Mais, comme l'époque le voulait ainsi, on demeure cependant exempt de blâme.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il mord dans de la viande cartilagineuse séchée.
Il reçoit des flèches de métal.
Il est avantageux de réfléchir aux difficultés et d'être persévérant.
Fortune.

Il y a de très grosses difficultés à vaincre. De puissants adversaires doivent être châtiés. C'est très pénible, et cependant on en vient à bout. Mais il faut, pour triompher, être dur comme le métal et direct comme la flèche. Si l'on reconnaît les difficultés et qu'on persévère, on parvient à la fortune. La tâche délicate est finalement menée à bien

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Il mord dans de la viande musculeuse séchée.
Il reçoit de l'or jaune.
Etre conscient du danger avec constance.
Pas de blâme.

On a à trancher un cas qui, s'il n'est pas facile, demeure pourtant clair. Mais on possède une nature portée vers la mansuétude. Il faut en conséquence se ressaisir pour être comme de l'or jaune, c'est-à-dire impartial - le jaune est la couleur du milieu - et franc comme l'or. C'est seulement si l'on demeure constamment conscient des dangers découlant de la responsabilité que l'on a assumée que l'on reste exempt de fautes.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Attaché par le cou dans la gangue de bois si bien que les oreilles disparaissent.
Infortune.

A la différence de la situation dépeinte par le premier trait, il s'agit ici d'un homme qui est irréformable. Il porte en punition la gangue de bois qui lui enserre le cou. Mais ses oreilles disparaissent à l'intérieur. Il n'entend plus les avertissements, mais y demeure sourd. Cet endurcissement conduit à l'infortune

 
HEXAGRAMME 22

L'Hexagrame


Pi / La Grâce
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

L'hexagramme représente un feu qui sort des profondeurs secrètes de la terre et dont les flammes, en s'élevant, illuminent la montagne, la hauteur céleste, et la revêtent de beauté. La grâce, la beauté de la forme est indispensable à toute union pour la rendre harmonieuse et aimable, et non chaotique et désordonnée.

Le Jugement


LA GRÂCE a du succès.
Dans les petites choses il est avantageux d'entreprendre une action.

Dans les petites choses il est avantageux d'entreprendre une action. La grâce procure le succès. Cependant elle n'est pas l'essentiel, le fondement, mais seulement la parure. C'est pourquoi elle ne doit être utilisée qu'avec discrétion dans les petites choses. Dans le trigramme inférieur, le feu, un trait faible vient se mettre entre deux traits forts et les rend beaux; mais les traits forts sont l'essence, le trait faible est la forme qui embellit. Dans le trigramme supérieur, la montagne, le trait fort apparaît au sommet, à la place déterminante, si bien qu'ici encore il doit être regardé comme le facteur décisif. La nature nous montre dans le ciel la puissante lumière du soleil; c'est sur elle que repose la vie de l'univers. Mais cette clarté puissante, essentielle, est entourée de la lune et des étoiles qui alternent gracieusement avec elle. Dans la vie humaine, la beauté de la forme apparaît lorsque des traditions fermes comme des montagnes sont rendues agréables par une claire beauté. La contemplation des formes célestes confère la faculté de comprendre l'époque et ses exigences changeantes. La contemplation des formes dans la vie humaine confère la possibilité de modeler le monde.
NOTE. - L'hexagramme montre la beauté au repos : au-dedans clarté et au-dehors quiétude. C'est la quiétude de la pure contemplation. Quand le désir se tait et que la volonté entre dans le repos, l'univers se révèle comme Idée dans les apparences. En tant que tel, il est beau et soustrait au combat de l'existence. C'est le monde de l'art. Mais, en définitive, la contemplation à elle seule ne met pas la volonté en repos. Celle-ci se réveillera et toute la beauté n'aura été qu'un moment d'exaltation passagère. C'est pourquoi ce n'est pas là la vraie voie de la libération. Confucius se sentit en conséquence très mal à son aise lorsque, consultant l'oracle, il obtint en réponse « la grâce

L'Image


Au pied de la montagne est le feu :
Image de la GRÂCE.
C'est ainsi que l'homme noble agit quand il clarifie les affaires courantes, mais il n'ose pas décider de cette manière les questions litigieuses.

Le feu dont l'éclat illumine la montagne et la revêt de grâce ne brille pas à une grande distance. Ainsi la forme gracieuse suffit à animer et à éclairer les affaires mineures, mais les grandes questions ne peuvent être tranchées de cette manière. Elles demandent plus de sérieux.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Il donne de la grâce à ses orteils, quitte le char et marche.

Le fait de se trouver au début et à une place subordonnée comporte que l'on doive prendre sur soi la fatigue de la marche en avant. On aurait l'occasion de se ménager un allégement, représenté par l'image du char. Mais un homme plein de résolution méprise de telles facilités obtenues de manière douteuse. Il trouve plus gracieux d'aller à pied que de voyager en char sans en avoir le droit.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Il donne de la grâce à sa barbe.

La barbe n'est pas chose autonome. Elle ne peut remuer qu'avec le menton. L'image signifie donc que la forme n'est considérée que comme le résultat et l'accompagnement du contenu. La barbe est un ornement superflu. La soigner pour elle-même - sans songer au contenu intérieur dont elle est la parure - serait donc le signe d'une certaine vanité.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Gracieux et humide.
La persévérance durable apporte la fortune.

Il est ici question d'un moment de la vie rempli de charme. On est environné de grâce et d'un éclat transfiguré par l'humidité i. Sans doute ce charme peut être une parure, mais il peut aussi nous faire sombrer. D'où l'avertissement de ne pas s'enfoncer dans l'humidité du bien-être, mais de persévérer avec constance. C'est là-dessus que repose la fortune.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Grâce ou simplicité ?
Un cheval blanc vient, comme s'il avait des ailes.
Ce n'est pas un brigand, il fera sa demande en son temps.

On est dans une situation où l'on commence à se demander s'il faut continuer à rechercher la grâce de l'éclat extérieur ou s'il n'est pas préférable de revenir à la simplicité. Une telle interrogation porte déjà en elle la réponse. Une confirmation s'annonce de l'extérieur. Elle s'avance comme un cheval blanc ailé. La couleur blanche indique la simplicité. Même si l'on éprouve au premier abord un sentiment de déception à devoir se passer des commodités que pouvait offrir une autre voie, on trouve l'apaisement dans l'union véritable avec un ami qui nous recherche. Le cheval ailé est l'image de la pensée qui vole au-delà de toutes les limitations de l'espace et du temps.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Grâce dans les collines et les jardins.
Le rouleau de soie est chétif et maigre.
Humiliation et, finalement cependant, fortune.

On quitte les hommes des régions basses qui ne recherchent que l'éclat et le luxe et l'on se retire dans. la solitude des hauteurs. On y trouve un homme vers lequel on lève les yeux et dont on voudrait se faire un ami. Mais les présents d'hospitalité que l'on peut offrir sont trop maigres, trop pauvres, si bien que l'on se sent humilié. Cependant ce ne sont pas les présents extérieurs qui comptent, mais les dispositions véritables. C'est pourquoi, finalement, tout va bien.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Grâce simple.
Pas de blâme.

Ici, au degré le plus élevé, on dépouille toute grâce. La forme ne dissimule plus le contenu, mais le laisse se mettre pleinement en valeur. La grâce suprême ne consiste pas à orner extérieurement les matériaux, mais à leur donner une forme simple et pratique.

 
HEXAGRAMME 23

L'Hexagrame


Po / L'Éclatement
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

Les traits sombres s'apprêtent à monter et à causer la chute du dernier trait, qui est ferme et clair, en le désagrégeant par leur influence. L'homme vulgaire et obscur ne combat pas directement l'être noble, mais il le mine progressivement par une action imperceptible, si bien qu'à la fin il s'écroule. L'hexagramme représente l'image d'une maison. Le trait supérieur est le toit. Le toit une fois brisé, la maison s'effondre. Ce signe est rattaché au neuvième mois (octobre-novembre). La force yin pousse avec une vigueur croissante et elle est sur le point d'évincer complètement la force yang.

Le Jugement


L'ÉCLATEMENT.
Il n'est pas avantageux de se rendre en quelque endroit que ce soit.

C'est une époque où les hommes vulgaires exercent une poussée en avant et se préparent à évincer le dernier être robuste et noble. Aussi, comme cette situation est causée par le cours du temps, l'homme noble n'a pas avantage à entreprendre quelque chose en de tels moments. La conduite à tenir en des circonstances si contraires doit être déduite de l'image et de ses propriétés. Le trigramme inférieur représente la terre dont les attributs sont la docilité et l'abandon; le trigramme supérieur signifie la montagne dont l'attribut est la tranquillité. Cela suggère le conseil de se conformer aux temps mauvais et de demeurer tranquille. Il ne s'agit pas ici d'une action des hommes, mais de conditions temporelles qui, suivant les lois du ciel, manifestent des alternatives de croissance et de déclin, de plein et de vide. Ces conditions temporelles ne permettent aucune réaction. C'est pourquoi ce n'est pas lâcheté mais sagesse que de s'y adapter et d'éviter d'agir.

L'Image


La montagne repose sur la terre :
Image de L'ÉCLATEMENT.
Ainsi les supérieurs ne peuvent assurer leur position que par de riches dons aux inférieurs.

La montagne repose sur la terre. Si elle est étroite, escarpée et dépourvue de large base, elle doit s'écrouler. C'est seulement si elle s'élève de la terre, large et vaste, et non orgueilleuse et abrupte, que sa position est assurée. Ainsi les gouvernants reposent sur la large base du peuple. Ils doivent, eux aussi, témoigner de la générosité et de la grandeur d'âme, comme la terre qui porte tous les êtres. Alors ils rendront leur situation aussi sûre que la tranquillité d'une montagne.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Le pied du lit vole en éclats.
Les persévérants sont anéantis. Infortune.

Les hommes vulgaires avancent en secret et commencent en-dessous leur travail de sape destructeur afin de miner l'endroit sur lequel repose l'homme noble. Les suivants du souverain qui lui demeurent fidèles sont anéantis par les intrigues et la calomnie. La situation est des plus néfastes. Il n'y a pourtant rien d'autre à faire que d'attendre.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Le rebord du lit vole en éclats.
Les persévérants sont anéantis. Infortune.

La puissance du vulgaire s'accroît. Déjà le danger se rapproche de la personne elle-même. Voici qu'apparaissent des signes sans équivoque. La quiétude est troublée. Tandis que l'on se trouve dans cette situation dangereuse, on demeure encore en face d'elle sans aide et sans avances amicales venant soit d'en haut, soit d'en bas. Dans cet isolement une extrême prudence est requise. On doit s'adapter aux exigences de l'heure et esquiver en temps voulu. Si l'on voulait maintenir sa situation en se montrant inflexible et persévérant, cela conduirait à la chute.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Il vole en éclats avec eux. Pas de blâme.

On se trouve au milieu d'un entourage mauvais auquel on est rattaché par des liens extérieurs. Il existe toutefois une relation avec un homme supérieur. On acquiert ainsi la stabilité intérieure qui permet de se libérer de la nature des hommes qui nous entourent. Sans doute, on se met ainsi en opposition avec eux, mais il n'y a pas là de blâme.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Le lit vole en éclats jusqu'à la peau.
Infortune.

L'infortune atteint ici le corps lui-même et non plus seulement l'endroit où l'on repose. L'oracle n'ajoute ni avertissement, ni autre commentaire. L'infortune est à son comble : elle ne se laisse plus détourner.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Un banc de poissons.
La faveur vient par l'intermédiaire des dames de la cour.
Tout est avantageux.

Ici la nature du principe obscur se transforme au voisinage immédiat du principe supérieur fort et lumineux. L'obscurité ne s'oppose plus par ses intrigues au principe fort, mais elle se soumet à sa direction. On la voit même, en tant que première des lignes faibles, amener l'ensemble de celles-ci au principe fort, tout comme une princesse conduit ses dames d'honneur, tel un banc de poissons, à son époux et obtient par là sa faveur . En se soumettant librement au principe supérieur, le principe inférieur trouve son bonheur et le principe supérieur reçoit également son dû. C'est pourquoi tout va bien.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Il y a là encore un gros fruit qui n'a pas été mangé.
L'homme noble obtient un char.
La maison de l'homme vulgaire vole en éclats.

La fin de l'éclatement est ici atteinte. Quand l'infortune à épuisé sa malice, des temps meilleurs reviennent. La semence du bien est encore là. Comme le fruit tombe à terre, le bien sort de nouveau de sa semence. L'homme noble retrouve influence et possibilité d'agir. Il est porté par l'opinion générale comme sur un char. Mais l'homme vulgaire est châtié par sa propre méchanceté. Sa maison vole en éclats. Il y a là une loi de la nature. Le mal n'est pas seulement corrupteur du bien, mais il se détruit finalement lui-même. Car le mal, qui ne vit que de négation, ne peut subsister de lui-même. Pour l'homme vulgaire aussi, la meilleure situation est d'être tenu sous le contrôle de l'homme noble.

 
HEXAGRAMME 24

L'Hexagrame


Fou / Le Retour (Le Tournant)
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre.
En bas Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.

L'idée de tournant est indiquée par le fait qu'après que les traits sombres ont repoussé vers le haut tous les traits lumineux, un de ceux-ci rentre dans l'hexagramme par le bas. Le temps de l'obscurité est passé. Le solstice d'hiver amène la victoire de la lumière. L'hexagramme est rattaché au onzième mois, le mois du solstice (décembre-janvier).

Le Jugement


LE RETOUR. Succès.
Sortie et rentrée sans faute.
Des amis viennent sans blâme.
Le chemin va et vient.
Au septième jour vient le retour.
Il est avantageux d'avoir où aller.

Après le temps du déclin vient le tournant. La puissante lumière qui avait été chassée refait son entrée. Un mouvement se produit. Toutefois ce n'est pas un mouvement contraint : le trigramme supérieur, K'ouen, a le caractère de l'abandon, du don de soi. C'est donc un mouvement naturel, qui naît spontanément. C'est pourquoi la transformation des choses anciennes est parfaitement aisée. Le vieux est déposé, le neuf est introduit. L'un et l'autre correspondent au temps et n'entraînent donc pas de dommage. Des groupes se forment entre êtres animés des mêmes sentiments. Mais ces réunions s'accomplissent au grand jour, elles correspondent à l'époque et c'est pourquoi tout effort particulier et égoïste en est exclu, et il n'en résulte aucune faute. Le retour a son fondement dans le cours de la nature. Le mouvement est circulaire. La voie se referme sur elle-même. C'est pourquoi il ne faut rien précipiter artificiellement. Tout vient spontanément lorsque c'en est le temps. Telle est la Voie du ciel et de la terre. Tous les mouvements s'accomplissent en six étapes. Le septième degré amène ensuite le retour. Ainsi au septième mois après le solstice d'été où commence le déclin de l'année vient le solstice d'hiver; de même le lever du soleil survient à la septième heure double qui suit son coucher. C'est pourquoi le sept est le nombre de la jeune lumière qui naît lorsque le six, nombre de l'obscurité, s'accroît d'une unité. Ainsi le mouvement parvient à l'arrêt.

L'Image


Le tonnerre au milieu de la terre :
Image du TOURNANT.
Ainsi les anciens rois fermaient les passes au moment du solstice.
Les marchands et les étrangers ne circulaient pas et le souverain ne voyageait pas à travers les régions.

Le solstice d'hiver a, depuis toujours, été célébré en Chine comme le temps du repos de l'année, coutume qui s'est encore maintenue dans le temps de repos observé à l'occasion de l'année nouvelle. En hiver, la puissance vitale- symbolisée par l'éveilleur, le tonnerre - est encore sous terre. Le mouvement est à ses tout premiers débuts. C'est pourquoi on doit encore le fortifier par le repos, afin de ne pas le gaspiller en en faisant un usage prématuré. Cette maxime prescrivant de permettre à l'énergie qui se renouvelle de se renforcer par le repos s'applique à toutes les situations analogues. La santé qui revient après une maladie, la compréhension qui renaît après un différend, tout doit être traité, à ses débuts, avec délicatesse et ménagements pour que le retour conduise à la prospérité.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Retour d'une courte distance.
Il n'est pas besoin de remords.
Grande fortune.

De légères déviations du bien ne peuvent être évitées. On doit seulement revenir à temps, avant d'être allé trop loin. Cela est particulièrement important dans le développement du caractère. Toute pensée mauvaise qui s'esquisse doit être écartée avant qu'on ne l'épouse trop pleinement et qu'on ne s'y affermisse. Ainsi le remords n'est pas nécessaire, et tout va très bien.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Retour paisible.
Fortune.

Le retour requiert toujours une résolution; c'est un acte de maîtrise de soi. Il est rendu plus facile quand on se trouve en bonne compagnie. Quand on peut s'amener soi-même à se soumettre à des hommes de bien et à se régler sur eux, cela apporte la fortune.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Retour répété.
Danger. Pas de blâme.

Il existe des êtres marqués par une certaine instabilité intérieure. Il leur faut sans cesse inverser la direction de leur volonté. Il y a un danger dans cet éloignement continuel du bien dû à des désirs non maîtrisés, auquel succède le retour à de meilleures résolutions. Toutefois, puisque de cette manière il ne se produit pas non plus d'enracinement dans le mal, une tendance générale à se corriger de ses défauts n'est pas exclue.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Marchant au milieu des autres on s'en retourne seul.

On se trouve au milieu d'une compagnie d'hommes vulgaires, mais on est intérieurement relié à un ami fort et bon. Par suite, on s'en retourne seul. Bien qu'il ne soit pas fait mention de récompense ou de peine, la situation est sûrement favorable, car une telle résolution tournée vers le bien porte en elle-même sa récompense.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Retour magnanime.
Pas de remords.

Quand vient le temps du retour, on ne doit pas s'abriter derrière de piètres excuses, mais rentrer en soi et s'examiner. Et si l'on a fait quelque chose d'erroné, on doit, avec une résolution magnanime, avouer sa faute. Nul n'aura à se repentir d'avoir suivi cette voie.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Retour manqué. Infortune.
Malheur au-dedans et au-dehors.
Si l'on fait marcher ainsi les armées, on subira finalement une grande défaite, désastreuse pour le souverain du pays.
Pendant dix ans on n'est plus en mesure d'attaquer.

Quand on laisse passer le temps du retour, on tombe dans le malheur. L'infortune est intérieurement causée par une fausse attitude face à l'ensemble de l'univers. L'infortune extérieure est la conséquence de cette position erronée. Ce qui est dépeint est l'endurcissement et la sentence qu'il attire.

 
HEXAGRAMME 25

L'Hexagrame


Wou Wang / L'Innocence (l'Inattendu)
En haut K'ien : Le Créateur.
En bas Tchen : L'Eveilleur, le Tonnerre.

En haut est K'ien, le créateur; en bas, Tchen, le mouvement. Le trigramme inférieur, Tchen, est sous l'influence du trait fort qu'il a reçu d'en haut, du ciel. Quand, conformément à cet état de choses, le mouvement suit la loi du ciel, l'homme est innocent et sans fausseté. C'est l'état pur et naturel, qui n'est pas troublé par des réflexions ou des arrière-pensées. En effet, partout où l'on observe un dessein, la vérité et l'innocence de la nature sont perdues. La nature sans les directives de l'esprit n'est pas la nature véritable, mais la nature dégénérée. A partir de la pensée de ce qui est naturel, l'association d'idées va partiellement plus loin encore, et l'hexagramme comprend en outre la notion d'imprévu, d'inattendu.

Le Jugement


L'INNOCENCE. Sublime réussite.
La persévérance est avantageuse.
Si quelqu'un n'est pas ce qu'il doit être il obtient l'infortune
et il n'est pas avantageux d'entreprendre quoi que ce soit.

L'homme a reçu du ciel la nature originelle bonne pour le diriger dans tous ses mouvements. En adhérant à ce principe divin en lui, l'homme atteint une pure innocence qui, sans s'arrêter à des pensées de récompense et d'intérêt, fait ce qui est juste, simplement, avec une sûreté instinctive. Cette sûreté instinctive opère une sublime réussite et favorise moyennant la persévérance. Cependant tout ce qui est instinctif n'est pas nature dans ce sens supérieur du terme, mais seulement ce qui est juste et en accord avec la volonté du ciel. Faute de cette justesse, l'activité instinctive irréfléchie ne produit que l'infortune. Le maître Koung Tseu dit à ce sujet : « Celui qui s'écarte de l'innocence, où parvient-il ? La volonté et la bénédiction du ciel n'accompagnent pas ses actes.  »

L'Image


Sous le ciel circule le tonnerre.
Toutes choses parviennent à l'état naturel D'INNOCENCE.
Ainsi les anciens rois, riches en vertu et accordés au temps, soignaient et nourrissaient tous les êtres.

Ainsi les anciens rois, riches en vertu et accordés 'au temps, soignaient et nourrissaient tous les êtres. Quand, au printemps, le tonnerre, la force vitale, se meut de nouveau sous le ciel, toutes choses germent et poussent et tous les êtres reçoivent de la nature créatrice l'innocence enfantine de l'essence originelle. C'est ainsi également que les bons souverains agissent parmi les hommes :
déployant la richesse intérieure de leur nature, ils prennent soin de toute vie et de toute civilisation et ils font en temps voulu tout ce que réclament leur entretien et leur progrès.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
La conduite innocente apporte la fortune.

Les premiers élans du cœur sont toujours bons, si bien qu'on peut les suivre avec confiance et être sûr d'avoir de la chance et d'atteindre son but.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Si, en labourant, on ne songe pas à la moisson et si, en défrichant, on ne songe pas à l'usage que l'on fera du champ, alors il est avantageux d'entreprendre quelque chose.

Tout travail doit être accompli pour lui-même, de la manière que le demandent le temps et le lieu, sans lorgner le résultat. Alors il réussit, et tout ce que l'on entreprend est couronné de succès

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Infortune imméritée.
La vache que l'on avait attachée est le gain du passant, la perte du villageois.

Une infortune imméritée et causée par un autre nous atteint parfois, un peu comme lorsqu'un homme passe sur le chemin et emmène avec lui une vache qui était attachée. Ce qui est gain pour lui est perte pour le propriétaire. En toutes choses, et même dans les affaires innocentes, on doit se conformer aux exigences de l'heure, sinon une infortune survient.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Celui qui est capable de se montrer persévérant demeure sans blâme.

Nous ne pouvons pas perdre ce qui nous appartient vraiment, même si nous le rejetons. C'est pourquoi l'on ne doit pas s'inquiéter. Il faut seulement veiller à demeurer fidèle à sa propre nature et à ne pas écouter les autres.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Dans une maladie imméritée il n'est pas besoin de médecine.
Elle passera bientôt d'elle-même.

Si par hasard il survient du dehors un mal inattendu qui n'a pas sa cause et son point d'appui dans la nature de l'homme, on ne doit pas recourir à des moyens extérieurs, mais laisser tranquillement la nature suivre son cours; alors les choses s'arrangeront d'elles-mêmes.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Une activité innocente apporte l'infortune.
Rien n'est avantageux.

Lorsqu'on est dans une situation où l'époque ne se prête plus au progrès, il importe d'attendre paisiblement et sans arrière-pensée. Si l'on agit d'une manière irréfléchie pour aller de l'avant contre le destin, on ne parviendra pas au succès.

 
HEXAGRAMME 26

L'Hexagrame


Ta Ch'ou / Le pouvoir d'Apprivoisement du Grand
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel

Le créateur est apprivoisé par l'immobilisation. Cela donne un grand pouvoir, tout à fait différent de celui du n° 9 où c'est seulement le doux qui apprivoise le créateur. Tandis que là-bas un seul trait faible doit apprivoiser cinq traits forts, ici il y en a deux : en plus du ministre, il y a aussi le prince. C'est pourquoi cet hexagramme est beaucoup plus puissant. Le signe renferme une triple signification : le ciel au milieu de la montagne fait naître l'idée de « tenir ferme » au sens de « maintenir ensemble ». Le trigramme Ken qui immobilise K'ien donne l'idée de« tenir ferme » au sens de « retenir ». Enfin, comme il y a en haut un trait fort qui est le maître de l'hexagramme, on a l'idée de « tenir ferme » au sens de « cultiver », « nourrir ». Cette dernière pensée vaut spécialement pour le maître de l'hexagramme, le trait supérieur, qui représente le sage.

Le Jugement


LE POUVOIR D'APPRIVOISEMENT DU GRAND. La persévérance est avantageuse.
Ne pas manger chez soi apporte la fortune.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

Pour concentrer et tenir fermement les grandes forces créatrices, comme c'est le cas dans cet hexagramme, on a besoin d'un homme fort et éclairé qui soit honoré par le souverain. Le trigramme K'ien indique le grand pouvoir créateur, le trigramme Ken, la fermeté et la vérité. L'un et l'autre traduisent la lumière, la clarté et le renouvellement quotidien du caractère. Ce n'est qu'en se renouvelant ainsi chaque jour, que l'on demeure au sommet de la puissance. Si durant les époques tranquilles le pouvoir de l'habitude aide à maintenir l'ordre, dans les temps où la puissance s'accumule tout dépend de la force de la personnalité. Mais puisque les hommes de mérite sont honorés, comme le prouve la forte personnalité à laquelle le souverain confie le gouvernement, il est favorable de ne pas manger chez soi, mais de gagner son pain en public en prenant une charge officielle. On est en harmonie avec le ciel : c'est pourquoi on réussira même dans des entreprises difficiles et dangereuses, comme la traversée des grandes eaux.

L'Image


Le ciel au milieu de la montagne :
Image du POUVOIR D'APPRIVOISEMENT DU GRAND.
Ainsi l'homme noble apprend à connaître un grand nombre de paroles de l'antiquité et d'actions du passé, pour affermir par là son caractère.

Le ciel au milieu de la montagne évoque des trésors cachés. Ainsi les paroles et les actions du passé renferment un trésor caché qui peut être employé à affermir et à élever le caractère. Telle est la manière correcte d'étudier : non se limiter au savoir historique, mais faire constamment de l'histoire une réalité actuelle en utilisant ses données.

Trait inférieur


Neuf au début signifie :
Le danger est là.
Il est avantageux de se tenir à distance.

On voudrait bien avancer vigoureusement, mais les circonstances s'y opposent et l'on se voit retenu. En voulant avancer malgré tout, on amènerait sur soi le malheur. C'est pourquoi mieux vaut se contenir et attendre que les forces accumulées s'ouvrent une issue.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Les essieux du char sont enlevés.

Le progrès est ici entravé comme dans le pouvoir d'apprivoisement du petit (. n° 9, Siao Tch'ou, neuf à la troisième place). Mais là, la puissance d'obstruction est faible et, par suite, un conflit s'élève entre la poussée et l'obstacle, Si bien que les rayons sautent, tandis qu'ici la force d'obstruction est nettement prédominante. Par suite, il n'y a pas de combat. On s'adapte et on commence par enlever les essieux de son char, c'est-à-dire que l'on se contente pour le moment d'attendre. De cette manière la force s'accumule et crée une tension qui conduira ultérieurement à un progrès énergique.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Un bon cheval qui en suit un autre.
La conscience du danger et la persévérance sont avantageuses.
Exerce-toi tous les jours à conduire le char et à manier les armes.
Il est avantageux d'avoir où aller.

La route s'ouvre. L'obstruction cesse. On est relié à une volonté forte qui agit dans la même direction. On avance comme un bon cheval qui en suit un autre. Mais le danger menace encore, et l'on doit en demeurer conscient pour ne pas se laisser ravir la fermeté. Ainsi, il faut s'exercer d'une part à ce qui fait avancer et d'autre part à ce qui protège contre une attaque imprévue, il est alors bon d'avoir un but vers lequel on tend.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
La planchette frontale d'un jeune taureau.
Grande fortune.

Ce sont ces traits et les suivants qui apprivoisent ceux qu'ils surmontent. Avant que les cornes aient poussé à un jeune taureau, on place sur son front une planchette afin que plus tard, quand les cornes commenceront d'apparaître, elles ne puissent plus blesser. C'est une bonne façon d'apprivoiser que de s'opposer à la nature sauvage avant qu'elle ne se soit exprimée. On obtient ainsi un succès facile et considérable.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
La défense d'un sanglier châtré.
Fortune.

On est ici parvenu indirectement à apprivoiser l'impétueuse poussée en avant. La défense d'un sanglier est dangereuse en elle-même, mais quand la nature du sanglier est modifiée, elle perd son caractère nocif. C'est ainsi que, chez les hommes, on ne doit pas combattre directement la nature sauvage, mais en ôter les racines

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
On parvient à la voie du ciel.
Succès.

Le temps de l'obstruction est passé. La force longtemps accumulée grâce aux obstacles se fraye un chemin et remporte un grand succès. C'est un sage qui est honoré du souverain et dont les maximes s'imposent et modèlent le monde.

 
HEXAGRAMME 27

L'Hexagrame


Yi / Les Commissures des Lèvres (L'Administration de la Nourriture)
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne.
En bas Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.

L'hexagramme est l'image d'une bouche ouverte : en haut et en bas, les traits fermes des lèvres et, entre eux, l'ouverture de la bouche. De l'image de la bouche par laquelle on prend les aliments on passe à l'idée de la nourriture elle-même. L'administration de la nourriture est utilisée pour représenter, dans les trois traits inférieurs, l'alimentation de soi-même et plus spécialement celle du corps, et dans les traits supérieurs l'alimentation et la culture des autres dans le domaine supérieur, celui de l'esprit.

Le Jugement


LES COMMISSURES DES LÈVRES.
La persévérance apporte la fortune.
Observe l'administration de la nourriture et ce qu'un homme recherche pour remplir sa propre bouche.

Quand on veille à la culture et à l'alimentation, il est important de s'occuper des personnes qui le méritent et de veiller à s'alimenter soi-même de la façon convenable. Si l'on veut connaître la nature de quelqu'un, il suffit d'observer à qui il prodigue ses soins et quelle partie de sa propre nature il cultive et il alimente. La nature nourrit tous les êtres. Le grand homme nourrit et protège les êtres de valeur afin de prendre soin de tous les hommes par leur intermédiaire. Mencius dit à ce sujet (VI, A, 14) : « Quand on veut savoir si quelqu'un a de la valeur ou non, il n'est que d'observer quelle partie de lui-même il considère comme particulièrement importante. Le corps a des parties nobles et des parties viles; il a des parties importantes et des parties secondaires. On ne doit pas causer de dommage à ce qui est important pour l'amour de ce qui est secondaire, ni à ce qui est noble pour l'amour de ce qui est vil. Celui qui cultive les parties viles de son être est un homme vil. Celui qui cultive les parties nobles de son être est un homme noble.  »

L'Image


Au pied de la montagne est le tonnerre :
Image de L'ADMINISTRATION DE LA NOURRITURE.
Ainsi l'homme noble est attentif à ses paroles et il est mesuré dans le manger et le boire.

« La divinité fait son apparition dans le trigramme de l'éveilleur.  » Quand, au printemps, les puissances vitales recommencent à se mouvoir, tous les êtres naissent à nouveau. « Elle s'accomplit dans le trigramme de l'immobilisation.  » Ainsi au début du printemps, quand les semences tombent dans la terre, toutes choses sont rendues prêtes. Cela fournit le modèle de l'administration de la nourriture au moyen du mouvement et de la tranquillité. Le sage y voit le modèle à suivre dans l'alimentation et la culture de son caractère. Les paroles sont un mouvement allant de l'intérieur vers l'extérieur. Le manger et le boire sont un mouvement qui va de l'extérieur vers l'intérieur. Les deux sortes de mouvements peuvent être tempérées par la tranquillité. La tranquillité fait que les paroles qui sortent de la bouche ne dépassent pas la mesure et que la nourriture qui entre dans la bouche ne dépasse pas la mesure. C'est ainsi que l'on cultive le caractère

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Tu laisses aller ta tortue magique et me regardes, les commissures des lèvres tombantes.
Infortune.

La tortue magique est un être qui n'a pas besoin de nourriture terrestre, mais possède un tel pouvoir magique qu'elle peut vivre d'air. L'image peut signifier quelqu'un qui, par nature et par position, pourrait vivre totalement libre et indépendant à partir de ses propres ressources. Au lieu de cela, il renonce à cette autonomie intérieure et lève les yeux avec envie et mécontentement vers d'autres extérieurement mieux placés que lui. Cette jalousie mesquine n'attire de la part des autres que dérision et mépris. Les résultats sont mauvais.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Se tourner vers le sommet pour l'alimentation, dévier du chemin pour rechercher de la nourriture venant de la colline.
Si l'on continue ainsi, cela apporte l'infortune.

L'attitude normale est de pourvoir soi-même à sa nourriture ou de se faire nourrir de la façon convenable par ceux dont c'est le devoir et le droit d'y veiller. Quand, par faiblesse intérieure, on n'est pas en état de subvenir à sa propre alimentation, il se crée facilement une inquiétude, étant donné qu'en recherchant la manière d'assurer notre subsistance nous laissons nos supérieurs nous accorder comme une faveur l'entretien de notre vie. Cela est indigne car, ce faisant, nous nous écartons de notre vraie nature. Une telle attitude mène à la longue à l'infortune.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Se détourner de la nourriture.
La persévérance apporte l'infortune.
N'agis pas ainsi pendant dix ans.
Rien n'est avantageux.

Celui qui recherche des aliments qui ne nourrissent pas tombe, pris de vertige, du désir dans le plaisir et, dans le plaisir, soupire après le désir. Une poursuite aveugle des satisfactions des sens ne conduit jamais au but. On ne doit jamais agir ainsi (dix ans est un cycle complet de temps). Il n'en sort rien de bon.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Se tourner vers le sommet pour obtenir de la nourriture amène la fortune.
Guetter, avec des yeux perçants, comme un tigre, dans un désir insatiable.
Pas de blâme.

Ce trait, à la différence du six à la 2e place où l'on montrait un homme uniquement préoccupé de son propre avantage, représente quelqu'un qui, de la position élevée qui est la sienne, s'efforce de faire briller sa lumière. Il a besoin pour cela de concours, car, à lui seul, il ne pourrait atteindre son but élevé. Plein de désir comme un tigre affamé, il est aux aguets pour trouver les hommes convenables. Toutefois il ne prend pas souci de lui-même mais de la collectivité et, pour cette raison, un tel zèle est sans tache.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Dévier du chemin.
Demeurer persévérant apporte la fortune.
On ne doit pas traverser les grandes eaux.

On est conscient de ses lacunes. On devrait se soucier de l'alimentation des hommes, mais on n'en a pas la force. On doit donc s'écarter de sa route habituelle et demander le conseil et l'aide d'un homme élevé spirituellement mais obscur extérieurement. Quand on cultive avec persévérance cette disposition, on obtient succès et fortune. Il importe seulement de demeurer conscient de sa dépendance. On ne doit pas se mettre personnellement en avant et vouloir entreprendre de grandes actions comme la traversée des grandes eaux.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
La source de l'alimentation.
La conscience du danger apporte la fortune.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

On est ici en présence d'un sage de l'espèce la plus élevée, de qui émanent toutes les influences qui pourvoient à l'alimentation des autres. Une telle position crée une lourde responsabilité. S'il en demeure conscient, il obtiendra la fortune et pourra entreprendre avec confiance des œuvres grandes et difficiles comme la traversée des grandes eaux. Ces œuvres amènent un bonheur général auquel il participe avec tous les autres.

 
HEXAGRAMME 28

L'Hexagrame


Ta Kouo / la Prépondérance du Grand
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac
En bas Souen : Le Doux, le Vent, le Bois

L'hexagramme est formé de quatre traits forts à l'intérieur et de deux traits faibles à l'extérieur. Quand les traits forts sont à l'extérieur et les traits faibles à l'intérieur, tout va bien, il n'y a pas d'excédent de poids, la situation ne comporte rien d'extraordinaire. Mais ici c'est l'inverse qui se produit. L'hexagramme représente une poutre épaisse et lourde au milieu, mais mince à ses extrémités. Cet état n'est pas durable. Il doit passer, se transformer, sinon le malheur menace.

Le Jugement


LA PRÉPONDÉRANCE DU GRAND.
La poutre faîtière ploie.
Il est avantageux d'avoir où aller.
Succès.

Le poids de ce qui est grand est excessif. La charge est trop lourde pour les forces qui doivent la supporter. La poutre faîtière, sur laquelle repose le toit tout entier, ploie parce que ses extrémités porteuses sont trop faibles pour la charge. L'heure et le lieu sont exceptionnels et réclament en conséquence des mesures extraordinaires si l'on veut triompher. Aussi il est nécessaire d'agir pour trouver au plus vite une voie de transition. Il y a là une promesse de succès, car, bien que le fort soit en excédent, il occupe le milieu, c'est-à-dire le centre de gravité, si bien que n'y a pas à craindre de révolution. Les mesures de violence ne mènent en vérité à rien. Il faut défaire les nœuds en pénétrant doucement le sens de la situation - ce qu'évoque la signification du trigramme inférieur Souen; alors le passage à d'autres conditions réussira. Cela exige une réelle supériorité : c'est pourquoi le temps où ce qui est grand prédomine est une époque importante.

L'Image


Le lac s'élève au-dessus des arbres :
Image de la PRÉPONDÉRANCE DU GRAND.
Ainsi l'homme noble n'est pas inquiet quand il est seul et il n'est pas découragé quand il doit renoncer au monde.

Les temps exceptionnels où ce qui est grand prédomine ressemblent à une inondation où le lac s'élève au-dessus des arbres. Mais de telles situations sont passagères. Chacun des trigrammes indique la conduite à tenir dans ces moments : l'image de Souen est l'arbre qui tient bon même s'il est isolé, et l'attribut de Touei est la sérénité joyeuse qui ne se décourage jamais, même si elle doit renoncer au monde.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Etendre des tiges de roseau blanches.
Pas de blâme.

Lorsqu'on doit entreprendre une action en des temps exceptionnels, on doit user de précautions extraordinaires, comme un homme qui s'apprête à peser quelque chose de lourd sur le sol étend d'abord avec précaution des roseaux afin de ne rien briser. Cette prudence peut sembler « excessive, mais elle ne constitue pas une faute. Une entreprise extraordinaire ne peut réussir que moyennant une extrême prudence dans les débuts, et les principes.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Un peuplier desséché pousse un rejeton.
Un homme d'un certain âge prend une jeune femme.
Tout est avantageux.

Le bois se trouve au bord de l'eau; de là l'image d'un vieux peuplier qui pousse un rejeton. C'est une réanimation exceptionnelle du processus de croissance. La même situation exceptionnelle se présente lorsqu'un homme d'un certain âge prend pour femme une jeune fille qui lui convient. Malgré le caractère inhabituel de la situation, tout va bien. Au point de vue politique, le sens est que, dans des circonstances exceptionnelles, on a avantage à traiter avec les hommes de basse condition, car c'est en eux que réside la possibilité d'un renouveau.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
La poutre faîtière se rompt.
Infortune.

L'oracle représente une personnalité qui, à une époque où ce qui est grand domine, veut passer à toute force. Il ne prend pas conseil des autres et, par suite, les autres ne sont pas non plus disposés à le protéger. En conséquence le poids augmente jusqu'à ce que tout ploie ou se brise. En des temps dangereux, l'activité personnelle ne fait que hâter l'effondrement.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La poutre faîtière est étayée.
Fortune.
S'il existe des arrière-pensées, c'est humiliant.

Des rapports amicaux avec les inférieurs permettent à un homme chargé de responsabilités de devenir maître de la situation. Mais s'il voulait abuser de ses relations pour s'acquérir personnellement pouvoir et succès au lieu de veiller au salut commun, ce serait une source d'humiliation,

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Un peuplier flétri produit des fleurs.
Une femme d'un certain âge prend un mari.
Pas de blâme. Pas de louange.

Un peuplier flétri qui produit des fleurs épuise par là sa force et ne fait que hâter sa fin. Une femme, bien que d'un certain âge, prend un mari. Mais aucun renouvellement ne survient. Tout demeure stérile. Ainsi, quoique tout se passe suivant des formes honorables, l'anomalie persiste. Sur le plan politique, il est montré par là que si, en des temps incertains, on renonce à s'allier avec les inférieurs, on crée ainsi une situation qui n'est pas durable.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Il faut traverser les eaux.
Elles arrivent plus haut que la tête.
Infortune.
Pas de blâme.

La situation indiquée ici est celle où l'extraordinaire est porté à son comble. On est courageux et l'on veut à tout prix venir à bout de sa tâche. On se met ainsi en danger. On se trouve submergé par l'eau. C'est l'infortune. Toutefois abandonner la vie en voulant faire triompher ce qui est bon et bien n'entraîne pas de blâme. Il est des choses plus importantes que la vie.

 
HEXAGRAMME 29

L'Hexagrame


K'an / L'Insondable, l'Eau
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

L'hexagramme se compose de la répétition du trigramme K'an. C'est un des hexagrammes doubles. Le trigramme K'an signifie l'action de s'enfoncer brusquement. Un trait yang est enfoncé entre deux traits yin et il se trouve enfermé par eux comme l'eau dans une gorge étroite. C'est le fils cadet. Le réceptif a acquis le trait yang médian du créateur; ainsi naît K'an. Ce trigramme a pour image l'eau en tant qu'elle vient d'en haut et circule sur la terre dans les rivières et les fleuves, étant ainsi la cause de la vie sur la terre. Appliqué aux hommes, K'an représente le coeur, l'âme où la vie est enfermée dans le corps, la lumière contenue dans les ténèbres, la raison. Le trigramme étant répété, le signe entier a le sens supplémentaire de « répétition du danger ». Il veut désigner par là une situation objective à laquelle on doit s'accoutumer et non une disposition subjective. Car le danger en tant que disposition subjective signifie témérité ou perfidie. C'est pourquoi le danger est également représenté par une gorge montagneuse, c'est-à-dire un état où l'on se trouve comme l'eau dans une gorge et d'où l'on sort de la même manière que l'eau si l'on adopte la conduite correcte.

Le Jugement


L'INSONDABLE répété.
Si tu es sincère, tu obtiens le succès dans ton cœur et ce que tu fais réussit.

La répétition du danger fait que l'homme s'y accoutume. L'eau donne l'exemple de l'attitude juste dans de telles circonstances. Elle continue toujours à s'écouler et remplit juste à point et pas davantage tous les endroits par où elle coule; elle ne s'effraie devant aucun endroit dangereux ni aucune chute et rien ne lui fait perdre sa nature essentielle. Elle demeure en toutes circonstances égale à elle-même. C'est ainsi que la sincérité agit dans les circonstances difficiles, de telle sorte que, dans l'intimité de son coeur, on pénètre le sens de la situation. Et dès qu'on est devenu intérieurement maître de la situation, il en découle tout naturellement que les actions extérieures sont couronnées de succès. Ce qui compte, dans le danger, lest la profondeur morale qui accomplit effectivement tout ce qui doit être fait, ainsi que la marche en avant grâce à laquelle on ne succombera pas au danger pour s'y être attardé. Utilisé de façon active, le danger peut revêtir une signification importante en tant que mesure de protection. Ainsi le ciel possède sa périlleuse élévation qui le protège contre toute tentative d'attaque. Ainsi la terre possède ses montagnes et ses eaux qui séparent les pays grâce aux dangers qu'elles renferment. Le souverain utilise également le danger comme mesure de protection pour se préserver de toute attaque au-dehors et de toute agitation au-dedans.

L'Image


L'eau coule sans interruption et atteint son but :
Image de L'INSONDABLE répété.
Ainsi l'homme noble marche dans la vertu durable et exerce la fonction de l'enseignement.

L'eau atteint son but en coulant sans interruption. Elle remplit chaque creux avant de continuer son cours. Ainsi fait l'homme noble. Il attache du prix à ce que le bien devienne une propriété solide du caractère et ne demeure pas l'effet du hasard et du moment. Quand on instruit les autres, tout dépend également de l'esprit de suite. Car ce n'est que par la répétition que la matière enseignée devient le bien de l'élève.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Répétition de l'insondable.
Dans l'abîme on tombe dans un gouffre.
Infortune.

L'accoutumance au danger fait que l'homme en arrive facilement à ce que celui-ci devienne une part de lui-même. Il se familiarise avec lui et s'habitue au mal : Il a ainsi perdu le bon chemin et l'infortune est la conséquence naturelle de cette situation.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
L'abîme est dangereux.
On doit seulement s'efforcer d'atteindre de petites choses.

Dans une situation périlleuse il ne faut pas essayer immédiatement de s'échapper à tout prix, mais on doit tout d'abord se tenir pour satisfait si l'on n'est pas vaincu par le danger. On doit considérer calmement les circonstances de l'heure et se contenter de petites choses, puisqu'un grand succès ne peut être obtenu. La source, elle aussi, coule d'abord en mince filet, et il lui faut du temps pour se frayer un chemin vers l'espace libre.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Devant et derrière abîme sur abîme.
Dans un tel danger fais d'abord une pause, sinon tu tomberas dans l'abîme, dans un gouffre.
N'agis pas ainsi.

Tout pas en avant ou en arrière met en danger. On ne peut songer à s'échapper. C'est pourquoi il ne faut pas se laisser entraîner à agir, car on ne ferait que s'enfoncer plus profondément encore. Mais on doit, si désagréable qu'il soit de rester dans une telle situation, s'arrêter tout d'abord jusqu'à ce qu'une issue se dessine.

 

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Une cruche de vin, un bol de riz avec, des vases de terre simplement tendus par la fenêtre.
Il n'y a certainement pas de blâme à cela.

A l'heure du danger, les formes cérémonieuses disparaissent. L'essentiel est une disposition intérieure sincère. Il est d'usage qu'avant d'être engagé un fonctionnaire présente des cadeaux d'introduction et des recommandations. Ici tout est simplifié à l'extrême. Les présents sont maigres; il n'y a personne pour recommander le candidat. Celui-ci se présente seul, et pourtant il n'a pas à rougir s'il a seulement en vue le dessein honorable d'une aide mutuelle dans le danger. Une autre idée encore se trouve suggérée : la fenêtre est l'endroit par lequel la clarté entre dans la pièce. Si l'on veut offrir ses lumières à quelqu'un dans une situation difficile, il faut commencer par ce qui est parfaitement clair et procéder simplement à partir de ce point.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
L'abîme n'est pas rempli à déborder, il est seulement rempli jusqu'au bord.
Pas de blâme.

Le danger provient de ce que l'on veut aller trop haut. L'eau ne s'accumule pas dans la gorge mais monte seulement jusqu'au point le plus haut du bord pour en sortir. Ainsi, dans le danger, il n'est que de s'avancer sur la ligne de moindre résistance; on atteint alors le but. En de telles périodes de grandes actions ne peuvent être menées à bien. C'est assez si l'on parvient à sortir du danger.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Lié avec des cordes et des câbles, enfermé entre les murs d'une prison hérissés de pointes.
Pendant trois ans on ne peut trouver sa route. Infortune.

Un homme qui a perdu le bon chemin dans l'extrême danger et qui est ligoté dans ses péchés n'a aucune perspective de sortir de sa situation périlleuse. Il ressemble à un criminel assis dans les chaînes derrière les murs d'une prison hérissés de pointes.

 
HEXAGRAMME 30

L'Hexagrame


Li / Ce qui s'attache, le Feu
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

L'hexagramme est double. Le trigramme Li signifie « s'attacher à quelque chose », « être conditionné », « reposer sur quelque chose », « clarté ». Un trait sombre s'attache à un trait lumineux par-dessus et par-dessous, image d'un espace vide entre deux traits forts, ce qui les rend clairs tous deux. C'est la fille cadette. Le créateur a pris en lui le trait central du réceptif, et c'est ainsi que naît Li. Comme image, c'est le feu. Le feu n'a pas de forme déterminée, mais il s'attache aux corps qui brûlent et, ainsi, est lumineux. De même que l'eau descend du ciel, le feu monte en flamboyant de la terre. Tandis que K'an signifie l'âme enfermée dans le corps, Li indique la nature dans son éclat.

Le Jugement


CE QUI S'ATTACHE.
La persévérance est avantageuse.
Elle amène le succès.
Soigner la vache amène la fortune.

L'obscurité s'attache à ce qui est lumineux et en parachève ainsi la clarté. Un corps lumineux qui répand la clarté a besoin d'avoir, à l'intérieur, quelque chose qui persévère pour éviter d'être entièrement consumé et briller d'une façon durable. Tout ce que le monde contient de brillant dépend d'un élément auquel il s'attache afin de pouvoir briller durablement. Ainsi le soleil et la lune sont attachés au ciel; les céréales, l'herbe et les arbres sont attachés à la terre. De même, la clarté redoublée de l'homme élu s'attache à ce qui est juste et peut ainsi modeler le monde. Lorsque l'homme, qui est présent dans le monde dans une situation conditionnée et non autonome, reconnaît cette dépendance, il se soumet par là aux puissances harmonieuses et bonnes de l'univers et obtient la réussite. La vache est le symbole de l'extrême docilité. En cultivant en lui cette docilité et cette dépendance volontaire, l'homme parvient à la clarté sans vivacité excessive et trouve sa place dans le monde.

L'Image


La clarté s'élève deux fois :
Image du FEU.
Ainsi le grand homme éclaire les quatre régions du monde en perpétuant cette clarté.

Chacun des deux trigrammes représente le soleil dans un cycle journalier. On a donc ici un mouvement répété du soleil. Par là se trouve indiquée l'action de la lumière considérée dans le temps. Le grand homme continue l'œuvre de la nature dans le monde des hommes. Grâce à la clarté de son être, il fait que la lumière s'étend toujours davantage et pénètre toujours plus avant dans la nature de l'homme.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Les traces de pas s'entrecroisent.
Si l'on demeure sérieux, pas de blâme.

Il est la première heure du matin. Le travail commence. Après que l'âme s'est trouvée isolée du monde extérieur , dans le sommeil, les relations avec le monde recommencent à s'établir. Les traces des impressions s'entrecroisent. L'activité et la hâte règnent. Il est alors important de conserver le recueillement intérieur et de ne pas se laisser emporter par l'agitation de la vie. Lorsqu'on est grave et recueilli, on parvient à la clarté nécessaire pour affronter les nombreuses impressions qui nous assaillent. C'est précisément au commencement qu'une telle gravité recueillie est importante, car le commencement contient les germes de tout ce qui viendra ensuite.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Lumière dorée. Suprême fortune.

Le milieu du jour est atteint. Le soleil brille dans une lumière dorée. L'or est la couleur du milieu et de la mesure. La lumière dorée est par conséquent l'image d'une civilisation et d'un art accomplis dont l'harmonie suprême est faite de mesure.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Dans la lumière du soleil couchant, les hommes, ou bien frappent sur le chaudron et chantent, ou bien gémissent tout haut sur l'approche de la vieillesse.
Infortune

Voici la fin du jour. La lumière du soleil couchant rappelle le caractère conditionné et passager de la vie. Dans cette dépendance extérieure, les hommes perdent aussi la plupart du temps leur liberté intérieure. Ou bien la nature transitoire de l'existence les incite à une gaîté débridée afin de jouir de la vie pendant qu'elle est encore là, ou bien ils se laissent aller au chagrin et gâchent leur temps précieux à se lamenter sur l'approche de la vieillesse. L'une et l'autre attitude sont mauvaises. Pour l'homme noble, il est indifférent que la mort soit proche ou lointaine. Il cultive sa personne, attend son lot et affermit ainsi son destin.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Son arrivée est soudaine.
Il s'embrase, meurt, est rejeté.

La clarté de l'intelligence a les mêmes rapports avec la vie que le feu avec le bois. Le feu s'attache au bois, mais en même temps il le consume. La clarté de l'intelligence a sa racine dans la vie, mais elle peut aussi consumer la vie. Il s'agit donc de savoir comment fonctionne cette clarté. On a ici l'image d'un météore ou d'un feu de paille. Un homme au caractère excitable et inquiet s'élève rapidement mais ne laisse pas d'effets durables. Dans ces conditions, il est mauvais de se dépenser trop vite et de se consumer comme un météore.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Il pleure dans les fleuves, gémit et se lamente.
Fortune.

C'est ici le sommet de la vie. S'il ne recevait pas d'avertissement, l'homme dans cette position se consumerait comme une flamme. Lorsqu'au lieu de cela il renonce à la crainte et à l'espoir, contemple le néant de toutes choses, soupire, gémit et s'efforce de conserver sa clarté intérieure, cette tristesse se change en fortune. Il s'agit ici d'une véritable conversion et non d'un changement éphémère comme c'était le cas avec le neuf à la 3° place.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Le roi l'emploie pour monter la garde et pour châtier.
Il vaut mieux alors tuer les chefs et faire prisonniers ceux qui les suivent. Pas de blâme.

Le but du châtiment est de créer la discipline et non d'imposer des peines aveugles. Il faut guérir le mal à la racine. Dans la vie de la cité, il importe de se débarrasser des chefs des complots, mais d'épargner leurs compagnons. Dans l'œuvre du perfectionnement de soi, il importe d'extirper les mauvaises habitudes, mais de tolérer celles qui sont inoffensives. Car une ascèse trop rude, tout comme un châtiment trop brutal, ne mène à rien de bon.

 
HEXAGRAMME 31

L'Hexagrame


Hien / Influence (la Demande en Mariage)
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

Le nom de l'hexagramme signifie « universel », « général » et, au sens figuré, « influencer », « exciter ». Le trigramme supérieur est Touei, le joyeux; l'inférieur, Ken, l'immobilisation. Le trigramme fort du bas émeut le trigramme faible du haut en exerçant sur lui une action persistante tendant à l'arrêter, et le second trigramme répond joyeusement et dans l'allégresse à l'invite du premier. Le trigramme inférieur, Ken, est le plus jeune fils; le trigramme supérieur, Touei, la plus jeune fille. Ainsi se trouve représentée l'attraction naturelle des sexes l'un pour l'autre. L'homme doit dans ce domaine prendre l'initiative et se placer au-dessous de la femme en la demandant en mariage. De même que la première partie du livre commence par les hexagrammes du ciel et de la terre, en tant que fondements de tout ce qui existe, la seconde débute par l'hexagramme représentant la demande en mariage et les épousailles, en tant que fondement de la vie sociale.

Le Jugement


L'INFLUENCE. SUCCÈS.
La persévérance est avantageuse.
Prendre une jeune fille pour femme apporte la fortune.

L'élément faible est au-dessus, l'élément fort au-dessous; ils attirent donc mutuellement leurs forces jusqu'à s'unir. Cela crée le succès. Toute réussite repose en effet sur l'action d'attractions mutuelles. L'immobilité intérieure accompagnant la joie extérieure fait que la joie n'excède pas la mesure mais demeure dans de justes limites Tel est le sens de l'avis ajouté : « La persévérance est avantageuse », car c'est en cela que la cour faite en vue du mariage, où l'homme fort se place au-dessous de la faible femme, se distingue de la séduction. Cette attraction suivant les affinités électives constitue une loi générale de la nature. Le ciel et la terre s'attirent mutuellement et tous les êtres viennent à l'existence. Le sage opère sur le coeur des hommes au moyen d'une attraction analogue, et la paix s'établit dans l'univers. On peut reconnaître la nature de toutes choses dans le ciel et sur la terre d'après les attractions qu'elles exercent.

L'Image


Sur la montagne est un lac :
Image de L'INFLUENCE.
Ainsi le sage par sa capacité d'accueil fait que les hommes s'approchent de lui.

La montagne au sommet de laquelle se trouve un lac est stimulée par l'humidité de ce dernier. Elle doit cet avantage au fait que son sommet n'est pas saillant mais creusé. L'image donne le conseil de se tenir intérieurement abaissé et libre, de manière à demeurer réceptif aux bons conseils. Les hommes cessent vite de conseiller celui qui en sait plus dans tous les domaines.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
L'influence se manifeste dans le gros orteil

Avant qu'un mouvement se réalise, il se manifeste dans le gros orteil. L'idée de l'influence est déjà présente. Mais au début elle n'est pas apparente pour les autres. Tant que l'intention n'a pas encore produit d'effets visibles elle ne revêt pas d'importance pour le monde extérieur et ne mène ni au bien ni au mal.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
L'influence se manifeste dans les mollets.
Infortune.
S'attarder apporte la fortune.

Le mollet suit le pied dans le mouvement. Il ne peut pas avancer de lui-même et ne peut pas non plus demeurer seul en place. C'est un mouvement qui n'est pas autonome et, parce qu'il n'est pas autonome, il amène l'infortune. On doit attendre paisiblement jusqu'à ce que l'on soit conduit par une influence effective. On demeure alors exempt de dommage.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'influence se manifeste dans les cuisses.
Se tient à ce qui le suit.
Continuer est humiliant.

Toute disposition du cœur nous excite à un mouvement. Là où se porte le désir du cœur, les cuisses courent sans hésitation; elles sont en relation étroite avec le cœur, qu'elles suivent. Mais, appliquée à la vie humaine, cette manière de se mettre tout de suite en mouvement sous l'influence d'une humeur n'est pas la bonne; elle mène à la longue à l'humiliation. L'idée qui découle de là est triple : on ne doit pas se mettre immédiatement à courir après les personnes sur lesquelles on voudrait exercer de l'influence, mais dans certains cas il faut pouvoir se retirer. On ne doit pas davantage céder sur-le-champ à toutes les humeurs des gens au service desquels on se trouve. Et enfin, face aux dispositions de son propre cœur, on ne doit pas négliger la possibilité de refrènement sur laquelle repose la liberté humaine.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La persévérance apporte la fortune.
Le remords disparaît.
Quand un homme est agité et que ses pensées vont et viennent, seuls suivent les amis vers lesquels il dirige des pensées conscientes.

La place du cœur est ici atteinte. L'impulsion qui en sort est la plus importante. Il faut veiller particulièrement à ce que l'influence soit constante et bonne; alors, malgré le danger que fait naître la grande mobilité du cœur humain, il n'y a plus nécessairement de remords. Quand la force paisible de la personnalité d'un homme opère, les effets produits sont normaux. Tous les hommes qui sont réceptifs aux vibrations d'un tel esprit sont alors influencés. L'action sur les autres ne doit pas prendre la forme d'un travail conscient et voulu en vue de les manier. Une telle agitation consciente provoque en effet un état d'émotion et l'on s'use, éternellement ballotté entre des sentiments fluctuants. En outre, les effets sont alors limités à ceux vers qui l'on dirige ses pensées de façon consciente.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
L'influence se manifeste dans la nuque.
Pas de remords

La nuque est la partie la plus immobile du corps. Quand l'influence s'y manifeste, la volonté demeure ferme et l'influence ne conduit pas à la confusion. C'est pourquoi il n'est pas ici question de remords. Ce qui se produit dans les profondeurs de l'être, dans le subconscient, ne peut être ni provoqué, ni empêché par l'âme consciente. Il est vrai que si quelqu'un n'est pas influençable il ne peut pas non plus influencer le monde extérieur.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
L'influence se manifeste dans les mâchoires, les joues et la langue.

La façon la plus superficielle de vouloir exercer de l'influence sur les autres est le pur bavardage derrière lequel il n'y a rien. Une telle excitation produite par les mouvements des organes de la parole demeure nécessairement insignifiante. C'est pourquoi rien n'est ajouté concernant le bonheur ou le malheur.

 
HEXAGRAMME 32

L'Hexagrame


Hong / La Durée
En haut Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre
En bas Souen : Le Doux, le Vent

Le trigramme fort Tchen est au-dessus, le trigramme faible Souen, au-dessous. Cet hexagramme est l'inverse du précédent : là l'influence, ici l'union comme état durable. Les images sont celles du tonnerre et du vent qui sont également des phénomènes associés de façon constante. Le trigramme inférieur indique douceur au-dedans, le trigramme supérieur, mouvement au-dehors.
Si nous appliquons l'hexagramme aux rapports sociaux, nous sommes en présence de l'institution matrimoniale comme union durable des sexes. Lors de la demande en mariage, le jeune homme se tenait placé au-dessous de la jeune fille. Par contre, dans le mariage qui est représenté par la réunion du fils aîné et de la fille aînée, l'homme est à l'extérieur fournissant direction et impulsion, tandis que la femme demeure à l'intérieur, douce et obéissante.

Le Jugement


LA DURÉE.
Succès. Pas de blâme.
La persévérance est avantageuse.
Il est avantageux d'avoir où aller.

La durée est un état dont le mouvement n'est pas annihilé par les obstacles. Ce n'est pas un état de repos, car la pure immobilité est recul. La durée est plutôt un mouvement s'accomplissant suivant des lois déterminées, refermé sur lui-même et, par suite, se renouvelant sans cesse, d'un tout organisé et fortement centré sur lui-même, dans lequel toute fin est suivie d'un nouveau commencement. La fin est atteinte par le mouvement vers l'intérieur, l'inspiration du souffle, la systole, la concentration. Ce mouvement se change en un nouveau début dans lequel il est dirigé vers l'extérieur : c'est l'expiration du souffle, la diastole, l'expansion. C'est de cette manière que les corps célestes accomplissent leur course dans le ciel et peuvent en conséquence briller d'une manière durable. Les saisons se déroulent suivant une loi fixe de changement et de transformation et peuvent par suite œuvrer durablement. Ainsi l'homme qui a entendu l'appel incarne une signification durable dans sa manière de vivre et le monde reçoit par là une forme. A partir de ce en quoi les choses puisent leur durée, il est possible de reconnaître la nature de tous les êtres dans le ciel et sur la terre.

L'Image


Tonnerre et vent :
Image de la DURÉE.
Ainsi l'homme noble conserve une attitude ferme et ne change pas de direction.

Le tonnerre roule et le vent souffle. L'un et l'autre représentent un phénomène extrêmement mobile, si bien que leur apparence est à l'opposé de la durée. Toutefois leur apparition et leur disparition, leur mouvement d'aller et de retour suivent des lois durables. Ainsi l'autonomie de l'homme noble ne consiste pas en ce qu'il serait rigide et immobile. Il suit toujours le temps et se transforme avec lui. Ce qui dure est la direction ferme, la loi interne de son être qui détermine toutes ses actions.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Vouloir trop vite la durée apporte une constante infortune.
Rien qui soit avantageux

On ne peut créer quelque chose de durable que par un long travail et une méditation assidue. Lao Tseu dit dans ce sens : « Si l'on veut comprimer quelque chose, il faut d'abord le laisser se dilater comme il faut.  » Celui qui exige trop du premier coup fait preuve de précipitation, et, parce qu'il veut trop avoir, il n'obtient finalement rien du tout

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Le remords disparaît.

La situation est anormale. La force du caractère est plus grande que la puissance matérielle dont on dispose. Peut-être pourrait-on craindre alors de se laisser entraîner à une entreprise au-dessus de ses forces, mais, comme c'est le temps de la durée, on parvient à maîtriser l'énergie intérieure, si bien que tout excès est évité. Ainsi disparaît l'occasion de remords.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Celui qui ne procure pas la durée à son caractère rencontre la disgrâce.
Humiliation persistante.

Quand un homme est mû intérieurement par des sentiments provenant du monde extérieur et créés par la crainte et l'espérance, il oublie la logique interne du caractère. Une telle inconséquence intérieure conduit à la longue à des expériences douloureuses. Ces humiliations viennent souvent d'un côté auquel on n'avait pas songé. Ce ne sont pas tant des effets du monde extérieur que des connexions régulières déterminées par notre propre nature.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il n'y a pas de gibier dans le champ.

Quand à la chasse on veut faire mouche, il faut commencer de la manière convenable. Si l'on persiste à courir après le gibier en un endroit où il n'y en a pas, on peut attendre longtemps avant de le trouver. La durée dans la recherche ne suffit pas. Si l'on ne cherche pas de la manière correcte on ne trouvera pas.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Donner de la durée à son caractère par la persévérance est source de fortune pour la femme et d'infortune pour l'homme.

Une femme doit toute sa vie suivre un homme, mais l'homme doit s'en tenir à chaque instant à ce qui est son devoir. S'il voulait régler de façon constante sa conduite sur la femme, ce serait pour lui une faute. De même il est excellent pour la femme d'adopter une attitude conservatrice à l'égard des usages reçus; par contre, l'homme doit demeurer mobile et prêt à s'adapter et à ne se laisser déterminer à chaque instant que par ce que son devoir réclame.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
La hâte comme état durable apporte l'infortune.

Il y a des êtres qui sont dans un état perpétuel de hâte sans trouver le repos à l'intérieur d'eux-mêmes. Non seulement la hâte empêche toute profondeur morale, mais elle devient bientôt un danger si elle règne à la place directrice.

 
HEXAGRAMME 33

L'Hexagrame


Touen / La Retraite
En haut K'ien : Le Créateur
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

La puissance de l'ombre est conçue comme ascendante. La lumière se retire devant elle pour se mettre en sûreté, de sorte que l'obscurité n'a pas de prise sur elle. Il ne s'agit pas, dans la retraite, d'une action qui relève de la volonté humaine, mais d'une loi naturelle. C'est pourquoi se retirer constitue, dans ce cas, la façon correcte d'agir, qui n'use pas les forces

Le Jugement


LA RETRAITE.
Succès.
Dans les petites choses la persévérance est avantageuse.

La situation est telle que les forces hostiles avancent, favorisées par l'époque. Dans ce cas la retraite est l'attitude correcte, et c'est précisément par elle que l'on parvient au succès. Celui-ci consiste en ce que l'on peut se retirer de la façon correcte. La retraite ne doit pas être confondue avec la fuite qui est un simple sauve-qui-peut. La retraite est un signe de force. On ne doit pas laisser passer le bon moment tant qu'on demeure en possession de sa force et de sa position. On sait alors interpréter en temps voulu les signes de l'époque et se préparer à une retraite provisoire au lieu d'engager un combat désespéré à la vie ou à la mort. Ainsi l'on n'abandonne pas purement et simplement le champ de bataille à l'adversaire, mais on lui rend l'avance difficile en manifestant encore de la résistance en des points isolés. De cette manière on prépare déjà la contre-offensive dans la retraite. Comprendre la loi d'une telle retraite active n'est pas aisé. La signification que recèle un tel moment est importante.

L'Image


Sous le ciel est la montagne :
Image de la RETRAITE
Ainsi l'homme noble tient le vulgaire à distance, sans colère mais avec mesure.

La montagne se dresse sous le ciel, mais il est dans sa nature de finir par s'arrêter. Par contre le ciel se retire vers le haut devant elle, de sorte qu'il demeure hors d'atteinte. C'est l'image de la manière dont l'homme noble se conduit à l'égard de l'homme vulgaire qui s'élève. Il se retire devant lui et se recueille en lui-même. Il ne le hait pas, car la haine est une sorte de participation par laquelle on se lie à l'objet haï. L'homme noble manifeste de la force (le ciel) en contraignant l'homme vulgaire à l'immobilité (la montagne) par sa réserve.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
À la queue pendant la retraite; cela est dangereux.
L'on ne doit pas vouloir entreprendre quelque chose.

Comme l'hexagramme illustre quelque chose qui se retire, le premier trait est la queue et le trait supérieur, la tête. Au cours de la retraite, il est avantageux d'être devant. Ici on est à l'arrière, en contact direct avec les poursuivants hostiles. Il y a là du danger. Dans de telles circonstances périlleuses il n'est pas indiqué d'entreprendre une affaire. C'est en s'arrêtant qu'on a le plus de chances d'échapper au danger qui menace.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Il le tient solidement avec une peau de bœuf jaune.
Personne ne peut lui faire lâcher prise.

Le jaune est la couleur du milieu. Il indique ce qui est correct, conforme au devoir. Le cuir du bœuf est solide et indéchirable. Tandis que les hommes nobles se retirent et que les hommes vulgaires les poursuivent, on montre l'un de ceux-ci s'accrochant aux hommes supérieurs si fermement et avec une telle ténacité qu'ils ne peuvent se débarrasser de lui. Et parce que ce qu'il veut est juste et qu'il est ferme dans son vouloir, il atteint son but . C'est ainsi que ce trait confirme la parole du jugement : « Dans ce qui est petit (c'est-à-dire, dans le cas présent : « Pour les hommes vulgaires ») la persévérance est avantageuse.  »

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Une retraite interrompue est pénible et dangereuse.
Conserver des gens comme valets et servantes apporte la fortune.

Lorsque le moment est venu de se retirer et que l'on est retenu, on se trouve dans une situation fâcheuse et pleine de danger, car on est privé de sa liberté d'action. Dans un tel cas, la seule solution consiste à prendre en quelque sorte à son service les hommes qui ne nous laissent pas aller, afin de conserver tout au moins l'initiative et ne pas passer sans défense en leur pouvoir. Pourtant, même s'il y a là une issue, la situation n'a rien de plaisant. Car que peut-on accomplir avec de tels serviteurs ?

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La retraite volontaire procure à l'homme noble la fortune, et la ruine à l'homme vulgaire.

Lorsqu'il faut se retirer, l'homme élevé s'applique à accepter la séparation de bon cœur et en toute amitié. En outre, il n'a pas de peine à s'adapter intérieurement à la retraite parce qu'il n'a pas à faire en cela violence à ses convictions. Le seul qui ait à souffrir de cette situation est l'homme vulgaire dont il s'éloigne et dont, sans sa direction, l'état doit se détériorer.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Retraite amicale.
La persévérance amène la fortune.

C'est l'affaire de l'homme noble que de reconnaître à temps que l'heure de la retraite est arrivée. Quand on choisit le moment opportun pour se retirer, l'opération peut s'accomplir dans des formes amicales sans donner lieu à des explications fâcheuses. Mais bien qu'il soit indispensable d'observer les formes extérieures, la fermeté absolue de la résolution est nécessaire pour éviter qu'on ne se laisse égarer par des considérations hors de propos.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Retraite joyeuse.
Tout est avantageux.

La situation est sans équivoque. Le détachement intérieur est un fait acquis. On a par suite la liberté de s'en aller. Quand on voit son chemin devant soi d'une façon si claire et si indubitable, il s'instaure dans l'âme une tranquillité joyeuse qui élit ce qui est juste sans balancer davantage. Une telle voie clairement tracée mène toujours au bien.

 
HEXAGRAMME 34

L'Hexagrame


Ta Chouang / La Puissance du Grand
En haut Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel

Les grands traits, c'est-à-dire les traits lumineux, forts, sont puissants. Quatre traits lumineux sont entrés dans l'hexagramme par le bas et s'apprêtent à poursuivre leur ascension. Le trigramme supérieur est Tchen, l'éveilleur; le trigramme inférieur est K'ien, le créateur. Le créateur est fort, l'éveilleur excite le mouvement. L'union du mouvement et de la force donne le sens de « puissance de ce qui est grand ». Cet hexagramme est rattaché au 2° mois (mars avril).

Le Jugement


LA PUISSANCE DU GRAND.
La persévérance est avantageuse.

L'hexagramme traduit une époque où la valeur intérieure effectue une ascension vigoureuse et parvient au pouvoir. Mais la force a déjà dépassé le milieu. C'est pourquoi le danger menace que l'on se repose sur sa force sans se demander à chaque instant où est le bien, et aussi que l'on veuille se mettre en mouvement sans attendre le moment opportun. C'est pourquoi il est ajouté que la persévérance est avantageuse. Car la force vraiment grande est précisément celle qui ne dégénère pas en pure violence, mais demeure intérieurement liée aux principes de justice et de droit. Si l'on comprend que la grandeur et la justice doivent être inséparablement liées, on comprend le sens véritable de tout ce qui se passe dans le ciel et sur la terre.

L'Image


Le tonnerre est haut dans le ciel :
Image de LA PUISSANCE DU GRAND.
Ainsi l'homme noble ne marche pas dans des chemins qui ne sont pas conformes à l'ordre.

Le tonnerre, la force électrique, s'élève au commencement de l'année. Ce mouvement est accordé à celui du ciel. C'est donc un mouvement en harmonie avec celui du ciel qui produit la grande puissance. Mais la vraie grandeur repose sur l'accord avec ce qui est juste. C'est pourquoi l'homme noble évite, en temps de grande puissance, de faire quelque chose qui ne soit pas en harmonie avec l'ordre.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
La puissance dans les orteils.
Continuer amène l'infortune.
Cela est certainement vrai.

Les orteils sont tout en bas et ils sont prêts à avancer. Ainsi la grande puissance, quand elle se tient à la place inférieure, tend à provoquer de force le mouvement en avant. Mais si l'on continue ainsi cela mène sûrement à l'infortune. C'est pourquoi un avertissement est ajouté en guise de conseil.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
La persévérance apporte la fortune.

La situation présupposée ici est celle où les portes du succès s'entr'ouvrent. La résistance commence à fléchir. On va puissamment de l'avant. C'est le point où l'on tombe trop facilement dans la présomption sans pouvoir la réfréner. D'où l'oracle, suivant lequel la persévérance - c'est-à-dire l'équilibre intérieur sans usage exclusif de la puissance - apporte la fortune.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'homme vulgaire agit en usant de force, l'homme noble n'agit pas ainsi.
Continuer est dangereux.
Un bouc se heurte à une haie et s'y prend les cornes.

Se targuer de sa puissance conduit à des complications, comme le montre l'exemple du bouc qui se heurte à une haie et s'y prend les cornes. Tandis que l'homme vulgaire qui possède le pouvoir se laisse enivrer par son succès, l'homme noble n'agit pas ainsi. Il demeure conscient du danger qu'il y a à vouloir pousser plus avant quelles que soient les circonstances, et il renonce à temps à déployer ouvertement sa force.

 

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La persévérance apporte la fortune.
Le remords diminue.
La haie s'ouvre, il n'y a pas de complications.
La puissance repose sur l'essieu d'un grand char.

Quand on travaille avec persévérance et calme à écarter les résistances, à la fin vient le succès. Les obstacles cèdent et l'occasion de remords entraînée par un usage excessif de la force disparaît. La force ne se manifeste pas extérieurement, mais elle est capable de mouvoir de lourdes charges, comme un grand char dont la puissance repose sur son essieu. Moins on utilise extérieurement la force et plus ses effets sont puissants.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Il perd le bouc avec facilité.
Pas de blâme.

Le bouc se caractérise par la robustesse extérieure alliée à la faiblesse intérieure. Dans la situation présente tout est parfaitement aisé; il n'existe plus aucune résistance. On peut alors se défaire de la nature belliqueuse semblable à celle du bouc et l'on n'aura pas à rougir.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Un bouc se heurte à une haie.
Il ne peut pas reculer,
il ne peut pas avancer.
Rien n'est avantageux.
Si l'on remarque la difficulté,
cela apporte le succès.

Si l'on s'aventure trop loin, on arrive à un point mort où l'on ne peut ni avancer, ni reculer et où tout ne sert qu'à embrouiller davantage les choses. Un pareil entêtement conduit à des difficultés insurmontables. Si, se rendant compte de la situation, on décide de ne pas continuer et l'on s'apaise, alors avec le temps tout ira bien.

 
HEXAGRAMME 35

L'Hexagrame


Tsin / Progrès
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

L'hexagramme représente le soleil qui s'élève au-dessus de la terre. Par suite, c'est l'image du progrès rapide et aisé qui traduit en même temps l'expansion toujours plus grande et la clarté.

Le Jugement


LE PROGRÈS.
Le puissant prince est gratifié de chevaux en grand nombre.
En un seul jour il est reçu trois fois en audience.

On représente, à titre d'exemple, une époque où un puissant prince féodal rassemble tous les autres princes autour du souverain dans l'obéissance et la paix; le souverain lui offre alors de riches présents et l'attire dans son entourage immédiat. L'idée est double. L'impulsion qui détermine le progrès émane d'un homme placé dans une situation subordonnée en qui les autres voient leur semblable, ce qui fait qu'ils le suivent volontiers. Ce guide possède suffisamment de clarté intérieure pour ne pas abuser de la grande influence qu'il exerce et pour l'utiliser au profit de son maître. Celui-ci, de son côté, est exempt de toute jalousie; il offre de riches présents au grand homme et l'attire constamment à sa cour. Un maître et un serviteur obéissant, telles sont les conditions d'un grand progrès.

L'Image


Le soleil s'élève au-dessus de la terre :
Image du PROGRÈS.
Ainsi l'homme noble fait briller lui-même ses dispositions lumineuses.

La lumière du soleil qui s'élève au-dessus de la terre est naturellement brillante, mais plus le soleil s'élève, plus il sort des sombres brunies et projette la pureté originelle de ses rayons sur une plus vaste étendue. Ainsi la véritable nature de l'homme est bonne à l'origine, mais elle est ternie par l'union avec l'élément terrestre et, par suite, demande à être purifiée afin de pouvoir briller dans la clarté primitive

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Progressant mais repoussé.
La persévérance apporte la fortune.
Si l'on ne rencontre pas la confiance on doit demeurer abandonné .
Pas de faute.

En un temps où tout pousse au progrès, on se trouve encore dans l'incertitude, ne sachant pas si, en progressant, on ne va pas s'exposer à être rejeté en arrière. Il importe alors de continuer avec simplicité à marcher dans la bonne direction : cela apporte finalement la fortune. Il peut se faire que quelqu'un ne rencontre pas la confiance. Dans ce cas on ne s'efforcera pas d'être reconnu à tout prix : on doit demeurer abandonné et joyeux et ne pas se laisser porter à la colère. Ainsi on demeure sans faute.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Progressant mais dans la tristesse.
La persévérance apporte la fortune.
On reçoit un grand bonheur de son aïeule.

Le progrès subit un arrêt. On se trouve empêché de s'unir à l'homme occupant la place d'autorité, avec lequel on est en relations. Cela amène de la tristesse. Toutefois il importe dans un tel cas de demeurer persévérant car, avec une douceur toute maternelle, cette personne nous fera éprouver un grand bonheur. Ce bonheur survient et il est bien mérité, car l'attraction mutuelle n'a pas pour fondement des motifs égoïstes, mais des principes fermes et corrects.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Tous sont d'accord. Le remords disparaît.

On fait effort pour avancer, et cela en compagnie d'autres dont l'accord nous soutient. Ainsi disparaît l'occasion de regret que l'on pourrait trouver dans le fait que l'on ne possède pas l'autonomie nécessaire pour venir seul à bout de tout destin adverse.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Progrès comme une marmotte.
La persévérance apporte le danger.

En temps de progrès, des hommes forts qui ne se trouvent pas à la place qu'ils méritent peuvent aisément amasser une grande quantité de biens. Mais une telle conduite est ténébreuse. Et comme les temps de progrès sont toujours aussi des temps où le soleil met au jour les menées ténébreuses, l'obstination dans une telle manière d'agir apporte nécessairement le danger avec elle.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Le remords diminue.
Ne prends pas le gain et la perte à cœur.
Des entreprises apportent la fortune.
Rien qui ne soit avantageux.

Ici se trouve indiquée une situation où un homme se trouve à un poste d'autorité en temps de progrès et y demeure doux et réservé. Il pourrait se faire à ce sujet le reproche de ne pas avoir suffisamment utilisé l'aspect favorable de l'époque et de ne pas s'être procuré tous les avantages possibles. Mais ce regret se dissipe. On ne doit pas prendre à cœur le gain et la perte. Ce sont là choses secondaires. Il est plus important de s'être assuré de cette manière la possibilité d'accomplir des œuvres riches en succès et en bénédictions.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Progresser avec les cornes n'est permis que pour châtier son propre domaine.
La conscience du danger apporte la fortune.
Pas de blâme.
La persévérance apporte l'humiliation.

Progresser les cornes abaissées, c'est-à-dire s'avancer de façon agressive est une attitude qu'un homme ne doit adopter dans les moments dont il est ici question qu'à l'égard des fautes des siens. On doit alors garder en mémoire qu'un danger est toujours lié à une telle démarche agressive. On évite ainsi les fautes qu'on risquerait de commettre en agissant différemment, et l'on atteint le but qu'on s'est fixé. Si par contre on persévère dans cette attitude trop énergique, notamment envers les personnes qui ne sont pas des proches, on aboutit à une humiliation.

 
HEXAGRAMME 36

L'Hexagrame


Ming Yi / L'Obscurcissement de la Lumière
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

Le soleil s'est enfoncé sous la terre et s'est donc obscurci. Le nom de l'hexagramme signifie proprement « le fait de blesser ce qui est lumineux », et c'est pourquoi les différents traits parlent souvent de blessure. La situation est exactement l'inverse de celle représentée par l'hexagramme précédent. Là on a au sommet un homme sage qui possède des assistants de valeur en compagnie desquels il progresse; ici la place d'autorité est occupée par un homme ténébreux qui porte préjudice à l'homme habile et vertueux.

Le Jugement


L'OBSCURCISSEMENT DE LA LUMIÈRE.
Il est avantageux d'être persévérant dans l'adversité.

On ne doit pas se laisser emporter sans résistance par les circonstances défavorables et laisser fléchir sa résolution. Cela est possible quand on est lumineux à l'intérieur et flexible et accommodant à l'extérieur. Même la plus dure adversité se laisse vaincre par une telle attitude. Il est vrai que l'on doit, dans certains cas, cacher sa lumière afin de pouvoir faire triompher sa volonté malgré des difficultés nées de l'entourage immédiat. La persévérance doit vivre au plus intime de la conscience et ne pas se manifester au-dehors. De cette manière seulement on peut maintenir sa volonté intacte au milieu des difficultés.

L'Image


La lumière s'est enfoncée dans la terre :
Image de L'OBSCURCISSEMENT DE LA LUMIÈRE.
C'est ainsi que l'homme noble vit avec la grande multitude.
Au temps de l'obscurité il importe d'être prudent et réservé.

Il ne faut pas s'attirer inutilement des inimitiés invincibles par une attitude irréfléchie. Sans doute à de telles époques on ne doit pas partager les habitudes des hommes, mais il ne convient pas non plus de les mettre en lumière par des critiques. En de pareils moments, on ne doit pas vouloir tout savoir dans le commerce des hommes. On doit laisser bien des choses dormir comme elles sont, sans pour autant se laisser duper par elles.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
L'obscurcissement de la lumière en vol.
Il abaisse ses ailes.
Pendant son voyage l'homme noble ne mange pas durant trois jours, mais il a où aller.
L'hôte a des choses à dire sur son compte.

Avec une résolution héroïque un homme veut s'élever d'un coup d'aile au-dessus de tous les obstacles. Mais il se heurte à un destin hostile. Il bat alors en retraite et esquive. L'heure est difficile. Sans cesse il doit passer à la hâte d'un lieu dans un autre, sans avoir d'endroit où demeurer. S'il ne veut pas consentir à un compromis avec lui-même mais décide de rester fidèle à ses principes, il souffre de privations. Toutefois il a un but précis vers lequel il tend, même si les gens auprès de qui il vit ne le comprennent pas et médisent de lui.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
L'obscurcissement de la lumière le blesse à la
cuisse gauche.
Il prête son aide avec la vigueur d'un cheval.
Fortune.

Le seigneur de la lumière est ici à une place subordonnée. Il est blessé par le seigneur de l'obscurité. Mais la blessure ne met pas la vie en danger, elle cause seulement une gêne. La délivrance est encore possible. Le blessé ne pense pas à lui-même, mais seulement au salut des autres qui sont également menacés. C'est pourquoi il cherche avec une extrême énergie à sauver ce qui doit être sauvé. C'est dans cette activité conforme au devoir que se trouve la fortune.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'obscurcissement de la lumière au cours de la chasse au sud.
On capture leur grand chef.
On ne doit pas escompter une persévérance trop hâtive.

Il semble que le hasard soit à l'œuvre. Tandis que l'homme fort et loyal s'efforce d'établir l'ordre par une activité pleine de zèle sans la moindre arrière-pensée, il se heurte de façon apparemment fortuite au meneur des forces de désordre et le fait prisonnier. La victoire est ainsi obtenue. Mais il ne faut pas témoigner trop de hâte en mettant fin aux abus. Ce serait mauvais, parce que les abus régnaient depuis trop longtemps déjà.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Il pénètre dans le côté gauche du ventre.
On parvient au coeur de l'obscurcissement de la lumière et l'on quitte la porte et la cour.

On se trouve dans le voisinage du chef de l'obscurité et l'on découvre ainsi ses pensées les plus secrètes. On se rend compte par là qu'il n'y a plus d'amélioration à espérer et l'on est en mesure de quitter le lieu du malheur avant que celui-ci n'éclate.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
L'obscurcissement de la lumière comme chez le prince Ki.
La persévérance est avantageuse.

Le prince Ki vivait à la cour du tyran Tchéou Sin qui, sans être nommé, est ici au coeur de la situation tout entière. Le prince Ki était apparenté à ce tyran et, par suite, il ne pouvait pas se retirer de la cour. C'est pourquoi il dissimulait ses sentiments vertueux et contrefaisait l'insensé. Il fut ensuite retenu comme esclave sans se laisser ébranler dans ses dispositions par cette adversité extérieure. Il y a là un enseignement pour ceux qui ne peuvent pas abandonner leur place dans les temps d'obscurité. Ils doivent posséder, avec une invincible persévérance intérieure, une prudence redoublée dans leurs rapports extérieurs afin de sortir du danger

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Non la lumière mais l'obscurité.
Tout d'abord il s'est élevé au ciel, puis il a plongé dans les profondeurs de la terre.

L'obscurité parvient ici à son comble. La force ténébreuse était d'abord placée si haut qu'elle pouvait blesser toutes les puissances bonnes et lumineuses. A la fin pourtant elle périt par sa propre obscurité, car la chute du mal doit se produire au moment même où il a complètement vaincu le bien et, par suite, consumé la force à laquelle il devait jusque-là son existence.

 
HEXAGRAMME 37

L'Hexagrame


Kia Jen / La Famille (le Clan)
En haut Souen : Le Doux, le Vent.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

L'hexagramme représente les lois qui règnent à l'intérieur de la famille. Le trait fort du sommet représente le père, celui du bas, le fils; le cinquième trait, qui est également fort, figure le yang, le deuxième, qui est faible, indique la femme. D'autre part, les deux traits forts à la 5e et à la 3e place représentent deux frères; les traits faibles correspondants, à la 4e et à la 2e place, sont leurs femmes, si bien que toutes les relations et toutes les situations existant à l'intérieur de la famille trouvent ici leur expression appropriée. Chacun des traits a une nature conforme à la place qu'il occupe. La présence d'un trait fort à la 6e place où l'on pourrait s'attendre à trouver un trait faible désigne de la façon la plus claire la ferme autorité qui doit émaner du chef de famille. Ce trait entre ici en ligne de compte, non en sa qualité de sixième, mais en tant que trait supérieur. La famille manifeste les lois qui règnent à l'intérieur de la maison, lois qui, appliquées au monde extérieur, maintiennent également en ordre la cité et l'univers. L'influence qui s'exerce de l'intérieur de la famille vers l'extérieur est représentée par l'image du vent qui est engendré par le feu.

Le Jugement


LA FAMILLE.
La persévérance de la femme est avantageuse.

La famille a pour fondements les relations de l'époux et de l'épouse. Le lien qui maintient l'unité de la famille est la fidélité et la persévérance de la femme. La place de celle-ci est à l'intérieur (2è trait), celle de l'homme à l'extérieur (5e trait). L'homme et la femme se conforment aux grandes lois de la nature en prenant leur juste place. La famille a besoin d'une autorité ferme : c'est celle des parents. Quand le père est vraiment père et le fils vraiment fils, quand le frère aîné tient comme il faut sa place de frère aîné et le cadet celle de cadet, quand l'époux est vraiment époux et l'épouse vraiment épouse, alors la famille est en ordre. Lorsque la famille est en ordre, toutes les relations sociales de l'humanité s'ordonnent à leur tour. Trois des cinq relations sociales ont leur place à l'intérieur de la famille : celle du père et du fils : l'amour; celle de l'homme et de la femme : la discipline; celle de l'aîné et du cadet : l'ordre. Le respect affectueux que nourrit le fils est alors transféré sur le prince sous forme de fidélité au devoir; l'affection et l'ordre qui règnent entre les frères sont appliqués à l'ami sous forme de loyauté et dans l'attitude envers les supérieurs sous forme de déférence. La famille est la cellule initiale de la société, le sol nourricier où l'exercice des devoirs moraux est rendu aisé par l'affection naturelle, de telle sorte que dans un cercle étroit se trouvent créées les bases à partir desquelles ces principes seront ensuite appliqués aux relations humaines en général.

L'Image


Le vent sort du feu :
Image de la FAMILLE.
Ainsi l'homme noble possède la substance dans ses paroles et la durée dans sa conduite.

La chaleur crée de la force; telle est la signification du vent qui sort du feu sous forme de flamme. C'est l'influence agissant de l'intérieur vers l'extérieur. La même attitude est nécessaire dans le gouvernement de la famille. Ici également l'influence doit émaner de la personnalité pour s'exercer sur les autres. Pour qu'une telle action soit possible, il faut que les paroles possèdent de la force; mais cela ne peut être que si elles reposent sur quelque chose de réel, comme la flamme sort de la matière brûlante. C'est seulement quand les paroles sont pertinentes et se rapportent clairement à une situation déterminée qu'elles ont de l'influence. Des discours et des avertissements généraux sont sans effet. les paroles doivent en outre être soutenues par l'ensemble de la conduite, de même que le vent agit par sa durée. Seule une activité ferme et conséquente fera impression sur les autres, de manière qu'ils puissent s'y conformer et se régler d'après elle. Si les paroles et les attitudes ne s'accordent pas et ne découlent pas les unes des autres, l'influence fera défaut.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Nette séparation à l'intérieur de la famille.
Le remords disparaît.

La famille doit constituer une unité nettement définie à l'intérieur de laquelle chacun des membres connaît sa place. Dès le début les enfants doivent être accoutumés à des règles précises, avant que leur volonté ait pris une autre direction. Si l'on commence trop tard à introduire l'ordre, la volonté des enfants a déjà contracté de mauvaises habitudes, les humeurs et les passions ayant grandi créent des obstacles, ce qui produit des motifs de remords. Certes des occasions de repentir apparaissent également quand on commence à temps à faire régner l'ordre : la vie commune dans des cercles assez larges les rend inévitables. Mais le regret disparaît chaque fois après avoir pris naissance et tout s'arrange. Car rien n'est plus facile à éluder et plus difficile à réaliser que la tâche de « briser la volonté » des enfants.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Elle ne doit pas suivre ses humeurs.
Elle doit veiller aux aliments à l'intérieur.
La persévérance apporte la fortune.

La femme doit toujours régler sa conduite sur la volonté du maître de maison, père, époux ou fils devenu adulte. Sa place est au milieu de la maison. Elle y exerce, sans avoir à les chercher, de grands et importants devoirs. Elle doit veiller à l'alimentation des membres de la famille et aux offrandes destinées aux sacrifices. Elle devient ainsi le centre de la vie sociale et de la vie religieuse de la famille. La persévérance à cette place apporte la fortune à la famille tout entière. Appliqué à la conduite en général, le conseil donné ici est de ne rien rechercher par des moyens violents, mais de se limiter paisiblement à l'accomplissement des devoirs existants.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Quand les caractères s'échauffent dans la famille, le remords naît d'une sévérité excessive.
Quand la femme et les enfants folâtrent et rient, cela conduit finalement à l'humiliation.

Dans la famille doit régner le juste milieu entre la rigidité et le relâchement. Une sévérité excessive à l'égard de sa propre chair et de son propre sang conduit au remords. Le mieux est d'édifier des digues solides à l'intérieur . desquelles la pleine liberté de mouvement est laissée aux individus. Toutefois, dans les cas douteux, une trop grande sévérité qui permet de conserver la discipline de la famille est préférable, en dépit de certaines fausses notes, à une trop grande faiblesse qui mène à l'humiliation.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Elle est la richesse de la maison.
Grande fortune.

La maîtresse de maison est la personne dont dépend la prospérité de la famille. La prospérité règne toujours quand dépenses et recettes s'équilibrent de façon satisfaisante. Cela conduit à une grande fortune. Dans le domaine de la vie publique, l'oracle s'applique à l'intendant fidèle dont les mesures favorisent le bien général.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Comme un roi il s'approche de sa famille.
Ne craignez pas.
Fortune.

Le roi est l'image d'un homme paternel et doté de richesse intérieure. La question n'est donc pas que l'on éprouve de la crainte devant lui, mais que la famille tout entière puisse avoir confiance en lui, car c'est l'amour qui régit les rapports. Sa nature exerce spontanément la juste influence.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Son travail commande le respect.
A la fin vient la fortune.

Le bon ordre de la famille repose en dernière analyse sur la personne du maître de maison. S'il cultive sa personnalité de manière que son influence s'impose par la force de sa vérité intérieure, tout va bien dans la famille. Quand on occupe un poste de direction, on doit spontanément assumer les responsabilités.

 
HEXAGRAMME 38

L'Hexagrame


K'ouei / L'Opposition
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

L'hexagramme se compose du trigramme supérieur Li, la flamme, qui flamboie vers le haut, et du trigramme inférieur Touei, le lac, qui s'infiltre vers le bas. Ces mouvements sont dirigés en sens opposé. En outre Li est la cadette et Touei, la plus jeune des filles. Bien qu'elles habitent la même maison, elles appartiennent à des hommes différents; par suite, leurs volontés ne sont pas unanimes mais vont en sens contraire.

Le Jugement


L'OPPOSITION.
Dans les petites choses, fortune.

Quand les hommes vivent en opposition et éloignés les uns des autres, il n'est pas possible d'exécuter en commun un travail considérable. Les dispositions diffèrent trop entre elles. il importe avant tout de ne pas procéder de façon directe et brusque, car on ne ferait que rendre l'opposition plus aiguë encore, mais on doit se limiter à des actions graduées portant sur de petites choses. On peut encore ici escompter la fortune, car la situation est telle que l'opposition n'exclut pas toute compréhension. L'opposition qui, d'une façon générale, apparaît comme une obstruction, possède, en tant que polarité de contraires à l'intérieur d'un ensemble qui les englobe, sa fonction bonne et importante. Les oppositions entre le ciel et la terre, l'esprit et la nature, l'homme et la femme réalisent par leur équilibre la création et l'éclosion de la vie. Dans le monde des choses visibles, l'opposition rend possible la différenciation par espèces grâce à laquelle l'ordre s'établit dans le monde.

L'Image


En haut le feu, en bas le lac :
Image de L'OPPOSITION.
Ainsi, en toute compagnie, l'homme noble conserve son individualité.

Les deux éléments du feu et de l'eau, même placés ensemble, ne se mélangent pas mais conservent leur nature propre; ainsi l'homme cultivé ne se laissera pas rendre semblable aux hommes dont la nature diffère de la sienne, par les relations et les intérêts communs qu'il peut avoir avec eux, mais il conservera dans toute communauté son individualité propre.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Le remords disparaît.
Si tu perds ton cheval, ne cours pas après lui : il revient de lui-même.
Si tu vois des hommes mauvais, préserve-toi des fautes.

Même au temps de l'opposition on peut agir de manière à demeurer exempt de fautes, si bien que le remords disparaît. Lorsque l'opposition se dessine, il ne faut pas vouloir créer de force l'unité. On ne ferait alors qu'atteindre le résultat contraire, de même qu'un cheval s'éloigne toujours davantage quand on lui court après. Si c'est notre cheval, nous pouvons en toute tranquillité le laisser courir : il revient de lui-même. C'est ainsi également qu'un homme qui est des nôtres et qui s'est momentanément éloigné de nous par suite d'un malentendu revient spontanément si où le laisse faire. Il convient d'autre part d'être prudent quand des hommes mauvais qui ne sont pas des nôtres se frayent un chemin vers nous, également à la suite d'un malentendu. Il importe ici d'éviter les fautes : ne pas vouloir les écarter de force, car on ne parviendrait qu'à faire naître l'hostilité, mais les supporter patiemment; ils se retireront bientôt d'eux-mêmes.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
On rencontre son maître dans une rue étroite.
Pas de blâme.

Par suite de malentendus, des hommes unis par une nature semblable ne peuvent se réunir de façon pleinement correcte. Une rencontre fortuite dans des circonstances dépouillées de cérémonies peut alors être utile du moment qu'existe une affinité intérieure.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
On voit le char tiré en arrière, les bœufs arrêtés, l'homme, les cheveux et le nez coupés.
Pas de bon commencement, mais une bonne fin.

Il semble parfois que tout conspire contre nous. Nous nous voyons entravés et arrêtés dans nos progrès, nous nous voyons insultés et blessés (couper les cheveux et Je nez constituait un châtiment grave et déshonorant). Toutefois on ne doit pas alors se laisser égarer, mais il faut, malgré les oppositions, se tenir à l'homme avec qui l'on se sait doté d'affinités. Ainsi en dépit du mauvais commencement la fin sera bonne.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Isolé par l'opposition on rencontre un homme d'esprit semblable avec lequel on peut avoir des relations confiantes.
Pas de blâme malgré le danger.

Quand nous nous trouvons dans une compagnie dont nous sommes séparés par une opposition intérieure, nous tombons dans l'isolement. Si toutefois, dans une telle situation, nous rencontrons un homme qui est d'emblée des nôtres en raison de l'ensemble de sa nature et à qui nous puissions faire don de toute notre confiance, nous triomphons de tous les dangers de la solitude. Notre volonté parvient au succès et nous sommes exempts de fautes.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Le remords disparaît.
Le compagnon se fraye un chemin en mordant au travers des voiles.
Si l'on va à lui, comment serait-ce une faute ?

On rencontre un homme fidèle que l'on ne sait tout d'abord reconnaître à cause de l'éloignement général. Mais il se fraye un chemin en mordant au travers des voiles qui causent la séparation. Pour celui à qui ce compagnon se montre dans sa véritable nature, c'est un devoir que d'aller à sa rencontre et de travailler avec lui.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Isolé par l'opposition, on voit son compagnon comme un porc recouvert de boue, comme un char rempli de démons.
D'abord on tend son arc contre lui, puis on dépose son arc.
Ce n'est pas un brigand, il fera sa demande en son temps.
Tandis qu'on marche, la pluie tombe et la fortune vient.

L'isolement est ici causé par des malentendus; il ne provient pas des circonstances extérieures, mais des dispositions intérieures. On méconnaît son meilleur ami, on le tient pour un porc impur et souillé de boue; on le croit dangereux comme un char rempli de démons. On adopte une attitude de défense. Toutefois on finit par reconnaître son erreur, on dépose son arc et l'on se rend compte que l'autre s'avance dans les meilleures intentions pour réaliser une union étroite. Ainsi la tension tombe. L'union fait s'évanouir l'opposition, comme la pluie en tombant dissipe la chaleur étouffante qui régnait avant l'orage. Tout va bien, car c'est précisément lorsqu'elle est parvenue à son point le plus aigu que l'opposition se transforme en son contraire

 
HEXAGRAMME 39

L'Hexagrame


Kien / Obstacle
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

L'hexagramme représente un dangereux abîme que l'on voit s'ouvrir devant soi, tandis que derrière soi on a la montagne abrupte et inaccessible. On se trouve ainsi environné d'obstacles. Mais la propriété de la montagne, qui est d'immobiliser, suggère également la façon dont on peut se libérer de cette obstruction. L'hexagramme représente des obstacles qui apparaissent dans le cours du temps, mais qui peuvent et doivent être surmontés. Toutes les indications données portent en conséquence sur la manière de vaincre les empêchements.

Le Jugement


L'OBSTACLE.
Le sud-ouest est avantageux.
Le nord-est n'est pas avantageux.
Il est avantageux de voir le grand homme.
La persévérance apporte la fortune.

Le sud-ouest est la région de la retraite, le nord-est, la région de l'avance. Il s'agit d'une situation où l'on se trouve face à des obstacles qui ne peuvent être vaincus directement. La sagesse demande dans ce cas que l'on s'arrête et que l'on fasse marche arrière. Cette retraite ne fait cependant que préparer la victoire sur les difficultés. Il importe de s'associer à des amis de même esprit et de se placer sous la direction d'un homme à la hauteur de la situation. On parviendra ainsi à écarter les obstacles. Cela exige une disposition persévérante au moment même où l'on est obligé de faire quelque chose qui semble éloigner du but. Cette direction infaillible de l'élément intérieur apporte finalement la fortune. L'obstacle, qui ne dure qu'un temps, n'est pas sans valeur pour le développement de la personnalité. C'est en cela que réside la valeur de l'adversité.

L'Image


Sur la montagne est l'eau :
Image de L'OBSTACLE.
Ainsi l'homme noble se tourne vers sa propre personne et développe son caractère.

Les difficultés et les obstacles rejettent l'homme sur lui-même. Mais, tandis que le vulgaire cherche la culpabilité au dehors chez les autres hommes et gémit sur son destin, l'homme supérieur recherche la faute en lui-même et, grâce à cette introspection, l'obstacle extérieur deviendra pour lui une occasion d'enrichissement et de développement intérieurs.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Aller conduit à l'obstacle,
venir rencontre l'éloge.

Quand on se voit devant un obstacle, ce qui importe est de réfléchir à la manière dont on pourra le mieux en venir à bout. Si un danger nous menace, nous ne devons pas nous efforcer d'aller aveuglément de l'avant, cela ne conduirait qu'à des complications. Mais l'attitude correcte est de commencer par battre en retraite, non pour renoncer au combat, mais en vue d'attendre le meilleur moment pour le livrer.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Le serviteur du roi rencontre obstacle sur obstacle, mais ce n'est pas sa faute.

La meilleure manière de procéder est ordinairement de faire le tour de l'obstacle et de chercher à le vaincre sur la ligne de moindre résistance. Mais il est pourtant un cas où l'on doit affronter la difficulté, même si les obstacles s'accumulent : c'est lorsque le chemin du devoir nous interdit d'agir suivant notre libre décision et nous oblige à rechercher le danger pour le service d'une cause supérieure. On peut alors le faire tout en demeurant parfaitement en paix, car ce n'est pas par sa faute que l'on s'est mis dans ces difficultés.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Aller mène à l'obstacle.
C'est pourquoi il revient.

On montre ici l'homme qui doit agir comme père de famille ou chef des siens. S'il voulait plonger dans le danger à la légère, ce serait vain, car ceux qui sont confiés à sa garde ne peuvent pas continuer leur marche tout seuls. C'est pourquoi il bat en retraite et se retourne vers les siens, qui l'accueillent avec une grande joie.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Aller mène à des obstacles, venir mène à l'union.

L'oracle montre ici encore une situation à laquelle on ne peut faire face tout seul. Dans un tel cas, le chemin direct n'est pas le plus court. Si l'on voulait tenter d'aller de l'avant avec ses seules forces, sans les préparations indispensables, on ne trouverait pas les soutiens nécessaires et l'on s'apercevrait trop tard que l'on avait fait de faux calculs, puisque les conditions sur lesquelles on espérait pouvoir compter s'avéreraient insuffisantes. C'est pourquoi il vaut mieux en pareil cas commencer par faire une pause et rassembler autour de soi de fidèles compagnons sur qui l'on pourra s'appuyer pour vaincre les obstacles.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Au sein des plus grands obstacles des amis surviennent.

Nous voyons ici l'homme qui est appelé à remédier à une situation critique. Il ne doit pas vouloir éluder les obstacles, même s'ils s'entassent dangereusement devant lui. Mais, comme il possède effectivement une vocation supérieure, la force de son esprit est suffisamment opérante pour attirer à lui des hommes qui lui prêtent leur aide, et il est en mesure de les organiser effectivement, afin que le travail en commun de tous les participants judicieusement réparti suivant un plan permette de venir à bout des obstacles.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Aller mène à des obstacles, venir mène à une grande fortune.
Il est avantageux de voir le grand homme.

On montre ici quelqu'un qui a déjà laissé derrière lui le monde et son agitation. Lorsque vient pour le monde le temps de l'obstacle, il pourrait sembler que la solution la plus simple serait pour lui de laisser purement et simplement le siècle derrière lui et de se réfugier dans l'au-delà. Mais cette voie lui est barrée. Il ne peut pas être bienheureux tout seul et abandonner le monde à sa détresse. Son devoir l'appelle une fois encore dans l'agitation du siècle. A cause précisément de son expérience et de sa liberté intérieure, il est capable de réaliser quelque chose de grand et de mûr qui apporte la fortune. Et il est avantageux de voir le grand homme en compagnie duquel on pourra achever l'œuvre du salut.

 
HEXAGRAMME 40

L'Hexagrame


Hiai / La Libération
En haut Tchen : L'Ébranlement, le Tonnerre
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

Le mouvement sort ici du danger. L'obstacle est écarté, les difficultés sont conçues comme étant en cours de solution. La libération n'est pas encore achevée, elle ne fait juste que de commencer et ses différents stades sont représentés dans l'hexagramme.

Le Jugement


LA LIBÉRATION.
Le sud-ouest est avantageux.
Quand il n'y a plus d'endroit où l'on doive aller, le retour est source de fortune.
Quand il y a encore un endroit où l'on doive aller, c'est alors la hâte qui est source de fortune.

Il s'agit d'une époque où les tensions et les complications commencent à se résoudre. En de tels moments, il importe de faire retour le plus vite possible aux conditions habituelles : telle est la signification du sud-ouest. De pareilles époques de revirement sont très importantes. Tout comme une pluie libératrice met fin à la tension de l'atmosphère et fait éclore tous les bourgeons, le temps où l'on est libéré d'une charge accablante exerce sur la vie un effet de délivrance et de stimulation. Une chose toutefois est importante : en de tels moments, il ne faut pas vouloir outrer son triomphe. Il convient de ne pas pénétrer plus loin qu'il n'est nécessaire. Dès que la libération est obtenue, revenir à l'ordre de la vie est source de fortune. S'il demeure encore des restes qu'il faille achever de traiter, il importe d'en finir au plus vite afin de faire table nette et de ne laisser s'introduire aucun retard.

L'Image


Le tonnerre et la pluie surviennent :
Image de la LIBÉRATION.
Ainsi l'homme noble pardonne les fautes et absout le péché.

L'orage a pour effet de purifier l'air. L'homme noble fait de même à l'égard des fautes et des péchés des humains qui provoquent des états de tension. Il opère la libération par la clarté. Toutefois, lorsque les défauts ont été mis en lumière, il ne s'y attarde pas, mais il passe simplement par-dessus les fautes et les transgressions involontaires, de même que le tonnerre s'évanouit, et il absout le péché, comme l'eau purifie toutes choses de la saleté.

Trait inférieur


Six au début signifie :
Sans blâme.

On ne prononce que peu de paroles, ce qui correspond à la situation. L'obstruction a pris fin, la libération est là. On reprend des forces dans le calme et l'on se tient tranquille. C'est tout à fait l'attitude convenable après que des difficultés ont été surmontées.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
On tue trois renards dans le champ et l'on reçoit une flèche jaune.
La persévérance est source de fortune.

L'image est empruntée à la chasse. Le chasseur prend trois renards rusés et obtient en récompense une flèche jaune. Les obstacles de la vie publique sont les renards perfides, les flatteurs qui cherchent à influencer le souverain. Ils doivent être écartés avant que la libération puisse avoir lieu. Mais le combat ne doit pas être mené avec des armes mal adaptées. La couleur jaune évoque la mesure et le milieu que l'on doit garder quand on s'avance contre les ennemis, tandis que la flèche représente la direction juste. Quand on se voue de tout son cœur à la tâche de la libération, on reçoit de sa rectitude intérieure une force telle qu'elle agit contre tout ce qui est faux et vulgaire.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Quand un homme porte une charge sur son dos
et malgré cela voyage en char,
il incite par là les voleurs à s'approcher.
La persévérance conduit à l'humiliation.

Un homme est sorti de conditions misérables; il est parvenu à une situation aisée et se trouve libéré du besoin. Mais si, à la manière d'un parvenu, il cherche à prendre ses aises sans pour autant s'adapter intérieurement aux conditions nouvelles, il attire par là les voleurs, et s'il continue ainsi il est sûr de parvenir à l'humiliation. Confucius dit à ce sujet : « Porter une charge sur le dos est le propre d'un homme vulgaire. Un char est la propriété d'un homme éminent. Quand un homme vulgaire utilise le bien d'un homme éminent, les voleurs songent à le lui ôter. Quand quelqu'un est insolent devant ses supérieurs et dur pour ses inférieurs, les voleurs songent à l'attaquer. Une surveillance relâchée pousse les voleurs à commettre un vol. L'élégante parure d'une jeune fille incite à lui dérober sa vertu.  »

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Libère-toi de ton gros orteil.
Alors le compagnon s'approche et tu peux te fier à lui.

Aux époques d'immobilité, il arrive que les hommes vulgaires s'attachent à un homme supérieur et, grâce au contact quotidien et à l'accoutumance qu'il crée, ils entrent dans son intimité et se rendent indispensables, de même que le gros orteil est indispensable au pied auquel il facilite la marche. Mais lorsqu'approche le temps de la délivrance avec son appel à l'action, on doit se libérer de ces gens rencontrés par hasard avec lesquels on ne possède pas de lien intérieur. Sinon en effet les amis qui partagent nos sentiments, auxquels nous pouvons nous fier véritablement et en compagnie desquels nous pourrions mener à bien une entreprise, resteront à l'écart, pleins de méfiance.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Si seulement l'homme noble peut se libérer lui-même, cela apporte la fortune.
Il montre ainsi au vulgaire que pour lui l'affaire est sérieuse.

Les temps de libération réclament de la résolution intérieure. Les hommes vulgaires ne doivent pas être éloignés par des interdictions ou des moyens extérieurs. Si l'on veut se défaire d'eux, on doit tout d'abord se détacher complètement d'eux intérieurement, car ils remarquent d'eux-mêmes le sérieux que l'on témoigne et ils se retirent.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Le prince tire un faucon sur un mur élevé.
Il l'abat.
Tout est avantageux

Le faucon sur un mur élevé est l'image d'un homme vulgaire devenu puissant et occupant un poste élevé, qui fait obstacle à la délivrance. Il s'oppose à l'influence libératrice par son action intérieure, car il est endurci dans sa méchanceté. Il doit être énergiquement écarté, et cela exige l'emploi des moyens adéquats. Confucius dit à ce sujet : « Le faucon est le but de la chasse. L'arc et la flèche sont les instruments et les moyens. Le tireur est l'homme, qui doit utiliser correctement les moyens en vue d'atteindre le but. L'homme noble cache les moyens dans sa personne. Il attend le moment et ensuite il agit. Comment dès lors tout n'irait-il pas très bien ? Il agit et il est libre. C'est pourquoi il lui suffit de sortir et il abat le gibier. Il en est ainsi de l'homme qui agit après avoir mis au point les moyens.  »

 
HEXAGRAMME 41

L'Hexagrame


Souen / La Diminution
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

L'hexagramme montre une diminution du trigramme inférieur au profit du trigramme supérieur, car le 3e trait, qui était fort à l'origine, est passé à la place supérieure, et le trait faible qui, primitivement, occupait cette dernière position, l'a remplacé . Le trigramme inférieur s'est donc amoindri au bénéfice du trigramme supérieur. C'est un amoindrissement pur et simple ; si l'on diminue la base d'un édifice et que l'on en renforce les murs supérieurs, l'ensemble y perd de sa solidité. De même une diminution de la prospérité du peuple au profit des gouvernants constitue un amoindrissement pur et simple. Et l'hexagramme tout entier tend à montrer la manière dont ce déplacement de la prospérité peut s'opérer sans que les sources de cette dernière dans le peuple et ses couches inférieures en soient taries.

Le Jugement


LA DIMINUTION alliée à la Sincérité produit une suprême fortune sans blâme.
On peut y persévérer.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.
Comment mettre cela en pratique ?
On peut utiliser deux petites coupes pour le sacrifice.

La diminution ne signifie pas nécessairement quelque chose de fâcheux. L'augmentation et la diminution viennent à leur heure. Il importe de comprendre le temps et de ne pas vouloir dissimuler la pauvreté sous une vaine apparence. Si, en un temps de maigres ressources, une vérité intérieure vient à s'exprimer, on ne doit pas rougir de sa simplicité. Elle est précisément la disposition correcte qui confère la force intérieure par laquelle on peut de nouveau entreprendre quelque chose. On n'a pas à nourrir de pensées amères si l'éclat extérieur de la civilisation et même la réalisation des formes religieuses doivent souffrir de la simplicité. On doit emprunter à la force du sentiment intérieur ce qu'il faut pour suppléer au défaut d'apparence extérieure. La fermeté de la conduite aide alors à passer sur ce que la simplicité de la forme peut avoir d'excessif. Devant Dieu un faux éclat est inutile. D'humbles moyens peuvent suffire à traduire les dispositions du cœur

L'Image


Au-dessous de la montagne est le lac :
Image de la DIMINUTION.
Ainsi l'homme noble maîtrise sa colère et refrène ses instincts.

Le lac s'évapore au pied de la montagne. Il s'amoindrit ainsi au profit de la montagne qui se trouve enrichie par son humidité. La montagne est l'image de la force têtue qui peut se condenser en colère. Le lac est l'image d'un enjouement non maîtrisé qui peut évoluer en impulsions passionnées, même au détriment des forces vitales. Il importe alors de diminuer : la colère doit être atténuée grâce à l'arrêt, et les impulsions, refrénées par des limitations. Grâce à cette diminution des puissances inférieures de l'âme, ses aspects supérieurs se trouvent enrichis.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Si les affaires sont terminées,
s'en aller vite n'entraîne pas de blâme.
Il faut toutefois se demander jusqu'à quel point on doit diminuer les autres.

C'est une attitude dépourvue d'égoïsme et bonne, lorsqu'on s'est acquitté de ses devoirs immédiats et importants, que de mettre sa force au service des autres et, sans en faire état ou s'en prévaloir, de porter promptement secours là où c'est nécessaire. Mais l'homme placé à un poste supérieur auquel on vient ainsi en aide doit bien se demander jusqu'à quel point il est en droit d'accepter cette aide sans causer de préjudice essentiel à son serviteur ou à son ami secourable. Ce n'est que là où existe une telle délicatesse de sentiment que l'on petit se donner sans hésitation et totalement.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
La persévérance est avantageuse.
Entreprendre quelque chose est source d'infortune.
Sans se diminuer soi-même, on peut augmenter les autres.

Une noble conscience de soi et un sérieux plein de logique et sans compromissions sont les dispositions indispensables si l'on veut servir les autres. Celui qui se renie pour exécuter la volonté d'un supérieur affaiblit sa propre position sans pour autant aider durablement l'autre. Cela est mauvais. Servir sans faire litière de soi-même est la première condition pour rendre aux hommes des services de valeur durable.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Quand trois hommes voyagent ensemble,
leur nombre diminue d'une unité.
Quand un homme voyage seul,
il trouve son compagnon.

Lorsque trois sont ensemble, la jalousie se déclare. Il faut alors qu'un s'en aille. Une étroite union n'est possible qu'entre deux hommes. Mais lorsqu'un homme est solitaire, il trouve toujours son compagnon qui le complète.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Lorsqu'on atténue ses défauts,
on fait que l'autre vient en hâte et se réjouit.
Pas de blâme.

Souvent nos défauts empêchent des hommes même bien intentionnés de venir vers nous. Ces défauts sont souvent renforcés et aggravés par l'entourage dans lequel nous nous trouvons. Si, au prix d'une victoire sur nous-mêmes, nous en venons à nous abaisser et à nous en défaire, nous libérons les amis bien disposés d'une pression intérieure et nous faisons qu'ils s'approchent de nous avec une hâte d'autant plus grande, ce qui entraîne une joie réciproque.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Quelqu'un l'augmente à coup sûr.
Dix couples de tortues ne peuvent s'opposer à lui, Suprême fortune.

Quand le sort destine quelqu'un au bonheur, celui-ci vient sans faute. Tous les oracles, comme ceux que donnent les écailles de tortue, doivent, par leurs signes favorables, s'accorder avec la faveur qui est son lot. Il ne doit craindre devant rien, car une volonté supérieure a décidé son bonheur.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Lorsque quelqu'un est augmenté sans diminution des autres cela est sans blâme. La persévérance apporte la fortune.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.
On obtient des serviteurs, mais on ne possède plus de maison séparée.

Il y a des hommes qui dispensent des bénédictions au monde entier. Tout accroissement de force, toute augmentation qui leur échoit tourne au bien de l'ensemble des hommes et ne signifie donc pas une diminution pour les autres. Par un travail persévérant et plein de zèle on parvient au succès et l'on trouve les concours dont on a besoin. Mais ce qu'on réalise n'est pas quelque avantage personnel et limité : c'est un bénéfice public et accessible à tous.

 
HEXAGRAMME 42

L'Hexagrame


Yi / L'Augmentation
En haut Sun : Le Doux, le Vent.
En bas Tchen : L'Eveilleur, le Tonnerre.

L'idée de l'augmentation s'exprime par le fait que le trait inférieur fort du trigramme supérieur est descendu et s'est placé au bas du trigramme inférieur. L'idée fondamentale du Livre des Transformations s'exprime également dans cette conception : régner véritablement, c'est servir. Un sacrifice de l'être supérieur qui réalise une augmentation de l'être inférieur est appelé augmentation pure et simple, pour indiquer l'esprit qui, seul, est en mesure d'aider le monde.

Le Jugement


L'AUGMENTATION.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

Le sacrifice que les êtres supérieurs offrent pour l'augmentation des êtres inférieurs fait naître dans le peuple un sentiment de joie et de gratitude qui est extrêmement précieux pour l'épanouissement de la communauté. Quand les hommes s'attachent ainsi à leurs guides on peut entreprendre quelque chose; même des affaires difficiles et dangereuses réussiront. C'est pourquoi, en de telles époques d'ascension dont l'évolution est accompagnée de succès, il importe de travailler et d'utiliser le moment. Ce temps ressemble à celui du mariage du ciel et de la terre, lorsque la terre participe à la force du ciel et qu'elle façonne et réalise les êtres vivants. Le temps de l'augmentation ne dure pas, c'est pourquoi il convient de le mettre à profit pendant qu'il est là.

L'Image


Vent et tonnerre :
Image de L'AUGMENTATION.
Il en est ainsi de l'homme noble :
s'il voit le bien, il l'imite,
s'il a des défauts, il s'en défait.

En observant la manière dont le tonnerre et le vent s'augmentent et se renforcent mutuellement. on apprend le moyen de s'augmenter et de s'améliorer personnellement. Si l'on découvre quelque chose de bon chez les autres, on doit l'imiter et s'approprier ainsi tout ce qu'il y a de bon sur la terre. Si l'on voit en soi quelque chose de mauvais, on s'en défait. On se libère ainsi du mal. Ce changement moral est l'augmentation la plus importante de la personnalité.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Il est avantageux d'accomplir de grandes actions.
Suprême fortune. Pas de blâme.

Lorsqu'on se sent grandement encouragé d'en haut, on doit employer l'accroissement de forces ainsi obtenu à accomplir une grande tâche en vue de laquelle on n'aurait peut-être trouvé, s'il n'en avait pas été ainsi, ni la force, ni le goût de la responsabilité. Parce qu'on est libre de recherche personnelle, on réalisera une grande fortune et, en obtenant cette grande fortune, on demeurera exempt de reproches.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Quelqu'un l'augmente certainement.
Dix couples de tortues ne peuvent pas s'opposer à lui.
Une persévérance durable apporte la fortune.
Le roi le présente devant Dieu. Fortune.

La véritable augmentation survient quand l'homme réalise en lui-même les conditions qu'elle exige : réceptivité et amour du bien. Ce que l'on poursuit vient alors spontanément avec la nécessité des lois naturelles. Là où l'augmentation est ainsi en accord avec les lois suprêmes de l'univers, aucune constellation de contretemps ne peut l'entraver. Une seule chose importe : c'est qu'un bonheur inattendu ne nous tourne pas la tête, mais que nous le fassions nôtre par la force intérieure et la fermeté. Ainsi nous prendrons de l'importance devant Dieu et devant les hommes et nous pourrons accomplir une œuvre pour le bien du monde.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
On se trouve enrichi par des expériences malheureuses.
Pas de blâme si tu es sincère, que tu marches au milieu et fasses au prince un rapport muni d'un sceau.

Un temps de bénédiction et d'enrichissement est si puissant dans ses résultats que même des expériences qui autrement seraient malheureuses servent au bien de ceux qui les subissent. Ils deviennent exempts de fautes et, du fait qu'ils agissent conformément à la vérité, ils acquièrent une telle autorité intérieure qu'ils exercent une influence comme s'ils étaient confirmés par une lettre et un sceau

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Si tu marches au milieu et que tu fasses un rapport au prince, il suivra.
Il est avantageux d'être employé lors du transfert de la capitale,

Il est important qu'il y ait des hommes servant d'intermédiaires entre dirigeants et dirigés. Ce doivent être des personnalités dépourvues d'égoïsme, notamment en temps d'augmentation où le profit émane du guide pour aller au peuple. Aucune partie de la bénédiction ne doit être retenue de façon égoïste, mais elle doit tourner véritablement tout entière au bien de ceux à qui elle est destinée. Une telle personnalité de médiateur qui exerce également une bonne influence sur le guide est particulièrement importante aux époques où il s'agit d'entreprises considérables, décisives pour l'avenir, qui requièrent l'assentiment intérieur de tous les participants.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Si vraiment tu as un cœur bon, ne questionne pas. Suprême fortune.
En vérité le bien sera reconnu comme ta vertu.

Le bien véritable ne compte pas et ne questionne pas sur le mérite et la reconnaissance, mais il agit en suivant une nécessité intérieure. Un tel cœur vraiment bon se trouve récompensé en ce qu'il est reconnu, et ainsi son influence bienfaisante se répandra sans obstacle.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Il ne procure d'augmentation à personne.
Quelqu'un assurément le frappe.
Il ne conserve pas son cœur constamment ferme.
Infortune.

Le sens de la situation est que les supérieurs devraient augmenter les inférieurs en renonçant à eux-mêmes. Quand on néglige ce dévot agité dans ses paroles, celles-ci ne trouvent aucun écho chez lui et que l'on n'est utile à personne, on sort aussi de l'influence bienfaisante des autres et l'on se trouve vite isolé. On s'attire ainsi des attaques. Une disposition qui n'est pas en harmonie durable avec les exigences de l'époque apportera nécessairement l'infortune avec elle. Confucius dit à propos de ce trait : « L'homme noble met sa personne en repos avant de se mouvoir. Il se recueille dans son esprit avant de parler. Il affermit ses relations avant de demander quelque chose. Ayant mis ces trois choses en ordre, il est en parfaite sécurité. Mais si quelqu'un est brusque dans ses mouvements, les autres ne coopèrent pas avec lui. S'il demande quelque chose sans avoir auparavant noué des relations, les gens ne lui donnent pas. Si personne n'est avec lui, alors ceux qui veulent lui nuire s'approchent. ».

 
HEXAGRAMME 43

L'Hexagrame


Kouai / La Percée (la Résolution)
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac.
En bas K'ien : Le Créateur, le Ciel.

L'hexagramme signifie d'une part une percée après une longue tension accumulée, comme la brèche qu'un fleuve fait à travers ses digues, comme un nuage qui crève. Sur le plan des situations humaines, c'est l'époque où les hommes vulgaires sont en voie de disparition. Leur influence décroît et une action résolue fait que le changement de conditions amène la percée. Ce signe est rattaché au 3 ème mois (avril-mai).

Le Jugement


LA PERCÉE.
On doit résolument faire savoir la chose à la cour du Roi. Elle doit être annoncée conformément à la vérité.
Danger. On doit informer sa propre ville.
Il n'est pas avantageux de recourir aux armes.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.

Même si, dans une ville, il n'y a qu'un homme vulgaire à la place d'autorité, il peut accabler les hommes nobles. Même si dans le cœur une seule passion reste nichée, elle petit obscurcir la raison. La passion et la raison ne peuvent coexister, c'est pourquoi un combat sans merci est indispensable si l'on veut établir le règne du bien. Toutefois il existe dans le combat résolu du bien pour écarter le mal des règles déterminées qui ne doivent pas être perdues de vue si l'on veut obtenir le succès. La résolution doit reposer sur l'union de la force et de la bienveillance. Un compromis avec ce qui est mauvais n'est pas possible; le mal doit en toutes circonstances être discrédité ouvertement. De même les passions et les défauts personnels ne doivent pas être embellis. Le combat ne doit pas être mené par la violence. Là où le mal est stigmatisé, il pense à recourir aux armes, et si on lui fait le plaisir de lui rendre coup pour coup, on a le dessous, car on est soi-même impliqué dans la haine et la passion. C'est pourquoi il importe de commencer par sa propre maison et prendre garde aux défauts que l'on a soi-même stigmatisés. Ainsi les armes du mal s'émoussent d'elles-mêmes quand elles ne trouvent pas d'adversaires. Et même nos propres défauts ne doivent pas être combattus directement. Tant que nous luttons contre eux, ils demeurent victorieux. La meilleure manière de combattre le mal, c'est un progrès énergique dans le bien.

L'Image


Le lac s'est élevé dans le ciel :
Image de LA PERCÉE.
Ainsi l'homme noble dispense la richesse au-dessous de lui, et craint de se reposer sur sa vertu.

Quand l'eau du lac s'est élevée dans le ciel, on peut craindre de voir crever un nuage. L'homme noble prend cela pour un avertissement et prévient à temps un effondrement brutal. Celui qui voudrait entasser des richesses pour lui seul sans penser aux autres connaîtrait un effondrement. Toute accumulation est en effet suivie d'une dispersion. C'est pourquoi l'homme noble commence déjà à disperser pendant le temps où il accumule. De même, dans le développement de son caractère, il veille à ne pas se raidir et à ne pas s'entêter, mais à demeurer réceptif aux impressions par un constant et rigoureux examen de lui-même.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Puissant dans les orteils qui marchent en avant.
Si l'on va et que l'on n'est pas à la hauteur de l'affaire on commet une faute.

Aux époques d'avance résolue, c'est le tout premier début qui est particulièrement difficile. On se sent plein d'élan pour une avance vigoureuse, mais la résistance est encore très puissante. Il importe de mesurer sa propre force et de ne pas s'engager plus loin que l'endroit où l'on est assuré du succès. Aller aveuglément de l'avant est mauvais, car c'est précisément au début qu'un choc en retour inattendu a les conséquences les plus néfastes.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Cri d'alarme.
Armes le soir et la nuit.
Ne crains rien.

Etre prêt, tout est là. La résolution est inséparable de la prévoyance. Lorsqu'on est attentif et réfléchi, il n'est pas besoin de s'émouvoir et de s'effrayer. Lorsqu'on est constamment vigilant tant qu'il n'y a pas encore de danger, on est armé lorsque le danger s'approche et l'on n'a pas à craindre. L'homme noble est sur ses gardes devant ce qui n'est pas encore en vue et attentif à ce que l'on n'entend pas encore; c'est pourquoi il demeure au milieu des difficultés comme s'il n'y avait pas de difficultés. Si quelqu'un cultive son caractère, les hommes s'attachent spontanément à lui. Si la raison triomphe, les passions se retirent d'elles-mêmes. Etre circonspect et ne pas oublier son armure, c'est là le vrai chemin de la sécurité.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Etre puissant dans les os des joues apporte l'infortune.
L'homme noble est fermement résolu.
Il marche solitaire et rencontre la pluie.
Il est arrosé et l'on murmure contre lui.
Pas de blâme.

La situation dans laquelle on se trouve est ambiguë. Tandis que tout le monde est engagé dans le combat résolu contre le vulgaire, on se trouve seul à avoir une certaine relation avec un homme du commun. Si l'on voulait alors se montrer extérieurement fort et se tourner contre lui avant que les conditions aient mûri, on ne ferait que rendre la situation tout entière périlleuse, car l'homme vulgaire recourrait alors à des contre-mesures anticipées. La tâche de l'homme noble est ici des plus difficiles. Il doit être intérieurement résolu et, dans son commerce avec l'homme vulgaire, se tenir éloigné de toute participation à sa vulgarité. Ce faisant, il est naturellement mal jugé. On pense qu'il appartient au parti des hommes vulgaires. Il est entièrement isolé, car personne ne le comprend. Ses relations avec le vulgaire le souillent aux yeux de la foule et l'on se tourne contre lui en murmurant. Mais il supporte d'être méconnu et ne commet pas de faute, car il demeure fidèle à lui-même.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il n'y a pas de peau sur les cuisses et la marche s'avère pénible.
Si on se laissait conduire comme un mouton la honte diminuerait.
Mais si l'on entend ces paroles on ne les croira pas.

On souffre d'inquiétude intérieure si bien que l'on ne peut se fixer à sa place. On voudrait avancer à tout prix et, ce faisant, on rencontre des obstacles insurmontables. Ainsi on se trouve en conflit intérieur avec sa situation. Cela provient de l'entêtement avec lequel on voudrait exécuter sa volonté. Si l'on voulait se défaire de cette obstination, tout irait bien. Mais ce conseil, comme beaucoup de bons conseils, ne sera pas entendu. Car l'entêtement fait que l'on a des oreilles mais que l'on n'entend pas.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Face aux mauvaises herbes il faut une ferme résolution.
La marche au milieu demeure exempte de blâme.

Les mauvaises herbes repoussent sans cesse et se laissent difficilement déraciner. Ainsi la lutte contre des hommes vulgaires à des places en vue réclame une ferme résolution. On se tient en relations avec eux et il est par suite à craindre qu'on ne renonce au combat en le considérant comme sans espoir. Mais cela ne doit pas être. Il faut continuer à lutter résolument et ne pas se laisser détourner de son chemin. Ce n'est qu'ainsi que l'on demeure exempt de blâme.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Pas d'appel. A la fin vient l'infortune.

La victoire semble être achevée. Il ne demeure plus qu'un restant de mal qui doit être résolument déraciné comme l'époque le demande.   Tout semble parfaitement aisé, mais c'est précisément en cela que réside le danger. Si l'on n'est pas sur ses gardes, le mal réussit à se frayer subrepticement un passage et, dès qu'il s'est échappé, de nouveaux malheurs naissent des germes qui avaient subsisté, car le mal ne meurt pas facilement.   Face au mal que contient notre propre caractère, nous devons aussi faire un travail radical. Si, par négligence, on omettait de remédier à quelque point, il sortirait de là un nouveau mal.

 
HEXAGRAMME 44

L'Hexagrame


Keou / Venir à la rencontre
En haut K'ien : Le Créateur
En bas Souen : Le Doux, le Vent

L'hexagramme indique une situation où le principe obscur se réintroduit secrètement et de façon inattendue de l'intérieur et d'en bas après qu'on l'avait écarté. L'élément féminin vient de lui-même à la rencontre des hommes. C'est une situation dangereuse et non favorable à cause des conséquences possibles qu'il importe de reconnaître à temps et, par suite, d'enrayer. Ce signe est rattaché au 5e mois (juin-juillet) parce qu'avec le solstice d'été le principe obscur recommence peu à peu son ascension.

Le Jugement


VENIR À LA RENCONTRE.
La jeune fille est puissante
On ne doit pas épouser une telle jeune fille,

L'ascension de l'homme vulgaire est représentée sous les traits d'une jeune fille effrontée qui se livre facilement et prend ainsi le commandement. Cela ne serait pas possible si, de son côté, le principe fort et lumineux n'était pas venu. lui aussi, à sa rencontre. L'homme vulgaire paraît si inoffensif et si doucereux que l'on s'en fait un ami. Il paraît si petit et si faible que l'on pense pouvoir plaisanter avec lui sans inquiétude. L'homme vulgaire ne s'élève que parce que l'homme noble ne le tient pas pour dangereux et lui prête de la puissance. Si on lui résistait au début, il ne réussirait jamais à acquérir de l'influence. Mais le temps où l'on vient à la rencontre a cependant encore un autre aspect qui mérite examen. Si la règle ne doit pas être que le faible vienne au-devant du fort, cette attitude revêt cependant à certaines époques une signification considérable. Si le ciel et la terre viennent à la rencontre l'un de l'autre toutes les créatures prospèrent. Quand le prince et son ministre viennent à la rencontre l'un de l'autre, l'ordre s'établit dans le monde. Il est indispensable que des principes destinés l'un à l'autre viennent l'un vers l'autre. Cette démarche doit seulement être libre d'arrière-pensées, sinon ce serait mauvais.

L'Image


Sous le ciel est le vent :
Image de l'acte de VENIR À LA RENCONTRE.
Ainsi fait le prince quand il publie ses ordres et les fait proclamer aux quatre points cardinaux.

La situation est analogue à celle de l'hexagramme Kouan « la contemplation » (n° 20). Là le vent souffle sur la terre, ici il souffle sous le ciel. Dans les deux cas il entre partout. Mais, là, le vent était sur la terre, donc en bas, et symbolisait le souverain prenant connaissance des conditions du royaume. Ici le vent souffle d'en haut; cela indique l'influence que le souverain exerce par ses ordres. Le ciel est éloigné des choses qui sont sur la terre, mais il les meut par le vent. Le souverain est éloigné du peuple, mais il le meut par ses ordres et l'expression de ses volontés.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Il faut le freiner avec un frein de bronze.
La persévérance est source de fortune.
Si on le laisse aller on connaît l'infortune.
Même un cochon maigre trouve là l'occasion d'exercer sa fureur à la ronde.

Quand un élément de moindre valeur s'est insinué, on doit aussitôt s'opposer à lui avec énergie. En entravant sa marche de façon conséquente, on peut éviter les effets mauvais. Si on le laisse suivre son cours, il en résulte à coup sûr de l'infortune. L'insignifiance de ce qui s'insinue ne doit pas inciter à le prendre à la légère. Tant qu'un porc est jeune et maigre, il ne peut guère manifester sa fureur ici et là, mais dès que, bien nourri, il est devenu gras et fort, sa vraie nature ressort comme si elle n'avait jamais été refrénée auparavant.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Dans le vivier il y a du poisson. Pas de blâme.
Pas avantageux pour les invités.

L'élément inférieur n'est pas vaincu par la force mais tenu sous un contrôle plein de douceur. Alors il n'y a aucun mal à redouter. On doit seulement veiller à ce qu'il n'aille pas se mêler à ceux qui sont plus loin, car, laissé en liberté, il déploierait sans entrave son aspect fâcheux.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Il n'y a pas de peau sur les cuisses et la marche s'avère pénible.
Si l'on se souvient du danger on ne commet pas de faute grave.

Un homme est intérieurement tenté d'entrer en contact avec l'élément mauvais qui s'offre à lui. C'est une situation très dangereuse. Par bonheur il en est empêché par les circonstances. Il voudrait bien, mais il ne le peut pas. Cela donne une indécision douloureuse concernant la manière d'agir. Mais s'il parvient à voir clairement le danger de la situation, il évitera au moins les fautes d'une certaine gravité.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Dans le vivier il n'y a pas de poisson.
De là sort l'infortune.

Nous devons supporter avec patience les petits afin qu'ils demeurent bien disposés à notre égard. Alors nous pouvons également les utiliser au moment où nous avons besoin d'eux. Si nous nous éloignons d'eux et que nous n'allions pas à leur rencontre, ils se détournent de nous et nous ne les avons pas à notre disposition au moment nécessaire. Mais il faut alors nous en prendre à nous-mêmes.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Un melon recouvert de feuilles de saule.
Traits cachés.
Cela nous tombe alors du haut du ciel.

Le melon est comme le poisson une image du principe obscur. Il est sucré mais pourrit facilement; c'est pourquoi il est recouvert de feuilles de saule protectrices. La situation est celle où un homme fort, élevé, ferme en lui-même protège avec patience les inférieurs dont il a la charge. Il possède en lui les traits fermes de l'ordre et de la beauté. Pourtant il ne les fait pas valoir. Il n'importune pas ses subordonnés par son éclat extérieur ou des avertissements fastidieux, mais il les laisse entièrement libres, faisant pleine confiance à la puissance transformatrice qui réside à l'intérieur d'une personnalité forte et pure. Et voici que le destin est favorable. Les inférieurs sont influencés et lui tombent comme des fruits mûrs.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Il vient à la rencontre avec ses cornes.
Humiliation. Pas de blâme.

Quand un homme s'est retiré du monde, l'agitation profane lui devient souvent insupportable. Il y a souvent des hommes qui, dans un noble orgueil, se tiennent loin du vulgaire et le repoussent avec rudesse s'il vient à leur rencontre.   De tels hommes sont réprimandés d'être durs et inaccessibles; toutefois comme ils ne sont plus liés par le devoir d'agir dans le monde, cela n'a pas grande importance. Ils savent supporter avec calme l'aversion de la masse.

 
HEXAGRAMME 45

L'Hexagrame


Ts'ouei / Le Rassemblement (le Recueillement)
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac
En bas K'ouen : Le Réceptif, la Terre

Cet hexagramme s'apparente par sa forme et sa signification au n° 8 : Pi, « la solidarité ». Là l'eau au-dessus de la terre, ici le lac au-dessus de la terre. Le lac est k point où se rassemblent les eaux, c'est pourquoi l'idée de rassemblement est ici plus fortement exprimée que dans l'hexagramme Pi. La même, idée fondamentale découle de ce qu'il y a ici à la 4e et à la 5e places deux traits forts qui réalisent le rassemblement, tandis que là il n'existe qu'un seul trait fort à la Se place au milieu des traits faibles.

Le Jugement


LE RASSEMBLEMENT. Succès.
Le roi s'approche de son temple.
Il est avantageux de voir le grand homme.
Cela apporte le succès. La persévérance est avantageuse.
Présenter de belles offrandes opère la fortune.
Il est avantageux d'entreprendre quelque chose.

Le rassemblement des hommes dans des communautés d'une certaine importance est, ou bien naturel comme à l'intérieur de la famille, ou bien artificiel comme dans l'Etat. La perpétuation de ce rassemblement s'accomplit au moyen du culte des ancêtres à l'occasion duquel le clan tout entier se réunit. Par la piété unanime des vivants les ancêtres sont si bien intégrés dans la vie spirituelle de la communauté de leurs descendants que celle-ci ne peut se disperser ni se dissoudre. Là où les hommes doivent être rassemblés, la puissance religieuse est nécessaire. Mais il faut aussi qu'un chef humain soit là comme centre du rassemblement. Pour pouvoir rassembler les autres, ce centre du rassemblement doit tout d'abord être rassemblé, recueilli en lui-même. C'est seulement par la force morale du recueillement que le monde peut s'unir. De telles grandes époques d'unification légueront aussi de grandes œuvres. C'est le sens du grand sacrifice qui est offert. Et dans le domaine profane aussi de grandes œuvres doivent être accomplies aux époques de rassemblement.

L'Image


Le lac est au-dessus de la terre :
Image du RASSEMBLEMENT.
Ainsi l'homme noble renouvelle ses armes pour rencontrer l'imprévu.

Si l'eau se rassemble dans le lac au point de s'élever au-dessus de la terre, il y a menace de percée (cf. l'hexagramme n° 43). Des précautions doivent être prises contre une telle éventualité. De même des conflits naissent facilement là où des hommes s'assemblent en grand nombre. Là où des biens sont rassemblés des vols apparaissent facilement. C'est pourquoi, aux époques de rassemblement, il faut s'armer à temps pour parer à l'inattendu. Sur la terre la souffrance vient la plupart du temps d'expériences imprévues pour lesquelles on n'est pas armé. Si l'on est préparé on peut les prévenir.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Si tu es sincère mais non pourtant jusqu'au bout, il y a tantôt confusion, tantôt rassemblement.
Si tu appelles, tu peux rire de nouveau après que l'on t'a prêté main-forte.
Ne regrette pas. Aller est sans blâme.

La situation est ici celle où l'on veut se rassembler autour d'un guide vers lequel on lève les yeux. Mais on se trouve dans une nombreuse compagnie par laquelle on se laisse influencer, si bien que l'on chancelle dans sa résolution. On n'a ainsi aucun centre fixe pour un rassemblement. Toutefois si l'on donne une expression à cet état de détresse et que l'on appelle à l'aide, il suffit que le guide prête main-forte pour mettre un terme au désarroi. C'est pourquoi on ne doit pas se laisser induire en erreur. S'attacher à ce maître est évidemment l'attitude juste.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Se laisser tirer apporte la fortune et demeure sans blâme.
Si l'on est sincère, il est avantageux d'apporter une offrande même petite.

Aux époques de rassemblement on ne doit pas choisir arbitrairement son chemin. Des forces secrètes sont à l'oeuvre qui mènent ensemble ceux qui possèdent entre eux des affinités. On doit s'abandonner à une telle attraction; alors on ne commet pas de faute. Là où des relations intérieures existent, de grandes préparations ou formalités ne sont pas nécessaires. On se comprend tout de suite, de même que la divinité accepte avec bienveillance une petite offrande, si elle vient du coeur.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Rassemblement dans les soupirs. Rien qui soit avantageux.
Aller est sans blâme. Petite humiliation.

On éprouve souvent le besoin de se joindre à d'autres, mais tous les hommes de l'entourage se sont déjà groupés entre eux si bien que l'on demeure isolé. La situation tout entière se révèle insoutenable. Il importe de nous tourner vers le progrès, de nous joindre résolument à un homme qui se tient près du centre du rassemblement et peut nous introduire dans un cercle fermé. Il n'y a pas de faute, même si au début notre situation de franc-tireur nous vaut une position quelque peu humiliante.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Grande fortune. Pas de blâme.

Ici se trouve désigné un homme qui rassemble les humains autour de lui au nom de son maître. Comme il ne poursuit pas d'avantage particulier mais travaille d'une façon désintéressée à l'unité de l'ensemble, son travail est couronné de succès et tout entre dans l'ordre.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Quand on occupe la place nécessaire lors du rassemblement il n'y a pas de blâme.

S'il en est alors qui ne sont pas sincères une persévérance sublime, durable est demandée. Alors le remords disparaît. Lorsque les hommes se rassemblent d'eux-mêmes autour de quelqu'un, et que cela échoit à celui qui devient le centre sans l'avoir cherché, il n'y a là que du bien. On acquiert ainsi une grande influence qui peut être des plus utiles. Mais en même temps il peut se produire aussi que des hommes se rassemblent autour de quelqu'un, guidés non par la confiance intérieure, mais par la position influente qu'il occupe. Cela est assurément regrettable. Face à de telles gens, il n'est d'autre moyen que de se gagner leur confiance par une fidélité au devoir et une constance inébranlables et toujours plus intenses. La secrète méfiance se trouve par là surmontée peu à peu et l'occasion de regret disparaît.

Trait supérieur


Un six en haut signifie :
Lamentations et soupirs, larmes à flots.
Pas de blâme.

Il peut arriver que l'on veuille se joindre à quelqu'un, mais que l'on voie son intention méconnue. On est alors plein de tristesse et l'on se lamente.   Mais c'est le bon chemin. Car cela peut amener l'autre à réfléchir et l'on peut parvenir encore à la réunion désirée et douloureusement manquée.

 
HEXAGRAMME 46

L'Hexagrame


Cheng / La Poussée vers le haut
En haut K'ouen : Le Réceptif, la Terre
En bas Souen : le Doux, le Vent

Le trigramme inférieur, Souen, a pour image le bois; If trigramme supérieur, K'ouen, signifie la terre. A cela est liée l'idée que le bois, dans la terre, pousse vers le haut. Cette « poussée vers le haut » est, par opposition au « progrès », (n° 35), liée à la notion d'effort, de même que les plantes ont besoin de force pour croître dans la terre.

Le Jugement


LA POUSSÉE VERS LE HAUT possède une sublime réussite.
Il faut voir le grand homme.
Ne crains pas.
Le départ pour le sud apporte la fortune.

La poussée vers le haut des éléments de valeur ne se heurte à aucun obstacle; c'est pourquoi elle est accompagnée de grand succès. L'attitude qui rend possible la poussée vers le haut n'est pas violente, mais humble et accommodante. Mais comme on est porté par les dispositions favorables de l'époque, on progresse. Il faut aller de l'avant et rechercher les personnes qui détiennent l'autorité. On ne doit pas craindre de le faire, car le succès se présentera à coup sûr. Il faut seulement se mettre au travail, car l'activité (signifiée par le sud) est source de fortune.

L'Image


Au milieu de la terre pousse le bois :
Image de la POUSSÉE VERS LE HAUT.
Ainsi l'homme noble à la nature abandonnée accumule les petites choses pour en faire des choses grandes et élevées.

Le bois dans la terre croît sans hâte et sans précipitation vers le haut en faisant docilement le tour des obstacles. L'homme au caractère abandonné fait de même et ne connaît jamais de repos dans sa progression.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
La poussée vers le haut qui rencontre la confiance apporte une grande fortune.

C'est ici le début de l'ascension. De même qu'en vue de la poussée vers le haut le bois tire sa force des racines qui se trouvent sous lui, la force que réclame la montée émane de cette place : elle est inférieure et inconnue, mais il existe une certaine parenté intérieure de l'être avec le souverain d'en haut, et cette communauté fait naître la confiance dont on a besoin pour pouvoir réaliser quelque chose.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Si l'on est sincère il est avantageux de présenter une offrande même petite.
Pas de blâme.

On suppose ici la présence d'un homme fort. Sans doute il n'est pas adapté à son entourage, car il est trop rude et donne trop peu de place aux formes. Mais il possède la droiture intérieure, c'est pourquoi on vient au-devant de lui et sa négligence des formes extérieures ne lui porte pas préjudice. La droiture est ici l'émanation de qualités solides, tandis que dans le trait correspondant de l'hexagramme précédent elle est le résultat de l'humilité intérieure.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
On pousse vers le haut dans une cité vide.

Ici toutes les obstructions qui entravent généralement le progrès tombent. On va de l'avant avec une facilité remarquable. On suit cette route sans hésiter pour exploiter son succès. Vu de l'intérieur tout paraît être parfaitement en ordre. Cependant l'oracle n'ajoute aucune promesse de bonheur. La question se pose de savoir combien de temps dure un tel progrès sans obstruction. Il convient pourtant de ne pas se laisser impressionner par des réflexions de ce genre qui ne feraient qu'entraver la force, mais de se hâter d'utiliser les circonstances favorables.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Le roi le présente à la montagne K'i. Fortune.
Pas de blâme.

Le mont K'i est situé à l'ouest de la Chine au pays d'origine du roi Wen dont le fils, le duc de Tchéou, est l'auteur des sentences qui accompagnent les différents traits. C'est un souvenir de l'époque de l'avènement de la dynastie Tchéou. Les grands alliés du roi Wen furent alors présentés au dieu de sa montagne natale et ils reçurent leur place auprès du souverain dans la salle des ancêtres. On montre ici un stade où la poussée vers le haut a atteint son but. On est glorifié devant les hommes et les dieux, et l'on est reçu dans le cercle de ceux sur qui repose la vie spirituelle de la nation. On est ainsi revêtu d'une importance durable et inaccessible au temps.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
La persévérance apporte la fortune.
On pousse vers le haut par degrés.

Quand on continue toujours d'avancer il est important de ne pas se laisser griser par le succès. C'est précisément dans la grande réussite qu'il convient de demeurer sobre, de ne pas vouloir brûler les étapes, mais d'avancer lentement, pas à pas, comme si l'on hésitait. Seul ce progrès paisible, continu, qui ne précipite rien conduit au but.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Pousser vers le haut dans le noir.
Il y a avantage à persévérer sans relâche.

Celui qui pousse vers le haut en aveugle est intérieurement égaré. Il connaît seulement la progression, non la retraite. Mais de cette manière on s'épuise. Il est important dans de tels cas de se rappeler que l'on doit demeurer consciencieux et conséquent avec soi-même. Ce n'est qu'ainsi que l'on se préservera de la poussée aveugle qui est toujours mauvaise.

 
HEXAGRAMME 47

L'Hexagrame


K'ouen / L'Accablement (Épuisement)
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

En haut est le lac, en bas, l'eau. Le lac est vide, épuisé, tari. Mais l'idée d'épuisement apparaît d'une autre manière encore : en haut se trouve un trait obscur avec, au-dessous, deux traits lumineux; en bas est un trait lumineux entre deux traits obscurs. Le trigramme supérieur relève du principe obscur, tandis que le trigramme inférieur appartient au principe lumineux. Ainsi les hommes nobles sont partout accablés et contrariés dans leur action par les hommes vulgaires.

Le Jugement


L'ACCABLEMENT.
Succès. Persévérance.
Le grand homme réalise une heureuse fortune.
Pas de blâme.
Si l'on a quelque chose à dire, on n'est pas cru.

Les temps d'adversité sont à l'opposé du succès. Ils peuvent toutefois conduire au succès s'ils atteignent l'homme qu'il faut. Lorsqu'un homme fort rencontre la détresse, il demeure serein et joyeux en dépit de tous les dangers, et cette sérénité est le fondement du succès à venir. C'est la fermeté, qui est plus forte que le destin. Celui qui se laisse briser intérieurement par l'épuisement ne parvient assurément pas au succès. Mais celui que l'adversité ne fait que courber et en qui elle engendre la force de réagir, celui-là viendra sûrement à la lumière avec le temps. Aucun homme vulgaire n'est capable d'une telle attitude. Seul le grand homme réalise une heureuse fortune et demeure sans blâme. Il est vrai que pour l'instant l'influence lui est refusée extérieurement, puisque ses paroles demeurent sans effet. C'est pourquoi il importe, aux époques d'adversité, de demeurer intérieurement fort et sobre de paroles.

L'Image


Dans le lac il n'y a pas d'eau :
Image de L'ÉPUISEMENT.
Ainsi l'homme noble risque sa vie pour suivre sa volonté.

Lorsque l'eau s'est écoulée vers le bas, le lac se dessèche et se tarit. Tel est le destin. C'est l'image du sort adverse dans la vie humaine. A de telles époques, il n'y a rien d'autre à faire que d'assumer son destin et de demeurer fidèle à soi-même. C'est la couche la plus profonde de l'être personnel qui est ici visée, car elle seule est au-dessus de toute destinée extérieure.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
On est assis, accablé, sous un arbre nu et l'on arrive dans une vallée obscure.
Pendant trois ans on ne voit rien.

Lorsqu'on rencontre l'adversité, il importe avant tout d'être fort et de surmonter intérieurement le sort contraire. Mais si nous sommes faibles l'adversité a raison de nous. Au lieu de continuer notre marche nous demeurons assis Sous un arbre nu et nous sombrons toujours davantage dans les ténèbres et la mélancolie. Cela rend la situation toujours plus désespérée. Cette attitude provient d'un aveuglement intérieur dont il faut triompher à tout prix.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
On est accablé auprès du vin et des aliments.
Voici qu'arrive l'homme aux genouillères écarlates.
Il est avantageux d'offrir un sacrifice.
Partir en hâte est source d'infortune.
Pas de blâme.

Ici est dépeint un accablement intérieur dans lequel on se trouve. Extérieurement tout va bien : on a à manger et à boire. Cependant on est épuisé par la banalité de la vie à laquelle on ne voit aucune issue. Mais le secours vient d'en haut : un prince - dans l'ancienne Chine les princes portaient des genouillères écarlates - est à la recherche d'assistants de valeur. Pourtant il y a encore des obstacles à vaincre. C'est pourquoi il convient d'affronter ces obstacles invisibles au moyen de sacrifices et de la prière. Partir en hâte sans préparation conduirait à l'infortune, bien que sur le plan moral une telle attitude ne laisse pas à désirer. On doit ici triompher de circonstances contraires par l'endurance intérieure.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
On se laisse accabler par une pierre et l'on s'appuie sur des épines et des chardons.
On entre dans sa maison et l'on ne voit pas sa femme.
Infortune.

On a ici le tableau d'un homme inquiet et indécis au temps de l'adversité. Il veut d'abord aller de l'avant, puis rencontre des obstacles qui ne sont toutefois accablants que si on les aborde de manière irréfléchie. On veut donner de la tête contre le mur et l'on se trouve en conséquence accablé par ce mur. On s'appuie alors sur des choses qui, de par leur nature, n'offrent aucune sécurité et sont seulement scabreuses pour ceux qui les prennent pour soutien. Plein d'indécision, on s'en retourne et l'on rentre chez soi pour y découvrir une nouvelle déception : l'épouse est absente. Confucius dit à ce sujet : « Si un homme se laisse accabler par quelque chose qui ne devrait pas l'accabler son nom connaîtra sûrement la honte. S'il s'appuie sur ce à quoi il ne faut pas s'appuyer sa vie sera sûrement mise en danger. Celui qui se trouve dans la honte et le danger voit s'approcher de lui l'heure de la mort. Comment peut-il voir encore sa femme ? ».

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Il vient tout doucement, accablé dans un char doré.
Humiliation, mais on parvient au terme.

Un homme aisé voit la détresse des hommes placés plus bas que lui et il désirerait vivement les aider. Cependant, il ne procède pas avec rapidité et énergie là où ce serait nécessaire, mais entame l'affaire d'une façon hésitante et mesurée. Il se heurte alors à des obstacles. Des gens puissants et riches de sa connaissance l'attirent dans leur cercle. Il doit composer avec eux et ne peut les entraîner. Il se trouve par suite dans un grand embarras. Toutefois l'adversité est passagère. La force originelle de la nature répare les fautes commises et le but est atteint.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
On a le nez et les pieds coupés.
On est accablé par les hommes aux genouillères pourpres.
La joie vient tout doucement.
Il est avantageux de présenter des offrandes et des libations

Il s'agit de quelqu'un qui a le bien des hommes à cœur et qui est accablé d'en haut et d'en bas (c'est le sens du nez et des pieds coupés). Il ne trouve pas d'aide chez les hommes dont ce serait le devoir de contribuer à l'œuvre de salut (les ministres portaient des genouillères pourpres). Cependant les choses évoluent progressivement vers une amélioration. Jusque-là il importe de marcher devant Dieu dans un ferme recueillement intérieur et d'offrir prières et sacrifices pour le bien-être général.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Il est accablé par des sarments.
Il se meut incertain et dit : « Le mouvement produit le remords ».
Si l'on éprouve du remords à ce sujet et que l'on se mette en route on obtient une heureuse fortune.

On est accablé par des liens qui se laissent rompre facilement. L'accablement touche à sa fin. Pourtant on est encore irrésolu : on demeure influencé par la situation antérieure et l'on pense qu'on aura à se repentir si l'on se meut. Mais dès qu'on a une vue claire des choses, que l'on se défait de cette attitude intérieure et que l'on embrasse une ferme résolution, on parvient à dominer l'accablement.

 
HEXAGRAMME 48

L'Hexagrame


Ching / Le Puits
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau.
En bas Souen : Le Doux, le Vent

Au-dessous, le bois; au-dessus, l'eau. Le bois s'enfonce dans la terre pour faire monter l'eau. C'est l'image des puits de l'ancienne Chine d'où l'on tirait l'eau à l'aide d'un seau suspendu à une perche. Le bois ne représente pas les seaux, qui étaient autrefois faits d'argile, mais les perches dont le mouvement permettait de tirer l'eau du puits. L'image s'applique également au monde des plantes qui font monter l'eau de la terre dans leurs fibres. Le puits où l'on trouve l'eau contient en outre l'idée de la nourriture prodiguée de façon inépuisable.

Le Jugement


LE PUITS.
On peut changer la ville mais on ne peut pas changer le puits.
Il ne diminue ni n'augmente.
Ils vont, viennent et puisent au puits.
Si l'on est presque arrivé à l'eau mais que la corde ne soit pas encore entièrement descendue ou que la cruche se brise, cela apporte l'infortune.

Dans l'ancienne Chine les capitales étaient parfois transférées, soit parce qu'un nouvel emplacement paraissait plus favorable, soit parce que la dynastie avait changé. Le style des édifices s'est modifié au cours des siècles mais la forme du puits est demeurée la même depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours. Le puits se trouve ainsi être une image de l'organisation sociale de l'humanité dans ses nécessités vitales les plus primitives; cette organisation est indépendante de toutes les formes politiques. Les formes politiques, les nations changent, mais la vie des hommes avec ses exigences demeure éternellement la même. Cela ne se laisse pas modifier. Cette vie est également inépuisable. Elle ne s'amoindrit ni n'augmente, et elle existe pour tous. Les générations vont et viennent, et toutes jouissent de la vie dans son abondance intarissable. Toutefois, une bonne organisation politique et sociale requiert une double condition. On doit descendre jusqu'aux fondements même de la vie. Toute attitude superficielle dans l'établissement des règles de vie, laissant insatisfaites les nécessités vitales, est aussi imparfaite que l'absence de toute tentative de réforme. Est également mauvaise la négligence qui fait que la cruche se casse.
Si par exemple la défense militaire d'un Etat est portée à un tel excès qu'elle suscite la guerre et entraîne par là l'anéantissement de la puissance de l'Etat, cela équivaut à la cruche qui se brise. L'hexagramme s'applique tout aussi bien aux individus. Quelle que soit la diversité que les dispositions et l'éducation font régner entre les hommes, la nature humaine dans son fond est la même chez tous. Et tout homme peut, au cours de sa formation, puiser à la fontaine intarissable de la nature divine qui est l'essence de l'homme. Mais là encore deux dangers menacent : le premier est que l'homme ne pénètre pas, au cours de sa formation, jusqu'aux vraies racines de l'humanité, mais demeure pris dans les conventions une formation pareille est aussi mauvaise que l'absence de formation - le second, que l'on ne s'effondre brusquement en abandonnant la formation de son être.

L'Image


Au-dessus du bois est l'eau :
Image du PUITS.
Ainsi l'homme noble encourage le peuple au travail et l'exhorte à l'aide mutuelle.

En bas est le trigramme Souen, le bois; en haut, le trigramme K'an, l'eau. Le bois aspire l'eau vers le haut. De même que le bois, en tant qu'organisme, imite l'action du puits et procure le bien de toutes les parties de la plante, l'homme noble ordonne la société humaine de telle sorte que, tout comme dans un organisme végétal, ses membres coopèrent au bien de l'ensemble.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
La vase du puits n'est pas bue.
Aucun animal ne vient à un vieux puits.

Si quelqu'un erre dans les plaines marécageuses, sa vie s'enfonce dans la vase. Un tel homme ne signifie plus rien pour l'humanité. Celui qui se méprise lui-même ne voit plus les autres venir à lui. Finalement personne ne se soucie plus de lui.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Dans le creux du puits, on tire sur les poissons.
La cruche est brisée et fuit.

L'eau en elle-même est claire, mais elle n'est pas utilisée. C'est pourquoi seuls les poissons vivent dans le puits, et si quelqu'un vient c'est seulement pour prendre du poisson; mais la cruche est brisée, si bien qu'on ne peut pas y garder les prises. Ainsi est décrite une situation où quelqu'un doté de bonnes qualités les néglige. Personne ne se soucie de lui et par suite il se dégrade intérieurement. Il s'associe à des hommes inférieurs et ne peut plus accomplir d'œuvre de valeur.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Le puits est récuré, mais on ne boit pas de son eau.
C'est le chagrin de mon cœur car on pourrait y puiser.
Si le roi possédait la clarté, on jouirait ensemble du bonheur.

On se trouve ici en présence d'un homme de valeur. Il est semblable à un puits récuré; un pourrait boire de son eau, mais on ne l'utilise pas. C'est le chagrin de l'homme qui le connaît. On émet le souhait que le prince s'en rende compte, car ce serait une source de bonheur pour tous ceux qui sont concernés.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Le puits est maçonné. Pas de blâme.

Quand on maçonne un puits son eau ne peut pas être utilisée tant que durent les travaux, mais on n'a pas travaillé en vain car ainsi l'eau reste claire. Il est pareillement dans la vie des périodes où l'on doit mettre de l'ordre en soi-même. Sans doute on ne peut pendant ce temps rien faire pour les autres, mais ces moments sont cependant d'une grande richesse, car on intensifie sa force et ses capacités par le développement intérieur, si bien qu'on œuvre mieux ensuite.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Dans le puits est une source claire et fraîche où l'on peut boire.

C'est un excellent puits au fond duquel se trouve une source d'eau vive. Un homme qui possède de telles vertus est né pour libérer et guider ses semblables. Il possède de l'eau vive. Pourtant le caractère « fortune » fait défaut. L'essentiel pour un puits est que son eau soit puisée. Pour le rafraîchissement des hommes, la meilleure des eaux demeure une simple possibilité tant qu'elle n'est pas tirée. De même, l'essentiel pour les guides des hommes est qu'on boive à leur source, qu'on traduise leurs paroles en vie.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
On tire de l'eau du puits sans obstacle.
Il est sûr. Sublime fortune.

Le puits est là pour tout le monde. Aucune défense ne vient gêner ceux qui veulent y puiser. Si nombreux soient-ils à venir, ils trouvent ce dont ils ont besoin, car on peut compter sur le puits. Il possède une source et n'est jamais à sec; c'est pourquoi il constitue une grande fortune pour le pays tout entier. Il en est de même de l'homme véritablement grand qui possède un trésor inépuisable d'excellence intérieure. Plus on y puise, plus son trésor s'accroît.

 
HEXAGRAMME 49

L'Hexagrame


Ko / La Révolution (la Mue)
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

Le sens primitif du caractère désignant l'hexagramme est celui d'une peau de bête qui se transforme en muant au cours de l'année. A partir de là le terme est appliqué aux mues qui se produisent dans la vie de l'Etat, aux grandes révolutions liées à un changement de régime. Les deux signes dont l'union forme l'hexagramme sont, comme dans K'ouei « L'opposition » (n° 38), les deux plus jeunes filles, Li et Touei. Mais, tandis que dans K'ouei la plus âgée des deux se tient en haut et qu'il n'en résulte pour l'essentiel qu'une opposition de tendances, ici c'est la plus jeune qui occupe la place supérieure et les effets s'affrontent mutuellement; les forces se combattent comme le feu et l'eau (le lac), chacune cherchant à détruire l'autre. D'où l'idée de révolution.

Le Jugement


LA RÉVOLUTION.
En ton jour tu rencontres foi.
Sublime succès favorisant par la persévérance.
Le remords se dissipe.

Les révolutions politiques sont chose excessivement grave. On ne doit les engager qu'en cas d'extrême nécessité quand il ne reste plus d'autre issue. Tout le monde n'est pas appelé à une telle action, mais seulement celui qui a la confiance du peuple, et il ne l'entreprendra que si les temps sont mûrs. Il faut dans une telle affaire procéder de la façon correcte de manière à réjouir le peuple et à éviter les excès en l'éclairant. On doit en outre demeurer exempt de toute visée égoïste et venir réellement en aide aux besoins du peuple. Alors seulement on n'a pas à se repentir. Les temps changent et avec eux les exigences. Ainsi changent les saisons au cours de l'année. Il y a aussi dans l'année de l'univers un printemps et un automne des peuples et des nations qui exigent des transformations sociales.

L'Image


Dans le lac est le feu :
Image de la RÉVOLUTION.
Ainsi l'homme noble règle le calendrier et clarifie les temps.

Le feu au-dessous et le lac au-dessus se combattent et se détruisent mutuellement. Ainsi, le cours de l'année donne également lieu au combat de la force lumineuse et de la force obscure qui se déroule dans les changements des saisons. L'homme se rend maître des transformations de la nature quand il reconnaît leur régularité et divise le cours du temps en conséquence. C'est ainsi que l'ordre et la clarté sont introduits dans l'apparence chaotique de la succession temporelle et que l'on peut s'adapter, même par avance aux exigences des différentes époques.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
On est enveloppé dans la peau d'une vache jaune.

On ne doit entreprendre des changements que lorsqu'il n'y a plus d'autre possibilité. C'est pourquoi la plus extrême réserve est d'abord nécessaire. On doit se rendre intérieurement ferme, se modérer - le jaune est la couleur du milieu, la vache est le symbole de la docilité et ne rien entreprendre tout d'abord, car toute offensive prématurée a des conséquences fâcheuses.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
En ton jour tu peux causer une révolution.
Le départ apporte la fortune. Pas de blâme.

Quand on a tout tenté sans succès pour réaliser des réformes, la nécessité d'une révolution se fait sentir. Cependant une telle révolution radicale doit être bien préparée. Il faut qu'il y ait là un homme possédant les capacités voulues et la confiance du peuple. On pourra se tourner vers un tel homme. Cela apporte la fortune et ne constitue pas une faute. Ce qui importe avant tout est l'attitude intérieure envers l'ordre nouveau qui va s'établir. On doit pour ainsi dire aller au-devant de lui. Ce n'est qu'ainsi qu'il sera préparé.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Le départ apporte l'infortune. La persévérance apporte le danger.
Si des bruits de révolution ont circulé à trois reprises, on peut s'y fier et l'on rencontrera foi.

Lorsque le changement est nécessaire il y a trois défauts à éviter. Le premier est une hâte excessive et imprévoyante qui est liée à l'infortune. L'autre est une hésitation conservatrice à l'excès qui est également dangereuse.   On ne doit pas écouter toute parole invitant au changement de l'ordre de choses existant. Cependant il ne faut pas non plus refuser de prêter l'oreille à des réclamations répétées et bien fondées. Lorsque le mot de révolution a été prononcé trois fois devant quelqu'un et qu'il l'a bien pesé, il peut s'y fier et agir en conséquence.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Le remords se dissipe. On rencontre foi.
Changer l'ordre de l'Etat apporte la fortune.

Des changements radicaux exigent l'autorité nécessaire. On doit posséder la force intérieure du caractère et occuper un poste influent. Il faut que ce que l'on fait corresponde à une vérité supérieure et n'émane pas de motifs arbitraires ou mesquins. On obtient alors une grande fortune. Lorsqu'une telle vérité intérieure fait défaut à la base d'une révolution, celle-ci est toujours mauvaise et ne réussira pas, car les hommes ne donnent en définitive leur soutien qu'à des entreprises dont ils sentent instinctivement la légitimité.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Le grand homme change comme un tigre.
Avant même d'interroger l'oracle, il rencontre foi.

Une peau de tigre avec ses raies noires bien visibles sur fond jaune montre nettement son dessin de loin. Il en va de même des révolutions que réalise un grand homme. On voit alors apparaître des lignes directrices grandes et visibles que chacun peut comprendre. C'est pourquoi le grand homme n'a pas besoin de commencer par interroger l'oracle car le peuple vient à lui d'une façon toute spontanée.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
L'homme noble change comme une panthère.
L'homme vulgaire mue de visage.
Le départ apporte l'infortune.
Demeurer persévérant apporte la fortune.

Après que les grandes questions fondamentales ont été réglées, il reste encore à mener à bien des réformes de détail et des achèvements mineurs. Ceux-ci peuvent être comparés aux taches d'une peau de panthère, également visibles mais plus petites. Par suite, un changement se produit également chez les hommes vulgaires. Ils muent eux aussi conformément au changement général. Cette mue, il est vrai, n'est pas très profonde, mais il ne fallait pas en attendre davantage. On doit se contenter du possible. Si l'on voulait aller trop loin et atteindre trop de choses, on tomberait dans l'inquiétude et l'infortune. Car ce vers quoi l'on doit tendre dans une grande révolution, ce sont des conditions claires et précises qui assurent une sécurité générale dans la limite des possibilités de l'époque.

 
HEXAGRAMME 50

L'Hexagrame


Ting / Le Chaudron
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu
En bas Souen : Le Doux, le Vent

L'ensemble de l'hexagramme offre l'image du chaudron; en bas sont les pieds, puis la panse, puis les oreilles, c'est-à-dire les anses, et, tout en haut, les anneaux qui servent à le porter. L'image du chaudron évoque en même temps l'idée d'alimentation. Le chaudron en bronze était le récipient qui, dans les temples des ancêtres et lors des festins, contenait les aliments cuits. Le chef de famille les y puisait et les plaçait dans les coupes de ses hôtes. « Le puits » avait également le sens secondaire de distribution de la nourriture, mais surtout pour le peuple. Le chaudron, en tant que réalisation d'une civilisation raffinée, évoque les soins et l'alimentation prodigués aux hommes de valeur, qui tournent au bien du peuple (voir les 4 hexagrammes de l'alimentation : n" 5, 27, 48, 50). Cet hexagramme et celui du « puits » sont les seuls du Livre des Transformations représentant des objets concrets artificiels. Toutefois l'idée d'alimentation a également son côté abstrait. Au-dessous, Souen est le bois et le vent; au-dessus, Li est la flamme. L'hexagramme représente donc également la flamme allumée par le bois et le vent qui évoque encore l'idée de la préparation des aliments.

Le Jugement


LE CHAUDRON.
Suprême fortune.
Succès.

Tandis que « le puits » traite des fondements sociaux de la communauté humaine, qui est comme l'eau servant d'aliment au bois, on nous montre ici les superstructures constituées par la civilisation. Ici c'est le bois qui sert d'aliment à la flamme, au principe spirituel. Tout le visible doit poursuivre son évolution et passer dans l'invisible. Il reçoit ainsi la consécration et la clarté légitimes et s'enracine solidement dans l'ensemble de l'univers. C'est le tableau de la civilisation qui culmine dans la religion. Le chaudron sert aux sacrifices divins. Ce qu'il y a de plus élevé dans l'ordre terrestre doit être offert à la divinité. Mais ce qui est véritablement divin ne se manifeste pas séparément de l'humain. La manifestation suprême de Dieu se trouve dans les prophètes et les saints. Honorer ceux-ci est la manière véritable d'honorer Dieu. La volonté de Dieu qui se révèle à travers eux doit être accueillie avec humilité; il se produit alors une illumination intérieure et une intelligence vraie de l'univers qui conduisent à une grande fortune et à un grand succès.

L'Image


Au-dessus du bois est le feu :
Image du CHAUDRON.
Ainsi l'homme noble affermit le destin en ajustant sa position.

Le bois est le destin du feu; tant qu'il y a du bois au-dessous, le feu brûle au-dessus. Il en va de même dans la vie humaine. Il est également dans l'homme un destin qui prête sa force à la vie. Et quand on parvient à donner à la vie et au destin leurs places légitimes, on affermit la destinée en mettant ainsi la vie en accord intime avec elle. Ces paroles renferment des indications sur la manière de cultiver la vie, telles qu'elles se transmettent oralement dans l'enseignement secret du yoga pratique chinois.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Un chaudron aux pieds retournés :
avantageux pour ôter le résidu.
On prend une concubine pour l'amour de son fils.
Pas de blâme.

Lorsqu'on renverse le chaudron avant de l'utiliser il n'y a rien à dire; au contraire, on fait ainsi tomber les déchets. Une concubine occupe en principe une place inférieure, mais parce qu'elle a un fils on lui fait honneur. Ces deux comparaisons expriment l'idée qu'à des époques de civilisation supérieure comme celle qu'évoque l'hexagramme, tout être de bonne volonté peut réussir d'une manière ou d'une autre. Quelle que soit la bassesse de la position que l'on occupe on réussira, du moment que l'on est prêt à se purifier. On parvient à un stade où l'on peut s'adonner de façon fructueuse à des tâches et par suite voir sa personnalité reconnue.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Dans le chaudron il y a des aliments.
Mes compagnons sont envieux mais ils ne peuvent rien contre moi.
Fortune.

Aux époques de civilisation supérieure il est de la plus haute importance de pouvoir effectuer une réalisation. Si l'on se concentre uniquement sur ces entreprises effectives, on subira peut-être, il est vrai, l'envie et la défaveur, mais ce n'est pas dangereux. Plus un homme se limitera à ses tâches positives et moins un envieux aura de prise sur lui.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'anse du chaudron est changée.
On est entravé dans sa conduite.
La graisse du faisan n'est pas mangée.
Dès que la pluie se met à tomber le remords s'efface.
A la fin vient la fortune.

L'anse est l'endroit par lequel on soulève le chaudron. Quand l'anse est changée on ne peut plus soulever et utiliser le chaudron et les mets excellents qu'il contient, comme la graisse de faisan, ne peuvent malheureusement plus être mangés par personne. Par là est désigné quelqu'un qui, à une époque de haute civilisation, se trouve à un poste où personne ne le reconnaît et ne prête attention à lui. C'est pour son action un obstacle considérable. Toutes ses bonnes qualités et tous les dons de son esprit sont ainsi dépensés en pure perte. Cependant, on doit seulement veiller à posséder en soi les biens spirituels véritables. Alors le temps viendra sûrement où les obstacles disparaîtront et où tout ira bien.  La fin de la tension est représentée ici comme ailleurs par la chute de la pluie.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Les pieds du chaudron se brisent.
Le repas du prince est répandu et sa personne est salie.
Infortune.

On doit faire face à une tâche lourde et pleine de responsabilités et l'on ne se sent pas de taille à la mener à bien. De plus, on n'y consacre pas toutes ses forces et l'on se commet avec des hommes vulgaires; par suite l'exécution de l'œuvre échoue. On se place ainsi soi-même dans les outrages et les humiliations. Confucius dit à ce sujet : « Caractère faible à une place d'honneur, maigre savoir et vastes desseins, force débile et lourdes responsabilités échapperont rarement à l'infortune.  »

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Le chaudron a une anse jaune, des anneaux d'or.
La persévérance est avantageuse.

On a ici un homme à un poste d'autorité qui est de par sa nature accessible et humble. Il parvient, grâce à cette attitude intérieure, à trouver des assistants robustes et habiles qui le complètent et le secondent dans sa tâche. Il importe qu'un homme ayant adopté une telle disposition qui réclame une constante abnégation intérieure s'y maintienne fermement sans se laisser égarer.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Le chaudron a des anneaux de jade.
Rien qui ne soit avantageux.

Au trait précédent les anneaux sont d'or, ce qui indique leur solidité. Ici ils sont de jade. Le jade se distingue en ce qu'il joint la dureté à un doux éclat. Ce conseil, considéré par rapport à l'homme qui lui est accessible, exerce sur lui un effet très profitable. Il est ici présenté par rapport au sage qui le donne : un tel homme, lorsqu'il conseille, est doux et pur comme du jade précieux. De cette manière l'œuvre trouve grâce aux yeux de la divinité qui accorde une grande fortune, et elle est agréable aux yeux des hommes; c'est pourquoi tout va bien.

 
HEXAGRAMME 51

L'Hexagrame


Tchen / L'Éveilleur, l'Ébranlement, le Tonnerre
En haut Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.
En bas Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.

L'hexagramme Tchen est le. fils aîné qui prend le commandement avec énergie et puissance. Un trait yang apparaît sous deux traits yin et exerce une puissante poussée vers le haut. Cc mouvement est si violent qu'il suscite l'effroi. Il a pour image le tonnerre qui jaillit de la terre et dont l'ébranlement provoque crainte et tremblement.

Le Jugement


L'ÉBRANLEMENT apporte le succès.
L'ébranlement survient : Oh ! Oh !
Paroles rieuses : Ha ! Ha !
L'ébranlement sème l'effroi sur une distance de cent milles.
Il ne laisse pas tomber la cuiller et la coupe rituelles.

L'ébranlement produit par la manifestation de Dieu à l'intérieur de la terre fait naître la crainte de l'homme, mais cette crainte de Dieu est chose bonne, car elle permet à l'allégresse intérieure et à la joie de lui succéder. Si l'on a acquis la science intérieure de ce que sont la crainte et le tremblement, on est assuré contre les commotions que pourraient causer les influences extérieures. Même si le tonnerre gronde au point de semer l'effroi à cent milles à la ronde, on demeure intérieurement si plein de calme et le vénération que l'on n'interrompt pas les rites sacrificiels. Une telle gravité profonde et intime sur laquelle tiennent ricocher, impuissants, les motifs extérieurs de crainte est la disposition spirituelle que doivent posséder es guides des hommes et les souverains.

L'Image


Tonnerre continu :
Image de L'ÉBRANLEMENT.
Ainsi l'homme noble, dans la crainte et le tremblement, rectifie sa vie et s'examine lui-même.

Le tonnerre continu, par la commotion qu'il cause, amène avec lui la crainte et le tremblement. Ainsi l'homme noble observe toujours une attitude de révérence devant la manifestation de Dieu; il met de l'ordre dans sa vie et examine on cœur pour voir si rien ne s'y oppose secrètement à la volonté divine. Ainsi la crainte est le fondement du véritable art de vivre.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
L'ébranlement survient : oh ! oh !
Des paroles rieuses lui succèdent : ha ! ha !
Fortune.

La crainte et le tremblement devant la commotion ont tout d'abord sur un individu un effet tel qu'il se voit placé dans une situation désavantageuse par rapport aux autres. Mais cela n'est que passager. Lorsqu'on a traversé l'épreuve du jugement, un allégement se produit. Ainsi la frayeur même que l'on doit d'abord éprouver amène, si l'on y regarde bien, la fortune.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
L'ébranlement survient amenant le danger.
Tu perds cent mille fois tes trésors et dois faire l'ascension des neuf collines.
Ne leur fais pas la chasse : au bout de sept jours tu les recouvreras.

Ici se trouve désignée une situation où un homme a été mis en danger par l'ébranlement et a subi un grave préjudice. Les conditions sont telles que la résistance serait contraire à la direction du mouvement de l'époque et, par suite, infructueuse. C'est pourquoi on se contentera de se retirer sur des hauteurs inaccessibles au danger qui menace. On doit accepter la perte de ses biens et ne pas se chagriner outre mesure. Sans courir après ses possessions, on les recouvrera tout naturellement une fois passée l'époque dont les commotions les avaient emportées.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
L'ébranlement survient et laisse l'homme dans le désarroi.
S'il agit par suite de l'ébranlement, il demeure exempt d'infortune

Il existe trois sortes d'ébranlements : l'ébranlement du ciel, qui est le tonnerre, l'ébranlement du destin et l'ébranlement du cœur.   Il s'agit ici moins d'une commotion intérieure que de l'ébranlement du destin. En de tels moments d'ébranlement, on perd trop facilement sa présence d'esprit, de sorte que l'on méconnaît toutes les possibilités d'action et qu'on laisse silencieusement le destin suivre son cours.   Si l'on permet à l'ébranlement du destin de se transformer en mouvement du cœur on surmontera sans grande peine les coups de la destinée extérieure.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
L'ébranlement s'enlise.

Le succès du mouvement intérieur dépend aussi en partie des circonstances. Lorsque celles-ci sont telles que l'on ne se trouve en présence ni d'une résistance que l'on puisse combattre énergiquement, ni d'une capitulation qui permette de remporter la victoire de haute lutte, mais que tout devient visqueux et mou comme de la vase, le mouvement est paralysé.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
L'ébranlement va et vient : danger.
Toutefois on ne perd absolument rien.
Il y a seulement des choses à faire.

Ici ce n'est pas seulement un ébranlement isolé mais il se répète et ne laisse même pas le temps de reprendre haleine. Toutefois l'ébranlement n'entraîne pas de perte, car on prend soin de demeurer au centre du mouvement et d'être, par suite, libéré du risque de se voir ballotté à droite et à gauche, sans défense, par le destin.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
L'ébranlement apporte la ruine et les regards anxieux que l'on jette tout autour.
Aller de l'avant apporte l'infortune.
Si cela n'a pas encore atteint notre corps, mais a commencé par toucher notre voisin, il n'y a pas de blâme.
Les compagnons en ont à raconter.

Lorsque l'ébranlement intérieur a atteint son plus haut point d'intensité il prive un homme de sa faculté de réflexion et de sa clarté de regard. Dans une telle commotion il n'est naturellement pas possible d'agir de façon considérée. L'attitude juste est alors de se tenir en repos jusqu'à ce qu'on ait retrouvé le calme et la clarté.   On ne peut cependant y parvenir que si l'on ne s'est pas encore laissé gagner par l'excitation dont il est déjà possible d'observer les effets fâcheux au sein de l'entourage. Si l'on se retire à temps de l'action, on demeure exempt de fautes et de dommages. Mais on peut être sûr que les compagnons qui, pris dans ce tourbillon, n'admettent plus désormais les avertissements, ne seront pas satisfaits d'une pareille conduite.   On se bornera à ne faire aucun cas d'une telle attitude.

 
HEXAGRAMME 52

L'Hexagrame


Ken / L'Immobilisation, la Montagne
En haut Ken : L'Immobilisation, la Montagne
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

L'image de l'hexagramme est la montagne, le plus jeune des fils du ciel et de la terre. Le principe masculin est au-dessus, et suit en cela sa direction naturelle; le principe féminin est au-dessous, conformément à la direction de son mouvement. Un état de repos s'est donc établi, car le mouvement est parvenu à sa fin normale. Appliqué à l'homme, l'hexagramme traite du problème de la paix du cœur à acquérir. Le cœur est très difficile à calmer. Tandis que le bouddhisme s'efforce d'atteindre le repos par la cessation de tout mouvement dans l'état de nirvana, le point de vue du Livre des Transformations est que le repos constitue seulement un état polaire qui a toujours pour complément le mouvement. Il est possible que le texte contienne des allusions à des pratiques de yoga.

Le Jugement


IMMOBILISATION DU DOS si bien qu'il ne sent plus son corps.
Il entre dans sa cour et ne voit plus les siens.
Pas de blâme.

Le vrai repos est celui où l'homme s'arrête quand le moment est venu de s'arrêter et se meut quand le moment est venu de se mouvoir. Ainsi le repos et le mouvement sont en harmonie avec les exigences du temps et l'on voit alors naître la lumière et la vie. L'hexagramme est la fin et le commencement de tout mouvement. Le dos est désigné parce qu'il est le siège de tous les cordons nerveux qui transmettent le mouvement. Lorsqu'on fait cesser le mouvement de ces nerfs dorsaux, on voit en quelque sorte le moi s'évanouir avec son inquiétude. Quand l'homme est parvenu à une telle paix intérieure il peut se tourner vers le monde extérieur. Il ne perçoit plus en lui le combat et le tumulte des êtres individuels et possède en conséquence le calme nécessaire pour comprendre les grandes lois des phénomènes de l'univers et y conformer sa conduite. Celui qui agit à partir d'une telle profondeur ne commet pas de fautes.

L'Image


Montagnes réunies :
Image de l'immobilisation.
Ainsi le sage ne laisse pas ses pensées aller plus loin que sa situation.

Le cœur pense constamment. On ne peut pas changer cela. Mais les mouvements du cœur, c'est-à-dire les pensées, doivent se limiter à la situation vitale présente. Toutes les songeries et les spéculations qui vont plus loin ne font que blesser le cœur.

Trait inférieur


Immobilisation des orteils.
Pas de blâme.
La persévérance durable est avantageuse.

Garder les orteils immobiles, c'est demeurer debout sans bouger avant d'avoir commencé à se mouvoir. Le commencement est le moment où l'on commet le moins de fautes. On est encore en harmonie avec l'innocence originelle. On voit intuitivement les choses telles qu'elles sont, sans encore être influencé par l'obscurcissement qu'y introduisent l'intérêt et le désir. Celui qui se tient immobile au commencement et n'a pas encore abandonné la vérité trouve la juste direction. Il faut seulement une fermeté constante pour ne pas se laisser ballotter sans volonté.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Immobilisation des mollets.
Il ne peut pas délivrer celui qu'il suit.
Son cœur n'est pas joyeux.

La jambe ne peut se mouvoir de façon autonome, mais son mouvement est dépendant de celui du corps. Quand le corps est engagé dans un mouvement rapide et que la jambe est brusquement arrêtée, le mouvement du corps se poursuit, si bien que l'homme tombe. Il en va de même d'un homme qui fait partie de la suite d'une forte personnalité. Il est entraîné avec elle. Même s'il s'arrête sur le chemin du mal, il ne peut plus retenir l'autre dans son mouvement puissant. Là où le maître se précipite en avant, le serviteur ne peut le délivrer, si bonnes que soient ses intentions.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie : Immobilisation des hanches.
Raidissement du sacrum.
Danger. Le cœur suffoque.

Il s'agit d'un repos obtenu par la contrainte. Le cœur inquiet doit être fortement dompté, mais le feu que l'on étouffe se transforme en âcre fumée qui s'étend, suffocante.  :   C'est pourquoi on ne doit pas user de violence dans les exercices de méditation et de concentration. La paix doit naître et s'étendre d'une façon toute naturelle à partir d'un état de recueillement intérieur. Si l'on veut réaliser de force : la paix au moyen d'un raidissement artificiel, la méditation entraînera des effets fâcheux et graves.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Immobilisation du tronc.
Pas de blâme.

Comme il a été dit plus haut dans le jugement, tenir le dos calme signifie oublier son moi. C'est le degré suprême de la quiétude. Ici ce stade n'est pas encore atteint. Sans doute on est déjà capable. d'immobiliser le moi avec ses pensées et ses émotions, mais on n'en est pas encore entièrement libéré. Il n'en est pas moins vrai que l'apaisement du cœur est une fonction importante conduisant avec le temps à l'élimination complète des impulsions égoïstes. Même si l'on ne demeure pas encore entièrement libre de tous les périls du doute et de l'inquiétude, cette disposition intérieure qui prépare la place à une autre, plus élevée, n'est pas une faute.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Immobilisation des mâchoires.
Les paroles ont un ordre.
Le remords disparaît.

Dans une situation dangereuse, c'est-à-dire tant que l'on n'est pas à la hauteur de sa tâche, on se laisse facilement aller à des paroles et à des plaisanteries pleines de présomption. Mais les propos imprudents conduisent vite à des situations où l'on a ensuite beaucoup à se repentir. Ce n'est que lorsqu'on manifeste de la retenue dans ses paroles que les mots acquièrent une forme toujours plus ferme; alors toute occasion de repentir disparaît.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Immobilisation magnanime.
Fortune.

Ici est exprimé l'achèvement de l'effort vers le calme. Non seulement on est en paix en ce qui concerne les détails, les choses comprises dans un cercle restreint, mais un renoncement général procure la paix dans tous les domaines et une heureuse fortune dans tous les actes.

 
HEXAGRAMME 53

L'Hexagrame


Tsien / Le Développement (le Progrès Graduel)
En haut Souen : Le Doux, le Vent
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

L'hexagramme se compose de Souen, le bois, la pénétration, en haut ou à l'extérieur, et de Ken, la montagne, l'immobilisation, en bas ou à l'intérieur. Un arbre sur une montagne se développe lentement et suivant un ordre et c'est pourquoi il se dresse ensuite solidement enraciné. De là naît l'idée d'un développement progressant graduellement, pas à pas. Les propriétés des trigrammes se rapportent également aux mêmes notions : à l'intérieur se trouve le repos qui préserve des actions précipitées et à l'extérieur la pénétration qui rend possibles le développement et le progrès

Le Jugement


LE DÉVELOPPEMENT.
On marie la jeune fille.
Fortune.
La persévérance est avantageuse.

La lenteur hésitante est la marque de la succession d'événements au terme de laquelle la jeune fille suit l'homme dans sa maison. Diverses formalités doivent être accomplies pour que le mariage soit conclu. Ce développement progressif peut encore s'appliquer à d'autres situations et toujours, notamment, au domaine des relations correctes dans le travail en commun, par exemple à la manière dont on engage un fonctionnaire. Il faut veiller à procéder suivant une progression harmonieuse. La précipitation ne mènerait à rien de bon. Il en va encore de même lorsqu'on veut exercer une influence sur les autres. Car là également la voie harmonieuse de la progression est la formation de la personnalité propre. Toute influence fondée sur l'agitation ne serait que de peu de durée. Même intérieurement l'évolution doit prendre un chemin identique si l'on veut parvenir à des résultats durables. Le doux qui s'adapte mais exerce une poussée est l'extérieur qui doit procéder de la paix intérieure. C'est précisément le caractère graduel du développement qui rend la persévérance nécessaire. Car seule la persévérance fait que le lent progrès ne se perd pas dans les sables.

L'Image


Sur la montagne est un arbre :
Image du DÉVELOPPEMENT.
Ainsi l'homme noble fait son habitation de la dignité et de la vertu pour améliorer les mœurs.

L'arbre sur la montagne est visible au loin et son développement exerce une influence sur le paysage de la contrée tout entière. Il ne jaillit pas comme une plante des marais, mais sa croissance progresse lentement. De même l'action sur les hommes ne peut être que graduelle. Aucune influence, aucun éveil soudains ne sont durables. Le progrès doit se faire d'une façon toute progressive. Et, pour réaliser ce progrès dans la mentalité et les mœurs publiques, il est indispensable que la personnalité acquière de l'influence et du poids. Cela se fait par un travail minutieux et persévérant tendant au développement personnel.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
L'oie sauvage se dirige progressivement vers la rive.
Le jeune fils est en danger.
Il y a des bavardages. Pas de blâme.

Les différents traits de l'hexagramme représentent le vol progressif de l'oie sauvage. L'oie sauvage est le symbole de la fidélité conjugale. On dit d'elle qu'après la mort de son compagnon elle ne s'unit pas à un autre oiseau. Le premier trait désigne la première station de l'oiseau aquatique quand il vole de l'eau vers le ciel. La rive est atteinte. La situation est celle d'un jeune homme solitaire qui veut commencer à se frayer un chemin dans la vie. Comme il n'a personne qui vienne au-devant de lui, ses premiers pas sont lents et hésitants et il est environné de dangers. Il subit naturellement de fréquentes critiques. Mais ce sont précisément les difficultés qui font qu'il se garde d'une hâte excessive et que son progrès est couronné de succès.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
L'oie sauvage se dirige progressivement vers la falaise.
Manger et boire dans la paix et la concorde.
Fortune.

La falaise est un lieu où l'on est en sécurité sur le rivage. Le développement a fait un pas de plus. On a dépassé l'incertitude initiale et trouvé une position assurée grâce à laquelle on a de quoi vivre. Ce premier succès qui ouvre la voie de l'activité procure une certaine allégresse d'humeur et l'on marche tranquillement vers l'avenir. On dit de l'oie sauvage qu'elle appelle ses compagnons quand elle a trouvé de la nourriture; c'est l'image de la paix et de la concorde dans le bonheur. On ne veut pas posséder le bonheur pour soi tout seul, mais on est prêt à le partager avec d'autres.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'oie sauvage se dirige progressivement vers le plateau.
L'homme avance et ne revient pas.
La femme porte un enfant mais elle ne le met pas au monde.
Infortune.
Il est avantageux de se défendre contre les voleurs.

Le plateau et sa sécheresse ne sont pas faits pour l'oie sauvage. Si elle prend cette direction, c'est qu'elle a perdu son chemin et qu'elle est allée trop loin. Cette attitude est contraire à la loi du développement. Il en va de même dans la vie humaine. Si l'on ne laisse pas les choses évoluer spontanément mais que, de soi-même, on se lance précipitamment dans la lutte, il en résultera l'infortune. On risque sa propre vie et, en outre, on conduit sa famille à la ruine.   Mais une telle issue n'est nullement inévitable; c'est seulement la conséquence de la transgression par l'homme de la loi du développement naturel. Si l'on ne recherche pas de soi-même le combat, mais qu'on se borne à tenir vigoureusement sa place et à se défendre contre des attaques injustes, tout ira bien.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
L'oie sauvage se dirige progressivement vers l'arbre.
Elle trouvera peut-être une branche droite et lisse.
Pas de blâme.

L'arbre n'est pas une place convenable pour une oie sauvage. Mais si l'oiseau est avisé, il sait trouver une branche droite et lisse sur laquelle il peut se poser. Il arrive souvent aussi, dans la vie humaine, que le cours du développement place un homme dans des situations qui ne lui conviennent pas et dans lesquelles il a peine à se maintenir sans danger. Il importe alors d'être avisé et souple. On peut alors se trouver, au sein du danger, une place sûre où il est possible de vivre.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
L'oie sauvage se dirige progressivement vers le sommet.
Pendant trois ans la femme n'a pas d'enfant.
A la fin rien ne peut l'empêcher. Fortune.

Le sommet est une place élevée. Une personne dans une position élevée se trouve facilement isolée. On est méconnu par l'être auquel on est attaché : la femme par son époux, le fonctionnaire par son chef. Cette situation est causée par des hypocrites qui se sont insinués. Par suite les relations demeurent infécondes et aucun résultat n'est obtenu. Mais la loi du développement porte en elle que de semblables malentendus se résolvent et qu'à la fin l'union se réalise malgré tout.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
L'oie sauvage se dirige progressivement vers les hauteurs nuageuses.
Ses plumes peuvent être utilisées pour la danse sacrée.
Fortune.

La vie parvient ici à son terme. Lœuvre est là, achevée.   Le chemin s'élève haut dans le ciel, comme le vol des oies sauvages lorsqu'elles ont laissé le sol loin derrière elles.   Là elles poursuivent leur vol, conservant l'ordre de leur troupe et offrant la figure de lignes serrées. Et si leurs plumes viennent, à tomber, elles peuvent être utilisées comme ornement dans les ballets sacrés. Ainsi la vie d'un homme parvenu à la perfection est une claire lumière pour les êtres terrestres qui lèvent les yeux vers lui comme vers un modèle.

 
HEXAGRAMME 54

L'Hexagrame


Kouei Mei / L'Épousée
En haut Tchen : L'Ébranlement, le Tonnerre.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

En haut est Tchen, le fils aîné; en bas, Touei, la plus jeune fille. L'homme marche devant et la jeune fille suit, joyeuse. Ainsi se trouve dépeinte l'entrée de la jeune fille dans la maison de l'homme. Il y a en tout quatre hexagrammes décrivant les rapports entre époux. Le n° 31, Hien (l'influence) décrit l'attraction mutuelle qu'éprouvent les membres d'un jeune couple. Le n° 32, Hong (la durée) représente la situation durable qui est celle du mariage. Le n° 53 Tsien (le développement) offre le tableau des formes pleines d'hésitation et de cérémonie qui accompagnent la conclusion d'un mariage célébré selon les règles. Enfin Kouei Mei (le mariage de la jeune fille) montre un homme d'un certain âge suivi de la jeune fille qu'il épouse. NOTE : En Chine, la monogamie est la règle. Chaque homme n'a qu'une épouse officielle. Cette union, qui concerne moins ses deux contractants que l'institution familiale, est conclue suivant une stricte observation des formes. Cependant l'homme est autorisé à écouter ses tendres inclinations personnelles, et c'est le plus gracieux devoir d'une bonne épouse que de lui prêter son concours en ces occasions. La relation qui s'établit se pare ainsi de beauté et de clarté. La jeune fille qui, choisie par l'homme, entre dans une famille se soumet modestement à la maîtresse de maison comme une sœur cadette. Ce sont là, bien entendu, des questions délicates, épineuses, qui demandent beaucoup de tact de part et d'autre. Cependant, si les circonstances sont favorables, une solution est ainsi apportée à un problème que la civilisation européenne n'a pu résoudre. Il va sans dire que la femme chinoise ne correspond pas davantage à l'idéal que la moyenne des ménages d'Europe n'est conforme à l'idéal européen du mariage.

Le Jugement


L'ÉPOUSÉE.
Des entreprises apportent l'infortune.
Rien qui soit avantageux.

Une jeune fille reçue dans une famille sans être la première épouse doit se conduire avec beaucoup de circonspection et de réserve. Elle ne doit pas décider de supplanter la maîtresse de maison, car cela signifierait le désordre et la situation deviendrait intenable. Cela s'applique à toutes les relations libres entre les humains. Tandis que des rapports régulièrement ordonnés traduisent une union du devoir et du droit, les relations humaines fondées sur l'inclination reposent entièrement, si elles doivent durer, sur une réserve pleine de tact. Cette inclination comme principe des relations est d'une extrême importance dans toutes les conditions de l'univers, car l'existence de la nature tout entière repose sur l'union du ciel et de la terre, et chez les hommes également la libre inclination comme principe d'union constitue l'alpha et l'oméga.

L'Image


Au-dessus du lac est le tonnerre :
Image de L'ÉPOUSÉE.
Ainsi l'homme noble connaît les choses passagères à la lumière de l'éternité de la fin.

Le tonnerre agite l'eau du lac, qui suit son impulsion en vagues scintillantes. C'est l'image de la jeune fille qui suit l'homme de son choix. Cependant toute union réciproque des humains contient en elle le danger que des éléments de trouble ne s'y infiltrent, conduisant à des malentendus et à des désagréments infinis. C'est pourquoi il importe de ne jamais perdre de vue la fin. Si l'on cède aux impulsions, on se rassemble et on se sépare suivant l'inspiration du moment. Si par contre on a toujours la fin présente devant les yeux, on parviendra à éviter les écueils qui surgissent inévitablement dans les rapports des humains entre eux.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
L'épousée comme concubine.
Un boiteux capable de marcher.
Des entreprises apportent la fortune.

Les princes de l'antiquité instituaient un ordre de préséance très strict entre les dames du palais qui étaient subordonnées à la reine comme les plus jeunes sœurs à l'aînée. De plus, elles appartenaient souvent à la famille de la reine qui les présentait elle-même à son époux. Le sens est qu'une jeune fille qui, en accord avec l'épouse principale, fait son entrée dans une famille ne s'affichera pas à égalité de rang avec la maîtresse de maison, mais s'effacera modestement devant elle. Cependant, si elle comprend la manière dont elle doit s'adapter à l'ensemble de la situation, elle recevra une place dont elle sera entièrement satisfaite et se réfugiera dans l'amour de l'époux à qui elle donne des enfants. La même signification apparaît dans les rapports entre maîtres et serviteurs. Il peut se faire qu'un prince ait dans son entourage un homme à qui il témoigne personnellement de l'amitié et accorde sa confiance. Cet homme doit observer les apparences et s'effacer avec tact derrière le ministre officiel. Mais, bien qu'une telle situation le maintienne empêché comme un boiteux, il n'en est pas moins capable d'accomplir une œuvre grâce à l'excellence de sa nature.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Un borgne capable de voir.
La persévérance d'un être solitaire est avantageuse,

La situation est celle d'une jeune fille unie à un homme qui la déçoit. L'homme et la femme doivent coopérer comme les deux yeux. Ici la jeune fille reste solitaire. L'homme de son choix est devenu infidèle, ou bien il est mort. Quoique son second œil soit éteint, elle demeure résolument fidèle jusque dans la solitude.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
L'épousée comme esclave.
Elle se marie comme concubine.

Une jeune fille placée dans une situation humble qui n'a pas rencontré de mari peut encore dans certaines circonstances trouver refuge dans la position de concubine.   La situation dépeinte est celle d'une personne qui désire trop vivement des joies impossibles à obtenir de la façon normale. Elle accepte donc une place qui s'accorde mal avec l'estime qu'elle a d'elle-même. L'oracle n'ajoute ni jugement ni avertissement mais se contente d'exposer la situation afin que chacun puisse en tirer la leçon pour lui-même.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La jeune fille à marier recule le délai.
Un mariage tardif vient en son temps.

Un mariage tardif vient en son temps.
Il s'agit d'une jeune fille vertueuse qui ne veut pas avoir de défaillance et laisse passer pour cette raison le moment normal du mariage. Mais cela n'entraîne pour elle aucun préjudice. Elle est récompensée de sa pureté et trouve à la fin, malgré l'époque tardive, l'époux qui lui demeurait destiné.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Le souverain Yi a donné sa fille en mariage.
Les vêtements brodés de la princesse n'étaient pas aussi beaux que ceux des suivantes.
La lune presque pleine apporte la fortune.

Le souverain Yi est T'ang, celui qui accomplit. Il édicta une loi prescrivant que les princesses impériales, elles aussi, fussent soumises à leurs époux (voir n° 11, trait 5), L'empereur n'attend pas que sa fille soit demandée, mais il la donne en mariage au moment où il le juge bon. C'est pourquoi l'initiative prise, dans le cas présent, par la famille de la jeune fille est conforme à l'ordre. Nous voyons une jeune fille de haute naissance qui fait un mariage modeste et sait se plier avec grâce à sa nouvelle situation. Elle est exempte de toute la vanité qu'inspirent les ornements extérieurs, oublie son rang dans le mariage et se soumet à son époux, comme la lune qui n'est pas encore tout à fait pleine et ne se place pas directement face au soleil.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
La femme tient la corbeille, mais il n'y a pas de fruits dedans.
L'homme perce la brebis, mais il ne coule pas de sang.
Rien qui soit avantageux.

Lors des sacrifices aux ancêtres, la femme devait présenter les fruits dans une corbeille et l'homme immoler lui-même la victime. Ici les formes ne sont respectées que superficiellement. La femme prend un corbeille vide et l'homme perce une brebis déjà abattue, simplement pour sauvegarder les apparences.   Mais cette attitude impie, frivole ne fait guère présager de bonheur pour les époux.

 
HEXAGRAMME 55

L'Hexagrame


Fong / Abondance, Plénitude
En haut Tchen : L'Éveilleur, le Tonnerre.
En bas Li : Ce-qui-s'attache, la Flamme.

Tchen est le mouvement, Li, la flamme dont la propriété est la clarté. Clarté au-dedans, mouvement au-dehors produisent grandeur et abondance. Ce que représente l'hexagramme est une époque de haute civilisation. Toutefois le fait qu'il s'agisse d'un sommet entraîne l'idée que cet état extraordinaire d'abondance ne pourra se maintenir de façon durable.

Le Jugement


L'ABONDANCE a du succès.
Le roi parvient à la plénitude.
Ne sois pas triste : tu dois être comme le soleil à midi.

Instaurer une ère de grandeur et d'abondance suprêmes, c'est là un destin qui n'est pas réservé à tout mortel. L'être capable de réaliser une œuvre de ce genre doit être un homme né pour gouverner les autres parce que sa volonté est dirigée vers ce qui est grand. Le plus souvent le temps d'une telle plénitude est court. C'est pourquoi un sage pourrait s'attrister à bon droit à la perspective du déclin qui va suivre. Cependant une telle tristesse ne lui convient pas. Seul un homme intérieurement libre de souci et de chagrin est capable d'amener une ère d'abondance. Il doit être comme le soleil à midi qui illumine et réjouit tous les êtres qui sont sous le ciel.

L'Image


Le tonnerre et l'éclair surviennent tous deux :
Image de L'ABONDANCE.
Ainsi l'homme noble tranche les procès et exécute les châtiments.

Cet hexagramme présente un certain rapport avec le n° 21« mordre au travers » où le tonnerre et l'éclair sont également réunis, mais dans l'ordre inverse. Tandis que là les lois étaient édictées avec vigueur, elles sont ici appliquées et exécutées. A l'intérieur la clarté rend possible une étude exacte des faits, et à l'extérieur l'ébranlement veille à l'exécution rigoureuse et exacte du châtiment.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Quand un homme rencontre le maître qui lui était destiné ils peuvent rester ensemble dix jours et il n'y a pas de blâme.
Si l'on va de l'avant, on trouve crédit.

Pour instaurer une ère d'abondance, il faut unir clarté et mouvement énergique. Deux individus qui réunissent ces deux qualités se conviennent mutuellement et, quand bien même ils demeurent ensemble au temps de la plénitude pendant toute la durée d'un cycle, cela n'est pas excessif et n'entraîne pas de faute. C'est pourquoi on peut aller de l'avant pour agir : on trouvera crédit.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Le rideau est d'une telle densité qu'on voit l'étoile polaire à midi.
En allant de l'avant on rencontre méfiance et haine.
Si on les suscite par la vérité, la fortune vient.

Il arrive souvent qu'entre le souverain qui veut la grandeur et l'homme qui pourrait la réaliser il s'insinue des intrigues et des cabales amenant des ténèbres semblables à une éclipse de soleil. On voit alors l'étoile polaire dans le ciel à la place du soleil. Le prince est poussé dans l'ombre par un parti qui a tiré à lui le pouvoir. Si en un tel moment on voulait entreprendre une action énergique, on ne ferait que se heurter à la méfiance et à l'envie rendant tout mouvement impossible. Il importe alors de demeurer intérieurement dans la force de la vérité, si puissante en définitive qu'elle agit invisiblement sur le souverain, si bien que tout s'arrange.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Le fourré est d'une telle densité qu'on voit les étoiles à midi.
Il se brise le bras droit. Pas de blâme.

Ici se trouve dépeinte l'image d'un obscurcissement croissant du soleil. A ce point, l'éclipse est devenue totale si bien qu'on peut voir jusqu'aux petites étoiles en plein midi.   Appliqué aux relations sociales, ce trait vise une situation où le prince est si rempli de ténèbres que même les hommes les plus insignifiants peuvent se pousser en avant.   Il est alors impossible à un homme de valeur qui pourrait être le bras droit du souverain d'entreprendre une action.   C'est comme s'il s'était brisé le bras droit. Mais ce n'est pas sa faute s'il est ainsi empêché d'agir.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Le rideau est d'une telle densité que l'on voit l'étoile polaire à midi.
Il rencontre son maître qui est de même nature.
Fortune.

Ici l'obscurité commence déjà à décroître, c'est pourquoi les éléments qui ont des affinités entre eux se rejoignent. Ici aussi il faut trouver son complément : en cela réside la sagesse indispensable pour procurer la joie d'agir. Alors tout ira bien. On envisage ici le complément inverse de celui dont il est question au premier trait. Là il fallait compléter la sagesse par l'énergie, ici on doit compléter l'énergie par la sagesse.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie : Des lignes viennent.
La bénédiction et la gloire se rapprochent.
Fortune.

L'homme au pouvoir est humble, si bien qu'il est accessible aux conseils des personnes compétentes. Aussi l'on voit apparaître dans son entourage des hommes qui lui font comprendre les lignes droites de l'action. Ainsi viennent la bénédiction, la gloire et la fortune pour lui et pour tout le peuple.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Sa maison est dans l'abondance.
Il cache sa famille.
Il guette à travers la porte et ne remarque plus personne.
Pendant trois ans il ne voit rien. Infortune.

On montre ici un homme qui, par son arrogance et son entêtement, parvient à l'opposé du but de ses efforts. Il recherche l'abondance et le luxe pour sa maison. Il veut être le maître absolu chez lui. Mais il s'aliène ainsi sa famille, si bien que finalement il se trouve entièrement isolé

 
HEXAGRAMME 56

L'Hexagrame


Liu / Le Voyageur
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

La montagne (Ken) se tient immobile; au-dessus, le feu (Li) flamboie et ne demeure pas en place. Ils ne restent donc pas ensemble. Eloignement et séparation, tel est le lot du voyageur.

Le Jugement


LE VOYAGEUR.
Succès par la petitesse.
Chez le voyageur la persévérance est avantageuse.

Quand on est un voyageur et un étranger, on ne doit pas être cassant ou viser trop haut. On ne possède pas de vaste cercle de relations, de telle sorte qu'on ne peut se mettre en avant. Il faut être prudent et réservé; c'est ainsi qu'on se préserve du mal. Si l'on est obligeant à l'égard des autres, on obtient du succès. Le voyageur n'a pas de ville fixe, la route est son foyer. C'est pourquoi il doit veiller à être intérieurement juste et ferme, à ne résider qu'en des lieux propices et à n'avoir commerce qu'avec des hommes bons. Alors il obtient une heureuse fortune et peut suivre son chemin sans être inquiété.

L'Image


Au-dessus de la montagne est le feu :
Image du VOYAGEUR.
Ainsi l'homme noble a l'esprit clair et prudent en imposant les peines et il ne fait traîner en longueur aucun différend.

Lorsque l'herbe brûle sur la montagne, on aperçoit un éclat brillant. Cependant le feu ne demeure pas en place, il court à la recherche d'un nouvel aliment. Ce n'est qu'une apparition fugitive. Il doit en être de même des châtiments et des procès. Ils doivent constituer une apparition vite dissipée et ne pas traîner en longueur. Les prisons doivent accueillir les gens seulement en passant, comme des hôtes. Il ne faut pas qu'elles deviennent pour les humains des demeures permanentes.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Si le voyageur s'occupe de petites choses il s'attire l'infortune.

Un voyageur ne doit pas s'avilir et ne s'occuper en chemin que de petites choses. C'est justement dans la mesure où il est le plus abaissé et le plus désarmé extérieurement qu'il doit défendre le plus énergiquement sa dignité intérieure. Car si un étranger pense qu'il trouvera un accueil amical en s'abaissant à des plaisanteries et à des bouffonneries, il se trompe. Il ne recueillera que mépris et traitements injurieux.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Le voyageur arrive à l'auberge.
Il a son bien avec lui.
Il acquiert la persévérance d'un jeune serviteur.

Le voyageur désigné ici est humble et réservé. Il ne perd pas le contact avec son essence intérieure, c'est pourquoi il trouve un lieu de repos. Extérieurement, il consent la bienveillance des hommes, si bien que tous le favorisent et qu'il peut acquérir des biens. En outre, il a auprès de lui un serviteur fidèle et sûr, ce qui constitue pour un voyageur un trésor inestimable.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'auberge du voyageur brûle.
Il perd la persévérance de son jeune serviteur.
Danger.

Un étranger brutal ne sait pas se conduire. Il se mêle à des affaires et à des différends qui ne le concernent pas.   Il perd ainsi son lieu de repos. Il se montre distant et arrogant envers son serviteur et, par suite, perd sa confiance.   En tant qu'étranger, il n'a plus personne sur qui compter et sa situation est de ce fait très dangereuse.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Le voyageur se repose dans un abri.
Il obtient ses biens et une hache.
Mon cœur n'est pas joyeux.

Ici est présenté un voyageur qui sait se montrer modéré dans son apparence extérieure, mais qui est intérieurement fort et désireux de se pousser en avant. Par suite il trouve au moins un abri où il peut séjourner. Il parvient également à acquérir des biens. Mais il n'est pas en sûreté avec ces possessions. Il doit toujours être sur ses gardes et se défendre les armes à la main. Aussi ne se sent-il pas à son aise. Il prend à la longue conscience du fait qu'il est un étranger en une terre étrangère.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Il tire un faisan : il tombe à la première flèche.
A la fin cela lui apporte des louanges et une charge.

Les hommes d'Etat en voyage avaient coutume de se présenter aux princes en leur offrant un faisan. Ici le voyageur veut entrer au service d'un prince. Dans ce but, il tire un faisan et l'abat du premier coup. Il trouve ainsi des amis qui le louent et le recommandent et il est finalement accueilli par le prince qui lui confère une charge. Il est souvent des circonstances qui amènent un homme à rechercher sa demeure à l'étranger. S'il comprend la manière dont il faut envisager la situation et s'il sait se comporter comme il faut, il pourra trouver un cercle d'amis et une sphère d'action, même dans un pays qui n'est pas le sien.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Le nid de l'oiseau brûle.
D'abord le voyageur rit, puis il doit se lamenter et gémir.
Il perd étourdiment la vache. Infortune.

L'image de l'oiseau dont le nid brûle désigne la perte du lieu de repos. Si l'oiseau a été étourdi et imprévoyant en construisant son nid, un tel malheur peut le frapper. Il en est de même du voyageur. S'il se laisse aller à plaisanter et à rire en oubliant qu'il est un voyageur, il aura plus tard à gémir et à se lamenter. Car si l'on perd étourdiment sa vache, c'est-à-dire sa faculté d'adaptation, les résultats seront mauvais.

 
HEXAGRAMME 57

L'Hexagrame


Souen / Le Doux (le Pénétrant, le Vent)
En haut Souen : Le Doux, le Vent
En bas Souen : Le Doux, le Vent

Souen est un des hexagrammes doubles. C'est la fille aînée; il a comme image le vent ou le bois, comme propriété la douceur qui pourtant pénètre à la façon du vent ou du bois qui pousse ses racines. Le principe obscur, qui est en lui-même rigide et immobile, est dissous par la pénétration du principe lumineux qui se l'assujettit doucement. Dans la nature, c'est le vent qui disperse les nuages amoncelés et crée la clarté sereine du ciel. Dans la vie humaine, c'est la clarté pénétrante du jugement qui anéantit toutes les sombres arrière-pensées. Dans la vie sociale, c'est l'influence d'une personnalité marquante qui démasque et dissipe toutes les intrigues nouées dans l'ombre.

Le Jugement


LE DOUX.
Réussite par ce qui est petit.
Il est avantageux d'avoir où aller.
Il est avantageux de voir le grand homme.

La pénétration opère des effets progressifs et invisibles. On ne doit pas la réaliser par des moyens violents mais par une influence ininterrompue. Ces effets frappent moins le regard que ceux obtenus par surprise, mais ils sont plus durables et plus complets. Pour pouvoir agir ainsi il faut avoir un but clairement perçu, car seule une influence pénétrante agissant toujours dans la même direction parvient à un résultat. Une force de faible intensité ne peut opérer un effet que si elle se place sous l'autorité d'un homme supérieur possédant le don de créer l'ordre.

L'Image


Des vents qui se suivent :
Image de CE QUI PÉNÈTRE DOUCEMENT.
Ainsi l'homme noble diffuse ses commandements et exécute ses entreprises.

La qualité pénétrante du vent repose sur son caractère continu. C'est par là que le vent devient puissant. Il prend le temps comme moyen d'action. C'est également de cette manière que la pensée du souverain doit pénétrer dans l'âme du peuple. Cela requiert aussi une action durable dans le domaine des explications et des commandements. C'est seulement lorsque le commandement est passé dans l'âme du peuple qu'il devient possible d'agir en s'appuyant sur lui. Une action non préparée ne provoque qu'effroi et répulsion.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Dans l'avance et dans la retraite il est avantageux d'avoir la persévérance d'un guerrier.

Une nature douce va parfois jusqu'à l'indécision. On ne se sent pas la force d'aller résolument de l'avant. Mille doutes surgissent. Pourtant on n'éprouve pas non plus l'envie de battre en retraite, mais on est ballotté, indécis, de-ci de-là. Dans un tel cas, une résolution toute militaire est l'attitude juste pour permettre de faire avec décision ce qu'exige l'ordre des choses. Une discipline résolue est de beaucoup préférable au relâchement et à l'indécision.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Pénétrer sous le lit.
On a besoin de prêtres et de magiciens en grand nombre.
Fortune. Pas de blâme.

Il arrive qu'on ait affaire à des ennemis cachés, à des influences insaisissables qui restent blotties dans les angles les plus obscurs et, de là, exercent un effet de suggestion sur les êtres. Dans de tels cas. il est nécessaire de poursuivre ces éléments jusque dans les recoins les plus secrets pour établir de quelles influences il s'agit - c'est le rôle les prêtres - et pour les écarter - c'est le rôle des magiciens. En raison précisément de leur caractère anonyme, ces menées requièrent une énergie particulièrement inlassable qui pourtant trouve sa récompense. Car une fois que de telles influences incontrôlables ont été mises en lumière et stigmatisées, elles perdent leur pouvoir sur les hommes.

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Pénétration répétée. Humiliation.

La réflexion pénétrante ne doit pas être poussée trop loin, sinon elle gêne la capacité de décision. Quand une affaire a été examinée à fond, il importe de se décider et d'agir. Une réflexion répétée mène toujours au doute et, par suite à l'humiliation, car on s'avère incapable d'agir.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Le remords se dissipe.
A la chasse, on prend trois sortes de gibier.

Lorsque les fonctions de responsabilité qu'il exerce et les expériences qu'il a accumulées amènent un homme à combiner la modestie innée avec une activité énergique, il obtient à coup sûr une grande réussite. Les trois sortes de gibier servent d'offrandes pour les dieux, de présents d'hospitalité pour les hôtes, d'aliments pour l'usage quotidien. Si l'on capturait du gibier à ces trois fins, la chasse était considérée comme particulièrement bonne.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
La persévérance apporte la fortune. L'humiliation se dissipe.
Rien qui ne soit avantageux.
Pas de commencement, mais une fin.
Avant le changement, trois jours; après le changement, trois jours. Fortune.

Tandis que dans Kou, " le travail sur ce qui est corrompu" (n° 18), un point de départ entièrement nouveau doit être créé, il s'agit ici seulement d'une réforme. Le commencement n'était pas bon, mais on est parvenu à un moment où l'on peut prendre une direction nouvelle. Un changement et une amélioration s'imposent. On doit les opérer en observant la constance, c'est-à-dire une disposition correcte et ferme; alors la réussite suivra et le remords se dissipera. Il faut seulement prendre garde que de telles améliorations requièrent une réflexion attentive. Avant d'accomplir un changement, il est nécessaire d'y réfléchir longuement, et, quand la transformation s'est produite, on doit encore rechercher avec soin pendant un certain temps la manière dont les améliorations se traduisent dans la réalité. Un tel travail fait avec soin est accompagné d'une heureuse fortune.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Pénétration sous le lit.
Il perd ses biens et sa hache.
La persévérance apporte l'infortune.

La connaissance est suffisamment pénétrante. On poursuit les influences mauvaises jusque dans les recoins les plus secrets, mais on n'a plus la force de les combattre de façon décisive. Dans ce cas, toute tentative pour pénétrer dans ce domaine propre de l'obscurité n'a que des conséquences fâcheuses.

 
HEXAGRAMME 58

L'Hexagrame


Touei / Le Joyeux, le Lac
En haut Touei : Le Joyeux, le Lac.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

Touei est, comme Souen, l'un des huit hexagrammes doubles. Touei représente la plus jeune fille; son image est le lac souriant, sa propriété, la joie. La joie ne repose pas, comme on pourrait le croire, sur la malléabilité qui se manifeste dans le trait supérieur. En effet, la propriété du principe malléable, c'est-à-dire obscur, n'est pas la joie, mais la mélancolie. La joie repose bien plutôt sur la présence, à l'intérieur, de deux traits forts qui s'extériorisent par l'intermédiaire du trait faible. La vraie joie provient donc de la fermeté et de la force qui se trouvent à l'intérieur et qui s'extériorisent sous une forme tendre et douce.

Le Jugement


LE JOYEUX.
Succès.
La persévérance est avantageuse.

L'humeur joyeuse est communicative, c'est pourquoi elle entraîne le succès. Mais la joie a besoin d'être fondée sur la fermeté pour ne pas dégénérer en gaîté incontrôlée. La vérité et la force doivent habiter le cœur, tandis qu'au-dehors la douceur se manifeste dans les rapports avec les autres. On adopte de la sorte l'attitude correcte envers Dieu et envers les hommes, et l'on parvient à un résultat. Dans certaines circonstances, on obtient des effets momentanés par la simple intimidation exempte de douceur, mais cela ne dure pas. Si au contraire on gagne les cœurs des hommes en se montrant affable, on fait qu'ils acceptent de bon cœur les choses pénibles et qu'ils ne s'effraient pas devant la mort elle-même. Si grand est le pouvoir de la joie sur les humains !

L'Image


Des lacs qui reposent l'un sur l'autre :
Image du JOYEUX.
Ainsi l'homme noble s'unit à ses amis pour conférer et pour s'exercer.

Un lac s'évapore dans l'air et, par là, s'épuise peu à peu. Mais si deux lacs sont reliés l'un à l'autre, ils ne s'épuisent pas aussi facilement, car ils s'enrichissent mutuellement Il en est de même dans le domaine de la science. Le savoir doit être une puissance rafraîchissante et vivifiante. Elle ne peut l'être que dans un commerce amical avec des amis pareillement disposés avec lesquels on confère et l'on s'exerce en appliquant les vérités vitales. Ainsi le savoir acquiert un aspect varié et une légèreté joyeuse, tandis que la science de l'autodidacte a toujours quelque chose d'unilatéral et de pesant.

Trait inférieur


Un neuf au commencement signifie :
Sérénité contente.
Fortune.

Une joie tranquille, sans paroles, recueillie en elle-même, qui ne désire rien de l'extérieur et se montre contente de tout demeure exempte de toutes inclinations et de toutes répulsions égoïstes. C'est dans cette liberté que réside la fortune, car elle abrite l'assurance paisible d'un cœur affermi en lui-même.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Sérénité sincère.
Fortune.
Le repentir se dissipe.

Il arrive souvent que l'on se trouve avec des êtres parmi lesquels on se trouve tenté par des plaisirs indignes de l'homme supérieur. En voulant participer à de telles joies on ouvrirait sûrement la voie au remords, car un homme supérieur ne saurait trouver de contentement véritable dans la compagnie d'êtres inférieurs. Si, forts d'une telle connaissance, nous ne laissons pas notre volonté s'égarer et refusons de trouver notre plaisir dans de telles manières d'être, même un entourage équivoque n'osera pas nous offrir de satisfactions vulgaires, car nous ne les goûterions pas. Ainsi se trouve écartée toute occasion de regret.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Joie qui vient.
Infortune.

La vraie joie doit couler de la source intérieure. Mais si l'on est intérieurement vide et que l'on se perde dans le monde extérieur, les joies viennent du dehors. C'est ce que beaucoup saluent du nom de divertissement. Des êtres qui, par suite de leur inconsistance intérieure, éprouvent le besoin de divertissements auront toujours l'occasion de se distraire. Ils attirent à eux les plaisirs extérieurs par le vide de leur essence intime. Ainsi ils se perdent toujours davantage, ce qui naturellement a des conséquences mauvaises.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Sérénité délibérée n'est pas apaisée.
Après s'être débarrassé de ses fautes on éprouve de la joie.

Il arrive souvent que l'on se trouve en suspens entre différentes sortes de joies. Tant que l'on n'a pas décidé quelle sorte de joie on choisira, si ce sera la joie supérieure ou l'inférieure, on demeure intérieurement inquiet. C'est seulement quand on a clairement reconnu que les passions amènent la souffrance que l'on peut se décider à se défaire de ce qui est bas et à rechercher les joies supérieures. Une fois que la décision a été scellée on trouve en soi la vraie sérénité et le vrai repos, et l'opposition intérieure est vaincue.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
La sincérité à l'égard des facteurs de désagrégation est dangereuse.
Les éléments dangereux s'approchent même des meilleurs.

Si l'on compose avec eux, leur influence désagrégeante opérera à bas bruit mais sûrement et entraînera avec elle ses dangers. Mais celui qui reconnaît la situation et sait discerner le danger saura s'en garder et demeurera exempt de dommages.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Gaîté séductrice.

Un homme intérieurement vain attire à lui les plaisirs du divertissement et, au milieu d'eux, doit connaître la souffrance (voir six à la 3e place). Si l'on n'est pas affermi intérieurement, les plaisirs extérieurs auxquels on ne s'est pas soustrait exercent une action si violente qu'on se laisse emporter par eux. Il n'est plus ici question de danger, de fortune ou d'infortune. On a laissé échapper le gouvernail de sa propre vie et ce qu'il adviendra de nous dépend désormais du hasard et des influences extérieures.

 
HEXAGRAMME 59

L'Hexagrame


Houan / La Dispersion (Dissolution)
En haut Souen : Le Doux, le Vent
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

Le vent qui, en haut, vagabonde au-dessus des eaux, les disperse et les dissout en écume et en embruns. L'hexagramme contient aussi l'idée que, si la force vitale s'accumule dans l'homme (ce que la propriété du trigramme inférieur donne pour dangereux), elle sera de nouveau dispersée et dissoute par la douceur.

Le Jugement


LA DISSOLUTION. Succès.
Le roi s'approche de son temple.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.
La persévérance est avantageuse.

Le texte de l'hexagramme est apparenté à celui de Tsouei, « le recueillement, le rassemblement » (n° 45). Là, il s'agit de rassembler ce qui a été séparé, comme l'eau se rassemble dans les lacs sur la terre. Ici, il est question de la dispersion et de la dissolution de l'égoïsme qui sépare. L'hexagramme « la dissolution » montre en quelque sorte le chemin qui conduit au rassemblement, au recueillement. C'est ce qui explique l'analogie des textes. Pour vaincre l'égoïsme qui sépare, l'homme a besoin de la force religieuse. La célébration en commun des sacrifices solennels et des services divins qui exprimaient en même temps la cohésion et la structure sociale de la famille et de l'Etat était le moyen employé par les grands souverains pour faire communier les cœurs dans les mêmes émotions grâce à la musique sacrée et à la pompe des cérémonies, et leur faire prendre conscience par là de l'origine commune de tous les êtres. C'est ainsi que les séparations étaient vaincues et qu'on faisait fondre les rigidités. Un autre moyen était le travail en commun à de grandes entreprises collectives qui proposent un grand but à la volonté; la concentration sur cet objectif fait tomber tout ce qui sépare, de même que dans un bateau qui traverse un grand fleuve tous les passagers s'unissent dans le travail commun. Toutefois seul est capable de faire fondre ainsi la dureté de l'égoïsme celui qui est exempt de toute pensée égoïste parasite et qui demeure dans la justice et la fermeté.

L'Image


Le vent vagabonde au-dessus des eaux :
Image de la DISSOLUTION.
Ainsi les anciens rois sacrifiaient au Seigneur et construisaient des temples.
En automne et en hiver l'eau se met à se figer et à geler.

Quand viennent les douces brises du printemps, la rigidité cesse et ce qui était dispersé dans les glaçons se réunit. Il en va de même de l'esprit du peuple. La dureté et l'égoïsme rendent le cœur rigide et cette rigidité le sépare de tout le reste. L'égoïsme et la cupidité isolent les humains. C'est pourquoi il faut qu'une émotion religieuse s'empare de leur cœur. Il doit se dissoudre, pris d'un frisson sacré devant l'éternité, se sentir saisi d'émoi devant la présence pressentie du créateur commun de tous les êtres, et faire l'expérience de l'unité grâce à la puissance du sentiment de communion éprouvé lors du culte d'adoration rendu à la divinité.

Trait inférieur


Un six au commencement signifie :
Fortune.
Il vient en aide avec la force d'un cheval.

Le point qui importe ici est qu'avant même que la séparation ne se soit accomplie, les premiers symptômes en soient vaincus, et que les nuages soient dispersés avant même que l'orage et la pluie aient fait leur apparition. En de tels moments où les divergences des sentiments commencent à se faire sentir et où les malentendus en sont la conséquence, il faut agir avec promptitude et vigueur pour dissiper les incompréhensions et les méfiances réciproques.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Lors de la dissolution il court vers son appui.
Le remords disparaît.

Quand on découvre en soi qu'on commence à s'éloigner des autres, à éprouver de la misanthropie et de la mauvaise humeur, il importe de dissiper ces obstructions. On doit se mettre intérieurement en route pour rejoindre son appui. Un tel soutien de l'homme ne se trouve jamais dans la haine, mais toujours dans un jugement mesuré et juste sur les hommes, marié à de la bienveillance. Si l'on retrouve ce regard libre sur l'humanité, une fois dissipée toute mauvaise humeur atrabilaire, toute occasion de remords disparaît.

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Il dissout son moi. Pas de remords.

Il est des circonstances où le travail est si pénible que l'on ne peut plus penser à soi-même. On doit laisser entièrement de côté sa propre personne et disperser tout ce que le moi voudrait rassembler autour de lui pour établir une barrière contre les autres êtres. Ce n'est que sur la base d'un grand renoncement que l'on acquiert la force nécessaire à de grandes tâches. En plaçant notre but hors de nous dans une cause importante, nous pouvons atteindre ce point de vue.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Il se détache de son groupe. Sublime fortune.
Par la dispersion on passe à l'accumulation.
C'est là ce que les hommes ordinaires ne pensent pas.

Lorsqu'on travaille à une tâche qui a une portée collective, on doit écarter toutes les amitiés privées. Ce n'est que lorsqu'on se tient au-dessus des groupes que l'on accomplit une œuvre décisive. Celui qui ose renoncer ainsi' à ce qui est proche gagnera ce qui est éloigné. Toutefois, pour pouvoir comprendre cette manière de voir, il est nécessaire d'avoir une vaste vue d'ensemble des différents aspects de la vie et de leurs connexions, ce dont sont seuls capables les hommes sortant de l'ordinaire.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Ses grands cris dissolvent comme la sueur.
Dissolution. Un roi séjourne sans blâme.

Aux époques de dispersion et de séparation générale, une grande pensée fournit le point autour duquel s'organise la guérison. Tout comme la sueur qui dissout marque la phase critique d'une maladie, de même, aux époques d'obstruction générale, des pensées stimulantes constituent une véritable libération. Les hommes ont un point autour duquel ils peuvent se rassembler : un homme à une place de commandement, capable de dissiper les malentendus.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Il dissout son sang.
S'en aller, se tenir à distance, sortir demeurent sans blâme.

Dissoudre le sang signifie dissoudre ce qui pouvait amener le sang et les blessures, c'est-à-dire éviter le danger. Toutefois la pensée exprimée ici n'est pas que l'on évite les difficultés pour soi-même, mais que l'on délivre les êtres chers en les aidant à partir avant que le danger soit là, à se tenir à distance d'un danger déjà présent et à sortir d'un danger qui les a déjà assaillis. De cette manière on agit correctement.

 
HEXAGRAMME 60

L'Hexagrame


Tsie / La Limitation
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

Le lac occupe un espace limité. Quand il reçoit davantage d'eau, il déborde. C'est pourquoi on doit lui assigner des limites. L'image représente l'eau en bas et l'eau en haut, avec, entre les deux, le firmament comme limite. Le mot chinois pour exprimer la limitation désigne proprement les nœuds qui partagent une tige de bambou. Dans la vie courante, le même mot désigne l'économie qui se fixe des limites précises pour ses dépenses. Dans la vie morale, ce sont les limites rigoureuses que l'homme noble impose à ses actes et qui sont celles de la loyauté et du désintéressement.

Le Jugement


LIMITATION. Succès.
On ne doit pas pratiquer avec persévérance la limitation amère.

Les limites sont pénibles, mais elles conduisent à la réussite. En économisant dans la vie courante, on se prépare à affronter les moments de pénurie. En faisant retraite, on s'épargne l'humiliation. Des limites sont également indispensables à l'harmonie des conditions de l'univers. La nature a des limites précises pour l'été et pour l'hiver, pour le jour et pour la nuit, et ce sont ces limites qui donnent son sens à l'année. De même, l'économie, en fixant des limites précises aux dépenses, assure la conservation des biens et empêche que les hommes ne subissent des dommages. Toutefois, il est nécessaire d'observer la mesure jusque dans la limitation. Si l'on voulait imposer des limites trop sévères à sa propre nature, elle en souffrirait. Si l'on voulait pousser trop loin les limitations imposées aux autres, ils se révolteraient. C'est pourquoi, même dans la limitation, des limites sont nécessaires.

L'Image


Au-dessus du lac est l'eau :
Image de la LIMITATION.
Ainsi l'homme noble crée le nombre et la mesure et recherche ce que sont la vertu et la conduite correcte.

Le lac est quelque chose de fini; l'eau est inépuisable. Le lac ne peut contenir qu'une quantité déterminée de l'eau infinie. C'est en cela que réside sa propriété. C'est aussi en établissant et en traçant des limites dans la vie que l'individu acquiert sa signification. C'est pourquoi il s'agit ici de fixer très clairement ces limites qui sont comme la colonne vertébrale de la moralité. Des possibilités illimitées ne sont pas ce qui convient à l'homme. Sa vie ne ferait alors que se fondre dans l'indéfini. Pour devenir fort, il a besoin des limites librement établies que constitue le devoir. Ce n'est qu'en s'entourant de limites et en se fixant librement pour répondre au commandement du devoir que l'individu acquiert sa signification en tant qu'esprit libre.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Ne pas sortir de la porte et de la cour est sans blâme.

Il arrive souvent que l'on veuille entreprendre quelque chose, mais que l'on se trouve placé devant des limitations insurmontables. Il importe de bien voir le point où l'on doit s'arrêter. Si nous comprenons bien cela et ne sortons pas des limites qui nous sont imposées, nous amassons en nous une force qui nous rend capables d'agir énergiquement lorsque le temps en est venu. La discrétion est d'une importance capitale pour la préparation des entreprises importantes.
Confucius dit à ce sujet : « Là où naît le désordre, les mots sont les degrés qui y mènent. Si le prince n'est pas discret, il perd son serviteur. Si le serviteur n'est pas discret, il perd la vie. Si les choses en germe sont traitées sans discrétion, cela nuit à leur achèvement. C'est pourquoi l'homme noble veille à demeurer discret et ne sort pas.  »

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Ne pas sortir de la porte et de la cour apporte l'infortune.

Lorsque le temps d'agir est venu, il faut le saisir promptement. Tout d'abord l'eau s'amasse dans un lac sans s'en écouler, mais, quand le lac est rempli, elle se fraye sûrement un chemin. Il en va de même dans la vie humaine. Il est excellent d'hésiter tant que le moment d'agir n'est pas encore venu, mais pas plus longtemps. Quand les obstacles ont été écartés de telle sorte que l'action soit rendue possible, l'hésitation anxieuse est une faute qui amène à coup sûr l'infortune, parce qu'on a manqué l'occasion

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Celui qui ne connaît pas de limitation
aura à se lamenter.
Pas de blâme.

Quand on ne songe qu'au plaisir et à la jouissance, on perd facilement le sentiment des limitations nécessaires. Mais lorsqu'on s'abandonne à la dissipation, on aura à en éprouver les conséquences mêlées de regret. On ne doit pas vouloir chercher à rejeter la faute sur les autres. C'est seulement en examinant ses propres manquements que, grâce à des expériences désagréables, on deviendra exempt de fautes.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Limitation satisfaite. Succès.

Toute limitation a sa valeur. Mais lorsque cette limitation exige un effort persistant, elle est liée à une trop grande dépense d'énergie. Si par contre la limitation est quelque chose de naturel, comme par exemple la propriété qu'a l'eau de couler vers le bas, cela conduit nécessairement au succès, parce qu'une telle attitude signifie une économie de force. L'énergie qui, autrement, s'épuise en un vain combat avec l'objet, profite intégralement à l'affaire dont on s'occupe, et le succès ne peut pas ne pas venir.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Limitation douce apporte la fortune.
Aller apporte l'estime.

La limitation, pour être efficace, doit être réalisée de la manière convenable. Si l'on se contente de vouloir imposer des limitations aux autres et que l'on veut y échapper soi-même, ces limitations seront toujours ressenties amèrement et feront naître de l'opposition. Si, par contre, un homme placé à un poste d'autorité commence par se limiter lui-même, exige peu de ses gens et obtient un résultat avec d'humbles moyens, il parvient ainsi à la fortune. Là où un tel exemple agit, il provoque de l'émulation, si bien que tout ce qu'on entreprend doit réussir.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Limitation amère :
la persévérance apporte l'infortune.
Le remords disparaît.

Quand on s'impose des limites trop sévères, les hommes ne les supportent pas. Plus on applique cette sévérité avec logique, plus cela est mauvais, car, à la longue, une réaction est inévitable. Ainsi également le corps torturé s'insurge lorsqu'on suit la voie d'un ascétisme trop sévère. Mais, bien que cette sévérité impitoyable ne soit pas à utiliser durablement et de façon normale, il peut y avoir des moments où elle constitue l'unique moyen de se préserver de la faute et du remords. Ce sont les situations où l'absence de pitié à l'égard de soi-même est le seul moyen de sauver son âme qui, sans cela, tomberait dans l'indécision et la tentation.

 
HEXAGRAMME 61

L'Hexagrame


Tchoung Fou / La Vérité Intérieure
En haut Souen : Le Doux, le Vent.
En bas Touei : Le Joyeux, le Lac.

Le vent souffle sur le lac et meut la surface de l'eau Ainsi se manifestent les effets visibles de l'invisible. L'hexagramme se compose de traits pleins dans ses parties supérieure et inférieure, tandis qu'au centre il est libre. Cela indique un cœur libre de préjugés et, par suite, capable d'accueillir la vérité. Par contre, chacun des trigrammes a un trait plein en son centre. Ainsi se trouve traduite la force de la vérité intérieure dans les effets qu'elle opère. Les propriétés des trigrammes sont : en haut, la douceur, la complaisance envers les inférieurs; en bas, la joie dans l'obéissance aux supérieurs. De telles dispositions créent la base d'une confiance réciproque qui rend le progrès possible. Le caractère fou (vérité) est en fait l'image d'une patte d'oiseau au-dessus d'un oisillon. Il contient l'idée de la couvaison. L'oeuf est creux. La vertu vivifiante du principe lumineux doit agir de l'extérieur. Mais il est nécessaire qu'un germe de vie existe déjà à l'intérieur pour qu'on puisse y éveiller la vie. A ces idées sont rattachées des spéculations de grande portée.

Le Jugement


VÉRITÉ INTÉRIEURE.
Porc et poisson. Fortune.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.
La persévérance est avantageuse.

Le porc et le poisson sont les animaux les moins spirituels et, par suite, les plus difficiles à influencer. La force de la vérité intérieure doit avoir atteint un degré élevé avant d'étendre son action à des êtres de ce genre. Lorsqu'on se trouve en face de tels hommes récalcitrants et difficiles à influencer, tout le secret du succès consiste à trouver la voie menant jusqu'à eux. On doit commencer par acquérir une parfaite liberté intérieure à l'égard de ses propres préjugés. Il faut en quelque sorte laisser la psyché de l'autre agir sur soi sans prévention; on se rend par là intérieurement proche de l'interlocuteur, on le comprend et l'on reçoit pouvoir sur lui, si bien que la force de notre personne, empruntant la porte ainsi ouverte, acquiert de "influence sur l'autre. Quand, de cette manière, on ne rencontre aucun obstacle qu'on ne puisse surmonter, on peut entreprendre même les affaires les plus dangereuses, telles que la traversée de grandes eaux, et ces actions seront couronnées de succès. Ce qu'il importe essentiellement de comprendre, c'est le fondement de la vérité intérieure. Elle n'est pas identique à la simple intimité ou à une solidarité secrète. Une telle solidarité intime peut également exister entre voleurs. Sans doute, même dans ce cas, elle représente une force. Mais elle ne conduit pas à la fortune, car elle n'est pas invincible. Toutes les alliances fondées sur la communauté d'intérêts valent seulement jusqu'à un certain point. Là où cesse cette communauté, l'alliance s'arrête également et l'amitié la plus intime se change souvent en haine. Ce n'est que là où le fondement réside dans la droiture et la fermeté que le lien demeure assez robuste pour vaincre toutes les forces contraires.

L'Image


Au-dessus du lac est le vent :
Image de la VÉRITÉ INTÉRIEURE.
Ainsi l'homme noble débat les affaires criminelles pour retarder l'exécution des peines.

Le vent meut l'eau parce qu'il peut pénétrer en elle. Ainsi l'homme noble, lorsqu'il doit juger les fautes des hommes, cherche à en pénétrer avec beaucoup de compréhension le sens intérieur et à se former ainsi un jugement plein de sympathie sur les circonstances. Dans l'ancienne Chine, l'administration de la justice tout entière était fondée sur ce principe. La suprême compréhension qui sait pardonner était considérée comme la suprême justice. Une telle attitude ne demeurait pas stérile, car elle visait à causer une telle impression morale qu'un abus d'une pareille mansuétude n'était pas à redouter. C'est qu'elle ne provenait pas de la faiblesse, mais d'une clarté supérieure.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Etre prêt apporte la fortune.
S'il existe des arrière-pensées, cela est inquiétant.

Le point essentiel pour posséder la vérité intérieure, c'est d'être en soi-même ferme et prêt. De cette attitude intérieure découle la conduite juste dans le monde extérieur. Si par contre quelqu'un voulait cultiver des relations secrètes de nature particulière, cela le priverait de son autonomie intérieure, et plus il se sentirait confirmé dans le sentiment de trouver un appui dans les autres, plus cela entraînerait pour lui inquiétude et souci, quand il se demanderait si ces liens secrets peuvent réellement être sauvegardés. On perd ainsi la liberté intérieure et la force de la vérité intérieure.

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Une grue criant dans l'ombre.
Son petit lui répond.
J'ai un bon gobelet.
Je le partagerai avec toi.

Il est ici question de l'influence involontaire de la nature intérieure de la personne sur des êtres qui nourrissent les mêmes dispositions. La grue n'a pas besoin de monter sur une colline élevée. Même si elle fait entendre son cri tout en demeurant entièrement cachée, son petit entend sa voix, la reconnaît et lui répond. Là où règne une humeur joyeuse, il se présentera un compagnon qui partagera un gobelet de vin avec celui qui est là. Ainsi se manifeste l'écho éveillé dans l'homme par la sympathie. Là où un sentiment s'exprime en toute sincérité et en toute pureté. là où un acte est la claire expression de la disposition intérieure, ils exercent une influence secrète au loin, et d'abord sur ceux qui sont intérieurement prêts à la recevoir. Mais ces cercles s'élargissent. La racine de toute influence se trouve à l'intérieur de l'être. Quand cela se traduit en paroles et en actes avec une sincérité et une fermeté entières, alors l'influence est grande. L'influence n'est que le reflet de ce qui sort de notre cœur. Toute volonté délibérée de produire une influence ne ferait que détruire cette influence. Confucius dit à ce sujet : « L'homme noble demeure dans sa chambre. S'il prononce bien ses paroles, il trouve un assentiment à une distance de plus de mille milles : combien plus dans son voisinage ! Si l'homme noble demeure dans sa chambre et ne prononce pas bien ses paroles. il trouve une contradiction à une distance de plus de mille milles : combien plus dans son voisinage ! Les paroles viennent de l'essence de la personne et exercent leur influence sur les humains. Les œuvres naissent tout près et deviennent visibles au loin. Les paroles et les œuvres sont les gonds de l'homme noble et les ressorts de son arbalète. Lorsque ces gonds et ces ressorts fonctionnent, ils apportent l'honneur ou la honte. A l'aide des paroles et des œuvres, l'homme noble meut le ciel et la terre. Ne convient-il pas, dès lors, d'être prudent ? ».  

 

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Il rencontre un compagnon.
Tantôt il bat le tambour, tantôt il s'arrête.
Tantôt il sanglote, tantôt il chante.

Ici la source de force ne se trouve pas dans l'essence de la personne, mais dans les relations avec d'autres hommes. Si proches que nous soyons d'eux, si notre centre de gravité dépend d'eux, il est inévitable que nous soyons ballottés entre la joie et le chagrin. Tantôt être transporté au septième ciel et pousser des cris de joie, tantôt être accablé jusqu'à la mort, tel est le destin de ceux qui sont asservis à un accord intérieur avec d'autres hommes qui les aiment. On exprime seulement ici la loi qu'il en est bien ainsi. Le point de savoir si cet état est ressenti comme pénible ou au contraire comme le bonheur suprême de l'amour est laissé au jugement de la personne concernée.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
La lune proche de son plein.
Le cheval d'attelage va de son côté.
Pas de blâme.

Pour augmenter la force de la vérité intérieure, on doit se tourner vers le haut d'où l'on peut recevoir l'illumination, comme la lune du soleil. Mais il convient, ce faisant, d'observer une certaine humilité, comme le fait la lune qui n'est pas pleine. Quand la lune devient pleine en se plaçant directement en face du soleil, elle recommence aussitôt à décroître. De même que l'on doit être humble et plein de respect en face de la source d'illumination, on doit aussi renoncer aux clans. C'est seulement lorsqu'on poursuit son chemin comme un cheval qui court tout droit sans lorgner du côté de son compagnon d'attelage que l'on possède la liberté intérieure qui fait avancer.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Il possède la vérité qui relie.
Pas de blâme.

On montre ici le prince qui rassemble toutes choses grâce à la force de sa nature. C'est seulement lorsque sa force de caractère est vaste au point de pouvoir influencer tous ceux qui relèvent de son autorité qu'il est tel qu'il doit être. La force de suggestion doit émaner du souverain. Elle reliera et unira fermement tous ses sujets. Sans cette force centrale, toute union extérieure demeure mensongère et se brise au moment décisif.

Trait supérieur


Neuf en haut signifie :
Le chant du coq pénétrant jusqu'au ciel.
La persévérance apporte l'infortune.
Le remords disparaît.

On peut se fier au coq. Il chante quand vient le matin.
Toutefois il ne peut pas voler lui-même au ciel. Il se contente de lancer son cri. Ainsi on peut susciter la foi par de simples paroles. Cela réussit à l'occasion. Mais si l'on persiste dans cette manière de faire, les conséquences sont fâcheuses.

 
HEXAGRAMME 62

L'Hexagrame


Siao Kouo / Prépondérance du Petit
En haut Tchen : L'Ébranlement, le Tonnerre
En bas Ken : L'Immobilisation, la Montagne

Dans l'hexagramme « La prépondérance du grand »(. n° 28) les traits forts l'emportent et se trouvent placés à l'intérieur, compris entre les deux traits faibles du début et de la fin; ici ce sont les traits faibles également placés à l'extérieur qui prédominent, tandis qu'à l'intérieur sont les traits forts. C'est là-dessus que repose la situation exceptionnelle décrite par l'hexagramme. Quand les traits forts sont à l'extérieur, nous avons les signes Yi, « L'alimentation » (n° 27), et Tchoung Fou, « La Vérité intérieure » (no 61), qui, tous deux, désignent des situations ne présentant pas de caractère exceptionnel. Si les traits forts situés à l'intérieur prédominent, ils doivent nécessairement tenter de s'imposer. Il s'ensuit un combat et des conditions exceptionnelles en général. Ici, par contre, l'élément faible est obligé d'assurer les relations avec le monde extérieur. Si l'on se trouve à un poste d'autorité que l'on n'est pas, par nature, de taille à assumer, une prudence extraordinaire est indispensable.

Le Jugement


PRÉPONDÉRANCE DU PETIT.
Succès.
La persévérance est avantageuse.
On peut faire de petites choses, on ne peut pas faire de grandes choses.
L'oiseau qui vole apporte le message :
Il n'est pas bon de s'efforcer de monter, il est bon de demeurer en bas.
Grande fortune.

Une humilité et une délicatesse de conscience hors de pair seront sûrement récompensées par le succès. Il importe toutefois que ces attitudes ne constituent pas un formalisme vide et n'émanent pas d'une nature servile, mais qu'elles demeurent liées à la dignité qui convient dans la conduite personnelle, de manière à éviter qu'on ne s'avilisse. On doit comprendre les exigences du moment pour trouver le juste complément des lacunes et des aspects nocifs de l'époque. En tout cas on ne doit pas se laisser bercer de l'idée d'un grand succès, car la force nécessaire pour cela fait défaut. C'est pourquoi on doit attacher une telle importance au message enjoignant de ne pas tendre vers les réalités élevées, mais de s'en tenir aux plus humbles. Le fait qu'un message est apporté par un oiseau ressort de la forme de l'hexagramme. Les quatre traits forts, lourds, qui se trouvent à l'intérieur et qui, dans "hexagramme n° 28 Ta Kouo fia prépondérance de ce qui est grand), sont supportés par deux traits faibles seulement à l'extérieur, offrent l'image de la poutre faîtière. Ici les traits légers porteurs sont à l'extérieur et plus nombreux; cela donne l'image de l'oiseau qui plane. Toutefois l'oiseau ne doit pas se montrer présomptueux et vouloir voler jusqu'au soleil, mais il faut qu'il redescende sur la terre où est son nid. Il donne ainsi le message proclamé par l'hexagramme.

L'Image


Le tonnerre est sur la montagne :
Image de la PRÉPONDÉRANCE DU PETIT.
Ainsi l'homme noble donne dans sa conduite la prédominance au respect.
Dans le deuil il donne la prédominance au chagrin, dans ses dépenses il donne la prédominance à l'économie.

Le tonnerre sur la montagne est différent de ce qu'il est en plaine. Dans les montagnes le tonnerre est beaucoup plus proche, tandis que, hors des régions montagneuses, on l'entend moins que le tonnerre d'un orage habituel. Ainsi l'homme noble tire de cette image l'exigence d'avoir en toutes choses le devoir présent devant les yeux, et cela d'une manière plus directe et plus immédiate que l'homme banal, bien que sa conduite puisse, pour cette raison, paraître mesquine si on la regarde de l'extérieur. Il est extrêmement précis dans ses actions. Dans les deuils, la compassion vraie a pour lui beaucoup plus de prix que les formes extérieures, et dans les dépenses concernant sa propre personne il est extrêmement simple et sans prétention. Tout cela le fait passer pour un phénomène aux yeux de l'homme de la masse. Mais l'essentiel de cette attitude qui déroute le commun consiste en ce qu'à en juger par l'apparence extérieure, il se trouve du côté de ce qui est médiocre.

Trait inférieur


Six au début signifie :
En volant l'oiseau rencontre l'infortune.

L'oiseau doit demeurer dans son nid jusqu'au moment où ses plumes ont poussé. S'il veut voler trop tôt, il s'attire l'infortune. Des mesures extraordinaires ne doivent être employées que lorsqu'il n'y a plus d'autre ressource. On doit commencer par se soumettre aussi longtemps que possible aux règles traditionnelles, sinon on s'use et on use son énergie sans parvenir à un résultat.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
Elle passe devant son aïeul et rencontre son aïeule.
Il n'atteint pas son prince et rencontre le fonctionnaire.
Pas de blâme.

Ici sont mentionnés deux cas exceptionnels : dans le temple des ancêtres où les générations sont alternées, le petit-fils se tient du même côté que le grand-père; c'est pourquoi c'est avec celui-ci qu'il a les relations les plus étroites. Ici est montrée la femme du petit-fils qui, au cours du sacrifice, dépasse l'aïeul et se tourne vers l'aïeule. Cette attitude extraordinaire est cependant une expression de sa modestie. Elle se hasarde plutôt à se présenter devant l'aïeule parce qu'elle se sent apparentée à elle par le sexe; c'est pourquoi cette entorse à la règle n'est pas une faute. L'autre image est celle du fonctionnaire qui, conformément au protocole, demande d'abord audience auprès de son prince. Toutefois, s'il ne le rencontre pas, il ne cherche à rien obtenir de force, mais accomplit correctement et consciencieusement son devoir en se rangeant parmi les fonctionnaires. Là encore, cette réserve extraordinaire justifiée par des circonstances exceptionnelles n'est pas une faute. (La règle veut que tout fonctionnaire soit d'abord reçu en audience par le prince qui l'a engagé. Ici l'engagement a été fait par le ministre. )

   

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
Si tu n'es pas extrêmement prudent, quelqu'un peut venir par derrière et te frapper.
Infortune.

Il est des moments où une prudence extraordinaire est absolument indispensable. Mais c'est précisément dans de telles situations que des personnalités directes et fortes dédaignent de prendre des précautions, tenant une telle attitude pour mesquine. Elles préfèrent suivre leur chemin, fières et insouciantes. Mais cette confiance en soi est source de déception. Il existe des dangers qui s'approchent par derrière et auxquels on n'est pas capable de parer. Toutefois il ne s'agit pas d'un danger auquel on serait exposé sans recours : on peut l'éviter si l'on comprend la situation du moment, qui demande que l'on se tourne avec une application exceptionnelle vers les choses petites et insignifiantes.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
Pas de blâme.
Sans passer devant lui, il le rencontre.
Entrer amène le danger.
Il faut être sur ses gardes.
N'agis pas.
Sois constamment persévérant.

La dureté du caractère est adoucie par la malléabilité de la position, si bien que l'on ne commet pas de faute. On se trouve dans une situation où l'on doit se montrer extrêmement réservé. On ne doit rien entreprendre de soi-même pour atteindre ce que l'on désire. Et si l'on voulait entrer pour parvenir de force à son but, on se mettrait en danger. C'est pourquoi il faut être sur ses gardes et ne pas agir, mais conserver constamment la persévérance intérieure.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
Nuages épais, pas de pluie de notre domaine de l'ouest.
Le prince tire et atteint celui qui est dans la caverne.

Parce qu'on a ici une position élevée, l'image de l'oiseau qui vole est devenue celle des nuages qui volent. Mais, si épais que soient les nuages, ils poursuivent leur cours dans le ciel et ne répandent pas de pluie. Ainsi, aux époques exceptionnelles, il peut exister un souverain-né qui a vocation pour établir l'ordre dans le monde et qui pourtant demeure impuissant, car il est seul et ne trouve pas d'auxiliaires. En de tels moments il faut rechercher des assistants avec lesquels on pourra accomplir l'œuvre. Mais ces assistants doivent être recherchés humblement, dans le secret où ils se sont retirés. Ce n'est pas la réputation ou les grands noms qui comptent alors, mais les réalisations effectives. Grâce à une telle humilité on trouve l'homme convenable et l'on peut mener à bien l'œuvre exceptionnelle, malgré toutes les difficultés.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Il le dépasse sans le rencontrer.
L'oiseau qui vole le quitte. Infortune.
Cela signifie malheur et dommage.

Si l'on tire au-dessus du but, on ne peut pas l'atteindre. Si l'oiseau ne veut pas gagner son nid, mais vole toujours plus haut, il tombe finalement dans le filet du chasseur. Celui qui, aux époques exceptionnelles où prédomine ce qui est petit, ne sait pas se contenir, mais, agité, veut toujours aller plus loin, celui-là s'attire le malheur de la part des dieux et des hommes, car il s'éloigne de l'ordre naturel.

 
HEXAGRAMME 63

L'Hexagrame


Ki Tsi / Après l'Accomplissement
En haut K'an : L'Insondable, l'Eau.
En bas Li : Ce qui s'attache, le Feu.

Cet hexagramme est le dérivé de l'hexagramme n° II Tai,« la paix » M. Le passage de la confusion à l'ordre est accompli, maintenant tout est à sa place jusque dans le détail. Les traits forts sont aux endroits forts et les traits faibles aux endroits faibles. C'est un aspect très favorable, mais il offre encore matière à réflexion. C'est précisément lorsque l'équilibre parfait est atteint que chaque mouvement peut entraîner l'apparition du déclin à partir de l'état où règne l'ordre. L'unique trait fort qui s'est dirigé vers le haut et a ainsi parachevé l'ordre dans le détail est suivi des autres qui se meuvent conformément à leur nature, et c'est ainsi que réapparaît subitement l'hexagramme n° 12 P'i, « la stagnation » . C'est ainsi que l'hexagramme indique les conditions d'un apogée qui rendent nécessaire une extrême prudence.

Le Jugement


APRÈS L'ACCOMPLISSEMENT.
Succès dans les petites choses.
La persévérance est avantageuse.
Au commencement fortune, à la fin troubles.

Le passage de l'ère ancienne à la nouvelle est déjà accompli. Dans le principe, tout est déjà mis en ordre et c'est seulement dans les détails que le succès reste encore à obtenir. Pour cela, il importe toutefois d'observer toujours l'attitude correcte. Toutes choses vont leur chemin comme d'elles-mêmes. Cela induit facilement à se relâcher et à laisser les choses suivre leur cours, sans se soucier d'elles dans le détail. Mais cette indifférence est la racine de tous les maux. Elle provoque nécessairement l'apparition de symptômes de décadence. On a ici la règle indiquant la manière dont se déroule habituellement l'histoire. Celui qui la comprend peut en éviter les effets grâce à une persévérance et une prudence sans faille.

L'Image


L'eau est au-dessus du feu :
Image de la situation APRÈS L'ACCOMPLISSEMENT.
Ainsi l'homme noble réfléchit sur le malheur et s'arme contre lui par avance.

Quand l'eau dans la bouilloire est suspendue au-dessus du feu, les deux éléments sont en rapport l'un avec l'autre et il en résulte une création d'énergie (cf la production de la vapeur). Toutefois la tension qui en résulte demande de la vigilance. Si l'eau déborde, le feu s'éteint et sou énergie est perdue. Si la chaleur est trop grande, l'eau s'évapore et passe dans l'air. Les éléments qui sont ici en rapports réciproques sont en eux-mêmes ennemis l'un de l'autre. La plus grande prudence peut seule prévenir des dommages. Il est aussi dans la vie des conjonctures où toutes les forces s'équilibrent et œuvrent harmonieusement et où, par suite, tout est apparemment dans un ordre parfait. Le sage est seul à reconnaître, en de telles circonstances, les moments qui recèlent du danger, et à savoir écarter celui-ci grâce à des précautions prises à temps.

Trait inférieur


Neuf au commencement signifie :
Il freine ses roues.
Il met sa queue dans l'eau.
Pas de blâme.

Dans les temps qui suivent un grand passage, tout pousse en avant dans la direction du progrès et du développement. Mais cette poussée en avant avide d'entreprendre n'est pas bonne et conduit sûrement à la perte et à la chute, parce qu'on frappe au-delà du but. C'est pourquoi un caractère ferme ne se laisse pas gagner par le vertige général, mais freine à temps sa course. Sans doute, il n'évitera pas pour autant entièrement d'être touché par les conséquences fâcheuses de la pression générale, mais celle-ci ne l'atteindra que par derrière, comme un renard qui a déjà traversé l'eau et n'y met plus que la queue; la pression ne peut lui infliger de dommages sérieux, parce qu'il adopte l'attitude correcte.

Second trait


Six à la deuxième place signifie :
La femme perd le rideau de sa voiture.
Ne lui cours pas après; au septième jour, tu le recevras.

Quand une femme voyageait en voiture, elle avait un rideau qui la dérobait aux regards des curieux. On considérait comme une violation de propriété que la voiture . continuât sa route si ce rideau était perdu. Appliqué à la vie publique, cela signifie que quelqu'un voulant accomplir une tâche ne reçoit pas, du côté des autorités compétentes, la confiance qui lui est pour ainsi dire nécessaire en vue de sa protection personnelle. C'est précisément après l'accomplissement qu'il peut se faire que les gouvernants deviennent arrogants et trop sûrs de leur valeur, et par suite ne manifestent plus de prévenances et d'attentions à l'égard des talents inconnus. Il en résulte généralement la poussée d'ambitions. Lorsqu'un homme ne rencontre pas la confiance de ses supérieurs, il recherche les voies et les moyens de l'acquérir et de se mettre en valeur. Une attitude si peu convenable est toutefois déconseillée. « Ne le recherche pas.  » Ne te précipite pas vers le monde extérieur, mais attends paisiblement et développe par toi-même ta valeur personnelle. Les temps changent. Quand les six degrés de l'hexagramme sont dépassés, une nouvelle ère apparaît. Ce qui est la propriété d'un homme ne peut être perdu sans recours. Il faut seulement être capable d'attendre.

   

Troisième trait


Neuf à la troisième place signifie :
L'illustre ancêtre châtie le pays du diable.
Au bout de trois ans, il triomphe de lui.
Il ne faut pas utiliser d'hommes vulgaires.

L' « illustre ancêtre » est le titre dynastique de l'empereur Wou Ting de la dynastie Yin. Après avoir mis son empire en ordre d'une main vigoureuse, il mena de longues guerres coloniales afin de soumettre les contrées de la frontière septentrionale habitées par les Huns qui constituaient une constante menace d'incursions. La situation indiquée est qu'après l'accomplissement, lorsqu'un pouvoir nouveau s'est imposé et que tout est en ordre à l'intérieur, une certaine nécessité veut que l'expansion coloniale commence. Dans une telle entreprise, il faut en général prévoir de longs combats. C'est pourquoi une politique coloniale juste est particulièrement importante. Les régions durement conquises ne doivent pas être considérées comme des lieux d'établissement pour des hommes qui se sont rendus en quelque manière impossibles chez eux, mais demeurent encore tout juste bons pour les colonies. Une telle attitude gâterait par avance toute chance de succès. Cela vaut dans les petites choses comme dans les grandes, car ce ne sont pas seulement les Etats en ascension qui mènent une politique coloniale. Toute entreprise ambitieuse comporte en elle la poussée vers l'expansion, avec les dangers qui s'y trouvent liés.

Quatrième trait


Six à la quatrième place signifie :
Les plus beaux vêtements donnent des haillons.
Sois circonspect tout le jour.

Aux époques où fleurit la civilisation, il survient parfois des ébranlements qui découvrent une plaie cachée de la société et provoquent tout d'abord un émoi général. Cependant, comme la situation globale est favorable, de telles plaies peuvent être recousues et dissimulées au public. Tout souvenir s'en efface de nouveau et une paix insouciante semble régner. Toutefois de tels incidents sont, pour l'homme avisé, de graves signes avant-coureurs qu'il ne néglige pas. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut éviter les conséquences fâcheuses.

Cinquième trait


Neuf à la cinquième place signifie :
Le voisin de l'est qui tue un bœuf ne parvient pas à un bonheur aussi vrai que le voisin de l'ouest avec sa petite offrande.

L'attitude religieuse elle-même est influencée par les dispositions de l'âme, aux époques qui suivent l'accomplissement. La simplicité des formes anciennes est remplacée, dans le culte divin, par des rites de plus en plus élaborés et par une pompe extérieure toujours plus grande. Mais ce déploiement de faste est dépourvu de sérieux à l'intérieur. Le caprice humain prend la place de l'observation scrupuleuse de la volonté divine. Tandis que l'homme voit ce qui apparaît aux yeux, Dieu regarde le cœur. C'est pourquoi un sacrifice simple offert avec piété est la source de plus grandes bénédictions qu'un culte plus pompeux, mais froid.

Trait supérieur


Six en haut signifie :
Il met la tête dans l'eau. Danger.

En manière de conclusion, un avis est encore ajouté ici : après avoir traversé un cours d'eau, on ne peut mettre la tête dans l'eau que si l'on y retourne imprudemment. Tant que l'on va droit devant soi et que l'on ne regarde pas en arrière, on échappe à ce danger. Mais il y a quelque chose de fascinant à demeurer immobile et à regarder en arrière vers le danger que l'on a surmonté. Une admiration de soi aussi frivole n'amène rien d'heureux. On se met ainsi en danger et, si l'on ne se décide pas finalement à aller de l'avant sans s'arrêter, on devient victime de ce danger.

 
HEXAGRAMME 64

L'Hexagrame


Wei Tsi / Avant l'Accomplissement
En haut Li : Ce qui s'attache, le Feu
En bas K'an : L'Insondable, l'Eau

Cet hexagramme indique un temps où le passage du désordre à l'ordre n'est pas encore accompli. Sans doute le changement est déjà préparé : tous les traits du trigramme supérieur se trouvent en effet en relation avec ceux du trigramme inférieur. Cependant ils ne sont pas encore à leur place. Tandis que l'hexagramme précédent est analogue à l'automne qui constitue la transition de l'été à l'hiver, le présent hexagramme ressemble au printemps qui mène de la stagnation de l'hiver à la fécondité de l'été. C'est sur cette perspective pleine d'espoir que se clôt le Livre des Transformations.

Le Jugement


AVANT L'ACCOMPLISSEMENT. Succès.
Mais si le petit renard, lorsqu'il a presque achevé le passage, met la queue dans l'eau, il n'est rien qui soit avantageux.

Les conditions sont difficiles. La tâche est grande et lourde de responsabilités. Il ne s'agit de rien de moins que de ramener le monde de la confusion à l'ordre. C'est pourtant une tâche qui promet le succès, car il existe un but permettant d'unir les forces divergentes. Il faut seulement s'avancer d'abord à pas comptés, comme un vieux renard qui marche sur la glace. En Chine, la prudence du renard qui marche sur la glace est proverbiale. Sans cesse il a l'oreille tendue pour percevoir les craquements et recherche avec soin et circonspection les endroits les plus sûrs. Un jeune renard qui ne connaît pas encore cette prudence va de l'avant hardiment et il peut se faire qu'il tombe dans l'eau alors qu'il a presque fini de traverser, et qu'il se mouille la queue. Naturellement, tout le mal qu'il s'était donné est ainsi devenu vain. De même, aux moments qui précèdent l'accomplissement, la réflexion et la circonspection sont la condition fondamentale du succès.

L'Image


Le feu est au-dessus de l'eau :
Image de la situation AVANT L'ACCOMPLISSEMENT.
Ainsi l'homme noble est circonspect quand il distingue les choses, afin que chacune trouve sa place.

Quand le feu qui, par nature, s'élance vers le haut est au-dessus, et l'eau, dont le mouvement tend vers le bas est au-dessous, leurs actions vont dans un sens différent et demeurent sans relation entre elles. Si l'on veut parvenir à un résultat, on doit commencer par examiner la nature des forces considérées et la place qui leur convient. Si l'on dispose les forces à leur juste place, elles produisent l'effet désiré et l'accomplissement est réalisé. Mais, pour pouvoir manier comme il faut les forces extérieures, il est avant tout nécessaire d'adopter soi-même le point de vue correct. Ce n'est qu'à partir de ce moment que l'on peut agir correctement.

Trait inférieur


Six au commencement signifie :
Il met la queue dans l'eau.
Source d'humiliation.

Dans les temps de désordre, il est tentant d'aller de l'avant avec toute la hâte possible pour réaliser quelque chose de visible. Mais cet enthousiasme mène seulement à l'insuccès et à l'humiliation tant que l'heure n'est pas venue d'agir. Dans un tel moment, il est sage de s'épargner, par une attitude de réserve, l'humiliation de l'échec

Second trait


Neuf à la deuxième place signifie :
Il freine ses roues.
La persévérance apporte la fortune.

Ici également le temps d'agir n'est pas encore venu. Mais la patience nécessaire n'est pas une attente paresseuse qui vit au jour le jour. Une telle attitude ne mènerait à la longue à aucun succès. Mais il faut développer en nous-mêmes les forces qui nous rendent capables d'aller de l'avant. On doit avoir, en quelque sorte, un char pour effectuer le passage. Mais on doit encore le freiner. La patience au sens le plus élevé est de la force contenue. C'est pourquoi il ne faut pas s'endormir et perdre le but des yeux. Si l'on demeure fort et ferme dans sa résolution, à la fin tout ira bien.

   

Troisième trait


Six à la troisième place signifie :
Avant l'accomplissement, l'attaque apporte l'infortune.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.

L'heure du passage est arrivée. Mais on n'a pas la force d'accomplir ce passage. Si l'on voulait tenter de le forcer, on irait vers l'insuccès, car la chute serait inévitable. Que faut-il donc faire ? Il faut créer une nouvelle situation : on doit attirer les forces d'auxiliaires habiles et, avec elles, faire le pas décisif - la traversée des grandes eaux. Alors l'accomplissement deviendra possible.

Quatrième trait


Neuf à la quatrième place signifie :
La persévérance apporte la fortune. Le remords disparaît.
Ebranlement, afin de châtier le pays du diable.
Pendant trois ans on est récompensé par de grands royaumes.

C'est maintenant l'heure du combat. Il faut que le passage soit réalisé. Il faut s'affermir entièrement dans sa résolution; une telle attitude procure la fortune. Tous les doutes qui peuvent s'élever dans ces graves moments de combat doivent se taire. Il s'agit d'une lutte ardente pour ébranler et pour châtier le pays du diable, les forces de décadence. Mais la lutte a aussi sa récompense. C'est maintenant le moment de poser les fondements de la puissance et de la souveraineté pour l'avenir.

Cinquième trait


Six à la cinquième place signifie :
La persévérance apporte la fortune. Pas de repentir.
La lumière de l'homme noble est véritable.
Fortune.

La victoire est remportée. La force de la fermeté n'a pas été mise en échec. Tout a bien été. Tous les doutes sont surmontés. Le succès a justifié l'action. La lumière d'une personnalité supérieure brille de nouveau et fait sentir son influence sur les hommes qui croient en elle et se rassemblent autour d'elle. L'ère nouvelle est arrivée, et avec elle la fortune. Et de même que le soleil après la pluie rayonne dans une beauté redoublée, ou que la forêt, après l'incendie, reverdit avec une fraîcheur accrue à partir de ses débris calcinés, l'éclat de l'ère nouvelle s'augmente par le contraste qu'il forme avec la misère de l'époque ancienne.

Trait supérieur


Un neuf en haut signifie :
En pleine confiance on boit du vin.
Pas de blâme. Mais si l'on se mouille la tête, on la perd, en vérité.

Avant l'accomplissement, au seuil des temps nouveaux, l'homme se trouve réuni en pleine confiance mutuelle avec les siens et passe en buvant joyeusement le temps de l'attente. Comme l'ère nouvelle est à la porte, il n'y a pas là de sujet de blâme. On doit seulement veiller à garder la juste mesure. Mais si l'on se laisse aller à l'ivresse, on perd par sa démesure ce que la situation avait de favorable.

Une suggestion pour les personnes qui écrivent dans les commentaires : plutôt que d'écrire des choses incompréhensibles vous pourriez plutôt, par exemple : 1) ajouter un texte ou un proverbe qui illustre bien l'hexagramme ou qui va dans le même sens. 2) Enoncer la question que vous avez posée à l'oracle et comment vous avez reçu la réponse. 3) Ajouter un commentaire explicatif qui complète la réponse : une histoire vécue qui illustre la portée de l'hexagramme. A vous. Merci.
Tao-In – 49 – 01/12/2009
Une suggestion pour les personnes qui écrivent dans les commentaires : plutôt que d'écrire des choses incompréhensibles vous pourriez plutôt, par exemple : 1) ajouter un texte ou un proverbe qui illustre bien l'hexagramme ou qui va dans le même sens. 2) Enoncer la question que vous avez posée à l'oracle et comment vous avez reçu la réponse. 3) Ajouter un commentaire explicatif qui complète la réponse : une histoire vécue qui illustre la portée de l'hexagramme. A vous. Merci.
Anon. – 49 – 01/12/2009
evol sent r
brazil – 33 – 01/12/2009
Endure and in enduring grow strong.
Anon. – 32 – 01/12/2009
"L'Image

L'eau est au-dessus du feu :
Image de la ...
Si l'eau déborde, le feu s'éteint et sou énergie est perdue"

contains a typo. Should be "...et son énergie...".

Bye
repié – 63 – 01/12/2009
give thanks .
n – 38 – 01/12/2009
attirance ou répulsion?
Anon. – 30 – 01/12/2009
renoncement sublime
algiz – 51 – 03/11/2008
pardon mais je répond à Anon qui dit "trop long" mais nos transformations sont longues ! donc l'étude aussi... et ce n'est pas barbant mais intéressant :-)
Muse – 2 – 03/11/2008
k
Anon. – 0 – 02/11/2008
;
Anon. – 0 – 02/11/2008
y
Anon. – 6 – 02/11/2008
FELIX NUMEROS AMICOS celle la n'est de moi et toc!
Anon. – 0 – 02/11/2008
,
Anon. – 1 – 02/11/2008
r
Anon. – 18 – 02/11/2008
u
Anon. – 21 – 02/11/2008
encore bravo a l'ecrivain un seule regret beaucoup trop long donc fatalement barbant
Anon. – 2 – 02/11/2008
felicitation a l'ecrivain really mais pour ma part je prefere la version original par ce qu'elle moins dirigiste et laisse ce fichu "libre arbitre" au demander aussi il a la possibilité de commettre des erreures mais de les rectifier de lui meme quand il en prend conscience cela dit faut il encore qu'on ne le me prise pas au point de le considerait uniquement comme le fils du vent
Anon. – 45 – 02/11/2008
jjj
Anon. – 21 – 02/11/2008
le ptit rat de ratagass roi de forets va bien?
Anon. – 9 – 02/11/2008
Paysage chinois sur plateau (30)

Yi King, le Livre des Mutations – Yi Jing I. 11. – Chinois on/off – Français/English
Alias Yijing, I Ching, Yi King, I Ging, Zhou yi, The Classic of Changes (Lynn), The Elemental Changes (Nylan), Le Livre des Changements (Javary), Das Buch der Wandlung.

Le Canon des Poèmes, Les Entretiens, La Grande Étude, Le Juste Milieu, Les Trois Caractères, Le Livre des Mutations, De la Voie et la Vertu, 300 poèmes Tang, L'Art de la guerre, Trente-six stratagèmes
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